Le cycle de la vie

Le cycle de la vie

on peut soit le fuir, soit tout en apprendre

Le Choeur : Ses flancs sont lourds à porter et pourtant sa brusque avancée passe inaperçue. Commedia échappe aux filaments de brouillard et s'étonne de son poil roux. Aucune goutte d'eau de s'y perd si ce n'est la sueur imposée par ses efforts. Elle n'a que très récemment réalisé que son excursion dans les buissons du Coin des Tourterelles a laissé des séquelles. Il lui est difficile d'envisager qu'elle ne peut pas simplement les oublier en coulisses et elle se porte difficilement, encombrée par le poids entre ses jambes.

Commedia : Celui là, j'ai bien envie de dire que ce sera le dernier acte...

Le Choeur : Mais elle a encore tant à faire, elle ne peut pas se résoudre à laisser tomber le rideau si tôt. Simplement, il ne se lèvera pas tout de suite sur cette représentation, cette répétition lui a suffit. Elle, élever un poulain ? Commedia est trop occupée à jouer pour s'occuper d'un si petit être. C'est décidé, il n'y en aura pas d'autres avant un bon moment ! Mais elle ne peut nier que l'expérience apporte une saveur particulière à son jeu et elle en avait bien besoin, elle le concède. (sur son dos, Baba Yaga regarde en l'air.) Elle ne sait pas quel rôle jouer avec ce fardeau et se sent démunie. Mise à nue même, alors elle cherche désespérément l'inspiration dans ces endroits méconnus.

Event:

Cyrius est dans le brouillard. Littéralement et métaphoriquement... Un passage par l'archipel l'a mené sur un chemin jusqu'alors inconnu... un chemin vers un territoire qui, sauf erreur de sa part, n'était pas là avant.
Des erreurs, il en avait fait un certain nombre ces derniers temps… il avait eu des succès aussi, mais pas assez pour le soulager.

Aujourd’hui est un nouveau jour, et la piste que l’étalon suit depuis quelques jours déjà le mène ici, dans cet endroit brumeux, moite, marecageux, hostile. Il ne voit pas à 5 mètres devant lui, le brouillard est d’une densité incroyable, seul son odorat et son ouïe le guident de manière approximative vers sa cible.

Sa cible est une jeune jument a qui il doit des excuses. Lors de leurs dernière rencontre, un épisode chaotique qui aurait du être l’un des plus beaux jours de sa vie, sa fille adoptive l’avait quitté, pleine de rancœur et de resentiment. Cyrius ne sait toujours pas bien ce qui s’est passé ce jour là, dépassé par les évènements, il avait céder à la lacheté, abandonné la partie.

Elle est là, toute proche, il la sent, il connaît par cœur son odeur, le rythmes de ses pas, sa façon de se déplacer. Sans cette brume, il l’aurait déjà devant les yeux. Des jours qu’il lui courre après, il est fatigué, mais n’a qu’une seule hâte, se réconcilier avec elle.

Et finalement une silouhette se dessine, flou à travers la brume. La silouette si familière, et pourtant cette fois-ci, il doute. Est-ce bien elle ? Quelque chose à changer. Il hésite.

- Commedia ?

HRP:

Le Choeur : Elle est ronde, ronde comme un tonneau dont elle ne s'est pourtant pas abreuvée. Il n'y a pas de vin à blâmer et la seule ivresse qu'elle a connue est celle de la jeunesse. Ses chaleurs ont enivré un mâle et elle a eu la curiosité de se laisser tenter. Son coeur blessé ne cherchait pas de réconfort cependant et elle est alourdie par un fardeau qu'elle n'a pas vraiment envie de porter. Commedia n'est pas malheureuse mais pas beaucoup plus heureuse. Ce n'est pas un poulain dont elle ne veut pas qui va réconforter la pouliche qu'elle était. Comme pour répondre à ses pensées, une silhouette se dessine dans la brume. Il a l'air un peu bleu mais c'est bel et bien lui. Cyrius.

Commedia : Papa ? (elle s'approche de l'étalon alezan jusqu'à pouvoir le reconnaître, sa voix tremble encore de leur dernière entrevue.)

