Jeu de rôle équin
 
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 It’s cold out there. - Libre

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Mune.

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MessageSujet: Re: It’s cold out there. - Libre   It’s cold out there. - Libre - Page 2 EmptyJeu 28 Déc 2017 - 14:58

Froideur et solitude, nouvelles à ton coeur.
Sa belle petite statue se gelait. Tout gelait dans son beau musée de la mémoire, tous les souvenirs se glaçaient peu à peu. Une couche de givre s’était déposée sur les toiles, l’atmosphère s’était vêtue de blanc. Elle avait froid. Tout en elle devenait froid. Elle frémissait de plus en plus souvent alors qu’elle avançait près du mâle de nuit. Mune se concentrait pour ne pas claquer des dents, reflexe puissant qu’elle tentait de dompter. Son regard se posa sur Shiro qui marchait non loin. Avait-il si froid ? Avait-il les mêmes réactions qu’elle face à la température qui la gelaient ? Certainement. Peut être avec moins d’importance, moins de force, mais il devait être comme elle, au fond. Elle l’espérait.

Elle n’avait plus grand chose à quoi penser. Le froid occupait ses esprits, elle ne voulait pas geler, elle ne voulait pas mourir ici. Ces idées noires virevoltèrent comme les flocons qui se déposaient sur les deux équidés. Le ciel crachait tout ce qu’il pouvait sur eux, comme un ultime tourment. Dépêchez-vous. Le soleil se couchait doucement, quittant l’horizon alors qu’il teintait le ciel d’un beau rose. Si elle avait eu le temps et moins froid, Mune se serait émerveillée devant la beauté, devant le jour mourant, devant la naissance de la nuit. La lune se levait et semblait observer son reflet caché dans les oreilles de la marwari. Mais Mune n’avait que faire de l’astre de la nuit. Elle n’avait que faire des étoiles qui brillaient dans le firmament, des aurores boréales qui teintaient le ciel. Elle avait trop froid.

Et elle avait bien mieux à regarder.

Quelque chose passa dans le ciel, ombre vaporeuse qui passe trop vite pour qu’on ne distingue ce que c’est, mais juste assez lentement pour capter le regard et disparaître dans les ombres. Mune frémit alors que son regard accrochait l’objet qui flottait vers elle. Le collier d’argent s’arrêta dans les airs à sa hauteur et elle l’observa en silence. Une délicate attention ? Mais qui, qui lui enverrait une telle chose ? Son regard quitta l’objet pour se poser sur Shiro. Elle refusa de l’admettre, mais au fond d’elle elle ne voulait que personne d’autre que lui ne pense à elle. Au fond, elle se satisfaisait d’exister dans son regard. Même si elle ne le devrait pas.

Son attention se reporta sur le bijou et elle détailla l’objet un long moment. Son regard accrocha le pendentif et l’émotion se lut sur son visage. Le flot de souvenirs se fit intense, presque douloureux. Son désert lui manquait. La chaleur des jours, la fraicheur des nuits. Sa famille, ses anciens amis lui manquaient, elle se sentait étrangère ici, mais en même tellement chez elle. A cette pensée, elle observa de nouveau Shiro alors qu’elle passait sa tête dans le collier, le laissant reposer autour de son encolure, le médaillon sur son poitrail. Une larme solitaire roula sur sa joue, offrant une coulée humide au froid qui la mordit sans attendre.

« Je ne saurais expliquer ce phénomène, mais ce pendentif représente là d’où je viens. »

Elle leva les yeux vers le ciel qui s’était assombrit, les derniers rayons du soleil mourant au loin. Il ne fallait plus tarder. Elle gelait sur place. Malgré tout, son esprit divagua de nouveau vers ses souvenirs, son passé, alors que son corps se remettait en marche en se dirigeant presque instinctivement vers une zone aux reliefs glacés. Elle repensa aux sensations qu’elle avait connues chez elle, aux nouvelles qu’elle découvrait ici. Et même si elle s’était promis de ne jamais rien regretter, elle devait avouer qu’elle se sentait parfois très seule. Heureusement, Shiro l’avait sortie de ce sentiment qui l’emprisonnait. Mais Shiro ne resterait pas éternellement avec elle. Elle sourit tristement à cette idée. Elle ne serait jamais assez intéressante pour qu’il reste. L’étonnement disparaitrait, elle deviendrait une jument comme une autre à ses yeux, et elle se retrouverait de nouveau seule.

Elle ne voulait pas y penser.

Son regard se reporta sur le frison et elle se remémora le toucher de ses crins, la curiosité des premiers instants. Elle voulait revivre ce moment hors du temps. Elle avait peur de le perdre à jamais. La surprise des premiers instants, les sensations de la première fois. Elle craignait de ne jamais pouvoir de nouveau le ressentir.

Heureusement pour elle, une trouée dans un amas de glace la sorti de ses pensées négatives et allait leur offrir un abri pour la nuit. Même s’il s’agirait certainement de glace ou de roche froide à l’intérieur, ils seraient au moins à l’abri du vent et de la neige qui s’accumulait sur son dos. Sans trop réfléchir à ce qui pouvait habiter ces lieux, ne connaissant de toute façon pas les prédateurs qui pouvaient rôder dans ces contrées, elle se met à trotter vers la cavité.

« Peut être que ce renfoncement pourrait nous abriter pour la nuit... »

Elle n’osa pas rajouter qu’ils devraient se serrer pour passer une nuit au chaud. Elle ne voulait pas que l’idée vienne d’elle, elle ne voulait pas s’imposer.
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Shiro

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MessageSujet: Re: It’s cold out there. - Libre   It’s cold out there. - Libre - Page 2 EmptyDim 31 Déc 2017 - 4:18


Elle enfila le collier.

