Soirée sous les étoiles

Les terres libres présentaient un avantage manifeste : elles lui permettaient de circuler sans crainte. Il avançait avec moins de méfiance et une certaine curiosité. Sa mère avait en effet rarement décrit les territoires non dominés de l'île, et ces derniers lui réservaient donc plus de surprises. Découvrir ces endroits lui laisserait le temps de réfléchir à son avenir et, qui sait, de glaner des informations.  

La végétation des lieux était méditerranéenne. Le sol était peu fertile, mais arbustes, buissons et broussailles se serraient parfois les coudes, s'espaçaient ailleurs. Seuls les arbousiers et les acanthes étaient vraiment appétissants, mais les fruits du premier n'étaient pas mûrs. Blake était de toute façon plus intéressé par le mont vers lequel il se dirigeait. Il était plane, haut. Juché là-haut, on devait avoir une vue prenante sur l'ensemble de l'île et sur le ciel qui s'assombrissait. On devait qui plus est entendre les intrus tentant de le gravir. C'était à la fois un poste d'observation, et un lieu stratégique.

Le pie entama la montée après avoir découvert la pente douce au flanc nord. La mer se situait non loin de là, et il pouvait sentir ses exhalaisons salées. Il s'arrêta un instant pour tourner la tête, comme si elle allait venir à lui pour lui lécher les sabots. Puis il bondit avec un regain d'énergie, tentant de se prouver qu'il était assez fort pour atteindre le sommet d'une seule traite. Il n'avait pas encore atteint sa taille ou sa corpulence d'adulte. Son corps n'était pas efflanqué, mais n'avait quand même pas entièrement abandonné l'adolescence.

Il atteignit finalement le sommet, qu'il foula d'un bon pas en ignorant le tiraillement de ses muscles. La voûte céleste était noire et n'avait pas encore picoté sa robe d'étoiles. Le pie jeta un regard en bas. Tomber de si haut aurait entraîné une mort certaine.

Il remarqua finalement un inconnu qui lui tournait le dos. Le pie s'arrêta pour mieux l'observer. Ils partageaient la même robe. L'autre était corpulent et semblait avoir du sang frison, comme lui et comme Naëlle, qu'il aurait cependant reconnu. Quelle étrange coïncidence.

" Bonsoir, " lança-t-il à l'intention de l'inconnu, qui semblait observer quelque chose.

Blake avança prudemment. L'inconnu - ce miroir fracturé aux taches de travers - semblait absorbé par sa contemplation de ce qu'il avait trouvé ou laissé là. La nuit demeurait noire. Les étoiles tardaient à sortir et la Lune n'était, ce soir, qu'un croissant lointain qu'il embrassa du regard, l'encourageant à se montrer plus familière, moins distante.

Il se méfiait de ce qu'il allait trouver. Blake ne savait pas ce que l'on aurait pu dissimuler ici. Il ignorait si l'autre l'avait traîné jusque là, ou avait trébuché dessus. Inspiré par la pénombre, il s'emberlificota dans les prémisses d'une histoire sanglante qu'il chassa bien vite de son esprit, peu intéressé par ces exagérations illogiques qu'il retrouverait dans ses rêves. Contournant le mâle plus âgé, il aperçut enfin, un peu difficilement à cause des ténèbres, les restes d'un bûcher de bonne taille, dont les cendres formaient un tas froid et encore indifférent au vent qui le disséminerait tôt ou tard dans les environs.

Le pie se pencha pour mieux voir la chose. De vieux bouts de bois calcinés se mêlaient à des brindilles plus récentes. Les pierres avaient été savamment arrangées pour que le feu ne se répande pas sur le plateau. Perché si haut, il aurait pu être vu à des kilomètres à la ronde et aurait constitué un signal de détresse idéal si les flammes montaient assez haut. Un éclat argenté attira son oeil. De l'aluminium. L'odeur de brûlé ne permettait cependant pas de déterminer combien de rescapés, explorateurs ou campeurs s'étaient arrêtés là. Ils y avaient sûrement mangé.

Blake releva la tête, songeur. Il avait soulevé la question des humains sur l'île depuis son arrivée et n'avait souvent été confronté qu'à de l'incertitude, ou de la réticence. Ce foyer, fort heureusement éteint depuis au moins un peu de temps, lui donnait raison. L'île n'usait pas de sa magie pour repousser les humains.

" Les traces sont vieilles, " dit-il finalement en se tournant vers l'autre étalon, qui couvait l'ancien feu de camp du regard. " S'ils sont venus ici, c'était il y a quelques jours. "

Il n'était pas hors de question qu'ils reviennent, mais ils les auraient sûrement senti venir. Le vent portait les odeurs, bien qu'il ait été empreint du sel marin. Les pensées de Blake filèrent en direction de sa mère et de sa petite sœur. Elles devraient rapidement être mises au courant de l'éventuelle présence d'humains sur l'île.

