Here to stay. || LIBRE

Tu fais partie du troupeau, qu’ils disaient. Visite un peu les territoires, qu’ils disaient. Tu ne veux quand même pas mourir sans avoir vu l’endroit dans lequel tu es censé vivre?, qu’ils disaient. Qu’ils aillent tous se faire voir. Ace a à peine dépassé la maison hantée (sans venir dire bonjour, parce qu’il n’a pas envie de se retrouver face au deuxième propriétaire des lieux, on ne sait jamais) qu’il se retrouve en l’espace de trois minutes sous une pluie battante qui n’a pas l’air de vouloir s’arrêter. Il avait entendu parler de cet endroit, mais jamais il n’aurait pu imaginer tout ça.

Son toupet colle à son chanfrein, ses crins sont plaqués sur son encolure, et si ça continue il va finir par tomber malade. Il sent les gouttes tomber de partout sur lui, peut presque voir la fumée qui sort de ses naseaux à chaque expiration. Ses sabots font un terrible bruit de ventouse à chaque pas, et il ne peut pas accélérer l’allure par peur de glisser et de tomber la tête la première par terre. Pour ne rien arranger, sa conscience le regarde avec un grand sourire sous son parapluie vert pomme, flottant tranquillement au-dessus du sol.

Saleté.

Il n’entend presque rien, si ce n’est les gouttes qui tombent un peu partout, et cherche vainement un ou plusieurs arbres au loin. Se secouer n’arrange absolument rien, l’averse lui redonnant en l’espace de quelques secondes tout le poids qu’il réussit à enlever de ses épaules.

Grinçant des dents, Ace continue de marcher aussi vite que possible avec la détermination d’un taureau enragé. Il y a un autre territoire dans cette direction, il le sait, et plus vite il y arrive, mieux ce sera. Qu’il rencontre un autre cheval ou pas, il ne compte pas s’arrêter assez longtemps pour retarder son but.

Cette réflexion lui fait perdre le peu de concentration qu’il avait, et il trébuche comme un poulain sur un petit rocher bien glissant qu’il n’avait pas vu. Comme dans le sable il y a bien longtemps, Ace manque de s’écraser sur le poitrail, mais parvient dans un élan d’instinct à se détourner pour tomber sur le flanc droit. Le voilà donc couché dans la boue, qui colle à absolument tout, et il laisse échapper un soupir exaspéré (voir énervé) en se rendant compte que se relever va être une tâche bien ardue.

- FOR F**K’S SAKE.

La conscience se moque ouvertement de lui, pliée en deux, et il la fusille du regard. Tentant lentement de se relever (sans grand succès), il voit au dernier moment l’individu qui s’approche de lui. Oh, superbe. Il se ridiculise devant un inconnu. Vous vous souvenez de sa si fragile dignité? La voilà de nouveau menacée.

Take a chance, dance in the rain-

Il avançait, sans regarder où il mettait les pieds. Toujours déterminé à sortir de ce pataugeoire horrible. Quelle idée. Non mais quelle idée d’arriver ici. En plus ça glissait. Ca glissait tellement, qu’à chaque fois qu’il posait le sabot sur le sol, il pouvait le sentir partir légèrement en avant. Il suffisait d’une pierre trop lisse, d’un cailloux mal placé ou d’une branche trop discrète pour passer la croupe devant la tête. Bref, prudence été de mise.

Il leva brièvement la tête. Et heureusement ! Un étalon se découpait dans la pluie non loin de lui. Il s’arrêta pour l’observer à distance. L’avait-il vu dans cette pluie battante ? Aucun moyen de le savoir, mais par précaution, mieux valait prendre le temps d’observer.
De loin, il vit l’ombre de ce cheval faire une sorte de galipette dans le boue. Il ne savait pas bien ce qu’il s’était passé pour lui, mais de loin, ça semblait très très amusant. Pendant un instant, il ne bougea pas et se délecta de la scène. Ca lui mettait du baume au coeur.

Il l’entendait jurer de loin. Il le voyait galérer à se relever. Ca avait était amusant trois minutes, mais rapidement il avait compris que l’étalon aller peut-être avoir besoin d’un coup de main. Avec prudence, Zefyr se mit à marcher en direction du malheureux. Prudence. Prudence était devenue comme une seconde nature ici. Comment feraient-ils, s’ils se retrouvaient tous les deux la croupe enfoncer dans la boue. En voilà une terrible fin qui fit frémir le pie. Plusieurs fois encore, il se maudit de s’être trompé de chemin. Quel imbécile il faisait parfois. Puis il soupira et s’approcha un peu plus jusqu’à atteindre sa cible.

