Là où une âme repose en paix

Le silence fut total. La belle jument noire était revenue. Le pas lourd, ce paysage qui défilait devant elle lui rememmorrait tant de souvenirs. De bons souvenirs, des souvenirs paisibles. Tous ces chevaux qu'elle avait rencontré ici. Tant d'années s'étaient écoulés... Que c'était-il passé ? Elle ne savait pas vraiment, elle était perdue. Le temps avait filé à une de ces vitesses... Elle avait pris de l'âge, mais qu'importe. Elle voulait revoir ses enfants, retrouver ces poulains qu'elle avait pris sous son aile. Après tout, sa présence disparue d'un coup. Est-ce qu'ils lui en voudraient ? Qu'importe, elle passerai outre et fera tout pour eux. Ces amis de cet anciens temps, la reconnaîtraient-ils ? Elle se souviendra d'eux. Peut-être les retrouvera-t-elle, peut-être qu'ils étaient partis. Peut-être même bien qu'il n'était plus de ce monde... L'âge l'avait rendu plus sage, plus paisible, et elle arrivait à prendre cette pensée et à se dire qu'ils étaient bien ceux qui étaient partis. Comme sa mère, qui devait la regarder depuis le ciel.


Elle leva son regard vers ce ciel qui s'assombrissait, laissant appercevoir ces quelques lumières de la nuit. Elle était paisible, et son pas lourd s'arrêta un instant pour que les étoiles puissent se refléter et briller dans ses yeux. Mais, une de ses oreilles se tourna. Ne serait-ce pas un bruit qu'elle venait d'entendre ? Quelqu'un parcourait-il ces verts vallons, alors que l'ébène marchait pour rejoindre ses anciennes terres orphelines ? Elle était toujours heureuse de rencontrer quelqu'un, encore plus si c'était un cheval qu'elle connaissait déjà. Tant de chose s'était passé ici... Elle voulait recommencer.

Le vent s'engouffrait dans son épaisse crinière, décollant ainsi les long crins ondulés qui la composait. La grande noire espérait trouver rapidement quelqu'un, bien que la solitude et le calme avaient gagné l'appréciation de la jument ébène. Elle appréciait le monde, oui, mais la solitude pouvait parfois lui tenir compagnon à elle seule, le temps d'un moment.
Entre deux pulsions d'air, et parmi les végétaux des verts vallons, Ouragant remarqua une tâche blanche qui s'approchait. Cette tâche blanche n'était autre qu'une jument qui venait à sa rencontre. La tête relevé pour mieux la voir, les oreilles pointées vers elle, elle s'approcha à son tour de quelques pas calme. Elle était si fine, cette jument... Son physique lui rappelait ce cheval noir qu'elle avait connu auparavant, sur cette même île.


- Bonjour !

Elle avait beau être impressionnante de physique, une grande taille, un corps solide et des sabots lourds, Ouragant n'avait toujours été que calme et tendresse. Cette corpulence, elle ne l'avait pas apprécié. Elle la rendait maladroite. Mais elle en avait fait une force. La sang-mêlé s'en servait depuis plusieurs années maintenant pour protéger ses proches, ou même des inconnus. Elle avait fait avec, l'avait dompté. C'était une force tranquille.

- Je m'appelle Ouragant, cela fait bien longtemps que je ne suis pas venue ici...

Elle resta pensive un moment, détournant le regard. Le passé, elle s'y était toujours beaucoup trop accroché, mais le temps et l'expérience l'avait aidé à pouvoir plus facilement tourner la page.


- Et vous ?

Elle reposa son regard sur la grise inconnue. Peut-être venait-elle d'arriver, peut-être était-elle là depuis un moment... Elle aimait connaître les autres, il y avait toujours plein à apprendre avec eux !
Puis, elle se demanda si elle n'aurai pas des renseignements sur des chevaux qu'elle avait connu ici.

- Je cherche des chevaux, peut-être que vous pourriez m'aider.