" Je m'appelle Blake, et vous ? "

Il n'avait en réalité jamais connu de monde dénué d'hommes. Leur existence avait été une évidence sur l'île de Sable, à la fois omniprésente et lointaine. Ils avaient été les véritables maîtres de ce royaume minuscule, bien que les poulains se soient souvent disputés, au cours de leurs jeux, la domination d'une dune. Ils écumaient la mer sur leurs bateaux, ou domptaient cette dernière pour exploiter le gaz et le pétrole. Blake savait que s'ils choisissaient d'envahir cette île et de la tailler à leur image, les chevaux n'auraient aucun moyen de les en empêcher. On ne pouvait se battre contre des armes à feux et des bolides de métal. Il fallait espérer qu'ils ne trouveraient aucune des ressources qu'ils convoitaient tant, comme l'or ou le pétrole.

Cette île avait été autrefois habitée, puis abandonnée. Il devait bien y avoir une raison. Des maladies ? Un sol résistant à l'agriculture ? Ou une volonté divine ?

Blake scruta la voûte céleste. Les étoiles émergeaient de la pénombre et cillaient comme des yeux encore endormis. Les prochains mois risquaient d'être imprégnés d'angoisse. Il songea à son petit-frère, à sa famille. Comment les protéger ? Et comment mesurer le danger ?

" Avez-vous vu d'autres traces d'occupation humaine sur l'île ? "

Fantôme - c'était là le nom du pie - avait manifestement lui aussi déjà eu affaire aux humains. L'idée de se réunir pour boire et manger lui semblait parfaitement saine. On devait créer des liens ainsi.

" Enchanté. "

Il fit un pas, contournant les restes du feu pour se rapprocher du vide. La contemplation du ciel était plus rassurante.

Les restes du foyer remarqués, il sentait à présent les relents de brûlé qui imprégnaient l'air. Il était si facile d'ignorer un détail que les yeux n'avaient pas encore décortiqué. Si le mont était idéalement situé et s'il permettait de voir, entendre et sentir, il fallait quand même être prudent et attentif. Blake inspira donc les restes de cette nouvelle menace. Fantôme affirma que d'autres avaient vu des traces humaines, ce qui ne le rassura pas. S'ils étaient nombreux, ils multipliaient leurs chances de survie et de construction. Un humain qui s'installait était un humain dangereux. Knight était déjà au courant et il lui avait demandé de garder l'oeil ouvert. Il regrettait à présent de ne pas avoir dit la même chose à sa mère.

Blake se força au calme. Il vit éclore quelques nouvelles étoiles. La Lune se cacha cependant derrière un nuage retardataire et devint un masque flou, élusif, cachant des traits gracieux derrière un brouillard imbibé de larmes.

" Reste à savoir s'ils comptent s'installer sur l'île, " réfléchit-il tout haut, " Et ce qu'ils vont faire de nous. "

Fantôme le rejoignit dans sa contemplation, avant de poser une question. Blake le regarda. Ils se ressemblaient quelque peu. De loin, il aurait pu confondre l'étalon avec son père, bien que, de près, la ressemblance n'ait concerné que la stature et les taches blanches. Mordrake était une créature distinctive.

" Non. Mais ma famille vient d'ici. Et vous ? "

L'odeur d'un troupeau en particulier ne se dégageait pas de l'autre étalon.

Les attraper ? Possible. Mais une population de chevaux sauvages était plus souvent un inconvénient qu'un avantage, si on omettait la possibilité d'en consommer la viande. Domestiquer un équidé prenait du temps, surtout un adulte. Quant à s'emparer des poulains, cela impliquerait aussi de prendre du temps pour les éduquer, alors que les machines pouvaient faire le même labeur sans qu'on ait à les convaincre.

Mais il fallait encore que les machines puissent atteindre l'île et y fonctionner. L'électricité ne marchait plus - la maison hantée avait un peu crépité par endroits, mais elle n'était qu'une ruine suspendue dans sa déchéance - et faire fonctionner un véhicule impliquait un approvisionnement en pétrole, gaz, ou n'importe quelle autre ressource utilisable. L'île était entièrement sauvage et dangereuse. Certains territoires ne se prêtaient pas à l'exploration motorisée, comme les Rocheuses ou la Montagne Sacrée, trop abrupts.

Quoi qu'il en ait été, il doutait que les humains qui avaient accosté l'île soient pétris de bonnes intentions. Les hommes ne se mettaient jamais d'accord entre eux : certains voulaient préserver la nature, d'autres étaient animés par leur désir de l'exploiter. Les seconds gagnaient le combat plus souvent que les premiers, qui devaient élever la voix, se battre, rappeler l'importance d'un monde sain.