Cyrius s'arrête tandis que Commedia se rapproche. Papa ? L'étalon offre un sourire radieux à sa fille adoptive dont l'image est maintenant nette malgré la brume qui les entoure. Tant de chose à lui dire, il ne sait pas vraiment par où commencer. Les excuses ? Son nouveau statut de dominant ? La teinte bleu de sa robe ? Ou alors... le fait que Commedia lui paraisse excessivement grosse ? Cyrius la détaille un instant, un lots de sentiments contradictoires le traverse. Il tente de dissiper son propre malaise et commence par le début, accrochant les yeux brillants de Commedia, elle qui est devenue si belle.

- Excuse-moi pour l'autre jour, je ne voulais pas te faire de peine, j'ai été un peu...dépassé...

Cyrius se remémore la scène qui avait été un véritable carnage, sans vraiment savoir comment tout cela aurait pu mieux tourner.

- Tu sais que tu restera toujours ma fille, que personne ne te remplacera.

L'étalon est souvent moqueur, désinvolte, parfois gratuitement méchant... mais à quelques rares occasion, et pour certaines personnes seulement, il tombe le masque.

Le Choeur : Le sourire de Cyrius trouve un écho dans le coeur de Commedia dont les lèvres s'étirent timidement. C'est une étincelle encore fragile sur laquelle elle n'ose pas souffler. Peut-elle vraiment attiser son affection pour l'étalon alezan dont elle s'est éloignée sans se retourner il n'y a pas si longtemps ? Elle croise son regard et espère se cacher derrière ce dernier pour ne pas justifier son ventre rondouillard.

Commedia : Et moi je me suis fait chasser... (elle ne cache pas que cela l'a blessée.)

Le Choeur : Elle qui venait en paix, elle n'a plus envie d'offrir un sourire à la compagne de l'étalon ni de veiller sur la morveuse. Si elle n'a plus sa place à ses côtés, elle n'a pas de raison de supporter sa progéniture ni l'affreuse qui lui sert de belle-mère. Commedia craignait d'être rejetée si jamais Cyrius se casait et elle ne s'est pas trompée, cela n'a pas manqué. Mais l'alezan s'empresse de la rassurer et son sourire revient, timide parce qu'elle craint de voir Nazz'ariah et Hallelujah s'interposer entre elle et la seule personne sur laquelle elle peut compter.

Commedia : Tu es le seul sur lequel je peux compter. (elle l'admet sans honte.) J'ai fait une bêtise papa... (elle se dégonfle avant de finir sa phrase.) D'ailleurs tu feras gaffe je crois que tu deviens bleu, moi dans quelques mois j'aurais perdu tout ce poids mais toi c'est pas sûr que tu ne termineras pas tout bleu.

Cyrius voit plusieurs sentiments traverser Commedia simultanément. Il lui avait fait une promesse, et le sourire de sa fille comptait pour lui comme une marque de confiance. Elle pouvait le croire, sa parole ne s'envolerait pas et ses actes le prouverait, il ne s'éloignerait pas d'elle, même si Nazz'ariah ou Hallelujah le lui demandait. Ce genre de compromis lui serait impossible.

Il lui donne un petit coup de naseaux sur la joue, comme quand elle était petite, lorsqu'elle admet ne pouvoir compter que sur lui. Cyrius recule d'un pas. Sur lui seul? Etait-ce bien vrai ? Ce ventre rond qu'elle comptait perdre d'ici quelques mois lui disait plutôt le contraire, Commedia s'était trouvé un compagnon.

Allait-il l'en blâmer alors que lui même avait fondé une famille avec Nazz'ariah ? Non, impossible... Le fait que sa petite Commedia soit pleine d'une nouvelle vie troublait néanmoins Cyrius qui ne s'était pas attendu à ça si vite. Mais était-elle heureuse au moins? Le fait qu'elle dise avoir fait une bêtise l'inquiétait.
L'étalon plongea son regard sombre dans celui de sa fille et lui demanda doucement :

- Qui t'as fait ça Commedia ? Tu étais d'accord n'est-ce pas ? Tu es... amoureuse ? Qui est le père ?

