Qu'est-ce que ceci?..

Brutalement, je frappe le tronc d'arbre avec mon sabot du postérieur gauche. Cet oiseau me gonflait royalement. Cela faisait maintenant plusieurs heures que j'étais couchée dans l'herbe, espérant me reposer et pouvoir profiter du soleil. L'Automne était bien installé sur cette île et la fraîcheur commençait à se faire ressentir, c'est pourquoi lorsqu'un rayon de Soleil apparaissait, je voulais en profiter. Je suis une jument née de deux parents à la biologie désertique, aux ancêtres perses, alors la chaleur faisait partie de ma vie depuis ma naissance. Le Soleil était mon allié, mon ami et surtout l'astre dont lequel je voulais jouir, avec lequel je voulais vivre. Je détestais la fraîcheur, l'ambiance glaciale, donc oui j'étais parfaitement bien couchée dans l'herbe avec le Soleil qui venait caresser ma robe. Mais soudain, sans que je ne comprenne pourquoi, un satané piaf vint se poser sur une branche, juste au dessus de moi et il se mit à piailler telle une horloge. Il ne s'arrêtait pas. Pire encore, j'avais le sentiment qu'il se moquait ouvertement de moi, qu'il voulait réellement m'emmerder. Alors, je fis en sorte de fermer les yeux, de tenter de me rendormir mais rien n'y faisait, il continuait son cirque. Mes oreilles se couchèrent dans ma crinière et je me mis en position vache.

Le cirque de cet oiseau dura une éternité. J'avais beau ronfler des naseaux, bouger brusquement, il s'en foutait royalement. Il gueulait tel un coq qu'on égorgeait. Alors sans hésiter une seule seconde, je me lève, m'ébroue un grand coup et pose mon regard sur l'oiseau. Un hennissement sortit de ma bouche, espérant faire peur à mon emmerdeur et ce fut pire. Il gueula encore plus. Non mais il est sérieux celui-ci ? Il se fout réellement de ma tronche, là ! Brutalement, je donne un coup de sabot dans l'arbre, un second et un troisième. Mais rien à faire, l'oiseau s'envolait pour finalement revenir sur la branche et recommencer. Putain mais il m'emmerde celui-ci ! Je dresse le regard vers lui et mes prunelles se posèrent sur un nid près de lui. Okai, je viens de comprendre ... J'étais au mauvais endroit. Alors, en poussant un soupir déçu, je finis par prendre le pas et m'en aller. Bizarrement, l'oiseau se tut immédiatement. Je venais de comprendre le message. Sans hésiter, je pris le trot et me dirigea vers un endroit où j'étais sûre d'avoir chaud et surtout d'avoir de la tranquillité. 

Au bout de plusieurs minutes, voire une heure, de trotting je me retrouvai à la frontière de la Dune du Pied. Bien sûr, ce n'était pas le désert de l'Oubli, mais elle y ressemblait beaucoup. Un petit sourire apparut sur mes lèvres et je repris le trot. La chaleur était mon élément, donc je n'en souffrais pas du tout. Au bout de plusieurs minutes, un buisson apparut : parfait. Je me cachai derrière, me couchai et fermai les yeux. J'allais rattraper mon sommeil. Mais alors que j'allais m'endormir, un bruit se fit entendre et avec les oreilles en arrière, je pose mon regard sur un étalon qui venait d'apparaître et qui venais de régurgiter son déjeuner près de moi.

" Ca va ? Je ne vous gêne pas ? " prononçai-je en ruminant.

" C'est qu'il se croit drôle le minable. C'est pas parce que t'es aussi gros qu'un mammouth que tu peux te permettre de me rendre sale. "

Mes oreilles étaient toujours plaquées dans ma crinière tandis que je posais un regard sur l'étalon. Des excuses auraient été tellement simples, mais ce con venait de m'insulter ouvertement. N'avais-je pas dit que je tenterai de rester diplomate ? De rester calme ? Mais comment pourrais-je le devenir avec une telle situation ? C'était complètement impossible. J'hésitais entre deux choix : soit me lever et lui déglinguer la tête, soit rester couchée et tenter de calmer mes ardeurs. Si je voulais le trône de mon père, il fallait que je le mérite. Il fallait que je sois exactement celle dont il a toujours rêvé. Pas pour lui faire plaisir, oh non loin de là, simplement pour l'anéantir davantage. En le manipulant, je pourrais le tuer si facilement. Un fin sourire se déposa sur mes lèvres, mais finalement je secoue la tête pour oublier ces pensées. Alors sans hésiter une seconde de plus, je dépliai mes membres et me redressai lentement devant l'étalon. Je m'ébroue pour enlever toute salissure et plonge mon regard brun dans le sien.