Il prit le temps de faire le tour de celui ci, afin d’évaluer les dégats, évidemment. Le pauvre était pris comme un sorte de grosse ventouse dans la boue. Il n’avait aucune idée de comment il allait le sortir de là. En le poussant par le derrière ? Les flancs ? Il ne savait pas. Il porta son regard sur l’inconnu. Il n’avait pas tiré un mot depuis qu’il le regardait, quelle impolitesse.


- Hum. Bonjour, puis-je vous aider ? Je crois que vous vous êtes bien enfoncé dans cette boue. Le temps n’aide pas ici… J’espère pouvoir vous aider. Même si je ne vois pas bien comment. Je suis Zefyr et vous ?


Il n’était peut-être pas l’heure de se présenter correctement. Mais donner son prénom se montrait être la moindre des choses quand même. Surtout quand on s'apprêtait à sauver un damoiseau en détresse ! Zefyr est sûrement plein de chose, bonne comme mauvaise, mais il n’est pas un goujat. Ca non.

Se casser la figure sur le sable, en face d’Ezaël en plus, avait déjà été l’expérience la plus gênante de sa vie (allant même au-dessus de la fois où il s’était coincé dans un encadrement de porte), mais alors là, c’est la cerise sur le gâteau. Sortez la caméra, il y a assez pour une année complète de blackmail. Fifa adorerait. Ace a du mal à comprendre pourquoi remonter est si dur; la boue, même attaquée constamment par une averse, ne devrait pas être aussi glissante.

Et pourtant, le voilà comme un idiot, à tenter de se lever pour retomber comme s’il était un poulain nouveau-né. Cette journée est décidément un désastre. Jusqu’à ce qu’un spectateur vienne la transformer en catastrophe.

L’inconnu est un étalon, pie (encore un?), qui prend son temps pour venir avant de faire le tour de sa personne comme si Ace était un objet de musée. Ce qu’il est probablement en cet instant, couvert de boue comme une sculpture ou une poterie. L’individu se permet non seulement de l’observer sous toutes les coutures, mais a également l’audace de prendre la parole et de lui sortir un roman. Comme s’ils n’étaient pas coincés sous une pluie battante, avec l’un des deux dans une position plus que gênante sans possibilité de se relever.

Au moins, il lui a proposé de l’aide? Non, le paint n’est décidément pas ou plus de bonne humeur, du moins pas assez joyeux pour se concentrer sur les notes positives de la situation. Le cheval (Zefyr, huh) est un grand bavard qui n’a rien trouvé de mieux pour engager la conversation que de remuer le couteau dans la plaie, alors il recevra la réponse qu’il mérite.

- Merci, Captain Obvious, j’avais pas remarqué.

Sa conscience n’en a cure, trop occupée qu’elle est à rire, mais une petite voix dans sa tête lui somme d’être plus gentil, parce que l’autre a tout de même eu la politesse de dire bonjour et de se présenter sans vraiment se moquer. Il pousse un soupir résigné.

- Ace of Hearts. Vous parlez trop. Il grimace. Et je ne vois pas non plus de cas de figure où votre aide ne soit pas gênante pour tous les deux. J’vais devoir réussir tout seul comme un grand.

Prenant une grande inspiration, il prend prudemment appui sur ses antérieurs et pousse un peu trop vite sur ses postérieurs, glissant une nouvelle fois et faisant voler plus de boue (il en est déjà couvert, et n’en a donc rien à faire, mais elle atterrit également sur les jambes de Zefyr, et ça, c’est drôle). Ace grogne, commençant sérieusement à jeter l’éponge, et sa nouvelle tentative le voit glisser une nième fois- mais le résultat est au final une position assise des plus inconfortables. Avec un autre soupir, il se tourne vers son nouvel interlocuteur.

- Je hais ma vie. Et vous, ça va?

Yeah, we’re splashing around.

La position de l’étalon pie était certes amusante, mais il avait tout intérêt de se sortir de là s’il ne voulait pas finir en statue de boue pour le restant de ses jours. Remarquez, vu le déluge qui tombait sans cesse, il serait sûrement voué à patauger dans cette boue plutôt que de la voir sécher. Ce qui n’était guère plus rassurant.

En attendant, il ne se montrait tout de même pas des plus commode. Certes, sa tirade était un peu longue et pas forcément nécessaire, mais il aurait pu tout aussi bien continuer sa route en l’ignorant. Zefyr soupira simplement et se contenta de ne pas en prendre note. Sûrement qu’il aurait été tout aussi désagréable s’il s’était retrouvé dans pareil situation. Il prit alors simplement sur lui.


