Danser avec les rosiers

• Hyuna' - Musique
  

Direction, les terres secrètes. Retranchement dans la montagne. Les épaules légères. La peau du tambour reprenait forme. Ce matin, elle avait tué. Sa bouche en avait encore les traces. Ce sang séché qui lui tenait à la peau n'était pas franchement agréable et la noire cherchait donc un lieu pour enlever ça de sa bouche. Oceän Pearl était morte et elle ne voulait plus rien avoir à faire avec elle. Il fallait donc nettoyer toute trace de son passage. Et croiser quelqu'un la bouche en sang serait plutôt embêtant.

Non pas qu'elle comptait s'en cacher, loin d'elle l'idée. Elle n'avait rien fait de mal.  

L'ombre planait toujours derrière elle et cela agacé la paix qu'elle avait trouvée. Avoir un rapace sur les talons était franchement dérangeant. Elle avait essayé de le chasser sans succès. Il planait donc à  quelques dizaines de mètres au dessus d'elle. Projetant son ombre au sol. Sûrement la seule ombre de cette plaine. Il se lasserait de la suivre, une fois sa bouche lavée il n'aurait plus de raison d'être là.

Elle avait parcouru aisément, plaisamment et d'un bon trot la distance qui la séparait de la plage et du corps qui la rendait meurtrière, vengeresse accomplit. Sa fureur était retombée assez vite, au rythme du corps qui disparaissait. Elle serait la seule à être témoin de la fin de la pie, elle, les dieux et le poulet volant.  L'âme indifférente et allégée.  

Un ruisseau s'était présenté à elle, elle y avait observé longuement son reflet. Ses prunelles marron semblaient enfin détendu de toute peine, de tout fardeau. Lorsqu'elle se regardait intensément elle pouvait peut être y voir une pointe de tristesse dans le fond de l'oeil, mais ne mit pas la main dessus. La flamme rageuse était partie, et pourtant, elle avait aimé ça. Clairement, elle avait aimé la tuer. C'était le destin de toute sa vie. Il lui faudrait trouver autre chose maintenant.

Son introspection finie, elle trempa le nez dans l'eau pour boire, nettoyant au passage le sang qui emplissait encore ses joues. Ce goût de métal disparut rapidement, presque trop même. Hyu' plaqua les oreilles sur cette pensée. C'était absurde. Elle fini de se rincer complètement espérant ne pas en oublier. Elle passa ses balzanes au crible, tout semblait bon.      

Elle redressa la tête pour regarder si le rapace était toujours là et ne le vit pas dans le ciel, ses lèvres esquissèrent un sourire. Journée parfaite. Il était parti. Avant que celui-ci ne s’efface en le voyant s'abreuver juste en face d'elle, elle aurait presque cru voir un sourire sous son bec. Elle le fusilla. Claquant des dents vers lui.

Avant d'abandonner et de se redresser, pour apercevoir une pouliche, à ce qui semblait. Ça pullule ici, je vous le dis ! Venir plus ou moins droit vers elle. Sans faire attention. La noire ouvrit grand les yeux, cette journée était trop bien partie, fallait qu'il y ai une couille dans le pâté.

- Attention ! elle se tendit d'un coup et soupira en voyant que la demoiselle c'était arrêté avant.

Demoiselle atypique avec un je ne sais quoi qui lui semblait familier. Une crinière rousse qui piquait les yeux, mais à part elle était plutôt belle, enfin pour son âge, avec les défaut que celui-ci apporte.

- J'aimerais bien que vous m'appreniez à danser. Bonjour !

Elle n'aimait pas le sexe féminin, mais celle-ci n'était pas adulte et semblant bien s'amuser, la noire de bonne humeur ne se ferait pas prier. Elle danserait ce jour joyeux. Elle dansera la mort d'Oceän Pearl.

La jument eu un mouvement de fuite et la noire regarda aussitôt son reflet dans l'eau. Non ça ne venait pas elle. Elle suivi donc le regard de la demoiselle. Le vautour. Le satané, l'hurluberlu. Le rapace qui lui collait aux fesses, s'il comptait la suivre longtemps ses prochaines rencontres risqueraient toutes de ressemblait à ça. Hyuna' s'en agaça, tapant des deux fers dans l'eau en direction du volatil. Qui fit juste un bond en arrière, ouvrant énergiquement ses ailles pour se stabiliser, accompagnant son mouvement d'un cri scandalisé, évitant ainsi les gouttes d'eau. Il était énorme, petites ils lui semblaient géant déjà, mais là, proportionnellement, ça n'avait pas bougé. Et collant. Hyuna' pesta, ce qu'elle détestait par dessus tout, la fixait comme un coquillage l'était à son rocher. Au moins, il n'était pas agressif.

