Cacophonie

Ace n’est pas encore arrivé à l’orée de la forêt qu’il entend déjà les cris des singes. Sa dernière visite avait été, pour tout dire, fruitless. Et il est très fier de ce jeu de mot, merci beaucoup, sa douche de fruit est un souvenir qui lui restera très longtemps. Il a réussi à échapper aux primates enragés grâce à Aléas, mais le dieu ne le sauvera pas deux fois et il aimerait tout de même étudier ces bestioles de près. Quoi de mieux pour ce faire que de retourner sur les lieux du crime, en espérant fortement qu’il n’y rencontrera pas une nouvelle vieille jument aigrie? Ou du moins un cheval inconnu au bataillon qui décidera de taper un arbre pour énerver les autochtones?

Le rêve.

Il trottine calmement jusqu’au territoire quand il le voit.

Debout sur le bord de la colline qui précède et surplombe les premiers arbres, se tient un cheval blanc qui brille au soleil. Les cris des singes résonnent encore (ils doivent être énervés, aujourd’hui), alors que l’inconnu semble hésiter à faire un pas. Ace s’approche un peu plus et découvre que, oh diable, il connaît cet individu (enfin, connaître est un bien grand mot). Il l’a déjà vu à la plage; impossible d’oublier le trou béant qui sert d’oeil droit à cet étalon qui l’avait frappé comme un peu trop stoïque.

Qu’importe, voilà le costaud couleur fantôme qui observe le soleil descendre lentement à l’horizon en regardant du coin de son oeil unique la forêt. Un peu déphasé, le paint s’arrête à côté de lui sans demander son avis.

- Est-ce que ce sont les singes ou la forêt en elle-même qui vous font hésiter? Vous ne semblez pas du genre peureux, pourtant.

Et Ace a très envie de descendre ce qui lui reste de chemin à faire jusqu’aux arbres et à l’aventure, mais il est encore plus curieux de la réponse qu’il obtiendra. S’il en obtient une. L’autre a également l’air un peu renfermé et froid, et même s’il ne faut pas juger l’habit du moine à la tête de l’épingle à nourrice, le paint doute que cette impression se retrouve au final complètement fausse.

Ace fait de son mieux pour être le plus aimable possible, voyant bien que l’équidé en face de lui a les moyens de lui offrir un nouveau combat. Mais sa cicatrice est assez fraîche et il apprécie tout de même l’idée d’être au calme, et se battre avec quelqu’un qu’il ne connaît même pas est quelque chose qui devrait rester dans le passé. Quoi qu’il en soit, le cheval blanc a les muscles tendus comme un élastique prêt à claquer, et le paint se demande à quel point il souffrirait s’ils en venaient aux mains. Il a beau avoir confiance en ses propres compétences, il doute de pouvoir sortir gagnant d’une bataille avec cet individu.

Comme il n’a pas envie de voir son squelette brisé en morceaux ou son crâne explosé comme une citrouille, il décide donc de rester sur le chemin prudent de la politesse qui ne le faillit pas pour le moment. Le crème se résout même à lui répondre, et la sentence tombe: les humains. Décidément, ils en ont traumatisé plus d’un, ces bipèdes.

- Mon expérience avec les humains est assez inexistante, mais les singes sont déjà plus petits, donc j’imagine plus facile à battre. Leur habileté à travailler en groupe paraît cependant dangereuse, sans compter l’avantage qu’ils ont à être dans les arbres.

Il ne sait pas s’il doit préciser qu’un singe seul n’est pas forcément dangereux, lui. Mais Ace doute que son expérience avec le singe et sa douche de fruit ne soit très intéressante à l’oeil de l’autre, alors il préfère ne pas le préciser. Il préfère également ne pas évoquer la mégère avec qui il avait eu le plaisir de partager sa première expérience des primates avant de se faire sauver par un dieu multicolore. Vous vous souvenez de sa fierté?

- Une fois. Aléas m’a envoyé en enfer avant que je ne puisse goûter à toute la férocité d’un groupe de singes énervés, malheureusement.