- Je doute que vous parveniez à vous en sortir seul. Si je vous aide, nous pourrons simplement garder ça pour nous ?

Pourtant, Ace essaye de se relever seul. Tentative malheureuse et inutile de se relever, éclaboussant en même temps tout. Zefyr y compris. Le pie roula des yeux si fort qu’il vit son cerveau en même temps. Il le regarda essayer une nouvelle fois pour le voir finalement s'asseoir sur son postérieur. Voilà qui au final n’était trop mal. Aussi inconfortable cela pouvait être pour lui, il parviendrai finalement à le relever.


- Vous voyez, seul, vous n’y arriverait pas. Laissez vous aider et vous n'aurez pas à haïr cette vie plus longtemps ici. Plus vite vous serez sorti d’ici plus vite on partira de ce fichu endroit.

Zefyr prit un instant pour réfléchir à comment il pouvait l’aider. En prenant appui sur lui peut-être. Cela semblait être une solution envisageable. Mais il attendait que le Pie lui donne son aval avant de tenter quoique ce soit. Après tout, il était peut-être un peu trop têtu.

Tomber dans la boue, y être couché, tout cela est très humiliant, mais la position assise rajoute un défi encore plus grand. C’est une position terrible. Ace la déteste. Et pourtant, il en est là. Eh, au moins il n’est plus allongé de tout son long, il est plus haut, c’est déjà un avantage, non? La conscience le regarde avec un sourcil levé. Pas du tout. Il ressemble à un poulain maladroite ou une girafe tout juste sortie du ventre de sa maman.

Le manque de grâce est indubitablement présent.

Zefyr insiste, presque lourdement, comme s’il lui était physiquement impossible de passer son chemin et de laisser tomber un pur inconnu après s’être gentiment moqué de lui. C’est ce qu’Ace aurait fait, sans aucun doute possible. Ou du moins, jamais de la vie il ne serait resté debout à tenter de convaincre quelqu’un d’exécrable de le laisser aider. Il a des limites. Pas l’autre, manifestement. Il lève les yeux au ciel et il a l’air passablement irrité, mais damn it, il est toujours debout devant ses yeux avec la ferme intention de le relever.

Il propose son aide deux fois de suite.

Ace se retrouve à passer en revue toutes les façons dont ça pourrait mal se passer. Il pourrait se ridiculiser encore plus, tomber de nouveau, les éclabousser tous les deux. Il pourrait effectivement accepter l’aide de Zefyr, et tout pourrait s’écrouler pour qu’au final ils soient deux à rouler dans la boue, sous une pluie infinie. Pire encore, il pourrait continuer à se comporter comme un enfant qui boude et à être désagréable au possible, poussant l’autre étalon à s’en aller et à l’abandonner là. Et vu sa tête, cette dernière possibilité n’est vraiment pas loin de se voir réalisée.

Oui, la fierté d’Ace, bien que déjà enfouie sous des centimètres de boue, se doit de battre en retraite, parce qu’il a besoin d’aide ce coup-ci. Pas moyen de contourner la réalité de la situation. Il soupire de nouveau, l’eau qui ruisselle collant son toupet sur son chanfrein, et jette un regard résigné sur son interlocuteur, qui est bien trop gentil. A bien y réfléchir, ça risque de lui jouer des tours.

- Z’êtes trop serviable, je me serais déjà abandonné depuis environ trente secondes à votre place. Il se racle la gorge. Si vous avez un bon appui dans la boue, peut-être, hum, que je pourrais vous utiliser comme appui?

Il ne sait pas comment ça pourrait marcher, mais eh, Zefyr a proposé. Si ça part en sucette, ce sera sa faute. (pas du tout)

I'm not complaining that it's raining.

Ace accepta finalement son aide. Non pas qu’il commençait à s’impatienter, mais la pluis battante rendait la conversation particulièrement désagréable. Certes, il se faisait lourd à lui proposer son aide, mais il ne voulait pas partir et découvrir que après de longue heure à essayer de se sortir d’ici, l’étalon était mort de fatigue. Avoir sa mort sur sa conscience ne faisait pas parti de ses plans.

Donc non, il n’était pas trop serviable, juste trop soucieux de sa conscience morale.
Il hoche la tête et tenta de prendre appuie dans la boue. C’était sûrement pas la bonne décision. Zefyr voyait maintenant des dizaine de possibilité que ça se passe mal. Oh ! Il sentait, ça allait vite tourner en eau de boudin. Trop tard, il avait proposé plusieurs fois son aide, il ne pouvait plus, au dernier moment, prendre ses jambes à son cou. Enfin, si, mais il ne le ferai pas. Il se pencha vers le Pie afin que celui puisse prendre appui sur lui.