Elle remit ses sabots sur l'herbe, regarda la jument, elle ne perdrait pas sa bonne humeur.

- C'est juste un futur poulet frit. Il me colle au train depuis ce matin, ignores-le, il va bien se lasser.

Ce qu'elle espérait vraiment.

Elle était passé du vouvoiement au tutoiement en un rien de temps. En même temps, elle était pas du tout du genre à vouvoyer.

- Comment t’appelles tu ? Moi c'est Hyuna'. Et non, il n'est pas mon ami.

Néanmoins, elle voulait belle et bien danser. Et ce qu'elle avait vu faire la jeune en arrivant lui donnait envie.

- Personne ne m'a invitée à danser, mais j'ai bien envie de savoir, on sait jamais, une invitation pourrait tomber du ciel.

Elle regarda le ciel, bleu, limpide, pas un nuage. Peut-être qu'une danseuse en tutu l'inviterait au bal de promo. La promo de quoi, ça, c'est une bonne question.  

Son regard retomba sur la pouliche, enfin sur la jument en devenir. Puis alla sur le vautour. Effectivement, il était moche, mais il faut se l'avouer, elle en avait vue des plus laids. Enfin. Même combat. Ils étaient tous de la même trempe.

Elle annonça son nom. Rose Madder. Elle n'avait pas l'air bien vieille et la noire finie par se demander où étaient ses parents. L'abandon était-il devenu monnaie courante sur l'île ? Si toutes les pouliches étaient laissées ainsi, il finirait par y avoir une catastrophe un jour.

Certes, elle avait laissé un fils encore plus jeune qu'elle derrière-elle, mais la différence était là. C'était un fils. Et il était au sein d'un troupeau, et surtout, il était avec son frère. Son grand frère. Elle estompa ses pensées. Elle aurait tout le temps de songer à ses fils à une autre heure. Avant de dormir par exemple, en regardant le ciel étoilé.

Elle répéta le nom de la jeune pour l'imprimer, le retenir.
- Rose Madder

Elle l'appuya d'un sourire, son nom glissait plutôt bien sur la langue. Le MA de Madder se roulait agréablement. Elle le pensa plusieurs fois, s’amusant avec se Madder. Avec un nom pareil, son père aurait de quoi s'inquiéter, il invitait à la drague. Elle imaginait déjà les étalons s'amuser avec comme elle l'avait fait juste avant.

Elle prit bien le temps de regarder la punkette jongler et lever ses membres, faisant preuve d'une certaine souplesse. Elle fit un cabré en guise de final. Impressionnant Hyuna'. La noire avait un autre style en tête, plus régulier. Moins scabreux. Elle n'avait plus un an. Mais elle allait s'essayer quand même. Elle recula tout de même du ruisseau, après tout elle n'avait pas envie de finir le cul dans l'eau.

Elle leva l’antérieur gauche, appuya le droit, tenta une pirouette. Manqua de renverser Ma(on roule bien le nom)dder. Se rattrapa dans une pirouette en passant à ras des pâquerettes. Tourna sur elle-même en faisant mine de rien. Puis elle s'écroula dans l'herbe. Journée sportive voyez-vous. Elle se releva assez vite, apercevant le vautour qui n'avait pas bronché, elle n'aimait pas être à sa hauteur.

- C'était comment ? Demande t-elle rieuse.

Elle jeta un œil aux alentours, personnes. Ce qui la fit revenir à d'autres questions.

- Tu es seule ?

Apparemment la prestation n'était pas à la hauteur. Elle ne pourrait pas danser avec Zeus ce soir. Il lui faudrait s’entraîner. Elle qui n'avait plus d'objectif, avait, maintenant, toute la vie devant elle pour ça. Enfin, si, il y avait bien une personne qu'elle voudrait voir. La pouliche qui s'était rapprochée lors de sa roulade, prononça d'ailleurs le nom de cette personne. Hyuna' cligna des yeux puis les ferma tellement fort qu'elle se demanda s'il serait toujours là lorsqu'elle les rouvrirait. Il serait bête d'être aveugle avant d'avoir revue son amie. Elle était tata.

Elle ouvrit la bouche sans qu'un son n'en sorte.

Perlescence. Elle devait avoir trouvé l'amour. Heureuse. Hyuna' ne cherchait pas ça. Elle était, pour l'instant, refroidit par son expérience avec le géniteur de ses fils. Elle chercha une ressemblance avec sa mère chez la pouliche. Mais l'image de son amie était assez floue. Elle ne la trouva donc pas.

- Lili ! J'en reviens pas, tu es la fille de Lili ! Dis moi où je peux la trouver ! On part sur le champ.