Il était de toute façon en très mauvaise compagnie, et ne regrette pas tellement son voyage même s’il aurait aimé pouvoir avoir cette expérience. Qu’importe, il est de retour ici et cette fois personne ne pourra l'interrompre, il ne se fera pas avoir une deuxième fois. Si le crème veut lui aussi entrer dans la gueule du loup, ainsi soit-il, mais Ace ne se sentira pas vexé s’il décide de rester planté là à hésiter sur sa marche à suivre.

- Bon, vous faites ce que vous voulez, mais ma curiosité est toujours aussi forte.

Il reprend le trot pour descendre prudemment la colline, et approche des premiers arbres avant de s’arrêter. Les cris des singes résonnent encore plus dans la forêt; ça s’annonce intéressant.

L’élastique en forme d’étalon blanc commence à se détendre, au grand soulagement d’Ace qui comptait vraiment passer une journée aussi paisible que possible. Il n’a pas besoin d’un conflit aujourd’hui. Il fait beau et il s’est levé du bon pied, ç’aurait été dommage de tout gâcher. Mais les choses s’arrangent, hell, on dirait presque que l’autre sourit lorsqu’il lui pose sa nouvelle question.

- Honnêtement? Très surcoté. Beaucoup de pierres et de lave, mais ça s’arrête là. J’ai passé deux jours accompagné d’un autre damné, et nous avons trouvé le trône malheureusement vide d’Hadès, mais les deux autres jours passés seuls étaient ennuyeux à mourir. Je déconseille.

La forêt se dresse, haute et mystérieuse, l’ombre des arbres épais leur trace un chemin un peu trop noir éclairé avec peine par la lumière du soleil qui parvient à percer la couche de feuilles. Ace lève la tête, inspire un grand coup. Ca sent le singe et la jungle, et il y pense à deux fois. Voilà un moment qu’ils entendent les primates s’énerver, et la perspective de se faire chasser pendant son exploration est tout de même peu attirante. Il n’a pas envie de marcher dans un environnement calme, mais il préférerait également rester en vie.

Le crème finit par le rejoindre, arrachant presque un sourire au paint (qui ne montre pas sa satisfaction, de peur de se faire casser en deux, et aussi parce qu’au final, il se sent en vérité plus fier que satisfait). Il n’a pas l’air plus rassuré qu’il y a quelques secondes ─au moins, ils sont deux─, et engage même les présentations. On est loin de l’air menaçant du début. Dieux soient loués.

Ace se retient de lui demander s’il y a une raison au fait que son nom soit un numéro. Est-ce juste une originalité? Un moyen de le reconnaître? Y a-t-il une signification cachée? Cet oeil ne s’est pas arraché tout seul, après tout. Autant de questions qui ne verront pas le jour.

- Effectivement. Je suis Ace of Hearts. Ace suffit, si jamais.

Optant pour la voie du risque, Ace fait quelques pas en avant. Ses sabots dépassent la frontière de la forêt, entrent dans le territoire redouté par tous et dominé par les singes; singes qui, peu à peu, se taisent devant son arrivée. Le silence pourrait être le bienvenu dans un autre endroit, mais celui-ci est pesant et inquiétant.

- Suspect. Il se tourne vers son acolyte. On y va quand même?

No. Thirteen l’écoute presque attentivement et pourtant le sarcasme est à peine voilé dans sa réponse. Ace hésite entre ignorer cette offense parce que c’est un inconnu (et qu’il est prêt à le dégommer), ou s’offusquer d’être aussi mal vu. Il s’embête à donner des explications, et c’est comme ça qu’on le remercie?

Ils finissent par tout de même entrer dans la jungle à leurs risques et périls, arrivant devant une voie trop étroite qui les oblige à aller l’un après l’autre. Thirteen lui propose de façon très galante de passer devant, et Ace se retient de lever les yeux aux ciel. S’il se fait mordre la croupe, il aura au moins une porte de sortie. Il passe donc devant bon gré mal gré.

- Merci bien.

