Lointain souvenir.

La matinée avait été peu productive pour le pie. Il avait erré çà et là, à la recherche d’une occupation quelconque, mais n’avait rien trouvé de mieux que de se perdre à nouveau sur les territoires qui l’entouraient. La nuit, qui avait été fraîche, il l’avait passé un peu plus au Nord, près de l’archipel, s’il n’y faisait pas froid, il n’y avait pas fait trop chaud non plus et il avait pu dormir jusqu’au petit matin sans encombre.

Après une baignade improvisé dans l’eau fraîche pour se nettoyer du sable qui avait coller à sa robe, et il faut dire que ce fut plutôt inutile, il pris la route pour descendre plus au Sud, là où il espérait rejoindre les Orphelines, il avait entendu parler d’une maison hantée et son besoin d’assouvir sa curiosité avait été plus forte que la raison et il s’était donc mis en marche dès le matin pour espérer traverser les terres sans problème en deux ou trois jours, il n’avait pas pas la notion de distance et ne savait combien de temps ça lui prendrai réellement. Il n’était pas encore descendu si bas.

Mais avant d’arriver là bas, il ferai des étapes, ne serait-ce que pour se reposer, et là, c’était l’heure de faire un pause n’importe où, il avait marché depuis l’aube et le soleil ne faisait que réchauffer l’atmosphère un peu plus à chaque heure qui passait.
Zefyr leva le nez et remarqua qu’il était à son zénith et marcher au pic de la chaleur ne le réjouissait guère. Il ne voulait pas faire une insolation ! Mais, à son grand regret, le seul paysage qui se dressait devant lui était une grande plaine baignée par le soleil, pas un poil d’ombre à l’horizon, juste du chaud et de l’herbe verte et grasse. Mais en s’approchant, il remarqua qu’il avait tort, l’endroit grouillait de petit buisson où il pourrait se reposer à l’ombre, le temps que la chaleur passe et pourquoi pas repartir plus tard, quand le soleil irait se coucher ?

Cette perspective plaisait au pie qui s’avança parmis les lapin, mulot et autres petits animaux présent sur le site. Il essayé de n’écraser personne, il ne voulait pas être le responsable de la mort de petite souris toute mignonne.
Quelque minute plus tard, une odeur familière, mais lointaine dans sa tête vint à lui chatouiller les naseaux, c’était une jument. Il lui fallut faire encore quelques pas pour voir la silhouette se découper dans la lumière éblouissante du début de journée.

Un bruissement d’herbe haute était également parvenu à ses oreilles. Un marmot galopait un peu plus loin, cette jument connu par ses naseaux devait sûrement être sa mère. Zefyr s’approcha et se place près de l’isabelle. Hoyka. La petite avait bien grandit pour devenir une jolie jument. Les membres fin de la pouliche avaient laissé place à une jolie musculature fine, un joli dos musclé. Mais le regard reste le même. S’il l’avait oublié, sa vue lui avait rappelé. Hoyka, petite pouliche mal léchée était devenue une belle jument avec un lardon qui sautillait partout.

Il renâcla doucement pour signaler sa présence et pris finalement la parole.


- Bonjour Hoyka, voilà une éternité que nous nous n’étions pas vu.

Tandis que le Pie s’approchait, il remarquait le petit prenait la poudre d’escampette, la mère ne semblait pas s’en soucier le moins du monde, sûrement qu’elle savait où il allait, ou elle s’en fichait, il ne savait pas. Zefyr n’avait compris en quoi l'instinct maternel consistait. C’était propre aux mère il paraissait. Zefyr n’aurait donc jamais à s’en soucier. D’ailleurs, il ne savait même pas s’il voulait d’une descendance ou même trouver l’amour. L’idée lui était encore lointaine et il n’avait pris le temps d’y réfléchir. Alors, il repoussa cette idée dans un coin de sa tête, il y penserai dans un moment plus propice. Peut-être jamais. Ou peut-être que ça lui tomberait dessus sans qu’il s’en rende compte.

Les gens parlent de coup de foudre, qu’on ne peut rien n’y faire, que ça nous tombe dessus au moment où on s’y attend le moins. Mais Zefyr n’y croyait pas. Pour s’aimer, il faut apprendre à se connaître. Il fallait se connaitre, voir la petite flamme naître. Bref, le coup de foudre n’existe pas.

D’un mouvement de tête, il chassa ces pensées et laissa un doux sourire s’étioler sur ses lèvres quand il regarda la jument. Alors comme ça, elle aussi était partie quelques années avant de revenir. Il connaissait bien ça. Il lui sourit doucement.


- Tu as bien changé. Tu n’es plus la petite pouliche que j’ai connu, et en plus j’ai cru voir que tu avais eu un enfant ! En voilà du changement ! Si jeune et déjà maman, j’ai l’impression de faire de vieux os à côté de toi.

Il rit doucement, il n’avait que 7 ans, et sa vie allait sûrement d’étendre au delà des 18 ans, mais à côté d’elle et de se que sa vie paraissait, il ressemblait à un vieux crouton, seul et solitaire.

Urrea. En voilà un nom qui sort de l’ordinaire. Il posa son regard sur la pouliche qui gambadait autour d’eux. La pouliche ressemblait beaucoup à sa mère, mais il ne s’attarda pas plus dessus et reposa son regard sur Hoykä. Son regard se voila entendant la suite. Comment un père pouvait rejeter son enfant ? Pourquoi faire des poulains si c’est pour leur tourner le dos une fois qu’ils sont nés ? Zefyr ne comprenait pas. Il soupira et adressa un sourire désolée à la jeune mère. Son intention était louable, et personne ne pouvait lui retirer ça, encore moins lui tourner le dos à elle et sa pouliche.