Trop de questions en une seule phrase mais Cyrius avait besoin de tout savoir, c'était plus fort que lui. Sa plus grande crainte étant qu'un dégueulasse du genre de Collapsing ai profité d'elle. Elle dévia la conversation sur sa nouvelle couleur. Ca n'était pas le moment de changer de sujet, mais il consentit néanmoins à répondre avec légèreté pour ne pas la braquer.

- J'ai rencontré une pouliche nommée Naëlle à L'Usine Abandonnée et j'ai un peu trop regarder de près une étrange machine humaine... Naëlle est dans un était bien plus drôle que moi.

Il sourit à l'évocation de ce souvenir amusant mais le perd petit à petit en attendant la réponse de sa Commedia.

Le Choeur : Face à son père adoptif, Commedia est de nouveau la pouliche qui a mis le pied sur l'île et l'a explorée parce qu'il était plus simple de la découvrir que de penser à la traversée qui l'y a menée. Elle baisse la tête quand il effleure sa joue et bat des cils. Pendant un bref instant, c'est elle l'enfant et pas l'être qui grandit dans son ventre. Elle relève cependant la tête et soutient le regard de l'alezan. (un sourire triste illumine brièvement son visage.)

Commedia : Je voulais comprendre pourquoi... pourquoi tu fréquentes une pimbêche pareille. Elle a presque le même âge que moi n'est-ce pas ? Et votre fille... elle ne te ressemble pas papa. Tu n'es pas comme ça, pas comme ces deux là... (elle secoue la tête.) Personne ne m'a forcée, Oklaan et moi savions ce que nous faisions.

Le Choeur : Ils ne partagent pas de sentiments. Deux amants et un enfant. La jument lance un regard à son ventre et soupire. Elle ne le regrette pas, même si elle ne comprend toujours pas pourquoi Cyrius avait besoin de ça. Commedia sourit au souvenir qu'il partage avec elle et se remémore ses propres aventures afin de raconter à son père les évènements qui l'ont menée là.

Commedia : C'est moins palpitant mais j'ai rencontré le compagnon d'Ezaël, Ace of Hearts. Je lui ai fait croire que j'étais un étalon un peu efféminé pendant un moment... mais je crois que je l'ai traité de vermine une fois de trop, il a fini par se rendre compte de la supercherie ! Je suis retournée sur la Plage Dévastée aussi, si ça se trouve on s'est croisés. J'y ai rencontré un sacré énergumène, borgne et cabossé, pas très futé.

Le Choeur : Son sourire s'agrandit, elle rit et secoue la tête. La joie brille brièvement dans son regard brun, ses lourds crins volent tandis qu'elle s'ébroue. Tout son corps est alourdi par l'humidité ambiante et la gestation qui pèse sur son dos courbé. Puis l'éclat s'éteint dans ses yeux. (elle baisse la tête.)

Commedia : Et puis Hallelujah est née... je venais en paix papa, je te le promets ! J'étais contente de te voir, de savoir que tu es heureux... mais quand je suis partie... j'étais malheureuse. Je ne suis pas une menteuse... pourtant tu ne m'as pas défendue. Quand j'ai rencontré Oklaan, j'ai joué le rôle que Nazz'ariah a probablement joué pour toi, mais je n'étais pas heureuse pour autant. (son regard est déterminé.) Ce poulain, je ne saurais pas en prendre soin. Mais je ne regrette rien.

Cyrius tique lorsque Commedia traite Nazz'ariah de pimbêche. Il avait remis en place Hallelujah après le départ de Commedia sur son comportement, et il ne tolèrerait pas que Commedia insulte sa compagne.

- Mes choix te paraissent douteux et c'est ton opinion, mais je ne te permet pas d'insulter Nazz'ariah. Tu n'es pas obligée de vivre en sa compagnie et tu sais que je suis toujours disponible pour toi.

Le visage de Cyrius s'est fermé. Oklaan, un nom qu'il connait. Il est persuadé de l'avoir déjà rencontré mais ne sait plus où ni quand. Serait-ce lui que le désert de l'Oubli avait effacé de sa mémoire. Il se rappelait vaguement un étalon bai au physique avantageux.