- Vous pouvez y aller, je suis presque ventousé au sol.

Il n’était pas prêt, mais il devait essayer, la pluie se faisait de plus en forte, comme si celle ci les intimer de partir vite d’ici où ils finiraient en jus de poney à la boue. Il soupira et dégoulinait sur Ace. Il fallait voir le bon côté des choses, pour une fois, s’il sortait vivant d’ici, Ace aura la peau plus douce que celle d’un popotin de bébé. Mais il se doutait qu’il y avait peu de chance que cela se passe comme il l’envisageait. Pourquoi tout ce passerait-il bien ?

La sensation de la pluie dégoulinant le long de ses crins, s’infiltrant sous ses poils, glissant sur son corps entier, est des plus terribles et inconfortables. Il tremble toutes les cinq secondes, doit se forcer à ne pas fermer les yeux constamment, et son toupet est collé de façon tout à fait bizarre sur son chanfrein. Il ne doit pas être beau à voir. Quelle était exactement l’idée des Dieux quand ils ont créé ce territoire? Hadès prend-il un plaisir malsain à observer les mortels qui se baladent sur cet enfer-sur-terre?

Ace repense à Fifa, et se demande bien pourquoi quelqu’un voudrait dominer des terres qui comportent un territoire aussi détestable. S’il en croit sa situation actuelle, la valeur des terres sur le marché est bien plus basse qu’il ne le pensait. Non seulement il est coincé, mais en plus il doit utiliser l’aide d’un pauvre passant qui n’a rien demandé à personne, sachant qu’il n’y aucune certitude que leur plan va marcher.

Hey, si rien ne marche, il y aura toujours la solution de ramper comme un serpent jusqu’à l’arbre le plus proche histoire de prendre appui sur quelque chose de plus solide qu’un congénère. Et de moins glissant, aussi. Ca, ou un rocher sec, sur lequel ils pourraient aussi bien glisser de nouveau et se casser la nuque que sortir victorieux et se remettre debout. Ace n’est pas sûr de vouloir tenter le diable, mais qui tente rien n’a rien et si ça seule solution finit par être dangereuse, tant pis.

La tête de Zefyr fait sortir un message qui s’apparente à enfin, et Ace peut avouer qu’il a été un peu trop agressif. Il faudrait qu’il apprenne à accepter l’aide. L’autre étalon se penche vers lui, et si tous les sens du roux se mettent en éveil pour lui dire que tout cela est une mauvaise idée, il ne voit pas beaucoup d’autres issues de secours. Ils sont tous deux trempés, et risquent fort de ne pas réussir à avancer si leurs poils ne font que les aider à glisser. Et Zefyr a beau affirmer qu’il tient bien sur ses jambes et que tout va bien se passer, il est difficile pour Ace d’y croire. Encore une fois, cependant, il n’a pas le choix.

- Okay.

Prenant une grande bouffée d’air humide, il se penche lui aussi et se colle à son interlocuteur, poussant avec ses postérieurs dans l’espoir de se trouver à nouveau en position debout.

Comme il s’en doutait, les choses tournent mal.

I’m just saying that I’d like it a lot, more than you think-

Sploush
.

Ça, c’était le bruit qu’avait Zefyr en tombant à son tour dans la boue quand le pie avait essayé de s’en servir comme levier. Zefyr n’eut le temps que de lâcher un pauvre couinement ridicule et le voilà le derrière enfoncé dans la boue. Pourquoi fallait-il que tout ne se passe jamais comme il l’aurait voulu.
Y avait-il quelqu’un, là au dessus de leur tête qui les regardait et prenait un malin plaisir à les faire et les voir galérer ? Il ne croyait en personne et pas en grand chose mais à cet instant, il se posait fortement la question. Deux personnes ne peuvent pas avoir autant de malchance en moins d’une heure sans que quelqu’un ne soit responsable. L’étalon se mis à pester et se promis qu’en sortant d’ici, il trouverait un dieu à prier et il ne remettrait jamais les sabots ici !

La pluie régulière commençait à lui courir sur le système, la situation commençait grandement à l’énerver, d’habitude calme et mesuré, il perdait petit à petit patience, il renâcla et posa son regard sur Ace.


- On fait comment maintenant, à moins d’un miracle, c’est en statue de boue qu’on va finir, ou noyé.