Il y avait quelque chose d'effroyable dans sa capacité à être charmante, et quelque chose d'effroyable dans ce qui grandissait en lui, ce sourire qui venait le meurtrir alors qu'il l'observait. Il appréciait rarement la beauté ; il était assez indifférent à ce que la nature voulait lui offrir, à ce qui devait toucher son coeur, à ce qui est, de toute façon, destiné à devenir les ruines de demain. Mais il lui semblait que ce visage là était éternel. Capturé par ses yeux, il devenait immémorial, changé, distendu par sa perception, une invention de son esprit cousue dans cette matière étrange dont sont faits sentiments et songes, entre poudre d'étoile et cendre de comète.

Il vit la larme. La fixa alors qu'elle quittait cet oeil, luisante comme toute cette neige qui les entourait, observa sa chute inéluctable avec une sorte de gravité involontaire, les lèvres refermées sur ce qui devait ressembler, à présent, à une grimace. D'où sortaient-ils, ces sentiments ? Comment avait-il fait pour vivre sans eux, et pourquoi tentait-il toujours de réaliser leur nature éphémère ? Une part de lui se serait volontiers donnée à l'abandon du désir, tandis que l'autre, engouffrée dans les couloirs infinis du passé, lui rappelait qui il était sans pouvoir affirmer pourquoi il était là.

" Ne pleurez pas, " dit-il, soudainement, la voix déchirée par il ne savait quoi, " Ne pleurez pas, s'il vous plaît. "

Ainsi donc, malgré toute sa bravoure, malgré la soif qu'elle avait eu de connaître des contrées lointaines, le désert imaginaire qui pendait à présent à son cou lui manquait. Voudrait-elle rejoindre ce qu'elle avait connu ? Comme il pouvait comprendre cette émotion là ; comme il pouvait sentir encore en lui les épines d'une maison qu'il avait quitté et à laquelle ses pas le conduisaient inconsciemment dès lors que le sommeil tirait les fils de l'ombre du déserteur...

Elle tremblait trop, à présent. Shiro resta immobile alors que son corps secoué de frissons semblait se diriger de lui-même vers les esquisses à peine affutées d'une masse rocheuse renfermant quelques gouffres à moitié emplis de neige. Ceux qui ne l'étaient pas exhalaient leur tristesse, des orbites éteints sur l'hiver éternel.

Il l'observait toujours et du attendre un tressaillement pour se mettre en marche, la rejoindre à grandes enjambées. Ses pas ne laissaient que de petites empreintes dans la neige. Il les recouvrit, presque avec plaisir, des siennes.

L'étalon examina la cavité que la jument avait manifestement choisi d'un oeil soupçonneux, avançant lentement pour la rejoindre. Un sourire étira encore ses lèvres, fin et pensif, alors qu'il baissait finalement les yeux sur elle :

" Rentrez. Vous mourrez de froid. "

Il attendit qu'elle se fut engouffrée dans les ténèbres pour inspirer profondément, contemplant cette plaie béante dans le paysage, dont la roche ne pouvait être miraculeusement chaude. Encore une fois, il inspecta les alentours. Nulles empreintes pour indiquer qu'il s'agisse là de la tanière d'un ours, et nul vent pour lui susurrer qu'il fallait partir.

Il hésita à l'entrée, parvint à la discerner dans la pénombre.

" J'ai entendu dire, " dit-il lentement, " Que si l'on s'enfonce assez profondément dans les entrailles de cette terre, on y trouve des grottes tapissées de diamants. "

Il fit un pas. L'endroit était étroit et il la frôlait déjà presque, à moitié seulement dans leur abri.

" Malheureusement, cette trouée est trop peu profonde pour nous mener à des joyaux. "

Le pendentif de Mune parvenait à luire dans la pénombre. Il rentra enfin, tourna la tête vers elle pour souffler de l'air chaud sur son front.
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MessageSujet: Re: It’s cold out there. - Libre   It’s cold out there. - Libre - Page 2 EmptyDim 31 Déc 2017 - 14:43

Froideur et solitude, nouvelles à ton coeur.
En proie à une réminiscence violente, presque hargneuse, Mune se laissa aller à la tristesse. Tous les souvenirs de son chez-elle remontaient rapidement à sa mémoire, comme pour emplir son esprit d’une vague de tristesse. La jument se souvient rapidement de chaque visage qui passa tour à tour devant ses yeux, perdus dans les méandres de ses souvenirs. Elle d’ordinaire si ancrée dans le présent, la voilà perdue dans le passé, véritable gouffre dans lequel elle s’est elle-même piégée en gardant si précieusement tous ces souvenirs trop, bien trop détaillés. La larme coule, mordante, puissante, mais en même temps si vaine. Elle trace son sillon gelé, offrant une emprise de plus au froid, alors qu’elle est chargée de toute la tristesse qui étouffait et noyait le coeur battant de la jument.

Le charme mélancolique se rompit aux paroles de Shiro, véritable bouée de sauvetage dans son coeur serré par le serpent de la nostalgie. Son regard reprit contenance, perdant les embruns sablonneux qui troublaient sa vue. Et l’étalon de nuit lui sauta de nouveau aux yeux et au coeur, l’emplissant d’une autre émotion qu’elle n’arrivait toujours pas à décrire, malgré le fait qu’elle la vive depuis déjà un bon moment à ses côtés. La voix écorchée du mâle lacéra le coeur de la femelle. Ses oreilles lunaires remuairent sous le coup de l’inquiétude alors même qu’un sentiment doux l’enveloppait. Il s’inquiétait pour elle. Elle se sentait exister pour lui. Ses paupières se fermèrent alors qu’elle souriait, se mettant en marche, poussée par le froid.

