Un sentiment d'appartenance... / Terminé

Cyrius était couché sur le dos, les yeux clos, les quatre fers en l'air, profitant de la chaleur du soleil qui frappait doucement sa robe tandis que le bruit des vagues le berçait agréablement.

Mais brutalement, et sans aucun signe avant coureur, une silhouette apparu devant lui, cachant le soleil. Sous le choc de la surprise, Cyrius poussa une exclamation bruyante, rouvrant subitement les yeux. Il se releva d'un bond, comme monté sur ressort, et se retrouva sur ses quatre pieds sans trop savoir comment.

Là, il recula de trois pas pour mettre de la distance entre lui et la chose qui venait de lui faire une peur bleue,  et il tenta de faire le point rapidement. Il avait devant les yeux un cheval blanc. Jusque là, tout allait bien, si l'on oubli le fait que ce cheval était arrivé avec la discrétion d'un chat, car que bien que ses yeux étaient clos, il ne l'avait pas entendu approcher. Mais ça n'était pas tout. L'équidé avait le regard dur et dégageait une sorte d'aura, et par dessus tout, il avait une couronne végétale sur la tête.

Sa réflexion fut interrompu par les paroles de Sinistros qui s'était rapproché, et bien que Cyrius était comme paralysé par l'apparition du blanc, il entendit le bai faire une remarque sur la couronne de l'invité. Quelque part, Cyrius fut rassuré que Sinistros ai la même vision que lui. Il savait bien qu'il avait abusé du thé, mais il n'avait plus le moindre doute à cet instant sur la réalité de ce qu'il avait devant les yeux.

Il ne répondit pas à Sinistros, le blanc s'était mis à parlé et captait à présent toute son attention. Il énuméra toute son ascendance, et se présenta comme Zeus, Dieu des Trompeuse. Cyrius qui avait retenu sa respiration pendant le discours du divin, prit enfin une inspiration, il commençait à comprendre ce qui lui arrivait. Zeus était descendu sur terre, pour le rencontrer, lui !

Cyrius jeta un coup d'oeil discret à Sinistros puis reposa son attention sur le dieu. 

- Non je le voit également ; lui glissa t-il entre ses dents pour répondre à la question du bai.

Il se senti complètement désemparé, quelle image offrait-il à son Dieu ? Relevé de sa sieste dans un extrême précipitation, il avait du sable plein le dos, et ses crins étaient à la fois complètement décoiffés, plein de sable et d'eau, il devait certainement ressembler à une espèce de mulet dépravé. Quelle manque de classe.

Comment devait-il s'adresser à un Dieu, devait-il se prosterner? Les nuages noirs qui avaient empli le ciel lui inspirent de se montrer respectueux et de ne pas commettre d'impairs, il n'avait nullement envie d'être foudroyer.

Il repris un peu de prestance, regardant Zeus droit dans les yeux, peut importe le sable, il essaya de retrouver un minimum de contenance.

- Zeus... enchanté ! Il tenta un sourire mais l'efface immédiatement, il se souvint d'Aléas et de son cruel manque l'humour.

- En effet j'aspire à dominer les Terres Trompeuses, il est vrai que je n'ai pas grandis sur Horse-Wild et que je ne connais pas encore tous les secrets qu'elles recèlent, mais on m'a tant parlé de ces terres que j'ai l'impression de les connaître depuis mon enfance. Cela serait un honneur pour moi de les gouverner et de les faire prospérer, je protégerai ceux qui leur jureront allégeance, et formerai un troupeau conséquent, fort et loyal.

Impressionné par son propre discours, l'alezan s'avança finalement d'un pas continua.

- J'ai même déjà engagé Sinistros, ici présent, grand spécialiste des végétaux comestibles, pour prendre soins des richesses de ces terres, argumenta t-il en désignant le bai, et espérant que celui-ci adopte un comportement des plus studieux tant que le dieu serai présent.

Sentant qu'il en avait assez dit, il ferma la bouche, quelque part un peu inquiet, guettant la réaction de Zeus.

Tout se passa en un éclair. Le Dieu répondit à Cyrius puis disparu sans que l'alezan n'ai pu dire "ouf". Seul l'éclair qui s'écrasa sur la Terre au départ de Zeus fit sursauter Cyrius, le sortant ainsi de son état presque catatonique.


