La fête à la grenouille

Sinistros n'avait jamais rencontré de chevaux souterrains. Il se plaisait à imaginer qu'existaient peut-être, dans les profondeurs les plus enfouies du monde, de minuscules petits chevaux qui formaient une communauté soudée d'équins sous terre.

Oklaan lui donnait à présent à voir ce à quoi cela pourrait bien ressembler, et le spectacle avait quelque chose qui éveillait en lui de nombreuses considérations théoriques sur l'existence dans les terriers, la protection de la pluie que cela procurait, les bienfaits de vivre entouré de boue... Peut-être aurait il du proposer à Amaranth de tenter quelques explorations souterraines...

Oklaan ressemblait aussi vaguement à une autruche, ce qui était ironique sachant qu'ils cherchaient tout sauf un oiseau.

Et puis, les autruches ne vivaient pas dans des territoires pluvieux. Pas comme les ornithorynques. Ces mammifères vivant dans des points d'eau douce... D'eau douce...

" Miséricorde, Oklaan ! Ce terrier ne peut contenir d'ornithorynque ! "

Et juste au moment où il aboutissait à cette conclusion, l'autre étalon s'arrachait précipitamment au terrier. Son départ eu pour effet de répandre dans les airs une odeur pestilentielle que Sinistros reconnu pour l'avoir provoquée trop souvent.

" UN PUTOIS ! " hurla-t-il, " SAUVE QUI PEUT ! "

L'étalon prit aussitôt les jambes à son cou, alors que le doux fumet de la bête imprégnait l'air des kilomètres à la ronde et que le mammifère grincheux émergeait finalement de son trou, la mine un peu patibulaire.

L'odeur lui montait déjà aux naseaux l'étalon bai c'était vite remit sur ses quatre sabots et n'opposa pas aux sages recommandation qu'avait crié Sinistros. Sa forte voix n'avait eu que pour effet d'offusquer le cher putois encore plus.

Oklaan pris ses pattes à son cou dépassant son ami assez rapidement, vu les pattes plus palmé de celui-ci ses déplacements était plus fluide. À chaque foulé, Oklaan envoyait derrière lui des galettes de boue. Il galopa comme cela sans regarder derrière lui il sentait que son ami continuait à le suivre, car il pouvait sentir sa présence, mais il ne savait pas combien de mètres les séparaient.

Oklaan fini par s'arrêter la terre était ici un peu plus sec s'éloignait-il de cet foutu terre appelé Pluies perpétuelles. Même jusqu'ici l'odeur du putois était détectable ou bien ses récepteurs nasales avaient été atteint par l'odeur.

" On s'en est bien sorti malgré tout"

Puis il se retourna pour voir ce qu'advenait de Sinistros.

Sinistros se demanda s'il devait songer à faire un petit régime, parce qu'Oklaan parvint à le dépasser avec une aisance qui aurait pu être vexante s'il n'avait pas été lui-même ralenti par le fait qu'il courait sans respirer.

On ne plaisante pas avec les flatulences des putois.

Malheureusement, le fait qu'Oklaan l'ait dépassé signifiait que les sabots de son compagnon raclaient terre, herbe et boue avec une grande puissance et les propulsaient dans la direction de Sinistros avec au moins autant de vivacité que s'il eut s'agit d'une véritable catapulte. Le fou entreprit donc de galoper en zig-zag, les naseaux toujours vides, les prémisses d'un long hurlement strident coincé entre les dents.

Au moment où il allait renoncer et s'abandonner à l'asphyxie, Oklaan s'arrêta enfin. Sinistros démêla ses jambes qui s'étaient entremêlées dans la course et parvint à ralentir à temps, les crins positivement ébouriffés, le teint un peu grisâtre, le poil recouvert des quelques projectiles que lui avaient accidentellement jeté dessus son compagnon.

" Hic ! " s'exclama-t-il, secoué à nouveau par le hoquet.

La pluie était moins drue. Sinistros observa les alentours, avant d'admettre avec un peu de réticence :

" Je crains bien que notre quête de l'ornithorynque soit vouée à l'échec... "

Il s'ébroua.

" Je suis crotté. "

Ok' soufflait toute en regardant son ami approché à grande vitesse. Il eut bien fait de ce décaler un peu avant que celui-ci ne manque de frein et le prenne pour un jeu de quille. Il remarqua aussitôt que Sinistros avait retenu son souffle durant tout le trajet. L'intérieur de ses naseaux grands ouverts, après cette course, démontraient une teinte grisâtre.