Commedia n'a pas l'air particulièrement heureuse lorsqu'elle parle de lui, est-elle même heureuse de porter un poulain? Le regard de Cyrius glisse jusqu'au ventre de sa fille. Est-il déçu ? Ses sentiments sont mêlés, il ne sait que penser, le manque d'entrain de Commedia le perturbe, pourquoi a t-elle fait ça?

- Chacun ses choix douteux finalement...

Et puis elle explique ce qui l'a mené vers Oklaan, et le coeur de Cyrius tombe dans ses sabot lorsqu'elle dit s'être abandonnée à l'étalon bai par sa faute. L'alezan se renferme brusquement, un coup de poignard en pleine poitrine, il se sent accusé bien injustement. Il n'avait peut être pas eu les bons mots ce jour, mais il avait accueillit Commedia à la naissance d'Hallelujah avec toute la joie qu'il pouvait donner, et il n'avait nullement cautionné les propos de sa fille nouvelle née. Commedia avait été jalouse, mais Cyrius ne considérait absolument pas l'avoir délibérément mise à l'écart ce jour là bien au contraire, il avait tout fait pour que les choses se passent au mieux mais la jalousie de sa fille adoptive avait pris le dessus. Pour Cyrius, en tant qu'adulte, Commedia aurait du ne pas s'émouvoir des propos d'une pouliche d'à peine quelques heure, elle aurait du être capable de faire la part de choses et de se contrôler, au lieu d'aller se faire féconder par le premier venu. Cyrius se sentait injustement accusé de ses frasques inconscientes.
L'alezan ne répondit pas, il était en colère et il ne voulait pas que la rencontre tourne mal, il la laissa terminer mais ne fit aucun commentaire.
Ce poulain, elle ne saura pas en prendre soin disait-elle, et pourtant elle n'aurait pas le choix.

- Ce poulain tu en prendra soin, et il t'aidera à gagner en maturité.

Ressentant le besoin de bouger pour évacuer des sentiments négatifs, Cyrius se détourna de sa fille et fit quelques pas sur le sol humide et fouinant distraitement les quelques herbes qui parsemaient le sol.

Le Choeur : Commedia se renfrogne et ne dit plus rien. C'est une impasse et elle préfère faire volte-face. Elle ne veut pas se mettre dans tous ses états, trop vulnérable dans sa condition. Un mur se dresse entre elle et son père adoptif malgré leur proximité et ses yeux bruns se ramollissent peu à peu. Elle n'a pas le coeur à rester dure face à Cyrius. S'il y a bien une personne à qui elle peut se confier c'est lui et elle n'a pas besoin de rendre les apparences trompeuses quand elle s'adresse à lui. Les propos d'Hallelujah l'ont touchée, mais plus encore c'est le silence de son père qui l'a blessée. (elle soupire.)

Commedia : Pas plus que nécessaire.

Le Choeur : Elle n'insiste pas et espère que Cyrius ne le fera pas non plus. C'est la seule concession qu'elle veut bien faire. Elle ne supporte pas cet être pour qu'il disparaisse au premier rayon de soleil, après tout. Commedia ravale une réplique comme quoi elle est très mature, merci bien, et suit lentement l'alezan dans la brouillard. Sur son dos, Baba Yaga joue distraitement avec ses crins. Elle tord le cou pour l'apercevoir et sourit malicieusement, lançant à l'attention de l'étalon devant elle. (Baba Yaga, lui, saute sur le dos de Cyrius dans l'espoir de faire un rodéo.)

Commedia : J'espère qu'il sera mieux élevé que Baba !

Tâchant de diluer les sentiments obscures qui l'habite, Cyrius marche et s'intéresse enfin à ce nouveau territoire qui était jusqu'ici inaccessible. A peine pensait-on avoir fait le tour complet des terres d'Horse-Wild que de nouvelles apparaissaient. On ne s'ennuyait décidément jamais ici...
L'alezan entendit Commedia le suivre dans sa marche. Quelque part il état soulagé, il avait craint qu'elle ne prenne la fuite. Il ne commenta pas sa réflexion sur le poulain à naître.