Il reprit ses esprits, et se tourna vers Sinistros. Le bai ne semblait pas particulièrement choqué. La mort de l’artichaut semblait avoir été un évènement beaucoup plus traumatisant que l'apparition d'un Dieu pour lui. Il avait cependant bien saisi la réalité de la chose, admettant qu'il ne s’agissait nullement d'une hallucination, un vrai moment de lucidité.


Rejetant un coup d'oeil à l'endroit où s'était trouvé le Dieu à peine une minute auparavant, Cyrius enregistra la dernière remarque de Sinistros, qui effectivement relevait une information majeure. Zeus avait bien parlé de concurrence Il n'était pas seul. Mais qui était son adversaire? Un étalon? Une jument? Peut être étaient-ils plusieurs?


Cyrius fit quelques pas sans rien dire, réfléchissant à la situation. Il s'arrêta, et s'ébroua pour enfin chasser le sable qui s'était loger sur sa robe et dans sa crinière. Tout de suite plus présentable, il se senti étrangement calme et serein. Il avait maintenant la certitude que sa quête était connue de Zeus, et en y repensant, il était à présent presque convaincu qu'il n'avait pas fait une si mauvaise impression au Dieu des Trompeuses. Il lui fallait désormais parcourir son future territoire le plus possible, connaitre chaque secret, chaque recoin de chaque terre. Mais il allait aussi falloir découvrir qui avait l'intention de lui faire obstacle. Déterminé, il fixa Sinistros avec un sourire déterminé.


- Effectivement, je ne suis pas seul.


Cyrius fixa la mer, le vent souffla dans ses crins sales. Il avait fait de nombreuses rencontres, mais n'avais eu aucun indice sur ses potentiels concurrents...
Il se tourna à nouveau vers le bai.


- Je compte sur vous pour prêter une oreille attentive et discrète, si vous entendiez un de ses jours parler de cette concurrence, je suis bien curieux de savoir qui d'autres convoite les Trompeuses...


Mais la question était vaste. De plus en plus de chevaux s’installaient sur Horse Wild, il n'en connaissait qu'une petite partie, tout ce qu'il pouvais faire, c'était mettre son nez un peu partout et essayer d'obtenir des informations, il pourrait aussi peut être compter sur Sinistros, un bon espion, il en était persuadé.


Cyrius se souvint alors de ce qu'ils étaient en train de faire avant que Zeus n'apparaisse... l'étoile de mer...


- Au lieu de trouver une étoile de mer, vous pourriez peut être confectionner une jolie couronne végétale à votre dulcinée, ça sentira moins mauvais et elle aura la classe d'une déesse avec ça !


L'alezan espéra ne pas brusquer ce pauvre Sinistros avec sa lubie d'étoile de mer, mais il doutait fortement qu'il n'en trouve sur cette plage. Cyrius tourna la tête vers les falaises, il allait bientôt se mettre en route pour un autre territoire...

Sinistros accepta la mission, et Cyrius l'en remercia, et promit de faire quelque chose pour ce troisième naseau. 

- Je n'y manquerait pas !

Le bai commença à s'éloigner. Le soleil déscendait doucement, Cyrius ne savait pas encore quelle direction il allait prendre. Il opta pour le nord, rejoindre la vallée des Ronces et passer la nuit là-bas.

Renonçant à son étoile de mer, Sinistros se rabattait sur un fruit comestible avec une pointe de romantisme. L'alezan eut un sourire, il avait décidément fait un rencontre qui lui avait bien plu, cette journée lui avait paru durer une semaine tant elle avait été riche, il sentait d'ailleurs une certaine fatigue le tenailler.

- Je suis sure que vous trouverez ce que vous cherchez

Il ria en entendant la remarque de Sinistros sur les extra-terrestres, Cyrius était prêt à accepter l'existence des dieus, mais pas des extra terrestre. Il suivit du regard Sinistros qui filait vers les falaises jusqu'à ce qu'il disparu de son champs de vision. Il attendit quelques minutes, se laissant bercer par le bruit des vague, puis à son tour il prit le trot, et parti également vers les falaises, faisant cap vers le nord.