Il dressa fort la tête et lança son regard un peu partout, dans l’espoir de trouver quelque chose à attraper dans la bouche pour se hisser, mais rien, rien de dépassait, comme si quelqu'un était venu jardiner et coupait tout ce qui dépassait dans la zone. Improbable, mais Zefyr n’était plus à une malchance prêt maintenant.


- Ravi de vous avoir rencontré, même ce fut de courte durée.

Cyrius, fraîchement élu dominant des terres Trompeuses, avait décidé d'aller profiter un peu des terres voisine tant qu'elles n'étaient pas encore dominées. Il arriva aux pluie Perpetuelles, un endroit qu'il affectionnait, non pas pour son climat, mais pour les souvenirs qu'il en avait. Les chevaux qu'il rencontrait ici étaient toujours d'un divertissement total, contrastant avec la morosité du lieu.


Comme prévu, la pluie tombait drue, et le sol était parfaitement détrempé. Cyrius était là depuis 20 minutes, et il était prit d'un terrible regret. Il n'avait ramené ni fruits, ni feuilles de thé, rien, aucune petite collation. Pas qu'il n'appréciait pas l'herbe mouillée, mais le spectacle qu'il avait devant les yeux depuis tout à l'heure valait son pesant de cacahuète...


"Pince mi et Pince moi sont dans un bains de boue"... Ou "Tic et Tac vont en thalasso", Cyrius hésitait sur le titre le plus accrocheur. Un vrai théâtre, avec des acteurs exceptionnels à la robe pie (surement un impératif du metteur en scène). Commedia aurait adoré, quel dommage qu'elle n'ai pu assister à la représentation avec lui...
Le premier à s'être fait piégé s'appelait Ace of Heart. Ass. Cyrius l'avait vaguement rencontré aux Enfers, il avait d'ailleurs pensé qu'Hadès en avait fait son quatre heure, mais non. Le second était inconnu au bataillon, mais avait un réel potentiel comique.


Cyrius sortie de l'ombre, il était trempé, et progressait sur le sol spongieux avec souplesse et précaution. Il avança juste assez pour que les deux zozos puissent le voir, mais pas trop quand même, hors de question de finir comme eux.


- Bonjour Messieurs, pardonnez-moi de vous déranger pendant votre petite sauterie, je me met juste au premier rang pour profiter du spectacle, faite comme si je n'étais pas là.


La dessus, Cyrius donna un grand coup de pied dans une flaque pour envoyer un peu de boue supplémentaire sur la tête des acteurs pour parfaire le costume.

Rien ne se passe comme prévu. L’action se déroule comme au ralenti: une seconde passe, et l’appui qu’Ace a sur son compagnon tombe comme une feuille en automne, l’autre étalon glisse lui aussi et les voilà en un instant tous les deux coincés en position non-debout dans la boue. La pluie les agresse toujours autant, il n’y a aucun moyen de se sauver, et ils sont tout bonnement foutus. Pour couronner le tout, il est à peu près sûr que Zefyr le déteste maintenant, et il aurait peut-être dû l’abandonner, au final. Ecoutant sans broncher les complaintes du bai, Ace soupire profondément.

- Avec tout le respect que je ne dois à personne, je pense que les dieux nous détestent. Hadès était plus gentil que ça, dans mon souvenir, dit-il en se souvenant du cratère. Il se tourne vers Zefyr, sincère. Désolé.

Ils sont tous deux désespérés, après tout, et la situation est rendue encore plus dramatique par l’autre qui lui fait ses adieux; malgré le fait qu’aucun d’eux ne peut bouger. Ace s’apprête à rétorquer quelque chose, n’importe quoi, une remarque quelconque qui détende l’atmosphère ou même une phrase emplie de sagesse- mais il n’en a pas l’occasion, puisqu’un troisième parti apparaît dans son champ de vision. Un troisième parti déjà bien mouillé qui est très amusé devant leur situation (au point d’en rajouter une couche, mais au point où ils en sont, un peu plus de boue ou un peu moins). C’est un arabe alezan qui semble être là depuis un bout de temps, et il pourrait jurer l’avoir déjà vu quelque p-

- Cyrius, lâche-t-il, étonné. Comment ça va depuis les Enfers? Pas trop abusé des fruits, j’espère? Toujours en train de nier ton homosexualité latente? Il lève un antérieur, qui sort difficilement de la gadoue avec un bruit de ventouse. J’ai entendu dire que t’avais été élu dominant, mes félicitations.