Alors qu’elle marchait vers ce qu’elle espérait être un abris pour eux deux, elle ne pouvait s’empêcher de l’observer, aidée de sa vision périphérique. Si elle laissait de petites traces dans la neige, il les recouvrait des siennes. Comme deux coeurs battant à l’unisson, comme deux âmes soeurs. Cette idée l'effleura mais elle ne lui laissa aucune place, préférant ne pas espérer pour ne pas être déçue. La valse de l’amour est une danse compliquée, où les coeurs se doivent d’être dans une parfaite symbiose bien trop inatteignable pour Mune. Elle a peur de se tromper. Elle a peur de s’engager corps, coeur et âme sans retour. Alors elle se force à oublier ce qui l’ensorcèle.

Shiro semble pensif, observateur. Il regarde les alentours à la manière d’un marwari guettant le serpent meurtrier qui menace les frêles poulains. Mune le regarde lui, peu inquiète des alentours qui cachent une menace qu’elle ne saurait imaginer. Elle lui fait confiance, une confiance aveugle. Il connait, pas elle. Elle le couve presque du regard, dans ses yeux se reflète une chaleur dont son corps manque cruellement.

Lorsque le mâle sembla rassuré de son observation, il l’invita à entrer. Et il rappela à elle le froid mordant, son corps engourdi par l’air gelé. La jument arracha, non sans regrets, son regard du mâle de nuit, se concentrant sur ses pas pour entrer dans la petite cavité qui saurait les protéger du vent et de la neige. Une fois entrée, elle le sent approcher, irradiant par sa chaleur corporelle. Elle le devine près d’elle alors qu’elle a les paupières closes pour mieux l’écouter. Emerveillée par ses dires, elle imagine des grottes aux cristaux de mille couleurs, aux joyaux aux formes aussi diverses que variées. Elle rouvre les yeux sur cette image féérique et elle pose son regard sur le mâle, sur Shiro, dont la belle petite statue dans son musée de la mémoire venait de se parer de cristaux transparents. Et elle lui parla sans réfléchir. Les mots sortirent de ses lèvres, formés par son coeur lui-même. Son esprit, son jugement, sa raison ne purent rien faire et découvrirent ses mots avec Shiro, en même temps.

« La Terre m’a déjà offert un joyau. Je n’ai pas eu besoin de m’enfoncer en son coeur, vous êtes venu à moi et je ne remercierai jamais assez le destin pour cette rencontre fortuite. »

Elle fut surprise d’elle-même, d’ordinaire si réfléchie, d’ordinaire si silencieuse. Pourtant, elle pensait chaque mot, et son coeur aurait voulu les hurler et les ancrer dans celui de Shiro. La surprise laissa place à la gêne et le rose mordit ses joues alors qu’elle rougissait. Le souffle de l’étalon la réchauffait, la proximité de leurs deux corps aussi, mais la timidité qui s’emparait de son coeur après ses paroles instinctives vivifiait son esprit.

Elle ne sut plus où se mettre dans cette grotte soudain si petite qu’ils se touchaient presque. Elle aurait voulu se cacher, mais ne regrettait aucun mot qui sortait de sa bouche. Ils étaient si vrais.
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MessageSujet: Re: It’s cold out there. - Libre   It’s cold out there. - Libre - Page 2 EmptyMer 24 Jan 2018 - 15:36


Quelque chose le grattait. Une sensation perdue entre le chatouillis et l'irritation.

Shiro se rappela soudain de la morsure de l'étalon noir, qui commençait à guérir et s'était refermée. Elle l'avait brûlé pendant quelques jours, et il avait craint l'infection. Il y avait après tout du souci à se faire quant à l'hygiène d'un personnage qui n'hésitait pas à patauger dans les boyaux et à inspirer goulûment les miasmes d'un corps en décomposition.

Pendant un instant ses yeux se perdirent dans le vide et il songea à une immense plaine bleue, un autre de ces endroits qui deviennent plus consistants une fois qu'on les a quittés. Il y avait eu un cerf, puis un torrent de biches, puis une brève et vive douleur... Tout cela ressemblait à un rêve à peine digéré par l'esprit, édulcoré et à la frontière entre le réalisme et l'impressionnisme, tâches de couleur floues et sensations d'être bien planté dans la vérité du moment. Le monde lui paraissait toujours profondément apathique, tout comme la banquise était manifestement complètement insensible aux destins de ceux qui osaient la fouler, et pourtant il s'attachait un peu à cette vaste étendue de rien, figée dans son silence mortifère, comme attendant que quelqu'un lui adresse la parole pour complimenter son épaisse peau veloutée comme les lèvres de la mort.

Il se tordit pour tenter d'atteindre l'endroit où il avait été mordu, mais échoua comme chaque fois qu'il l'avait tenté auparavant et se contenta de ruminer sur du vide.

La grotte, si on pouvait qualifier cette espèce de plaie dans le paysage de grotte, parvenait à être étroite sans devenir claustro-phobique. Shiro effleura ses parois du bout des naseaux, ne tombant que sur une roche rendue un peu humide par la neige perdue qui s'était autrefois engouffrée dans l'endroit avant de fondre.

Enfoncée dans la roche, elle n'était pas muette comme l'eau sous la banquise et accueillait, oreille attentive, le relais des hurlement du vent polaire qui interpellait chaque âme en vie avec une sorte d'effarement.

Un joyau. Ce n'est pas ainsi que quiconque d'autre l'aurait décrit. Quel titre lui aurait-on donné ? Il ne savait pas se projeter dans l'esprit des autres, ne savait pas accepter son existence dans un autre esprit étriqué, et il regarda Mune en songeant qu'elle aussi l'avait dans sa tête, du moins une version de lui.

