Un retour sur mes terres d'accueil

Hors RP:

Les Grands Lacs. Un endroit paisible, vaste et doté de nombreuses ressources. Voila plusieurs jours que Cyrius stationnait sur ce territoire. Un relief plat, peu d'arbres, une visibilité parfaite à des centaines de mètres à la ronde pour intercepter du regard toute nouvelle âme y pénétrant.


Le grand alezan s'offrait un bain dans un des lacs, pas le plus grand mais peu être le plus profond. De temps à autres, ses pieds quittaient momentanément le fond vaseux pour quelques secondes de nage... L'eau n'était pas des plus chaude, cependant le soleil rendait l'expérience plutôt agréable. Tout était calme, seul le clapotis des vagues provoquées par les mouvements de l'étalon se faisaient entendre, ainsi que la conversation des mouettes qui elles aussi, se baignaient.


Alors que seule la tête de l'étalon sortait de l'eau, le regard de celui-ci fut attiré par un mouvement lointain. Cyrius nagea quelques mètres pour retrouver pied, et se fit immobile le temps d'observer l'individu qui paraissait marcher en sa direction...


Une silouhette sombre, qui, en se rapprochant, arborait les formes si caractéristique d'un frison. Cyrius, toujours dans l'eau, ne pu s'empêcher de lever les yeux aux ciel. Il avait dit un jour que les frisons ici semblaient se reproduire comme des lapins et c'était un fait, il passait son temps à croiser des chevaux de cette race...


Qui donc cette fois-ci? Sorrow? Shiro? Ouragant? Qui sais-je encore...
Cyrius progressa en direction de la rive et, petit à petit, sorti de l'eau, annonça de ce fait sa présence.

Cyrius est à présent sorti de l'eau, son corps trempé goutte abondamment. Il prend la peine de se secouer quelque peu pour évacuer un maximum d'eau, son regard scrute l'étalon frison, il est attentif, intrigué même, il a déjà vu cet individu...


Le frison s'était arrêté face à lui et le toisait en retour. Ce dernier prit la parole en premier. Il le connaissait. Ils se connaissaient? Ils s'étaient déjà vu, il y a longtemps. Cela confirmait la première impression de Cyrius. Etrangement, cela ne lui arracha aucun sourire. Oui, l'alezan avait déjà rencontré ce frison, pourtant il n'était pas sure que ce dernier lui avait laissé une bonne impression...


Tout cela devait remonter à la première escapade de Cyrius sur Horse-Wild, de nombreuses années en arrière donc... A l'époque, il avait déjà rencontré Sorrow, et quelques autres frison. Des images se formèrent dans sa tête. Des flashs, des souvenir. Une jument blanche traversa son esprit : Isba. Soudain, il connecta.


- Coeur Noir. Lâcha simplement l'étalon.


Voila deux frisons qu'il croyait morts et qui réapparaissaient devant lui en une semaine. Le frison est tenace, on ne s'en débarrasse jamais vraiment semble-il...


- C'est marrant... je te croyais mort 

Cyrius céda un sourire mauvais. C'était bel et bien ça. Coeur Noir. Un nom bien connu dans les parages, autour de multiples frasques plus ou moins reluisantes. L'alezan connaissait assez mal cet étalon, mais ce qui lui venait en premier à l'esprit lorsqu'il le regardait, c'était Isba. Une jument blanche et immature qu'il avait rencontré il y a longtemps. Cyrius avait fini par sympathiser, et même à s'attacher plus qu'il ne l'aurait cru à cette jument instable, parfois un peu nymphomane mais captivante. Elle lui avait parlé de Coeur Noir et de son comportement déplacé, étalon pour lequel elle avait fini par succomber et avec lequel elle avait fondé une famille... Mais Cyrius avait déjà quitté Horse-Wild à ce moment là...


Entonnement, le frison se rappela de son nom.