Ace pourrait parfaitement demander de l’aide, le supplier de les aider à sortir de ce pétrin; mais il n’en fait rien. Parce qu’ils pourraient très bien se retrouver à trois dans la boue, pour commencer, et parce qu’il y a peu de chances que Cyrius accepte. Il est safe, après tout, et le spectacle doit certes être assez amusant. Ils sont cependant toujours coincés, et il commence à désespérer. En compagnie de deux autres étalons, dont un qui le déteste et un autre qui veut juste rigoler. Il ne manque plus rien au tableau…

...Sauf l’arrivée de Commedia, manifestement, qui s’approche de l’alezan avec un regard tout aussi amusé que lui, le connaissant apparemment assez bien. Elle ne se prive pas de faire une remarque qui sous-entend qu’elle apprécie également le spectacle, et Ace n’a même pas le courage de la saluer. Non, à la place il se contente de lever la tête vers le ciel, ne se rendant pas compte qu’il ignore Zefyr depuis quelque minutes, et ferme les yeux pour faire une prière comme il peut.

- ...Tuez-moi.

Et comme si les choses ne pouvaient pas être pire, elles le devenaient. Ace s’excusait, mais Zefyr ne pouvait pas lui en vouloir, s’il s’était retrouvé ici, c’était aussi parce qu’il avait voulu l’aider. Donc il était aussi responsable de cette situation. Il soupira et secoua doucement la tête.


- Oh, ne vous excusez pas, ce n’est pas votre faute, si je suis là, c’est parce que je l’ai voulu, en quelque sorte.

Il leva les yeux au ciel, noir. La pluie tombait drue toujours, s’était-elle déjà arrêtée ? Allait-elle s’arrêter ? Quelqu’un serait-il clément avec eux ? Il n’en savait rien, et pour tout dire, il n’avait plus aucun espoir aujourd’hui. Il venait de revenir, et le voilà déjà dans une position plus que déconfortable et proche de la mort, si on peut dire. Triste vie pour le pie.
Mais ce n’était pas fini. Non, si la honte qu’ils se tenaient seul lui suffisait, voilà qu’un étalon alezan était venu regarder le spectacle ridicule que les deux lui offraient. Il lança un regard presque blasé à son ami fait de boue. Parce qu’en plus ils se connaissaient ? Awesome. La dignité de Zefyr s’en allait de plus en plus loin. Il ne sortirai plus jamais de chez lui s’il sortait d’ici un jour.
En plus, d’après les dire de l’autre pie, ils n’étaient pas vraiment ami, c’était une connaissance...Zefyr plissa les yeux, peu sûr d’avoir entendu correctement, des.. Des Enfers ? Comme le Enfers ? Non, ce n’était pas possible, puis il s’en fichait bien pour le moment, tout ce qu’il voulait s’était sortir d’ici et de fuir sur la Lune.
Il posa un regard agacé sur l’inconnu Alezan.


- Donc, vous comptez nous regarder comme ça, sans rien faire ? Bien, je retiens, vous faite un piètre dominant, à rester là et regarder sans rien faire. Vous faite presque autant pitié que nous à cet instant.

Puis une deuxième silhouette se joint à la fête, féminine cette fois-ci. Oh mais oui, comme si c’était déjà pas assez humiliant comme ça, tous les équidés s’étaient donné le mot pour aller faire un tour dans cet endroit horrible avec une pluie horrible et des alentours aussi horrible que tout le reste. Et voilà qu’en plus elle s’amusait à les éclabousser un peu plus.


- Vous vous amusez bien, vous aussi ? On ne vous dérange pas trop j’espère ? Parce que la situation est quand même critique pour nous.

Le ton était froid et son agacement palpable, en d’autre circonstance, il aurait été ravi de faire des rencontre, mais là, juste pas vraiment le bon moment. Non, vraiment pas.

Commedia, comme par enchantement, avait reçu l'invitation silencieuse que son père lui à lancé. Cyrius quitte un instant des yeux la scène pour lui offrir un sourire sur-excité, à deux on rigole toujours beaucoup mieux.


- Tu arrive pile à l'heure, le rideau vient de se lever, c'est une tragi-comédie.


Il reporte son attention sur la flaque de boue. En plus de l'énervement et du désespoir, c'est maintenant la colère qui gagne les acteurs, qui auraient probablement voulu jouer cette pièce sans spectateurs. 
Cyrius envoya un clin d'oeil à Ace of Heart qui le reconnu presque instantanément. Ce dernier mis la sois disante homosexualité latente de Cyrius sur la table, chose qui l'aidera probablement pas à sortir de cette flaque de boue, avant de le féliciter pour son titre de dominant.


- Oublie mon homo-sexualité latente et pense plutôt à ton compagnon qui va devoir supporter ton homo-sexualité active, tes félicitations me vont droit au coeur, encore quelques flatteries et je daignerai peut être faire quelque chose pour toi.