Soudain, il eut un léger sursaut de surprise lorsque le singe Baba Yaga lui sauta sur le dos et s'accrocha à sa crinière. Cyrius pila brusquement et baissa la tête en envoya simultanément une forte ruade qui eu le don d'évacuer une partie de sa mauvaise humeur. Reprenant une posture horizontale, l'alezan pu constater que le singe s'était suffisamment accroché à ses crins pour une pas être éjecté. Une prouesse, Baba avait visiblement beaucoup d'entrainement.

Commedia avait pu remonter à sa hauteur pendant cette brève pause, et Cyrius continua sa marche à ses côté, l'humeur plus légère.

- Personne ne peut avoir moins de savoir-vivre que Baba, ton singe est une calamité, plaisanta Cyrius.

Baba en profita pour pousser un hurlement strident qui lui vrilla les oreilles...
L'arabe se tourna vers sa fille.

- Tu as déja visité cet endroit ?

Cyrius envisagea de se rouler sur le sol humide dans l'optique d'écraser le singe sous son poids. Il ne passa cependant pas à l'acte tout de suite.

Le Choeur : Commedia est rancunière et peine à oublier l'affront qui lui a été fait. Si sa demi-soeur adoptive l'a traitée de menteuse, elle n'a pas non plus écouté Cyrius lorsqu'il lui a présenté Commedia. Ça promet, qu'il évoque ou non son existence et sa place dans son coeur, elle est bafouée par les deux juments qui se font la leur. Pire encore, la jeune actrice craint que les intentions de sa marâtre ne soient pas si bonnes, pour ne pas dire mauvaises. Mais elle garde pour elle ses inquiétudes et pense au pétrin dans lequel elle s'est mise. Elle, un poulain. Elle a improvisé et pour une fois, on lui a donné la réplique. Ses pensées sont interrompues par une brusque ruade de la part de Cyrius. Baba Yaga tient bon sur son dos et elle éclate franchement de rire.

Commedia : Bravo Baba !

Le Choeur : Le primate n'a plus sa dose habituelle de rodéo puisqu'elle a déjà du mal à se porter et elle a remarqué qu'il ne s'installe même plus sur son dos quand il peut se balancer dans les arbres. Ce simple geste lui réchauffe le coeur en ces temps difficiles et elle offre un sourire complice au singe qui lève le pouce dans un caquètement bienheureux. Il a trouvé un autre canasson à chevaucher dans cette plaine embrumée.

Commedia : Non, je ne sais même pas où on est. Quoi de neuf sur l'île, ces temps-ci ? Pourquoi un endroit comme ça est apparu soudainement ? T'as fait une connerie c'est ça, les dieux en ont marre de toi ? (elle tire la langue à son père adoptif, les yeux plissés par la malice.)

Le rire de Commedia fait du bien à Cyrius. Les derniers évènements ont faillit éloigner l'alezan de sa fille adoptive, chose qu'il redoute par dessus tout. Il a besoin qu'elle lui fasse confiance, qu'elle le crois lorsqu'il lui promet que rien ne les séparera. Il s'ébroue, vigoureusement, provoquant un véritable tremblement de terre pour le singe qu'il sent s'accrocher de toute ses force à ses crins pour tenir. Une fois de plus, Baba à tenu bon, il est tenace décidément...

La brume perturbe un peu Cyrius qui n'aime pas ne pas pouvoir voir au loin. Il avance donc au hasard sur ce territoire inconnu, prenant garde à où il pose les sabots, n'ayant aucune envie de se blesser aujourd'hui. Commedia questionne sur le lieu qu'ils découvrent ensemble, et termine sur une note complice que Cyrius apprécie. Sa joie est revenu et il a envie de la serrer contre lui comme lorsqu'elle était petite. Mais aujourd'hui elle est adulte, et bientôt mère, comme lui est devenu père récemment...

- Je ne sais pas exactement où nous sommes non plus, mais il est certains que les Dieux sont à l'origine de tous ça, comme toujours... et non ça n'est pas ma faute, j'ai été très sage, d'ailleurs je ne te l'ai pas encore annoncé mais les Terres Trompeuses m'appartiennent désormais, ton papa chéri est devenu dominant !

Il lui adresse un sourire radieux et triomphant.