"Respire mon ami, respire"

Le bai devant lui fît la déchirante conclusion, après un hoquet, qu'il ne trouverait probablement pas d'Ornithorynque aujourd'hui. Il semblait déçu et Oklaan en était désolé, il aurait bien voulu que son souhait, bien qu'il ne soit étrange, soit comblé. Les seuls trucs qu'ils avaient trouvés aujourd'hui constata Oklaan en regardant son nouvel ami: des toques, un putois, de la boue et probablement auraient-il gagné un rhume comme grand prix final. Il s'ébroua à son tour.

"Effectivement mon cher, nous sommes crottés. Nous ne sommes pas des bons chevaux d'écuries, mais heureusement, nous ne sommes pas des chevaux d'écuries non plus."

Il lui fît un clin d’œil, ses chevaux maculé des sabots jusqu'à la crinière des trucs lourd aux sabots et des noeuds étranges dans la crinière qui les empêchent de se défendre des insectes et du soleil. Il en avait croisé quelques-uns lors de son voyage ces chevaux l'observaient de loin, ils étaient tous envieux de sa vie de cheval sauvage, mais les hommes ne s'en apercevaient pas.

" Ne vous en faites pas Sinistros, pour votre mission. Renseigné vous à leurs sujets et si vous trouvez un endroit où nous risquons d'en trouver hennissez le plus fort que vous pourrez. J'ai de bonne oreille je tâcherais de vous rejoindre et nous pourrons reprenne les recherches d'ici-là quand pensez-vous?"

Il était dépité, chose rare.

Tellement rare que cela dura environ trois secondes avant qu'il ne songe à ses prochaines aventures, à la pêche aux oursins, au théorème de Thalès, et à la croupe juteuse d'Amaranth.

L'herbe était aussi redevenue rose, ce qui le ravit. Il en dégusta une touffe, dont le goût n'était certes pas extraordinaire, mais moins spongieux et boueux que le reste de l'herbe qui recouvrait cette plaine.

" Je serai sûr de faire appel à vous, " dit-il, " Vous avez un flair remarquable, bien que nous n'ayons dépisté qu'un putois. "

Sinistros renifla. Non, il ne sentait plus rien. Le rhume, peut-être, qui pesait sur ses poumons.

" Avant cela, je dois cependant songer à présenter quelques superbes cucurbitacées à Cyrius. Je suis légumiste, voyez-vous. "

Oklaan imita son ami et se risqua à gouter l'herbe qui semblait avoir un peu meilleur goût dans cette partie du territoire, que précédemment. Un arrière goût douteux à sa simple bouché, suffits pour lui enlever la faim, il attendrait encore avant de ce régaler. Il croyait avoir repéré une plaine sur son passage et espérait pouvoir la retrouver sous cette couche de neige. Sinistros se mit à parler de Botanique et d'un certain Cyrius ce nom il l'avait déjà entendu, était-ce le même qui sait, il en existe sûrement plus d'un sur cette planète. Il ne chercha pas plus loin de toute façon les terres étaient grandes et le ceux qui y vivent sont nombreux.

" Ma foi mon cher, je vous avais prit pour un gogoll mais j'hésite maintenant entre un génie ou un fou... ne sont-il pas proche cousins cependant? Et tous les génies de ce monde ne le sont-il pas tous un peu?"

Le grand bai lui fit un clin d’œil et entreprit, tout seul, de se débarrasser tranquillement des toques qui ornaient sa queue, mais il savait dès lorsque ce qui se trouvaient dans la crinière ne partirai pas par magie il devrait trouver un coin qui rendrait ses crins doux il pourrait s'en débarrasser plus facilement. L'offre d'aide de sinistros ne tenait sûrement plus maintenant qu'il n'avait pas trouvé les Ornithorynques.

" Mon très cher ami, je crois que nos routes se séparent ici. Je dois de ce pas trouvé un salon de coiffure. Un qui n'aura pas envie de mettre les ciseaux dans ma crinière ."

Il fit un sourire honnête à sinistros. Une belle rencontre, un nouvel ami pour la vie. Il ne l'oublierait pas de si tôt. Oklaan prit le pas en direction du nord l'hiver battait son plein le vent froid soufflait de cette direction. Il retourna sa tête une dernière fois vers son ami avant de disparaître à l'horizon.

" ET VOUS SAVEZ QUOI! JE CROIS QUE L'ODEUR DE PUTOIS À SUFFIT POUR ME GUÉRIR DE MA MALADIE."

Lui dit-il pour le rassurer, puis se retourna et repris sa route, le sourire aux lèvres.

» Cette fête est la fête de votre vie !!! Intronisation de Superbia