découvertes [libre]

Le Choeur : Elle erre sur les terres de son père et espère que la brise marine séchera les larmes salées sur ses joues dorées. Commedia Dell’Arte sait qu’elle a échoué. Peut-être n’est-elle pas faite pour être mère, ou bien pour aimer. Elle souhaite simplement être désirée, voulait pour une fois être respectée mais elle s’est trompée. Ce n’est pas une représentation qu’elle peut jouer, un rôle qu’elle sait incarner. Alors elle cherche du réconfort au Golfe d’Emeraude et voit à travers ses larmes la silhouette ombragée d’un poulain pie.

Commedia : Po… Polichinelle ?

Le Choeur : Ce n’est pas Polichinelle mais elle s’en contentera pour cette fois. Le lait qui désire s’écouler trouve preneur chez ce jeune mâle fatigué et Commedia Dell’Arte ne peut pas le lui refuser quand cela la fait souffrir et qu’elle juge mériter une telle sanction : s’occuper d’un petit qui n’est pas le sien. Au moins, on ne lui demandera pas d’aimer celui-là.

Commedia : Bois, tu en as besoin. (elle attend qu'il termine.) Comment t’appelles-tu ?

Le Choeur : Le poulain avait visiblement bien besoin de lait chaud et Commedia laisse ses épaules tomber, soulagée d’un poids. Il se présente difficilement et lui vole un sourire car le pauvre orphelin lui rappelle ses difficultés à faire de même quand elle avait son âge.

Commedia : Enchantée Camporeal, je suis Commedia Dell’Arte mais tu peux m’appeller Commie si c’est plus facile. Que fais-tu ici ? Tu appartiens au troupeau ?

Le Choeur : Elle se fige, s’étonne. Cyrius a-t-il encore adopté un poulain ? Voilà qui l’intrigue, parce qu’on pourrait croire qu’il est satisfait (ou dégoûté) de sa famille actuelle. Elle ne contredit cependant pas Camporeal, car elle sait que c’est difficile et lui offre un sourire rassurant en baissant la tête pour se mettre à sa hauteur, sa longue crinière dévalant son épaule en ce faisant.

Commie : Tu as bien de la chance, Cyrius est un père formidable, vrai ou pas. Il m’a adoptée quand j’avais ton âge.

Le Choeur : Elle laisse le poulain faire, il sait très bien comment se réchauffer et ce nourrir et elle n’a rien à lui apprendre, pas grand-chose de plus à lui donner. Commedia Dell’Arte se contente de chercher, sans trouver, qui peuvent bien être les parents de ce pauvre poulain pie qui lui rappelle sa pauvre pouliche. Polichinelle… La comédienne soupire. Final Act est trop jeune pour être père, sans parler des autres et elle suppose qu’Ezaël l’aurait informée s’il avait mis une jument en cloque, ce qui lui paraît improbable car Ace of Hearts n’a rien d’une jument.

Commie : Dis moi… qui sont tes parents ?

Le Choeur : Elle recule d’un pas, surprise et dévisage encore une fois le poulain. Elle ne se trompait donc pas au sujet de Nazz’ariah… Commedia Dell’Arte est cependant étonnée que Cyrius adopte le fruit d’une adultère et se questionne quelque peu au sujet de Camporeal bien qu’elle ne lui communique pas ses doutes. Ce n’est qu’un enfant. Un profond soupir lui échappe et elle s’efforce de sourire.

Commedia : Viens, on va faire une montagne de sable.

Le Choeur: C’est la seule solution qu’elle parvient à envisager pour le réconforter et la jument dorée ne le laisse pas se faire prier. Déjà, elle entasse le sable de quelques gestes habiles et ses larges sabots forment une petite dune compacte que l’eau approche dangereusement à chaque vague. Un sourire fait son chemin sur les lèvres de la comédienne qui injecte un peu d’urgence dans sa voix, malicieuse.

Commedia : Il faut qu’on se dépêche avant que l’eau la submerge !

Le Chœur : La distraction est la bienvenue et Commedia Dell’Arte laisse le petit s’amuser comme il se doit avant de l’allaiter une dernière fois pour lui permettre de vivre une vie misérable qu’il n’a rien fait pour mériter. Mais Camporeal porte le poids des actes de sa mère et en subira sûrement les conséquences alors elle peut bien lui accorder un peu de paix avant de s’en aller.