Un conte de Noël [Fantôme]

J'avais beaucoup entendu parler du lagon volcanique : en effet, certains chevaux y étaient souvent allés. Des chevaux de mon troupeau, des chevaux d'autres troupeaux mais surtout des chevaux que je croisais de temps en temps. Lorsque j'étais petite, j'avais toujours rêvé d'y aller car j'avais l'impression qu'il était comme un lieu survenant d'un conte, mais je n'avais jamais tenté. Sans doute car j'avais peur de m'y perdre, mais aussi car j'avais autre chose à penser. Alors lorsque mes sabots se posèrent sur le sol volcanique de ce lagon, mes yeux s'écarquillèrent brutalement et je me stoppai nette. C'était superbe, tellement beau. Un superbe lac à l'eau turquoise était présent face à moi et un sable mi-noir, mi-fin était sous mes sabots. Alors, je tournai ma tête vers Fantôme.

" Mon dieu ... C'est magnifique. " murmurai-je, plus pour moi que pour mon compagnon.

" C'est gentil, merci ! Toi aussi tu es beau, bien plus beau que la moyenne des chevaux que j'ai pu rencontrer. " dis-je avec un petit sourire. C'était bien la première fois que je faisais des compliments à des personnes m'entourant, mais c'est vrai que ça faisait du bien.

Cet endroit était d'une splendeur, je ne l'aurais jamais cru. En réalité, il ressemblait vraiment à un paysage tout droit sorti d'un conte de Noël. Beaucoup de chevaux en parlaient comme de l'endroit le plus beau sur cette île, et effectivement, j'étais parfaitement d'accord avec eux. Un oiseau vint se percher sur une branche près du lac et se toilettait tranquillement. Cet endroit respirait la tranquillité, le calme et la sérénité. Tout ce dont j'avais parfaitement besoin en ce moment. Non pas que je stressais, mais la douceur était ce dont je n'avais pas pu jouir durant ma jeunesse. Soudain, une idée me vint en tête et je pris le galop sans prévenir, allant tout droit vers ce lac. Arrivée là, je me stoppais nette face à l'eau et me tournais vers l'étalon.

" J'ai entendu dire que l'eau était chaude et qu'elle faisait du bien aux articulations. Ca te dis d'essayer ? " demandai-je en plongeant un sabot dans l'eau et poussant un soupir de bien-être.

Une chaleur naquit dans mon ventre lorsque je l'entendai m'appeler " ma chérie, mon coeur " ... Mais, je sais déjà la question que vous allez me poser : pourquoi ne l'appelai-je pas ainsi moi aussi ? Car je ne l'ai encore jamais fait de ma vie et que ça me fait réellement bizarre de le faire. Oh bien sûr, il reste mon compagnon, celui avec qui je vais faire ma vie, mais selon moi : donner un surnom à ce dernier serait lui prouver mes sentiments et surtout à quel point je tiens à lui. Malheureusement, moi-même je ne sais pas mes sentiments, ni même à quel point je tiens à lui. Donc pour le moment, je préfère m'abstenir plutôt que lui mentir. Lorsqu'il vint me rejoindre, je le regarde alors faire et pose mon regard d'encre sur lui. Il n'avait pas hésité à rentrer dans le lac et me montra le volcan. J'hoche la tête en souriant. Il avait raison : ce volcan était sans doute la raison de cette chaleur aquatique. Alors sans hésiter une dernière fois, j'entrai dans le lac et fermai les yeux : c'était tellement bon. Voyant que j'avais pied et que l'eau n'était pas bien haute, je me couchai immédiatement.

" C'est tellement bon ... J'aurai jamais cru. " dis-je en soupirant de bien-être. Même les câlins de ma mère durant mon enfance n'étaient pas aussi profitables.

Depuis toute petite, mon rêve était de régner sur le royaume de mon père. Je voulais son trône, et je le veux toujours, mais aujourd'hui tout était différent. Aujourd'hui, j'avais quelqu'un pour m'accompagner, quelqu'un qui serait capable de m'accepter comme je pouvais être au quotidien. Mais est-ce que cela allait-il réellement rester comme ça toute ma vie ? Est-ce qu'il me suivrait jusque la mort ? Je ne sais pas encore, mais j'aimerai le découvrir. Bien sûr, je ne lui en parlerai pas maintenant, ce serait le faire fuir, mais un jour je tenterai d'en parler. Finalement lorsque j'entendis sa réponse, un petit sourire naquit sur mes lèvres. Evidemment que ça faisait du bien, toute eau chaude faisait toujours du bien quand nos articulations nous faisaient mal. Finalement, je me levai et me diriger vers un lieu du lac beaucoup plus profond et me mis à nager.