Le silence est à la fois bon et terrible, calmant et stressant, impossible à décrypter mais en même temps appréciable. Il est brisé par l’étalon blanc, qui a décidé d’être curieux et pose une question à propos de sa cicatrice… probablement ce qui l’a rendu un peu méfiant. Ace jette un regard à l’horreur qu’est la morsure qui trône maladroitement sur son épaule, et lâche un léger hah presque amusé.

- Grands dieux non. Elle vient d’une erreur de débutant à la fin de mon dernier combat. Je pensais honnêtement qu’il était à court de force, mais au final il en avait assez pour me faire ça, dit-il calmement, sans regarder son acolyte crème. Il était à terre, elle est donc terriblement mal placée. Ca faisait un mal de chien au début pour marcher.

Il fait inconsciemment bouger son oreille, elle aussi blessée fut un temps, qui a bien cicatrisé. Presque plus rien n’est visible, et elle marche de nouveau à la perfection. Il pourrait parler plus en détail du combat ou même se vanter, mais son observation de No. 13 lui a prouvé plusieurs choses lui disant qu’il s’agit d’une mauvaise idée. Tout d’abord parce que l’autre étalon n’a pas l’air habitué à parler en longues phrases ou à entendre quelqu’un raconter des histoires; ensuite parce que se vanter serait bien mal vu par un individu qui était prêt à lui sauter dessus quelques minutes auparavant. (Ca, et malgré les apparences, Ace n’est pas particulièrement fan du fait de se mettre en avant.)

Il songe à poser des questions à propos du trou béant qui sert d’oeil droit à l’autre, mais se retient au dernier moment. C’est peut-être un sujet sensible, et aujourd’hui, il voulait juste une journée sympathique. S’il doit faire avec la présence d’une bombe à retardement, autant ne pas la brusquer. Ils continuent d’avancer jusqu’à de nouveau arriver dans un chemin assez large pour deux... quand quelque chose heurte le chanfrein d’Ace et s’y écrase avec un bruit visqueux pour finalement s’étaler sur le sol. Le paint regarde à ses pieds et y voit un fruit; peut sentir du jus couler à côté de ses naseaux, et lève la tête pour regarder le singe... qui l’a probablement lui aussi reconnu. Il sourit.

- Alors ça, c’est un vieil ami.

Où, cependant, sont ses congénères?

Ace n’a pas l’intention de se battre et il fait, curieusement, assez confiance à No. 13 pour ne pas abuser du bout de confiance qu’il lui a si gentiment donné. Il est capable d’admettre sa faute et ne compte toujours pas entrer en conflit avec celui qui pourrait clairement le dominer mais marche pour l’instant à ses côtés. Parlant de conflits, Thirteen lui pose une question à la sincérité troublante et le paint n’est pas sûr d’avoir une réponse adéquate─ mais il fait de son mieux.

- Il y a quelques brebis galeuses sur l’île qui ne sont là pratiquement que pour ça, mais la majorité des conflits sont par “nécessité”, disons.

Les pensées d’Ace reviennent à Collapsing. No. Thirteen a attendu avant de l’attaquer, et il lui en est reconnaissant, puisqu’il a manifestement réussi à le convaincre de ne pas claquer comme l’élastique tendu dont il avait l’air. Mais l’arabe noir n’est pas du genre à se présenter comme voulant la paix absolue, et à sa place, le paint ne doute pas une seconde que son compagnon crème aurait sauté à la gorge du zombie en l’espace d’une seconde et demi. Il aurait bien aimé voir ça, même s’il a malheureusement déjà fait le travail. Avec un peu de chance, son adversaire est à l’heure qu’il est en train de s’éteindre.

Le crème a l’air sincèrement intéressé par le taux de conflit sur l’île et Ace se demande si à ce rythme, il n’a pas déjà rencontré quelqu’un à qui il a cassé la figure. Clairement, il est capable d’avoir pris part à un combat à peine arrivé sur l’île. Il en a à la fois la carrure et le tempérament.