Cette version de lui à laquelle elle avait reconnu des qualités.

Il sourit, lentement, avec une sorte d'hésitation, tout en la regardant. Elle était dans sa tête à lui, elle et son désert, elle et ses oreilles étranges. Peut-être ne se connaissaient-ils pas complètement encore, mais il lui semblait que commençait à naître quelque chose d'inconnu jusqu'alors. Quelqu'un vivait dans son esprit, et il aurait aimé l'y laisser s'installer.

Il songea que son père avait lui aussi rencontré une de ses conquêtes dans la neige. Se demanda s'il s'agissait d'un trait de famille.

" Merci. " dit-il, sans savoir exactement comment accepter ses propos.

Il s'ébroua pour mieux oublier l'infernale sensation de chatouillis.

" Vous croyez au destin ? " demanda-t-il, revenant sur ses mots et comme avide de décortiquer les valeurs qui vivaient en elle.

Au dehors la nuit s'étalait dans le ciel avec complaisance, d'un noir puisé directement des abysses.
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MessageSujet: Re: It’s cold out there. - Libre   It’s cold out there. - Libre - Page 2 EmptySam 27 Jan 2018 - 14:38

Froideur et solitude, nouvelles à ton coeur.
Alors qu’elle observait cette plaie dans le monde, cette grotte devenue leur abris pour la nuit, l’étalon de nuit tordit l’encolure comme pour tenter de voir quelque chose d’inatteignable sur son propre corps. La jument tourna légèrement la tête pour l’observer, mue par une inquiétude qu’elle peinait à cacher, incapable de porter un masque de mensonge. Ses yeux le détaillèrent pendant son mouvement inconfortable, cherchant ce qui pouvait être la source d’un tel geste. Il avait bien des cicatrices à des endroits qu’il ne pouvait certainement pas anatomiquement voir, mais elle n’en n’avait pas relevé d’étranges ou d’inquiétantes. Son esprit ramena à elle le souvenir d’un des anciens de son troupeau qui souffrait des années durant d’une morsure qui, pourtant, avait bien cicatrisé. Peut être était-ce le même sentiment qui tiraillait Shiro, peut être qu’une de ses blessures était encore vive dans son esprit, martyrisant son corps tout en restant invisible à ses yeux. Elle aurait voulu le rassurer, lui dire qu’elle n’avait rien vu de particulier lors des longues observations qu’elle avait faites sur son corps, mais elle resta muette. Cela équivaudrait à avouer qu’elle l’avait détaillé sous toutes ses coutures. Et même si elle savait que ses iris posées sur le corps du mâle avaient été vues et leur but compris, elle restait assez pudique vis-à-vis de ses observations. Comme une enfant prise la main dans le sac.

Mune se tourna doucement, faisant attention à chacun de ses pas pour ne pas gêner Shiro, la grotte étant trop étroite pour que les deux puissent bouger à leur aise. A chaque mouvement, ils s'effleuraient. A chaque respiration, l’autre pouvait la sentir sur sa peau. Mais, à l’abris du vent et grâce à la proximité forcée, la jument se réchauffait peu à peu, le froid chassé par un chevalier de chaleur. Alors que le mâle effleure les paroies rocheuses des naseaux, Mune ne peut s’empêcher de l’observer, de laisser ses yeux suivre le mouvement. Comme une danse, comme une valse poétique, il touche la pierre avec douceur comme on caresserait les courbes de l’être aimé. Cette idée s'immisce dans l’esprit de Mune qui se voit obligée de secouer la tête pour la chasser. Malgré tous ses efforts, des images des couples amoureux s’imposent à son esprit, se mettant en avant, ne lui laissant aucun autre choix que de voir ces réminiscences. Qu’essayaient-elles de lui faire comprendre ? Quelque chose qu’elle ne voulait pas voir. Quelque chose qui brûlait en elle et qu’elle ignorait délibérément. L’étincelle avait été attisée, la flamme avait grandi, et le feu consumait son coeur au fil des secondes.

Son élan vocal fut bien reçu par Shiro qui la remercia. Le rouge mordait toujours ses joues, elle s’était tassée contre la paroi humide, mue par la gêne et une timidité qu’elle ne connaissait pas. Comme la Lune évite le Soleil, elle se sentait indécise, gauche, son esprit nébuleux perdu dans les méandres de son musée. La statue de Shiro brillait, pulsait dans son esprit, mais elle se refusait à le voir, voilant ce qui sautait aux yeux, noyant l’espoir avant qu’il ne soit trop fort. L'indécision rongeait son corps, son coeur. Ignorer ou s’engouffrer corps et âme dans la brèche offerte ? Que risquait-elle ? Que gagnerait-elle ? La peur l’envahissait pour la première fois, une peur ténébreuse, une peur solitaire. La peur mordante, froide comme le vent d’hiver. La peur du rejet, de la déception, celle qui gèle les corps, terrorise les esprits. Mais elle n’avait pas lieu d’être. Shiro avait été touché, il l’avait remerciée. Elle n’aurait pas dû avoir peur.

Le destin ? On lui en avait souvent parlé. Sa mère lui avait toujours dit que sa naissance avait été le signe du destin qu’il lui fallait, à elle. Elle avait retrouvé celui avec qui elle avait eu une aventure, cet étalon rejeté qui avait réussi à la charmer, ce mâle qu’elle avait ensuite chassé par honte de ce qu’ils avaient fait. Paradoxalement, la petite née de cette union impromptue avait été la plus belle chose de sa vie. Et sa mère et son père réunis avait été la plus belle chose au monde. Le troupeau l’avait accepté sans crainte et Mune avait grandi aimée et chérie comme un signe du ciel.