C'était ce genre d'initiative qui avait provoqué la naissance du programme de réintroduction du cheval sauvage sur l'île de Sable, dont il venait.

" Je l'espère aussi. "

Fantôme lui raconta un peu de sa vie. Son récit tournait autour de sa famille. Blake en déduit qu'elle était importante pour lui.

" Comment s'appelle votre soeur ? Si je la vois, je pourrais lui dire que je vous ai croisé. Je suis désolé d'apprendre le décès de votre père. "

Il fallait au moins espérer qu'il n'était pas la victime de la jument blanche qui avait répandu la fausse rumeur du trépas de Sorrow.

" Ma mère s'appelle Hyuna', mon grand-père Sorrow, ma grand-mère Hypocamp'. J'ai aussi des oncles, dont Kuro, le dominant des terres Orphelines. "

L'immensité de la voûte céleste ne l'avait jamais oppressé. Elle était partout pareil, que l'on vive sur une petite île ou au milieu d'un continent. Blake observa les étoiles, cherchant les plus brillantes, celles qui semblaient parfois ciller, celles avec lesquelles l'on pouvait imaginer des formes monstrueuses ou fantastiques. Un jeu qu'il avait connu enfant et qui ne lui avait jamais déplu.

Il empocha le nom de la soeur de Fantôme, qui était lui-aussi lié au ciel bien que légèrement détourné. Il n'avait jamais entendu parler d'elle. Elle était peut-être pie, comme eux.

Il ne tenait pas particulièrement à être unique - du moins, pas physiquement.

Fantôme lui appris ensuite qu'ils étaient de la même famille, ce qui le surpris peu. Les figures patriarcales de son arbre généalogique l'alourdissaient et créaient des ramifications longues, distantes. Son arrière grand-père avait engendré de nombreux poulains, son grand-père en avait eu quatre, et son propre père avait essaimé sur l'île de Sable un grand nombre d'enfants, sans prendre en compte ceux qu'il avait possiblement eu avant d'être capturé par les hommes.

La famille était manifestement importante pour Fantôme, qui avait laissé tomber le vous. Blake lui sourit, engageant.

" Tu les connais tous ? "

Ainsi donc, son arrière-grand père était mort. Il enterra le fugace souvenir de son apparition à la dune du pied, songea à Kokoï. Il avait très certainement visité ses quartiers personnels, mais ne l'avait pas croisée.

Blake recousait son arbre généalogique. Fantôme avait semble-t-il énuméré les différents membres de sa famille présents sur l'île. Était-il possible que d'autres y vivent sans qu'il ne le sache ? Et étaient-ils tous si facilement reconnaissables ?

" Il y a de la famille qui vit en dehors de l'île ? "

Fantôme ne les connaissait pas tous, ce qui n'était pas trop surprenant. L'autre étalon avait mentionné qu'il avait voyagé quelques temps, ce qui justifiait une perte de contact, et il était fort probable que, comme dans toutes les familles, plusieurs personnes ne s'entendent pas ou s'ignorent.

" Je l'aime beaucoup aussi, " répondit-il calmement, les yeux rivés sur la Lune. Son voile brumeux se levait pour révéler un minois toujours distant, mais plus ouvert.

Le pie s'ébroua. La nuit était tombée, et la température la suivait dans sa chute. Il jeta un regard aux restes du feu de camp, remua les cendres du bout du sabot en quête d'un quelconque objet ou indice. Il garda néanmoins le même sujet de conversation.

" Comment était Coeur Noir ? Je pense l'avoir vu lorsque j'étais plus jeune, mais nous n'avons pas eu l'occasion de vraiment parler. "

Il préféra garder pour lui l'histoire des chevaux adultes transformés en poulains sur la dune, trop rocambolesque et sans importance.

De la cendre et des braises. Rien d'autre. Blake baissa les yeux, cessa de remuer du bout du sabot les restes du feu. Le vent se leva et, sans véritables formalités, il emmena danser un peu de la poudre grise, qui ne connaîtrait jamais plus la voracité et la beauté des flammes. Cet indice ressemblait à une vieille femme qui se morfond au bord de la piste et rabâche avec des babines élimées les souvenirs d'anciennes farandoles endiablées. La Lune faisait cependant briller l'aluminium et un peu de la cendre. L'ancêtre n'avait pas perdu tout son éclat et portait encore des bijoux que les jeunettes valseuses pouvaient lui envier.

Blake songea au diadème d'Hallelujah et se demanda si d'autres bijoux se cachaient dans les cales des navires de la plage dévastée. On devait y trouver bien d'autres choses - mille objets pratiques ou beaux, parfois même les deux - et il savait qu'il faudrait y retourner, ne serait-ce que pour ronger du regard les ossements de la baleine qui y avait échoué en même temps que lui.

Reprendrait-il la mer un jour ?