Ace ne voit pas la réaction de l’autre étalon au fruit qu’il se prend sur le chanfrein, ne tournant la tête que pour le voir recevoir une banane sur le front lui aussi. Il a l’air comique avec son chapeau jaune, mais le paint ne rit pas au risque de se prendre ne serait-ce qu’un regard meurtrier. Les singes rient autour d’eux, clairement fiers de les avoir eus aussi facilement. Treize est de mauvaise humeur puisqu’il n’a pas l’âme d’un rigolo que lui a définitivement quelque part. Relevant la tête, Ace voit son singe attitré attraper une liane pour, peut-être, descendre de son arbre. Glissant le long de la liane, l’être plutôt moche s’arrête en face de lui, à une trentaine de centimètres.

Ace ne bouge pas, se contentant de commenter.

- C’est tout de même un animal très étr─

Il n’a pas le temps de finir sa phrase. Le singe lui saute sur le nez, s’accrochant à ses joues et faisant sursauter le paint, qui recule et prend appui sur ses postérieurs en secouant la tête machinalement pour se libérer de son agresseur. Le macaque s’accroche, cependant, et ses congénères rient de plus belle. Oups. Ils sont mal barrés.

Dans un calme qu’on qualifierait presque d’olympien et avec une mine presque surprise, No. Thirteen s’approche et attrape doucement, par la peau du cou, son agresseur. Le singe, surpris lui aussi, relâche sa prise sur les joues d’Ace avant de se laisser porter. Le crème le jette (littéralement) de nouveau en haut de son arbre, le faisant retourner auprès de ses congénères. Au lieu de s’énerver, cependant, l’espèce toute entière semble être amusée voir excitée à l’idée de refaire un tour. L’autre étalon officiellement transformé en attraction vivante, le paint se demande bien ce qu’il a fait aux dieux pour se retrouver dans cette situation. Mais quelle idée de revenir?

Les singes ont clairement le désir de refaire un tour de manège et Treize refuse bien évidemment catégoriquement de leur obéir. Il pousse un soupir et lui fait une remarque, qu’Ace a pendant une seconde un peu de mal à enregistrer. Une parade? Il n’a pas tout à fait le temps de comprendre ce qu’il veut dire, de regarder l’excitation un peu trop distraite des singes et de se frapper mentalement pour être aussi lent que le crème est déjà bien loin. Il l’a salement abandonné au milieu des macaques il y a déjà quelques secondes.

Ace est comme qui dirait offensé.

- BOI!

Prenant de nouveau appui sur ses postérieurs, le paint profite de sa capacité à faire un sprint correct pour s’échapper et rattraper comme il peut son compagnon, qui a quelques bons mètres d’avance sur lui. La perspective qu’ils n’ont aucune idée de la taille de la forêt, ni de la direction qu’ils ont vraiment pris (puisqu’au lieu de faire demi-tour, l’autre est juste… parti droit devant) ne semble pas être une pensée étant passée par la tête de No. Thirteen. Bien. Ace ne comptait pas faire de commentaire supplémentaire, il préférait bien l’idée de courir comme un dératé pour échapper aux singes, mais il arrive un moment où la voix de la raison doit venir de quelqu’un. Il n’a rien d’un sage, mais ce rôle ne sera probablement pas pris par son acolyte.

- Et sinon, vous avez pensé à ce qu’il se passe ensuite? Parce que la sortie c’était pas vraiment par là!

Il se prépare tout de même à freiner.

No. Thirteen se moque bien de ce qu’Ace a à lui dire, il semblerait, au contraire décidé à aller encore plus vite. Le paint a presque envie de s’arrêter pour faire un virage à 180° et sortir de cette forêt, mais au fond, il a une bonne… une âme correcte, disons. Aussi fort qu’il soit, le crème n’a aucune chance face à une armée de singes et s’il peut aider, il le fera. Alors il pousse lui aussi sur ses postérieurs, accélère l’allure pour ne pas perdre l’autre de vue, et retient un grognement de désespoir quand son compagnon prend un virage dont la taille lui échappe. Maintenant, ils vont vraiment être perdus. Et stoppés dans leur élan, si le coup de frein puissant et le bond de côté de Treize sont une indication de l’obstacle colossal qui se dresse sur leur chemin.