" Tu me suis ? " dis-je en continuant de nager en rond.

En réalité, durant les années qui se sont accumulées, je me suis rendue compte que j'avais énormément changer. En effet, lorsque j'étais petite, j'étais la pire des pestes. J'envoyais balader n'importe qui, j'insultais la plupart des gens me côtoyant, je balançais les pires horreurs au sujet des personnes que je n'appréciais pas. Mais aujourd'hui, c'était complètement différent : j'étais beaucoup plus diplomate, j'acceptais plus facilement les situations et j'appréciais la présence des autres. Alors, oui, je me sentais plus à l'aise avec les étalons, avec les inconnus. Alors lorsque l'étalon vint me rejoindre, une douce chaleur naquit dans mon corps tandis que je nageais vers l'autre rive. Quand ce fut fait, je m'ébroue un bon coup et attendis qu'il me rejoigne.

" Dis, Fantôme, tes projets pour l'avenir ? Enfin, pas forcément pour nous, mais de vrais projets, ils sont quoi ? " demandai-je vraiment curieuse.

Mes yeux demeurèrent posés sur l'étalon et j'éprouvai une certaine chaleur lorsqu'il me frôla. Ca faisait réellement du bien d'avoir quelqu'un d'aussi fiable à mes côté. Quelqu'un sur qui je puisse compter et sur qui il pouvait compter. Je serai toujours là pour lui, et je n'avais même pas besoin de le lui dire puisqu'il le savait déjà. Finalement, mes oreilles se redressèrent et je posai un regard déterminé sur Fantôme. La dominance l'intéressait ? Superbe. Mon idée de toute une vie revient très rapidement à moi.

" La dominance t'intéresse donc ? Intéressant. " Avec un sourire carnassier, je me collai à lui. " Que serais-tu capable de faire pour moi afin d'obtenir ce trône, dis-moi ? " vins-je susurrer à son oreille.

Peur ? Mais peur de quoi ? Que je l'anéantisse à cause de mon ambition ? S'il savait que dés notre première rencontre, j'y songeais. Dés que j'ai croisé son regard, je voulais qu'il me suive quoiqu'il arrive. En réalité, au début de ma vie, je pensais pouvoir anéantir mon père toute seule, puis finalement en grandissant, je me suis parfaitement rendue compte qu'être accompagnée était beaucoup plus important. Au début, je pensais mettre Rekkles de mon côté mais ça n'avait pas fonctionné, puis Naëlle mais elle était déjà dominante et finalement Fantôme : et il me suivrait. Lorsqu'il prononça ses secondes paroles, je lui adressa un grand sourire tout en plongeant mon regard dans le sien.

" Tuer te fait peur ? Pourtant le pouvoir attire le meurtre, selon moi. " prononçai-je sans pour autant avouer mes desseins.

" Parfait. Tu m'as donné la réponse que je voulais. Cependant, dans un sens tu me déçois Fantôme ... Je pensais que tu serais de ceux qui régneraient sous la crainte, et surtout qui feraient en sorte de devenir grands sans craindre d'être détestés. J'espère qu'avec le temps tu changeras. " dis-je avec un léger sourire.

Bien sûr, tout cela ne changerait aucunement ce que je pensais et ressentais face à cet étalon. Mais j'étais quelqu'un de franc alors je préférais dire exactement ce que je pensais, sans me douter des réactions. Oh bien sûr, il pourrait fuir et m'en vouloir. Bien sûr ça créera une dispute, mais il fallait assumer.

" Je n'ai pas envie de devenir comme mon père Fantôme, pas un marshmallow qui se laisse crever dés que les choses sont trop rudes pour lui. Je veux que les gens m'écoutent réellement, qu'ils me suivent jusqu'à la mort même si pour ça ils doivent me craindre. Certes, on en est pas là, mais crois-moi que ça ne tardera pas. " dis-je, parfaitement convaincue de ma dernière phrase.