C'était faux bien sure, Cyrius attendait seulement de voir qui tuerait l'autre le premier pour se sortir de cette galère. L'autre d'ailleurs, était inconnu au bataillon. Bien que la boue le rendait de toute façon assez méconnaissable, Cyrius était sur de ne l'avoir jamais vu. L'inconnu s'offusqua de les voir rester là à s'amuser sans rien faire. D'ailleurs, contrairement à Ace il ne le félicita pas, mais le traita de piètre dominant. Quelle mauvaise stratégie...


- Oh toi tu n'a pas l'intention d'acheter ma bienveillance pour sortir d'ici, et bien soit ! Mais sache que je ne domine pas les Terres Orphelines, je n'ai aucune obligation ici, je ne suis qu'un touriste ! ... Bon, j'engage le premier qui s'en sort comme Bouffon du Roi sur les Terres Trompeuses, à mon avis si l'un des deux parviens à grimper sur l'autre il y a une chose d'avoir un gagnant. Soyez créatifs, on vous regarde !

La situation semble désespérée et un outsider aurait probablement dit il y a quelques minutes qu’elle ne pouvait pas s’empirer, qu’ils sont déjà bien assez enlisés comme ça. Yet here we are. Ace est presque certain qu’il commence à s’enfoncer dans la boue rendue plus molle chaque seconde grâce à la pluie, son corps entier fait un bruit de ventouse chaque fois qu’il a le malheur de bouger. Son toupet lui rentre dans les yeux, et il doit secouer la tête toutes les trois secondes. D’une minute à l’autre, il va se mettre à frissonner, s’il n’a pas déjà attrapé froid. Il n’est pas seul dans sa misère, ce qui est devient une piètre consolation maintenant qu’ils ont des visiteurs.

Et Zefyr a beau affirmer ne pas lui en vouloir, il paraît tout de même passablement énervé; si pas contre lui, contre le reste du monde et les deux individus qui ne daignent pas lever le petit doigt pour les aider. Cyrius et Commedia apprécient sans problème le spectacle, et la réponse de l’alezan à ses questions passe complètement au-dessus de sa tête, puisqu’il n’en a en vérité pas grand chose à cirer. Il est un peu préoccupé, pour le moment. Il a autre chose à faire que de s’inquiéter de la date à laquelle le dominant sortira du placard. Il enregistre cependant la remarque sur le bouffon du roi et lâche un bruit qui ressemble à un rire.

- Désolé bébé mais j’occupe déjà la place de meilleur ami gay de la future dominante d’ici, du coup j’compte pas changer d’allégeance.

Commedia se contente de rigoler et garde ses interactions courtes, et Ace lui jette un regard aussi noir et convaincant que possible lorsque l’on est couvert de boue et assis par terre.

A ce niveau, les choses ne peuvent plus empirer, n’est-ce pas? lui sort sa conscience. QUE NENNI, lui répond-il, apercevant une troisième silhouette, debout et safe et qui ose même trotter, s’approchant d’eux. De loin, caché dans la pluie, l’individu ressemble un peu à Ezaël; il aperçoit du long crin blanc et des bouts de robe palomino. Mais ce n’est pas lui, parce que l’inconnu se met à rigoler une fois arrivé devant eux. Ezaël ne rirait pas (ou alors, juste un peu), il commencerait à s’inquiéter et proposerait son aide de cheval de trait comme le Model Boyfriend™ qu’il est. Le nouveau venu est complètement palomino et il ne le connaît ni d’Adam ni d’Eve, mais Ace voit clairement qu’il possède des appuis et de la force que Zefyr n’a définitivement pas (sans offense).

Ignorant le reste du monde, il se tourne sans attendre vers lui, et oublie toute dignité en le hélant.

- Eh toi, le grand machin palomino qui n’est malheureusement pas mon chéri, viens donc nous aider! Tu feras l’affaire!

Il secoue encore la tête pour décoller son toupet de son chanfrein et supplie silencieusement l’inconnu d’avoir pitié de lui. D’eux. De leur situation. Juste, pitié.

Ordre de passage : Zefyr, Cyrius, Commedia, Ezekiel, Ace, Sorrow, Ezaël

Mauvaise technique Zefyr. C’était pas en insultant ses congénères qu’il allait sortir d’ici. Il baissa le nez-si peu, il ne voulait pas renifler les effluves de la boue, des fois qu’elles soit toxiques- mais tant pis, les choses étaient dites et ils les pensaient réellement. Il n’allait certainement pas se mettre à genoux devant l’alezan et ses poires proéminentes. De toute façon il n’était pas là pour ça.