Le Choeur : La brume ne laisse pas deviner les alentours et on ne peut voir l'avenir dans ce brouillard pale. Commedia connait pourtant très bien le sien et tandis que les roseaux caressent ses flancs lourds elle soupire profondément. Elle sait qu'elle ne risque rien aux côtés de Cyrius mais la lourdeur qu'elle traîne avec elle la fatigue comme l'angoisse qu'un jour elle ne puisse se défendre et que personne ne soit là pour la protéger. Autrement, elle ne craint rien ni personne. Pleine, elle se sent sans défense et cela la contrarie. La future mère soupire à nouveau et revient à sa conversation avec son père adoptif qui lui annonce la meilleure des nouvelles.

Commedia : Félicitations papa ! Tu feras un dominant formidable, j'en suis sûre ! Mais ne m'en veut pas si je rejoins un autre troupeau que le tien, d'accord ?

Le Choeur : A vrai dire, elle a déjà choisi. Les Terres Secrètes l'ont accueillie par deux fois à présent. Il n'empêche qu'elle est heureuse pour Cyrius qui s'est tant investit dans la conquête des Terres Trompeuses et elle regrette qu'il n'ait pas vu venir l'opportuniste qui lui sert de compagne. Elle tombe à pic celle-là, s'assure une place confortable grâce à un poulain... et Commedia ne dit rien pour ne pas froisser l'alezan. Un jour, il comprendra. Et ce jour là, elle sera à ses côtés, comme toujours. Pour le moment, une ombre menaçante rôde autour d'eux et elle la suit des yeux avec méfiance, tendant l'encolure pour effleurer la silhouette qui se dissout avant même qu'elle ne l'atteigne.

Commedia : Qu'est-ce que c'est ? (une ombre disparait plus loin dans la brume.)

Cyrius avance aux côtés de sa fille et de son gros ventre. Elle le félicite pour sa réussite, et l'étalon la remercie d'un regard. Elle lui annonce qu'elle a décidé d'intégrer un territoire, mais pas le sien. Evidement Cyrius est un peu déçu, il aurait aimé avoir sa fille à ses côtés. Cependant il respecte son choix, il n'a pas à intervenir là dedans.

- Quel territoire rejoins-tu ? Et pourquoi ?

L'étalon songea à Oklaan, mais ce dernier était un solitaire, du moins pour ce qu'il en savait.
Cyrius se figea un instant, dans la brume épaisse et humide, une ombre était apparue; l'alezan y vit une silhouette équine, féminine... Des formes harmonieuses et une allure souple à la façon des ibériques. L'ombre disparue aussi vite qu'elle était apparue et l'alezan était persuadé d'avoir vu une jument qu'il avait déjà rencontré...

Commedia l'avait apperçue aussi, manifestement, mais Cyrius n'était plus si sure ce qu'il avait vu. Etait-ce réel? Ou son imagination lui avait-elle joué un tour. L'alezan ne savait plus quoi penser mais la silhouette restait gravée dans sa tête.

- Tu l'a vu aussi ? Il y a quelqu'un non?

Cyrius reprit le pas, un peu plus rapide. Peut être espérait-il rencontrer quelqu'un d'autre ici. Les yeux rivés droit devant dans la brume épaisse, il avançait sans savoir après quoi il courrait. Toute cette vapeur lui montait à la tête.

Le Choeur : Baba Yaga est juché sur le dos de Cyrius et s'y sent visiblement bien. Il a empoigné les crins du roux et se laisse balloter par leurs pas lents, l'air content. Encore un peu et il finira par s'assoupir. Commedia attend ce moment avec impatience, il ne tient pas toujours en selle dans ces instants de somnolence. (elle sourit à son père adoptif, penaude.) Son choix n'a rien à voir avec les évènements récents et remonte a bien longtemps.

Commedia : Les Terres Secrètes. Je suis arrivée sur la Plage Dévastée et je ne souhaite pas l'oublier... (sa voix s'éteint.)

Le Choeur : Elle suit de ses yeux bruns une ombre qui cavale autour d'eux. La silhouette est féminine, l'allure ibérique et tout cela n'a rien de rassurant pour Commedia qui se rapproche subtilement de Cyrius, méfiante.

Commedia : Oui et ça n'a rien de familier. Quelqu'un que tu connais ?