" Tu dois donc y avoir de bons souvenirs. "

Fantôme lui décrit Coeur Noir. Blake l'écouta attentivement et respectueusement, lui offrit un sourire empreint de ces deux sentiments lorsqu'il eut fini.

" Il a du avoir une vie bien remplie. "

Blake en revint aux étoiles, délaissant l'éclat faiblissant de la cendre.

" Et toi, tu comptes t'installer sur Horse-Wild ? Tu as dit que tu avais voyagé. "

Les deux mondes. Y en avait-il encore deux ? Blake avait longtemps partagé le sien avec les hommes. Le découpage était inégal. L'humain régnait en maître sur de nombreux continents. Leur univers à eux ressemblait à une petite poussière oubliée, sauvée, suivant la même orbite mais cachant sa course.

Cet univers était peut-être menacé.

" Et toi, tu as bien connu les hommes ? "

Fantôme avait mentionné qu'il les avait déjà croisés.

" Oh, moi je m'installe ici. C'est là qu'est ma famille. "

Blake cilla. La nuit s'étirait, sa fatigue couvrait ses paupières d'une large paume.

" Tu vas rejoindre un troupeau ? "

Fantôme semblait connaître mieux l'histoire de son père que celle de sa mère. Coeur Noir obombrait-il la génitrice ? Blake, lui, devait plus à Hyuna' qu'à Mordrake. Il n'avait pas de véritable exemple de figure paternelle. Sorrow avait été une sorte de dieu vivant dans la bouche de sa mère, mais elle-même n'avait pas bénéficié de son éducation. Le seul père qu'il ait vraiment vu jusque là était No. Thirteen, et encore : l'étalon venait à peine de recevoir le titre. Quoi qu'il en était, il savait très bien que quelque chose lui manquait dans le domaine. Il doutait cependant d'être incapable de comprendre la paternité. Lorsque quelque chose lui faisait défaut, il avait tendance à le désirer d'autant plus. Il serait père un jour, et il serait un bon père. Knight aussi. Il n'y avait pas de raison qu'ils aient des carences dans ce domaine. La famille était d'une grande importance, surtout lorsqu'on choisissait de la créer.

Blake prit la Lune à témoin pour officialiser cette résolution.

Fantôme, lui, n'était pas habité par la même certitude. Un peut-être lui échappa. Blake le regarda. Coeur Noir avait-il fait partie d'un troupeau ? Le choix du père influençait sûrement le fils.

" Oui, j'en intégrerai un. Je ne sais pas encore lequel. Tu as visité tous les territoires dominés ? "

Lui l'avait fait. Il lui faudrait d'ailleurs bientôt sceller son sort et celui de Knight. La réflexion se ferait, les arguments seraient pesés, les souvenirs revisités s'il le fallait. C'était après tout un choix difficile, aux répercussions importantes sur son futur mode de vie.

" Je n'ai pas de reproches à vous faire, " sourit Blake, " Chaque famille à ses spécificités. "

Entendre ce que les autres avaient à dire des territoires dominés l'intéressait toujours. Les opinions différaient d'un individu à l'autre, et il se demandait ce qui les guidaient vers un troupeau en particulier. Fantôme faisait peu de cas des terres Secrètes.

" Je les ai tous visités. Pourquoi les terres Secrètes ne vous intéressent-elles pas ? "

Il y avait bien quelques théories à avoir, mais Fantôme était peut-être assez honnête pour répondre sincèrement. Les choses étaient parfois bêtes et simples : l'esthétisme jouait une part importante dans le choix d'un territoire, bien que son interlocuteur n'ait pas encore observé les Secrètes et n'ait donc pu déterminer si elles lui plaisaient visuellement. Blake avait quant à lui trouvé que les Orphelines manquaient de charme, mais il était vrai qu'un ressort psychologique le poussait sûrement à désavouer ces terres-là. Les pluies perpétuelles lui plaisaient cependant lorsqu'elles s'enterraient dans l'obscurité, sans qu'il n'ait pour autant envie de braver les frontières pour fendre leurs flaques lunaires de nouveau.

La fatigue commençait à se faire sentir. Il avait vouvoyé Fantôme alors qu'il avait imité son tutoiement jusque là. Blake opina du chef lorsque l'autre pie lui demanda de repasser au tu, déplaçant le poids de son corps sur un autre sabot. Sa queue fendit les airs, attrapant la fraîcheur de la nuit et l'attirant à lui.

Son oncle distant développa bientôt un peu plus ses opinions sur les territoires dominés. Blake lui prêta une oreille attentive, le regarda. Les terres trompeuses.

" Il est vrai qu'elles sont belles. "

Intéressantes. Pourquoi ?

" Tu connais des membres de leur troupeau ? "

Blake fit un pas en arrière, s'éloignant du vide. La fatigue ne l'encourageait pas à côtoyer les abysses. Il était si facile de les rejoindre.