" Sais-tu au moins à qui tu t'adresses ? Et qui t'as autorisé à me tutoyer pauvre imbécile ? "

" Je n'ai pas d'importance pour toi, dis-tu ? Je suis contente de l'apprendre puisque c'est réciproque. Tu ne me connais pas, je ne te connais pas mais ce n'est pas pour autant qu'il faut être impolie avec moi. Je ne sais pas quel âge tu as, mais j'ai l'impression d'être face à un poulain complètement inconscient. "

C'est marrant, ce cheval ressemblait étrangement à Yavin, enfin surtout niveau corpulence. Mais une différence était présente ; leur intelligence. Yavin était intelligent, sage et conscient de son corps. J'avais pu le constater durant notre furtive entrevue et surtout lorsque je l'insultais sans raison. Que cet étalon-là, cette silhouette face à moi, était différente. Il était complètement abruti, jugeant vis-à-vis de ses émotions et ses pulsions : un mâle dans toute sa splendeur en réalité. Le genre de personne que je déteste au plus haut point, en réalité. Lorsque le mâle me présenta une feuille, je la pris dans mes dents et lui cracha presque au visage.

" Tu me prends pour une imbécile et après tu me tends une feuille ? Tu te prends pour qui sérieusement ? Je n'ai pas besoin de toi, de toute façon. "

Je finis par lui tourner le dos et me diriger calmement vers le centre de la dune. Un oasis serait forcément présent.

" Des excuses seraient le minimum en effet. Tu me salies, tu te moques de moi et après tu t'étonnes que j'en demande ? On t'a élevé dans une grotte ou quoi ? Même un abruti s'excuserait. "

C'est dingue quoi ... Je crois que niveau connerie et impolitesse, j'ai trouvé pire que moi. Et pourtant, je pensais cela totalement impossible. Ou alors peut-être avait-il une fierté mal placée, ce qui faisait en sorte qu'il ne s'excuse jamais ? Sans aucun doute. Mais je ne pense pas qu'il ne me connaisse. Ses moqueries au vue de mon titre, qu'il ne connaissait pas, ne m'atteignaient pas puisqu'elles étaient véridiques. Je suis princesse, j'en ai le comportement et je l'assume parfaitement. Personne ne me changera, malgré que je me sois calmée avec le temps. Lorsque je le vis se prosterner, un profond soupir passa mes lèvres. Désespérant, vraiment. Finalement, je restai à distance, à l'observer avec les oreilles en arrière et la queue plaquée contre mes cuisses. Même de loin, on pouvait parfaitement sentir la haine et la colère transpercer mes pores.

" Hagkar ... C'est un nom étrange. Vient-il du monde des barbares ? Ca ne m'étonnerait même pas, au vu de ton comportement. "

J'avais plus dit cela pour moi que pour lui, puisque dans le fond je m'en foutais pas mal en réalité. Après, je n'avais vu que rarement des étalons de sa carrure ... Une fois, je dirais. Yavin était sans doute le seul spécimen que j'avais pu voir dans ma vie. Mais contrairement à cet énergumène, Yavin paraissait bien plus éduqué que celui-ci. Je regretterai presque les paroles que j'avais pu avoir pour lui d'ailleurs, car cet étalon rouan était bien plus bête. Ou alors peut-être se jouait-il de moi ? Je l'espérais pour lui, en tout cas. Finalement, lorsque je le vis se prosterner à nouveau en me demandant mon nom, un second soupir de lassitude transperça mes lèvres.

" Hallelujah. " soufflai-je entre mes dents.

" Je ne suis pas certaine que l'on se recroisera un jour. J'en ai pas envie, et ça m'étonnerait que toi tu en aies envie aussi. "

Je préférais encore revoir mon père que cet étalon. Il n'était ni intéressant, ni méritant de ma présence. Autant qu'il aille voir d'autres juments qui seraient capables de supporter son tempérament. Non pas que je le juge plus inférieur à moi, quoique, mais il était hors de question que je le recroise. Son comportement m'insupportait à un point que j'avais presque envie de l'égorger sur place ... Je ne saurai dire réellement pourquoi d'ailleurs. Mais ne dit-on pas que parfois il nous arrive de ne pas encadrer certaines personnes sans savoir la raison ? Que c'était physique ? Actuellement, c'était le cas. Alors sans hésiter une seule seconde, je fis volte face et tourne ma tête vers lui.

" Aller ciao le maladroit malpoli. "

Un sourire ironique naquit sur mes lèvres tandis que je prenais le trot. J'espérais qu'il ne me suive pas, sinon mes sabots partiraient bien vite.