Oui, elle croyait au destin. Elle croyait au destin des autres, mais ne s’était jamais demandé si elle aussi en avait un, si elle aussi avait une destinée quelle qu’elle soit. Mais cette rencontre, ici, aux antipodes de tout ce qu’elle connaissait, en ce lieu froid alors qu’elle ne connaissait que la chaleur brûlante, elle voulait bien croire qu’il s’agissait du destin. Un sourire étira ses lèvres et elle releva légèrement la tête, posant un regard doux sur le mâle, son esprit encore cotonneux de ses beaux souvenirs, toute peur oubliée.

« Oui. Ma mère m’a toujours dit que le destin existait. Et je ne peux que croire que c’est la vérité. »

Derrière Shiro, le ciel s’était habillé de rose et d’orange avant de laisser place à la nuit bleutée qui dévorait les derniers rayons de l’astre solaire. Bientôt, la lune prenait place dans la prairie céleste, illuminant le firmament de son scintillement blafard. Elle serait peut être témoin, qui sait, du laissé-aller d’une de ses filles dans les bras d’un sentiment nouveau et doux.

Alors que la lune éclairait faiblement la robe corbeau de Shiro, retrouvant en lui son ciel sombre où elle ne désirait que briller, Mune avança d'un pas vers lui, son regard plongé dans le sien, désirant s'y noyer. Et si Shiro était son ciel nocturne, et elle sa Lune ? Et s'ils se complétaient ? Et si... Et si.
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MessageSujet: Re: It’s cold out there. - Libre   It’s cold out there. - Libre - Page 2 EmptyDim 11 Fév 2018 - 0:08


La Lune paraissait immense. Elle se mirait dans la banquise avec cette complaisance qui lui est particulière et qu'on lui prête, parce qu'il faut bien donner aux mots et aux choses des sentiments manifestes.

Prêter à la nature un lambeau d'âme. Une occupation constante et pourtant tellement inconsciente ; une activité que Mune semblait pratiquer, au fin fond de son désert. Shiro se demanda si le sable en devenait bleu une fois la nuit tombée.

Puis, il songea à l'étreinte de sa soeur alors qu'ils s'étaient lovés l'un contre l'autre pour survivre à la nuit, battus par le vent nocturne et bercés par des promesses de mort inaudibles. Hyuna'. Qui voulait s'emparer des Terres Trompeuses. Elle lui avait proposé d'être son associé. Il n'avait pas refusé ouvertement. Mune aurait-elle préféré quelqu'un d'ambitieux ?

Pourquoi songeait-il à ce qu'aurait préféré Mune ?

L'insupportable sensation de chatouillis vint tirailler sa chair à nouveau. L'étalon retint une nouvelle torsion de son cou et préféra la laisser passer comme elle était venue, les yeux toujours rivés sur le gigantesque astre qui trônait dans son lit de velours noir et glacé. Les étoiles étaient toujours plus vives en hiver. Elles scintillaient autour de leur reine et se rengorgeaient elles aussi, trouvant dans la neige un éclat plaisant qui leur rappelait le sien.

Le destin. Quelque chose fourchait sa langue. Il aurait voulu protester. Le destin n'existait pas.

Cette conviction, qu'il tenait fermement dans son esprit, s'échappa après s'être tortillée comme une anguille et fila dans l'onde de ses pensées, remontant le courant. Il lui fallait mordre des hameçons moins hasardeux. Il ne pouvait pas la contredire, comme ça, brutalement, comme il aurait contredit n'importe qui d'autre. Ne pouvait pas créer de gêne dans leur étrange cocon.

Réalisant soudain qu'il était terrassé par la fatigue et par ces émotions inédites, il plia lentement ses antérieurs avant de complètement s'abattre, la tête tourné vers l'entrée de leur grotte. Il valait mieux toujours avoir le regard braqué sur la sortie.

Une autre pensée vint l'effleurer et il mordit l'appât, perturbé qu'il était par des appas :

" Je ne suis pas sûr de me souvenir correctement de la voix de ma mère. "

Il releva les yeux. Elle le contemplait toujours avec la même intensité, enfonçant presque ses yeux dans les siens comme on l'aurait fait un poignard. Du moins se sentit il transpercé et frissonna-t-il, se demandant comment une créature lunaire pouvait avoir un regard solaire et ardent.

Si sa mère l'avait dit, peut-être était ce vrai. Peut-être était ce une de ces vérités qui n'existent que parce qu'un être cher les couve en son sein. Une de ces vérités qui n'ont pas de substance mais beaucoup d'importance.

Il tenta d'imaginer la mère de Mune. Elle était plus grande. Plus sombre. Elle avait les mêmes oreilles. Elle était, comme sa vérité, une belle illusion.

Shiro ferma brièvement les yeux, abasourdi par une vague de fatigue, puis les rouvrit sur la Lune. Il dévisagea ensuite la jument qui l'accompagnait.