- Une mémoire d'éléphant et le corps qui va avec. Sourire impertinent mais regard poli de celui qui écoute attentivement son interlocuteur.


Coeur Noir n'était donc pas mort, mais il fit délicieusement remarquer à Cyrius qu'il avait cru la même chose à son égard lorsque ce dernier avait brusquement disparu d'Horse-Wild quelques années plus tôt avant de réapparaître récemment.
L'alezan cassa légèrement son sourire.


- Parti pour mieux revenir, un peu comme toi apparemment. J'ai été désolé d'apprendre la mort d'Isba, il semble que tu sois toujours aussi attentif avec la gente féminine, la vie à tes côté est vraiment si difficile ?

Cyrius sentait que ses remarques mauvaises agaçaient profondément l'étalon. Cependant, et contrairement à ce qu'il aurait cru, Coeur Noir n'eut pas la bêtise de s'en offusquer, voir de riposter, l'âge lui ayant surement appris le contrôle  au mépris de l'impulsivité. L'alezan y vit là un comportement plutôt respectable. Malheureusement, lorsqu'il passa à la vitesse supérieur en attaquant le frison sur la mort d'Isba, ce dernier sembla perdre tout contrôle, ce qui fit sourire Cyrius.


Même pas capable d'en avoir une? C'était vrai, pour le moment en tout cas. Pas de famille non plus, pas ici. Coeur Noir frappa le sol de ses crins, la colère s'était momentanément emparée de lui. L'alezan tacha de rester serein.


- Et qu'est ce qui te dis que je n'ai pas de famille, mon vieux ? Tu viens de débarquer ici et tu n'as pas la moindre idée de ce qui s'y passe. Le temps à passer. J'ai peut être une jument oui, des poulains, un territoire même, qu'en sais tu ?


L'alezan marqua une pause et fit quelques pas sur le sol détrempé, le temps de laisser redescendre la tension. Il poursuivit néanmoins, plus calmement, questionnant Coeur Noir.


- Qu'est ce qui t'as poussé à revenir, Coeur Noir ?


La question était simple et sans arrière pensée, une curiosité. Pourquoi était-il revenu après tant d'années ?

Cyrius tourna le dos à Coeur Noir tout en l'écoutant. Il s'éloigna du lac, regagnant la prairie sèche dont il arracha quelques touffes d'herbes à la volée. Le frison avait retrouvé son calme, cependant les paroles prononçait relevait de la pure fiction. 
L'étalon arabe se retourna finalement vers lui, l'oeil à la fois railleur et surpris. Il prétendait le connaître ? Apparemment pas si bien que ça.


- Tu t'égares, mon gros Babar, je n'ai jamais possédé le moindre territoire, pas encore ! Cyrius ria, où donc Coeur Noir était-il allé cherché ça ? Y aurait-il une biographie erronée sur ma vie qui traine dans les parage ? Je n'ai jamais dominé. J'ai fait des aller-retour entre Horse-Wild et le reste du monde, c'est vrai, comme toi d'ailleurs. Mais ne prétends pas connaître ma vie, où avoir raison sur mon compte car tu semble passablement à côté de la plaque.


Cyrius repris un peu d'herbe, et avant même d'avoir fini de la mâcher, il répondit négligemment à Coeur Noir, la bouche pleine.


- Je suis revenu pour m'installer définitivement et, si possible, m'emparer des Trompeuses. 


Il avala son herbe, qui était loin d'être savoureuse, et se rapprocher un peu du frison qu'il toisa d'un air moqueur.


- Alors tu espère retrouver qui en revenant par ici ? Il va vraiment falloir que tu te mette à la page mon vieux, que tu prennent connaissances des derniers potins, tu va être complètement perdu sinon.

Cyrius cessa de manger tandis que le frison admettait s'être trompé. Comme quoi l'âge amène parfois un peu de sagesse.


- Oui tu t'es trompé, et tu te trompe encore, bien-sure que j'ai une famille Babar, comme tout le monde.