Le Choeur : Elle cesse de parler pour se concentrer sur son souffle court et tâcher de rattraper l'alezan qui a accéléré. Son gros ventre la ralentie et elle est soudain angoissée. Y a-t-il quelque chose à craindre ? Elle jette un oeil à Baba Yaga, qui s'est redressé et surveille les environs en silence. Le primate lance un regard à la ronde et la future mère serre les dents, le comportement de son familier ne lui inspire rien qui vaille...

Les Terres Secrètes... après tout pourquoi pas. Cyrius espérait seulement que Collapsing ne parviendrait pas à les obtenir. L'alezan approuve d'un signe de tête sans commenter. Le singe sur son dos se tient tranquille et s'agrippe à ses crins pour parer à toute tentative d'éviction.

Parti devant pour essayer de rattraper celle qu'il pensait avoir reconnu, Cyrius s'arrête finalement au bout de quelques instant. La silhouette, qui semblait si réelle, s'était évaporée devant ses yeux tel un mirage. L'alezan ressenti une certaine déception, sans trop savoir pourquoi. A quoi s'était-il attendu ?

Commedia revint à sa hauteur. Elle l'a vu aussi mais cela ne lui a évoqué personne.

- J'ai cru... mais je crois que ce territoire nous joue des tours...

L'étalon reviens sur terre, Commedia est a ses côtés, et comme toujours dans ses moment là, il se sent apaisé. Il se tourne vers elle, et la fixe un instant. Il y a tant de choses qu'il aimerait lui dire, tant de mise en garde qu'il souhaiterait lui faire. Cependant il sait qu'il doit la laisser faire ses choix et intervenir le moins possible. Il se contente de demander :

- Quand est-ce que le poulain va naître ? Lorsque ça arrivera, je serai là.

Cyrius n'allait pas s'éterniser ici, ce territoire n'était pas bon pour lui, trop propice aux chimères...

Le Choeur : Commedia n'a pas rejoint un territoire pour se mêler aux petites gens qui y sont attachés. A vrai dire, elle s'intéresse peu aux membres de son troupeau, seuls les terres l'ont influencée. Elle veut les incarner. Et pendant qu'elle y pensait, la silhouette s'est volatilisée.

Commedia : Un fantasme ? (son ton est taquin.)

Le Choeur : Elle se replonge dans ses pensées sans tout à fait savoir si elle veut lui confier la date à laquelle sa gestation atteindrait son terme. Finalement, elle se raisonne et se reprend. Bien sûr qu'elle veut lui répondre, il a intérêt à être présent.

Commedia : Je ne sais pas exactement mais je ferais en sorte que tu le saches quand le moment sera venu. (elle lui sourit.)

Le Choeur : Baba Yaga sent que la promenade se termine et tord l'une des oreilles de Cyrius avant de sauter à terre et de se réfugier dans les jambes de Commedia qui soupire, attérée. Ces deux là ne s'entendront décidément pas de si tôt.

Commedia : Désolée, tu ne méritais pas ça. (on ne sait pas de quoi elle parle exactement.) Mais je suis contente de t'avoir vu. Pour ma part je vais retourner sur l'île, c'est plus sûr et je suis fatiguée. A bientôt, papa.

Un fantasme ? Le regard de Cyrius se perd dans le vide, il semble chercher quelque chose d'invisible.

- Peut être bien... souffle t-il.

Il sera averti lorsque le moment sera venu. Cyrius est satisfait, mais soudain le singe lui tord l'oreille avant de descendre et de se réfugier dans les jambes de Commedia. L'étalon pose sur le singe un regard maléfique, l'envie de l'écraser d'un franc coup de sabot le prend. Fort heureusement Cyrius sait contrôler ses pulsions. Du moins, la pluspart du temps.

Commedia décide de prendre congé. Tu ne méritais pas ça... je ne méritait pas quoi ? Mais déjà elle s'en va, et Cyrius a juste le temps de lui offrir un regard paternel et profondément sincère.

- A bientôt...

Il la regarde s'en aller, trimballant son énorme ventre... Cyrius resta longtemps immobile au milieu de la brume, seul avec les fantômes que ce lieu lui inventait...

fin