Il était d’ailleurs tout aussi louable, que Urrea, il lui fallut un instant pour se souvenir du nom compliqué, partage son précieux lait avec un autre poulain. Il sourit doucement et rendit un sourire doux à la jument.


- Il reviendra peut-être, laisse lui un peu de temps peut-être ? Mais si tu as besoin d’aide, je serais ravi de t’aider et de rencontrer ta fille.


Il rit doucement et s’il pouvait rougir après ce compliment, il serait sûrement légèrement pourpre. Il se balança d’une jambe à l’autre et lui sourit.


- On se conserve comme on peut tu sais ! Tu n’as pas trop mal changé aussi, tu es devenue une belle jument tu sais.

Il baisse le nez au sol pour arracher quelques touffes d’herbes fraiches et se repaitre tranquillement, la chaleur cognait plutôt fort et cette touffe d’herbe fraîche était la bienvenue, bien que le soleil déclinait pour se cacher derrière les arbres les plus hauts, la chaleur subsistait.

Les derniers rayons du soleils filtraient à travers les arbres. La fraîcheur était tombée et elle était plus que la bienvenue. Il leva un instant le nez pour profiter du dernier rayon de la journée et de sa chaleur. Non pas que la nuit allait être fraîche, mais il avait toujours aimé les dernières lueurs du jour, c’était toujours un moment magnifique, le ciel se teintait de mille et une couleurs, parfois rouge sang, d’autre fois orange. C’était toujours merveilleux. Il replongea ensuite son nez dans une touffe d’herbe avant de relever la tête en fronçant ses hypothétique sourcils.


- Comment ça il a prévu d’aller la chercher ? Cette pouliche ne lui appartient pas. Urrea ira ou bon lui semble, surtout si elle décide de rester avec toi.



Non, décidément, il ne comprenait pas le père de cette pouliche. Quel père viendrait enlever un poulain de sa mère ? Il faudrait vraiment être une sorte de monstre pour faire ça. Il coucha les oreilles à cette pensée et renâcla avant de reposer son regard sur la jument.


- J’espère que tu ne le laisseras pas faire si le choix de ta fille est contraire à celui de son père.

Finalement il soupira, ce n’était pas sa vie, et il n’avait pas à décider pour elles. Pour une raison inconnue, il s’était attachée à cette pouliche capricieuse qui se croyait sortie de la cuisse de Jupiter. Son regard se radoucit et son ton se fit moins dur.


- Où as-tu prévu d’aller après ? Ta petite ne te cause pas trop de problème ? Elle est sage j’espère ?

Zefyr ne savait pas s’il devait être rassuré que sa fille ne veuille pas de son père indigne ou si grandir sans son père était réellement une bonne chose. Il chassa cette dernière pensée de sa tête. Bien sûr que ce n’était pas un problème. Hoyka était complètement capable de s’occuper de sa fille. Il ne fallait pas être un génie pour le voir. La petit était en bonne santé

- C’est sûrement mieux pour elle. Je doute que ce soit un bon père pour elle, d’après le portrait que tu m’en dépeints, mais je ne suis pas là pour juger. Te savoir heureuse me suffit.

Il posa un regard doux et sincère sur elle avant de soupirer. Il pouvait comprendre que la petit ait besoin d’un père. Et peut-être que Hoyka trouverai quelqu’un pour jouer à merveille ce rôle. Attendait-elle ça de lui ? Cette idée le fit sourciller, s’il était pourvu de sourcil, puis il secoua la tête.

- Peut-être retrouveras-tu quelqu’un de fiable pour s’occuper de vous ? Quelqu'un qui vous prendra sous son aile. Je suis sûr que tu trouveras. Vous le méritez toute deux. Et sinon, je sui sûre que ta fille comprendra ! Ce n’est pas de ta faute de toute façon..

Zefyr soupira. Non, il n’était sûrement pas bien placé pour prendre le role de papa. Lui, pour le moment il voulait parcourir le monde, découvrir chaque recoin de Horse-Wild, pourquoi pas connaitre tout le monde. Mais prendre la responsabilité d’une pouliche ? Pas pour le moment. Il ne se voyait pas papa avant des années encore. Ou tout du moins il n’avait pas encore trouvé celle qui lui ferait changer d’avis. Mais aujourd’hui, ce n’était pas Hoyka. Il leva le nez au ciel. L’heure de quitter ce territoire était venu pour lui, il allait chercher un nouveau coin pour dormir.
Pendant un instant encore, il posa son regard sur la pouliche, espérant sincèrement qu’elle trouverai un père digne de ce nom. Mais, il était un étalon de parole, si elle avait besoin de lui pour quoique ce soit, et même si c’était pour être nounou, il le ferait.

- J’espère que tu trouveras quelqu’un à la hauteur Hoykä ! Sache que si tu trouves quelqu’un, je viendrai également vérifier qu’il le soit. Mais sache que si tu as besoin de quoique ce soit, tu peux me demander, je serais là. Toujours, pour toi et la petite.

Pour le futur père, il ne rigolait qu’à moitié, mais il faisait confiance à la petite isabelle. Elle saurait trouver quelqu’un à sa hauteur, il en était sûr. Il lui sourit, effleura son encolure amicalement avant de faire quelque pas en arrière.

Je dois partir, j’ai des choses à régler, mais j’espère qu’on trouvera l’occasion de se revoir vite, toi et ta fille avec qui se serait ravi de faire connaissance ! A bientôt Hoykä.

- Sur ses mots il se retourna et partit dans la pénombre qui l’accompagnait, disparaissant entre les hautes herbes. Ce qu’il voulait maintenant ? Toucher deux mot à ce Gavroche. Histoire de le remettre à sa place. Enfin, il espérait.

Out