Ses oreilles pivotèrent pour chasser la pluie et pour se tourner vers la jument dont il ne connaissait pas le nom, mais les politesse n’était que partie remise. Elle ne semblait, de toute évidence, pas encline à les aider plus. Et si l’alezan l’avait sauvée, il ne semblait pas vouloir en faire autant avec eux.


- Gardez vos places de bouffons pour quelqu’un qui les réclamera, nous ne somme pas là pour satisfaire vos envie sadique.


Mais les pies n’étaient pas vraiment en situation de pour-parler, tout ce qu’il pouvait faire c’était supplier, mais non,il refuser de s’abaisser à ça. Et puis comme si ça ne suffisait, un autre se joignit au spectacle, un grand blond, qui semblait bien costaud et qui pourrait les tirer de là. Il acquiesça les paroles d’Ace.


- Si tu nous aides, tu n’auras pas notre mort sur la conscience, pas comme les deux autres, qui semblent bien s’amuser.


Il espérait très fort que l’étalon n’était pas un de ces sadiques qui regarde et attend en riant bêtement, la situation devenait de plus en plus critique. Zefyr se risqua à tenter de bouger un membre, mail il était pris comme une ventouse la boue, il n’eut droit qu’à un bruit immonde de succion et s'enfonça quelque millimètre de plus. Il grimaça. Il n’était même plus surpris quand un nouvel étalon noir se pointa. Ils allaient de catastrophe en catastrophe et il n’en avait plus rien à faire.



-Vous aussi vous venez admirer le spectacle ? Oh ? En plus c’est une de vos création, bravo, comme vous pouvez le voir, tout marche à la perfection.


Si le ton était sarcastique et le regard froid, il l’implora mentalement de bouger son popotin noir pour venir les aider. Mais ceci ne faisait sûrement pas parti de son plan. Oh non ! C’était évident même, il suffisait de le regarder pour le savoir.

Zefyr tendit les oreilles, des bruits de pas ce faisait entendre, il soupira lourdement, ce cirque n’était donc pas fini ? D’autre chevaux allait se joindre à la danse macabre qu’ils menaient ? Il leva les yeux au ciel pour trouver un peu de réconfort mais il n’eut droit qu’à se prendre une goutte dans l’oeil.

Dans le coin de son oeil, une silhouette -celle qu’il entendait marchait- se dessinait. La silhouette lui était familière. Il lui fallut un instant pour le remettre. Ezaël. Il sourit, lui, il allait pouvoir les aider, il en était sûr.


-Je suis content de te revoir, même si dans d’autre circonstance, ça aurait été mieux.

Commedia apprécie le spectacle et les deux zozos sont toujours englués dans leur bain de boue. Un nouveau venu arrive, Cyrius ne le remarque qu'au dernier moment. Il lui dit vaguement quelque chose, et l'alezan essaye de mettre un nom sur ce visage lorsque que quelque chose lui mordille les fesses. Cyrius sursaute et lâche un petit cris bien trop aigüe pour lui, il fait volte-face et se retrouve nez à nez avec Sorrow qui commentait ses roubignoles. Se remettant de son émotion, l'alezan lui lance un regard courroucé, depuis quand ce gros lardon de Sorrow se permettait-il de toucher à son postérieur ?


- La paternité leur à fait perdre un peu de volume, c'est vrai, concéda t-il.


Cyrius se remet face au spectacle, essayant de ne pas prêter trop d'attention à Sorrow, mais le cirque est soudain moins divertissant. L'autre se vente d'être à l'origine d'un piège à solitaire...


- Excellent, mais visiblement il piège aussi les membres les moins intelligents du troupeau... c'était volontaire j'imagine ?


L'alezan garde l'idée en tête, un piège à solitaire, voila une excellente idée pour son nouveau territoire.


Finalement, un nouvel individu arrive et Cyrius le reconnait rapidement. Ezael. Ce dernier semble être ami, voir un peu plus avec Ace of Heart. Il n'avait pas l'air de trouver la blague très divertissante.
Sentant que le vent allait tourner et qu'Ezael allait bientôt jouer les rabats joie en sauvant sa dulcinée de son calvaire, Cyrius décida qu'il était temps d'aller vers des contrée plus ensoleillées.


- Ce fut un plaisir, déclara t-il à l'ensemble des spectateurs. 


Sans s'attarder d'avantage, et sans se préoccuper de la suite des aventures des deux embourbés, Cyrius fit demi-tour dans la boue, et s'éloigna des Pluies Perpetuelles...