" Vous n'avez plus froid ? "
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MessageSujet: Re: It’s cold out there. - Libre   It’s cold out there. - Libre - Page 2 EmptyDim 11 Fév 2018 - 18:26

Froideur et solitude, nouvelles à ton coeur.
La Lune s’était élevée, douce et aimante dans le ciel étoilé. Le Soleil avait délaissé les prairies du ciel aux bons soins de sa compagne lunaire, la laissant prendre place au milieu des abysses nocturnes, tachées de ses filles étoilées. Le rideau sombre s’était abattu sur la banquise, la plongeant dans une atmosphère bleutée, toujours assez claire, la neige et la glace reflétant l’éclat des étoiles et de la Lune. Cette dernière était belle, presque pleine, un cercle presque parfait dans le ciel. Presque aussi éclatante que le Soleil son aimé, elle envoyait ses doux rayons sur l’étendue glacée, éclairant par la même occasion la brèche dans laquelle les deux équidés s’étaient réfugiés. Comme si elle les voyait, comme si elle voulait les toucher. Cachée par Shiro, Mune n’était pas aussi éclairée que lui l’était. Ce rayonnement que la Lune lui prêtait lui donnait une aura mystique, presque irréelle. Si elle ne l’avait pas touché plusieurs fois déjà, elle aurait presque pu croire qu’elle avait rêvé cette rencontre, qu’elle avait tout inventé, qu’il n’était que le fruit de son imagination débordante. Elle lui aurait apprêté des caractéristiques équines qu’elle n’avait jamais vues mais imaginées grâce aux fables des conteurs blancs du désert.

Mais elle l’avait touché, elle l’avait senti, ils avaient parlé. Et elle aurait été incapable d’inventer tout ça, de créer autant de détails, autant de personnalité dans Shiro. Il était bien réel, il était bien un cheval vivant et existant ailleurs dans sa tête. Malgré cette aura, malgré l’instant magique, tout était bel et bien réel. Il existant dans sa mémoire, et peut être qu’elle existait dans la sienne. Shiro contemplait la Lune, son regard plongé dans sa lueur blafarde, comme s’il pensait à elle. Mune ne pouvait détacher son regard du visage du mâle de nuit, absorbée par le reflet de la Lune dans ses prunelles. La jalousie aurait pu la chatouiller, comme un sentiment malvenu, et emporter son coeur alors qu’elle n’avait aucun droit sur lui. Elle aurait pu envier l’astre nocturne d’arracher le regard de Shiro, lui en vouloir que le reflet dans ses prunelles ne soit pas le sien.

Mais elle en était incapable.

Tous les muscles du mâle de jais semblèrent s’habiller de fatigue, certains se détendant tandis que d’autres se crispaient pour essayer de le tenir debout avec désespoir. Puis le mâle fléchit sans pour autant sembler perdre un combat, et il s’allongea sur le sol qui sembla soudain très froid. Ainsi allongé, tourné vers la sortie comme s’il était prêt à s’enfuir au petit jour, il pensa à sa mère et lui en parla. Mune frémit, voulant s’imaginer la génitrice de l’autre équidé. Etait-elle comme lui ? Imposante, aux crins ondulés, toute de nuit vêtue ? Etait-ce une mauvaise chose de ne plus se rappeler de la voix de quelqu’un de proche ? Ca ne choqua pas Mune. Tout le monde ne portait pas aussi attention à ce genre de choses comme elle. Elle s’était souvent sentie un peu étrange, comme si elle était la seule à vouloir garder les gens aussi vivants dans ses souvenirs, à tenir son musée aussi propre et éveillé.

Et il releva la tête et leurs regards se croisèrent, se mêlèrent, jouèrent l’un avec l’autre pendant quelques secondes. Mune ne cilla pas, habituée à ce genre d’échange mais en même temps perturbée par ce regard dans lequel elle voyait son reflet. Elle voulait exister dans ses yeux, que sa vie prenne une toute autre dimension. Qu’elle aussi vive, aussi rayonnante, dans l’esprit de quelqu’un. L’ardeur solaire qui habitait son regard provenait de l’étincelle qui brûlait dans son coeur, s'enflammant à chaque regard du plus foncé. Cette étincelle lui hurlait de la remarquer, de lui prêter attention. Comme si, lorsque Shiro en prendrait conscience, Mune ne pourrait plus la cacher et l’oublier. Comme si cette flamme une fois percée à jour se devait de grandir et se consumer.

Le contact visuel se rompit lorsque la fatigue tira sur les paupières lourdes du mâle et lui fit fermer les yeux. Il les rouvrit en regardant la Lune étincelante avant de revenir se poser sur la jument qui avait finit par se laisser aller elle aussi à la fatigue, s’allongeant près de Shiro.

Elle n’avait plus froid, leur proximité aidant et réchauffant l’air de la petite grotte. Elle lui sourit doucement.

« Non, je n’ai plus froid. Et vous ? » elle fit une pause et regarda la Lune avec douceur, comme pour la remercier de l’éclairer pour mieux voir le chemin à prendre. « Je pense que nous sommes tous les deux exténués… »

Mais elle ne voulait pas fermer les yeux, comme si Shiro pourrait disparaître au moment où elle clignerait des yeux et se laissait aller à la fatigue. Son regard fatigué se portait toujours sur le mâle, brillant toujours de la même intensité malgré le voile d’épuisement qui se levait dans ses prunelles.

Comme si elle vivait un rêve éveillé, bien plus beau que le plus beau de ses songes.
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MessageSujet: Re: It’s cold out there. - Libre   It’s cold out there. - Libre - Page 2 EmptyDim 4 Mar 2018 - 18:31


Il découvrit vraiment qu'il la désirait en la voyant à moitié dévorée par la nuit, recouverte d'un manteau satiné d'ombre et d'une coiffe de lumière. L'obscurité s'emparait du corps de Mune ; la Lune quant à elle embrassait son front moitement, avec la dévotion que l'on aurait réservé aux pierreries d'une couronne votive. Dévotion ?

Il aurait aimé dire qu'il ne connaissait pas cette émotion. Après tout, il était le premier à retrousser la lèvre lorsqu'elle habitait le corps d'un autre, comme s'il y avait quelque chose de salissant dans l'amour aveugle, comme s'il avait peur d'être éclaboussé par les traces indélébiles d'un but qu'il ne souhaitait pas avoir. La dévotion crevait les yeux de celui qui en souffrait, et pourtant elle lui donnait aussi un chemin à suivre, semé d'embûches peut-être mais parfaitement sensé pour quelqu'un qui avait perdu la vue et était devenu clairvoyant.