Il ne comprenait rien, personne ne comprenait jamais rien de toute façon. Pourquoi pensaient-ils tous qu'il fallait être aimé pour régner ? C'était complètement abruti de penser cela. Oh bien sûr, Papa gouverne très bien en étant gentil, mais a-t-il réellement des nouvelles de tous ses membres ? Savait-il ce que faisait son troupeau ? Bien sûr que non. Il est ignorant, complètement. Lorsque Fantôme vint frôler mes flancs, j'eus l'impression qu'une chaleur naquit de nouveau dans mes flancs. Avec un petit sourire, je lui déposai une lèche sur son chanfrein. Puis, une idée me vint brutalement en tête. Alors délicatement, je fis glisser ma queue le long de son poitrail et marchai vers un coin du lagon.

Il avait raison, c'est vrai qu'on ne pouvait prévoir ce que nous réserverait l'avenir. Bien sûr qu'on ne pouvait réellement contrôler les situations, mais il était temps que cela change. Il était temps que ce soit moi qui contrôle tout, moi qui contrôle les situations dont personne ne songe à le faire à ma place. Alors, j'hochai la tête avec fierté. Il verrait. Un jour ce sera complètement différent et il acceptera, ou si ce n'est pas le cas c'est qu'il n'était pas le bon tout simplement. Mais maintenant, il fallait que mon plan se mette à exécution. Oh bien sûr, je risquais gros mais je m'en fous royalement. Alors quand il me rejoignit, je lui fis face et lui adresse un tendre sourire.

" Dis-moi Fantôme ... Tu le veux à quel point ce bébé ? " demandai-je tout à fait curieuse et déterminée.

" Oui, je le veux Fantôme. Au début, j'hésitais car je ne sais pas quelle mère je serais mais maintenant avec toi, je veux découvrir cela. Donc je le veux maintenant, et pas plus tard. " dis-je avec un sourire convaincu.

Si je voulais un bébé pour tenter de conquérir sans doute le territoire de mon père ? Sans aucun doute. Si je voulais faire cet enfant pour anéantir davantage mon père ? C'était même certain. Finalement, je le laisse frôler mes flancs. Et là, avec une tentation de séduction - que je ne sais faire -, je fais dos à l'étalon pour ensuite mettre ma queue sur ma croupe. Là, je me mis à marcher vers un renfoncement sous la cascade.

" Viens ... " murmurai-je sensuellement.

Tout ira bien ... Avait-il raison ? Avait-il tort ? Personne ne le saurait, pas même moi. Tout ce que je sais, c'est que j'avais envie d'essayer, j'avais envie de tenter. Que ce soit pour moi, pour lui, pour notre couple ou tout simplement pour ce petit bout de chemin qui se présentait à nous. Mais devrais-je lui dire la vérité ? Lui dire que j'ai déjà énormément de projets pour ce futur bébé ? Ne devrait-il pas avoir peur ? Sans aucun doute. Je lui dirais. Un jour. Toutes mes pensées furent stoppées lorsque je sentis deux antérieurs entouraient mon thorax, puis un corps sur le mien et mon cerveau s'éteignit immédiatement. Ca y est. Je devenais la Reine que j'avais toujours voulu être. Lorsque tout fut terminé, je me décalai légèrement, ma queue se remit tranquillement à l'anormale et mon regard plongea dans celui de l'étalon.

" Merci ... " murmurai-je en lui léchant le chanfrein. Je l'aimais ... Enfin, je crois.

C'est marrant comme un moment, qui ne dure que quelques minutes, peut changer une vie et un mental. J'ai l'impression d'être complètement différente depuis cela, d'être devenue la jument que j'avais toujours voulu être : alors, oui, je le remerciait du fond du coeur de m'avoir accordé cet instant. Finalement, quand l'étalon se colla à moi et posa sa tête sur mon dos, je fermai les yeux et me laissai complètement aller. Ca faisait tellement du bien de ressentir tout cela. Un bien que je n'avais pas connu depuis longtemps. Une brise fraîche vint choquer mon corps transpirant, me faisant légèrement frissonner. Alors, je me décalai délicatement et prit le pas, me dirigeant vers la sortie.

" Retournons chez nous, tu veux bien ? " dis-je en lui faisant comprendre que je voulais réellement qu'il fasse parti du troupeau.

Spoiler: