Piégée .

Je ne comprends ce que je fais ici ni même comme je suis arrivé ici. Comment ai-je pu me perdre sur ces terres, ce territoire dont je ne connais même pas le nom. Je ne sais pas. Je sais juste que j'ai fuis. J'ai lamentablement fuis l'odeur du sang, sa vue. Je ne pouvais pas supporter de la voir ainsi. J'ai fuis quand j'ai vu ces hommes agglutinés autours d'elle. Comment ai-je pu fuir ainsi? Pourquoi n'ai-je pas pu la sauver? Suis-je maudit? Dés que je suis heureux, je finis par perdre tout. J'ai perdu mon innocence en même temps que mon enfance. J'ai perdu mon insouciance le jour où sa tête s'est fracturé sur le sol. J'ai perdu mes espoirs quand les coups feu ont retenti. Je sais que temps apaisent bien des souffrances et que l'espoir réapparait toujours. Mais j'avoue le chemin semble long. J'ai tellement bien changé. Les soirs d'été où je rêvais de liberté semble bien loin. Vous me direz que je suis déjà libre mais le suis-je vraiment? Quand je ferme les yeux, je revois cette scène encore et encore. Si je pouvais encore voir le ciel et voir les fleurs éclore avec ces yeux d'enfants. Je me souviendrais toujours de ces yeux, ses mains fluettes, son courage, ses espoirs. Jamais je n'oublierai ces jours de joies ni ce jour malheureux. J'entendrais encore longtemps son rire cristallin résonné à mes oreilles. Je me souviendrais longtemps de persévérance, ses joies, ses pleurs, son courage. J'ai été son confident pendant des heures. Assises dans mon boxe, elle me racontait ses journées, ses amours, ses peurs. J'écoutais en mâchouillant mon fin. Si j'avais su que nos moments finiraient si vite, si tôt... J'aurai dû partir avant toi... J'aurai dû profiter plus. Mon amie, je te promets que les jours d'été reviendront bientôt.


Mes pas m'ont transporté jusqu'à une rivière bordant une petite plage de petits galets noirs cendres et opalins. Elle lèche rageusement son bord. Cependant, la plage ne lâche rien. Ses petits galets tiennent férocement leur position. Je souris. Ils semblent bien presser de savoir qui va gagner. L'eau est tumultueuse. Le bruit d'une cascade se fait entendre. Est-elle en amont ou en aval? Je ne sais pas mais elle est là. Elle se gronde son mécontentement de défaite devant ses vaillants petits galets. Ou alors elle hurle ses ordres à cet eau limpide? En tout, l'image est plus que pittoresque.  La plage est bordé de pente glissantes et abruptes où poussent arbres et arbustes à travers des cailloux bien coupant. L'eau y est tellement limpide qu'on peut y voir des poissons nagés et s'amusé. Tiens, un héron vient de trouver son repas. Une fine pluie tombe malgré le soleil présent. Un arc-en-ciel ne doit pas être loin. Oui, cet endroit est charmant. L'air est lourd de souvenirs. De nombreuses générations de poulains ont dû bien s'amuser dans cet eau limpide. Beaucoup ont dû y trouvé la mort aussi. Je le sens, le présents... Mais pourquoi diable ressent-on la mort quand on l'a vu d'aussi près? Fiche moi la paix. Je ferme fort mes grands yeux amandes. Je ne veux plus voir cet image atroce. J'espère en le réouvrant revoir la petite plage aux vaillants galets.



J'inspire un grand coup et j'ouvre les yeux. L'image a disparu mais l'odeur est toujours là. Je décide d'étancher ma soif et goûter cet eau si tentante. Elle semble si fraîche. Peut-être arrivera-t-elle à faire partir ce goût qui envahit ma bouche depuis des semaines. Je marche sur les galets. Ils crissent sous mes larges et lourds sabots. Ils se semblent pas très contents de devoir se battre contre mon poids en plus de l'eau. Je souris devant mon imagination débordante tout en plongeant les lèvres dans l'eau. L'eau est froide. Son tumulte m'envoie des gouttes dans le nez. Je souffle un coup et termine de boire mais je reste encore un moment la tête vers le bas. J'observe cette tête que je ne reconnais plus. Mes yeux ont perdu de leur éclats. Mes crins ont poussés et ondulent. Une marque blanche, une pelote comme l'appelait ma protégée , est toujours visible sous mes crins devenus longs. C'est la seule marque que j'ai de mon père. A ce qu'il parait, mon père était auparavant un cheval sauvage provenant d'Horse-Wild. Je me demande bien ce qu'est Horse Wild... Enfin bref, j'ai perdu ma coupe soignée. Mes crins ont poussés et commencent à onduler. Cela me rajeunit rend mon encolure plus massive. Ma cavalière me les égalisait. Elle disait que je ferais moins peur. Je me demande bien à qui. Alors que je continue de regardé mon reflet, mes yeux captent un mouvement. 



Je relève vivement la tête.. Mes crins s'emmêlent, je secoue l'encolure pour les remettre à leur place. De l'autre côté de la rivière tumultueuse mais peu profonde se trouve une jument. Elle semble racée. Elle a un port de tête altier, de longs crins blancs et des naseaux noirs. Elle semble plus vieille que moi mais encore bien en forme. Son corps a l'air fin et porté par des membres musclés et racés. Elle a l'air en proie à un dilemme. J'hésite à le prévenir de ma présence. Peut-être a-t-elle envie d'être seule? Que faire? Je ne vais sûrement traversé sans être invité à la rejoindre. Devrais-je faire demi-tour? Elle ne m'a pas remarqué. Bon, je me lance. Peut-être pourra-t-elle me renseigner où je suis? Je l'espère! Je pousse un hennissement pour attiré son attention.