Il aurait aimé dire qu'il ne connaissait pas la dévotion. Il l'aurait aimé, mais il ne l'aurait pas pu ; il était entièrement dévoué à la maison de son enfance, à cette ruine ensorcelée aux lattes chatouillées par les herbes qui gagnant du terrain entre les côtes. Il était dévoué aux souvenirs de son ennui, aux traces d'humanité en déperdition, à ce royaume de tout et de rien dans lequel il avait poussé comme le fait la plante maladive sur son rebord de fenêtre, buvant le soleil au point d'en dessécher et d'en mourir.

Il aurait eu besoin d'un paraclet, d'un exorciste ; d'une aiguille pour crever la rétine tant amourachée, remplacée par des yeux neufs voyant l'avenir et non pas la route pavée de nostalgie qui le ramenait toujours à ses origines.

Shiro était loin de chez lui. Il était dans une grotte froide, au coeur d'une nuit glacée, et il songeait au désir et à la dévotion, à la différence qui sépare deux sentiments l'un de l'autre, trop palpable pour avoir un nom. Oui, lorsqu'il regardait Mune, il sentait quelque chose l'envahir et tenter de l'engloutir, comme si l'on avait voulu le noyer tout entier dans un néant. Et lorsqu'il songeait à sa maison, il songeait à lui-même ; à ce qui lui permettait d'exister, à ce qui à présent effaçait son existence et la réduisait à cette errance.

L'errance avait été bienheureuse aujourd'hui. Il avait rencontré Mune. Mais demain ?

Un désert n'est pas une maison. Nul ne peut bâtir de palais éternels avec du sable. Toujours, le temps, le vent, l'ennui effritent les palaces éphémères que fantasme l'inconscient au milieu d'un endroit vide. Rien ne pousse, tout reprend sa forme.

Et pourtant, elle avait peut être grandi dans un endroit qui était similaire au sien. Dans ce moment figé, qui caractérise les lieux arides et les maisons en décrépitude.

Dès qu'elle saura qui tu es vraiment, siffla son esprit, elle te quittera pour toujours.

Il la dévisagea comme s'il cherchait les traces de la trahison sur son visage. Mais il n'y a jamais de signe. Il ne vit que des oreilles en croissant de Lune.

" Le froid... " la pensée était restée endormie dans son esprit. Elle ne s'éveilla qu'après un long moment de silence, glissant dans les airs sans trop savoir comment y survivre : " Non, je n'ai plus froid. "

Désir et dévotion. C'était trop. Il était persuadé que l'on ne pouvait vivre avec deux émotions trop fortes à la fois.

Le sommeil tirait sur ses paupières, tentant de le persuader qu'il était le plus puissant à cette heure. Il se laissa convaincre le temps d'une délicieuse seconde d'inconscient, les lèvres entrouvertes sur les vers qu'il avait prononcé il y a de cela tellement longtemps, une éternité...

Tout ! tout a disparu... Sans échos et sans traces... Avec le souvenir du monde... Jeune et beau...
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MessageSujet: Re: It’s cold out there. - Libre   It’s cold out there. - Libre - Page 2 EmptyLun 16 Avr 2018 - 20:20

Froideur et solitude, nouvelles à ton coeur.
Il était si proche et en même temps, semblait s’en aller si loin, si loin d’elle, de la réalité palpable et magique qui prenait place aux dernières lueurs du jour, aux premiers rayons de la nuit. Il s’en allait, perdu dans une pensée, une réflexion qui dépassait la jument. Et, baigné dans cette lueur nocturne, bleutée, Shiro reste magnifique. Le regard noisette de Mune glisse sur son corps à demi plongé dans la pénombre, il glisse, accroche chaque reflet, caresse chaque ombre, se cache un instant dans les replis des jointures d’un corps résultat de tant d’années d’évolution. Son regard glisse sur le noir de nuit, sur ce joyau sombre qu’elle a découvert dans son écrin laiteux, ce corps battant, chaud, dans son lit de neige glacée. Et Mune s’y perd, elle laisse son esprit s’envoler loin de ses soucis terrestres. Il s’éloigne lui aussi, joue avec la magie de la nuit, les sens désinhibés par la fatigue. Elle se prend à rêver un futur dans lequel son fil rouge s’est lié, entortillé autour de celui d’un autre. Dans ce futur, elle conçoit toute l’étendue de la signification du mot bonheur. Dans ce futur même seule, elle reste accompagnée. Même triste, elle reste aimée. Dans ce futur, l’étincelle qui vacille au fond de son être a prit de l’ampleur, a prit le large et l’a enflammée. Et derrière ses paupières qu’elle a clôt, elle n’ose mettre un visage au bout de ce fil.

Elle n’ose espérer.

En rouvrant les paupières, en reprenant contact avec cette réalité aussi belle qu’un rêve, elle se surprend à le revoir, là, allongé sur le sol gelé, tout prêt d’elle. Elle se surprend à avoir pu penser qu’il n’était qu’un mirage, cousin de ceux qui habillent le désert d’où elle vient. Mais elle se surprend surtout à avoir pu penser qu’il aurait pu partir, s’enfuir, dans l’un de ses moments d’égarement. Son coeur bat doucement, à un rythme que lui seul connait. Il bat lentement, mais en même temps si fort qu’elle a l’impression que, si le vent se taisait, la banquise toute entière pourrait l’entendre. Elle ne veut pas qu’il sache. Pas tout de suite, pas alors que rien ne laisse présager quoi que ce soit. Elle veut que son coeur se taise, qu’il garde cette attirance au fond de lui, elle veut la cacher au moins tout autant qu’elle aimerait la hurler. Elle voudrait le dire à l’astre lunaire, lui faire part de ce dilemme qui lui vrille les entrailles. Mais en même temps, que pourrait lui répondre la Lune ? Elle qui, depuis des millénaires, ne peut qu'apercevoir son aimé, loin d’elle dans le ciel ? Ne serait-ce pas égoïste de parler d’amour à un astre qui ne peut que rêver de ce sentiment ?