Elle se faisait une joie de revoir son amie ! Lili et Nana'. La noire espéra sincèrement que ce Ungo était un gentleman. Car c'est tout ce que méritait la belle Pearlescence. Et s'il ne l'était, elle se ferait un plaisir de prendre Lili sous le bras et l'emmener loin. Ou bien, à elles deux, elles pourraient terrasser le vilain. Mais, elle doutait que la fille aurait nommée son père s'il n'était pas un sage.

- Comment est ton père ?

Qu'elle sache qui était celui qui avait séduit sa Lili. Elle fit une pirouette, tournant toutefois sur un postérieur. Elle n'allait pas arrêter de danser. Il faudrait finir cette leçon. Elle tira la langue, furtivement. Regarda la jeune.

-Mieux  ?

Un grand frère. Et bien, son amie n'avait pas perdu de temps. Elle non plus. Enfin si elle en avait perdu trop. Mais ce matin avait signé les retrouvaille avec son temps libre. Elle pourrait penser à elle. Ou aux autres. Ou au monde. Ou. A tellement de choses. Mais plus à sa vengeance. Que d'autre y pense pour elle maintenant s'ils le veulent.

Elle aussi avait un frère aîné, même deux. Elle aimait cette conception des choses. Être la petite dernière avait un petit truc en plus. Elle était toujours la dernière, mais plus vraiment petite. Et ses grands-frères avaiten leurs vies. Même si c'était pas forcement pour son plus grand plaisir. Elle gardait en tête le nom trop entendue de sa belle-sœur. Fifa.

- Un grand frère, te voilà bien chanceuse.

Elle s'avança jusqu'au ruisseau pour boire, c'est que ça assoiffe les pirouettes. Releva la tête et avisa un arbuste plein de grenade. Savoir si elle serait mûres serait la surprise, car avec elles c'est toujours le cas. Elle s'y avança donc, estimant que sa comparse suivrait.

- D'accord. S'il est gentil. C'est ok alors. J'aurais pas voulue que mon ami soit malheureuse. Je suis partie de l'île quelques temps. J'ai aussi eu des enfants effectivement.

Mais l'histoire était beaucoup moins rose.

- Un quatre heures te tente ? Ajouta la noire en montrant les fruits. Où se trouvent tes parents ? J'aimerais vraiment revoir ta mère.

Hyuna' aussi aimait ses frères. Mais son plus grand amour était son père. Sans aucune arrière pensée. C'était juste la personne la plus stable qu'elle avait connue tout au long de sa vie. Même si elle l'avait cru mort, même s'ils étaient souvent restés sans se voir.  

Elle demanda le nom de ses fils et la noire ne vit aucun inconvénient à les donner. Ils étaient tellement loin. Elle aurait peut-être prit plus de retenu s'ils vivaient sur l'île. Elle avait tué ce matin. Et même si les conséquences, elle ne les redoutait pas et n'en envisageait pas non plus, s'ils avaient été là, elle aurait prit cela en compte. Mais ce n'est pas le cas.

- Blake et Knight, mais tu ne les connais pas, ils ne sont pas sur l'île.

Elle prit un fruit entre ses dents, serra doucement pour ne pas l’écraser. Elle ferma les yeux l'espace d'une demie seconde, elle se revit avec la gorge d'Ocëan Pearl  coincé dans sa mâchoire. Effaça aussitôt cette image qui n'avait rien à faire là. Croqua doucement pour la fendre en deux. Laissa tomber une moitié au sol. Le fruit semblait mur. Elle engloutit la moitié qu'elle avait en bouche sans demander son reste. La grenade est un fruit magnifiquement bon. Le problème étant, son nombre de pépin extrêmement élevé. Ce qui ne posait pas tant de soucis à la noire, qui les avala. Presque tous. L'un d'eux resta coincé et elle cru bien mourir étouffé par ce fruit divin. Elle toussa, toussa et fini par réussir à s'en débarrasser. Ploup, entre les deux oreilles de sa compagne. Hyuna' afficha un grand sourire. Après tout, elle avait faillit mourir.

- Excuse moii !! Fit-elle sincèrement, ce qui ne l'empêcha pas de rire pour autant.

Elle se rapprocha de la jeune et lui enleva l'abominable pépin farceur, essayant de ne pas lui tirer de crin. Le lançant au sol, droit en direction du vautour, qui n'avait pas vraiment bronché depuis le début. Et qui lança une œillade suspecte à la jument.

- Allons y donc !

Sur quoi elle se mit en route, bien pressée de revoir son amie. Et si possible, espérer rencontrer le grand blond qui l'avait fait chavirer.