Un père une mère, des ailleux, c'est une famille. Evidement il n'avait pas de descendants, pas encore, mais il savait que ça n'était qu'une question de temps. Décidant de ne pas poursuivre plus longtemps le petit jeu de celui qui aurait la plus grosse famille, Cyrius se contenta de remercier Coeur Noir pour ses voeux sincère de réussite dans son projet :


- Merci bien.


Il aurait aimé dire que la chance n'avait rien à voir la dedans. Et pourtant, il en aurait réellement besoin lorsqu'Aléas lancerai les dés...
Coeur Noir avait besoin de combler ses racunes en termes de ragots. L'alezan, soudainement bien disposé, se proposa de faire office de commère.


- Bien-sure, comme je suis  extrêmement sympa je peux peut-être te donner quelques infos, qu'est ce que tu veux savoir ?


Coeur Noir restait assez vague dans toutes ses réponses, mais Cyrius comprenait le principe de prudence qui le poussait à ne pas se dévoiler à lui.

Cyrius fixait distraitement COeur Noir qui était véritablement à l'affut d'informations. L'étalon alezan se demandait s'il allait accéder à sa requête, l'envoyer bouler, ou lui donner de fausses infos histoire de rigoler un peu. Un oiseau blanc, une mouette semblait-il, frôla la crinière de Cyrius avec un cri perçant avant d'aller se poser sur l'eau du lac. Surpris, le mâle fit un léger écart puis décida de répondre avec franchise aux interrogations du frison.


- Les territoire ne sont plus dominés, mais les dieux sont de retour. Ils recrutent, ils cherchent les meilleures candidats pour gouverner leurs Terres respectives. Je pense qu'ils prendront bientôt leur décision et qu'une nouvelle aire commencera pour Horse-Wild... Et concernant les catastrophes naturelles, nous avons été épargnés pour l'instant...


Cyrius connaissait si peu Coeur noir qu'il n'avais pas la moindre idée de sa situation antérieure. Etait-il solitaire ? Ou s'était-il attaché à un territoire.


- Et toi Coeur Noir, tu as toujours été solitaire ?

Le regard de Cyrius suivait les ondulations de la mouette sur le lac tout en écoutant les réponses de Coeur Noir à ses questions. Le frison était un ambitieux, avide de pouvoir. Il avait dominé par le passé, mais pas sur Horse-Wild, non, l'opportunité ne s'était jamais présentée à lui. Et aujourd'hui, il se sentait trop vieux. L'arabe détourna alors les yeux de sa mouette pour s'intéresser au physique de Coeur Noir. Quel âge avait-il ? L'alezan n'en avait pas la moindre idée. Physiquement, les traces de l'âge ne marquaient pas trop cet étalon qui dégageait incontestablement une certaine puissance. Cyrius se dit que le vieux frison aurait tout à fait pu faire illusion s'il l'avait voulu, et devenir dominant. Mais aurait-il tenu le coup sur la longueur, face aux assauts de rivaux ambitieux? C'est surement là que se trouve la sagesse. Savoir renoncer à une opportunité tentatrice et potentiellement dévastatrice...


- Hummm... et bien tu endossera parfaitement le rôle du vieux sage solitaire aguéri et ronchon 


Cyrius lui adressa un sourire taquin. Finir sa vie tranquillement sur Horse-Wild semblait un bon choix stratégique. Le mieux étant tout de même de s'incruster au sein d'un troupeau pour bénéficier des avantages notoires en terme de confort et de sécurité. L'alezan ne pensa cependant pas une seconde à proposer au frison d'intégrer ses futures terres, il était hors de question que ce violeur en série fasse un carton avec les juments de son troupeau. Never !


Il était temps d'abréger la rencontre, et de continuer la route. Cyrius conclut donc la discussion.


- Je vais malheureusement devoir t'abandonner, j'ai été content de recroiser ta route, vieux chnoque