La voix grave du mâle qui s’éleva du silence comme un doux murmure fit revenir la jument à la réalité, loin de ces pensées ensorcelées. Le froid les a quitté tous les deux, l’air réchauffé par leurs deux corps si proches et en même temps qui n’osent pas se toucher. Mune n’a pas conscience des pensées qui agitent l’étalon d’ébène, et ce dernier ne peut, elle l’espère, se rendre compte de ce qui vibre en elle. Elle voudrait arrêter de penser, arrêter de trop réfléchir, simplement se laisser aller à ce qui brûle au fond d’elle. Laisser tomber les barrières, les liens dans lesquels elle s’enchaîne. Simplement vivre ce qu’elle ressent, ne plus avoir peur des conséquences. Mais coincée dans un comportement basé sur la réflexion et l’observation, elle n’ose faire le pas en avant et se mouiller. Elle a peur du vide et des abysses, elle craint de se noyer, abandonnée à son sort, alors qu’elle aurait sauté sans bouée.

Morphée finit par reprendre ses droits sur les deux corps exténués, la tête de Mune se posant délicatement au sol, dans une tâche lumineuse pour que la Lune l’éclaire de toutes ses lueurs bleutées. Et la baie s’endort finalement, abandonnant le combat mental pour quelques temps, rejoignant le pays des rêves où, peut être, galopera un certain étalon de nuit.
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MessageSujet: Re: It’s cold out there. - Libre   It’s cold out there. - Libre - Page 2 EmptyJeu 3 Mai 2018 - 23:38


Les nuits que l'on passe dans l'étreinte de l'hiver ne cachent pas de trahison dans leurs coeurs. Elles sont différentes des éternités du désert, qui perd toute compassion dès lors que son astre favori se cache et laisse derrière lui la Lune, le froid, quelques regrets qui glissent comme les grains de sable entre les doigts.

Etrange, de choisir pour divinité la Lune, lorsque l'on vit dans un endroit où le soleil règne en maître, réduit en esclavage tous les habitants de sa terre. La réponse se cache peut-être dans le fait que les êtres n'aiment pas la tyrannie. Du moins, certains d'entre eux.

On s'habitue au froid plus facilement qu'à la chaleur. C'est le contraire dans un coeur : un rayon solaire y sera accepté avec gratitude, tandis que le courant d'air de l'absence glissera toujours un frisson dans le prochain battement. Du moins, c'est ce qu'il pense, à l'étroit dans son esprit rendu exsangue par le sommeil, les paupières abattues sur un rêve qui ne vient pas.

Il est des rêves incohérents qui refusent d'avoir un début et une fin ; qui cachent leurs revirements sous des atours tellement flous qu'il ne reste à l'esprit qu'à contempler des ombres virevoltantes dont les mots ne sont que les pensées lointaines et confuses d'une tête que l'on maintient sous une onde glacée. Il rêve, mais il ne saisit pas son songe. La grotte n'a pas d'odeur. S'il s'était endormi ailleurs, il aurait pu lentement s'enivrer du parfum des bourgeons, et rêver de renouveau, de faons aux jambes graciles, de nids visités par les coucous.

Il n'y a que le parfum d'un autre corps. Et le rythme régulier, rassurant, de sa respiration.

On pourrait rêver d'amour, mais ce serait comme respirer du poison. Il faut boire pour mourir. Il faut ressentir pour aimer.

Lorsque l'aube vient effleurer son corps étendu, il ne fait qu'imaginer derrière le néant de ses yeux clos. Imaginer l'amour.

On peut lui donner tant de formes et tant de noms.

Mune, Mune, Mune.

L'esprit scande, le coeur se prend pour un coryphée. Il ne croit pas en l'existence d'une âme alors elle demeure, servile et muette, tapie dans l'ombre des ruines dans lesquelles il l'a laissée.

La première chose qu'il voit, en ouvrant les yeux, c'est elle. Ou plutôt, c'est le soleil qui caresse son corps endormi. Le désir le couvre de honte, sans qu'il ne puisse savoir pourquoi.

Il est trop tard pour s'attacher. Trop tard pour s'offrir l'illusion de la normalité. Trop tard pour entrer dans une autre étreinte, maintenant que celle de la nuit se relâche. Trop tard, trop tard. Il est fatigué. A-t-il bien dormi ?

Dort-elle bien ?

Shiro se lève. La neige resplendit sous l'insistance de la pupille d'Hélios.

Il peut être cruel. C'est dans son sang. Il a déjà vu la cruauté. Son père la lui a appris.

Je n'ai nul part où aller.

Ses jambes sont tremblantes alors qu'il fait les premiers pas. La neige se froisse sous son poids. Un rayon l'admoneste plus qu'il ne l'éblouit.

Il était arrivé avec un poème.

" Ô soleil ! vieil ami des antiques chanteurs,
Père des bois, des blés, des fleurs et des rosées,
Éteins donc brusquement tes flammes épuisées,
Comme un feu de berger perdu sur les hauteurs.
"

Mune, Mune, Mune,
scande l'esprit.
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