S’il avait été un mustang dessiné dans un film pour enfant, il aurait fait un bond de trente mètres de long, les oreilles en arrière et les yeux enflammés par la détermination, avec un humain sur le dos, pour réussir à passer le trou béant dans le sol qui se trouve sous ses sabots. Mais Ace n’est non seulement pas un mustang, il est aussi bien réel et préfère ne pas mourir parce qu’il s’est pris pour un héros. Au lieu d’un saut de la mort, il freine des quatres sabots, les antérieurs bloqués, soulagé de savoir que 13 s’est écarté et atterrissant à quelques centimètres du bord, la tête en bas. Il remonte lentement l’encolure, les yeux fixés sur le fond du ravin et ses pierres assez coupantes.

Il n’a pas besoin de lever les yeux pour savoir que les singes les ont déjà rattrapés, et soupire à la place.

- Et voilà, ça ne m’écoute pas et après ça se retrouve coincé devant un ravin. J’aurais dû vous abandonner et faire demi-tour. On ne s’enfonce pas dans une forêt aussi grande pour rien, c’est la base de la survie.

(Il manque de lui demander qui l’a élevé aussi mal, mais Treize fait partie du genre de chevaux auxquels on ne pose pas de questions sur le passé. Ace traînerait avec grand plaisir la réputation de sa génitrice dans la boue, mais tout le monde n’est pas comme lui.)

Ils peuvent encore partir dans la direction opposée, espérer retrouver leur chemin et sortir d’ici sains et saufs bien qu’un peu fatigués de leur course. C’est la méthode la plus simple et probablement la plus safe, sauf que l’autre a l’air déterminé à descendre pour une raison obscure. Hors de question.

- Bon, il y a toujours possibilité de contourner le ravin et espérer trouver une sortie. On aurait pu retourner sur nos pas, sauf que le sol de la forêt ne retient pas de traces et qu’t’as eu la bonne idée de tourner. Bravo.

Dans son exaspération, il en oublie le vouvoiement. Les singes crient toujours, commencent à aspirer sa relative bonne humeur dans leur brouhaha, et il couche les oreilles en inspirant profondément.

Ace sait qu'il a tendance à parler beaucoup. Surtout en période d'exaspération comme celle-ci. Les singes lui cassent les oreilles à leurs heures perdues, ils sont coincés devant une descente rapide et voilà que No. Thirteen en a lui aussi marre de le voir. Il peut comprendre vouloir lui dire de la fermer, mais tapette? L'insulte était-elle vraiment nécessaire? Il ferait bien un commentaire sur le fait que c'est en partie vrai, mais l'autre étalon n'a rien de plus à savoir sur son identité, sans compter qu'il n'écouterais peut-être même pas. Ace est encore une fois un peu vexé, mais soit, il encaissera.

- T'embrasses ta mère avec une bouche qui sort de telles infâmies?

Treize en a manifestement fini avec la conversation, l'ignorant maintenant comme un roi. Le paint voulait passer une journée calme et sans conflit, et voilà que soudainement les événements ont radicalement changé. Très bien. S'il doit continuer seul, tant mieux, avoir un partenaire est un manque crucial de discrétion et la solitude est toujours la bienvenue. S'il le pouvait, il hausserait les épaules et lèverait un sourcil qui n'existe pour le moment pas. Il regarde pendant une seconde les tentatives de descente du crème, plus du tout intéressé par ce qu'il se passe dans sa tête. Il est temps de s'en aller.

- Later hater, tâche de pas te crever le deuxième oeil sur les cailloux!

Ace ne fait pas demi-tour, mais pars au petit galop le long du ravin pour tenter de trouver la sortie de la forêt. Il doit bien y avoir une fin à tous les arbres, et avec la présence de l'autre derrière lui, il n'aura pas autant de singes à ses trousses.