Le corbeau et la peluche | Kokoï

" C'est moi qui l'ai trouvé enfl*** ! Rend-le moi toute de suite, volatile de mes deux ! " hurlai-je en galopant derrière un corbeau.

Qu'avait-il dans le bec ? C'est simple : une espèce de peluche cramoisie. C'est moi qui l'ai trouvé et cet abruti me l'a volé sous mes naseaux. Quoique ... Quand on y pense, le plus abruti des deux est sans doute celle qui s'est faite voler, non ? Sans aucun doute. Et le pire dans tout ça, c'est qu'il a fait ça tellement lentement que j'aurai pu facilement le rattraper. Mais non, j'étais tellement choquée par son geste que j'étais restée immobile telle un statue. Et me voilà maintenant en train de galoper comme une imbécile, tandis que cet oiseau voler en coassant. Il était fier de son coup le bougre ! En même temps, il pouvait. Il venait de voler la princesse des Trompeuses. Mais un oiseau se souciait-il réellement des hiérarchies dans un groupe de chevaux ? Je n'en suis pas si convaincue. Il m'épuisait en plus ! Combien de temps galopais-je ? Je ne saurais vous le dire, mais mes jambes me font tellement mal que je comprend que la durée était longue. Soudain, mon sabot se cogna contre une roche et je fis un vol plané monumental.

Quelques secondes pour reprendre mes esprits et je me relevais difficilement. Mes yeux papillonnèrent un instant tandis que mon corps s'ébrouait machinalement. Lentement, je tournai mon regard derrière moi et la marque présente me spécifia que j'étais tombée assez loin du caillou choqué. En même temps, vu le poids que je fais ça ne m'étonne même pas. Un coassement se fit entendre et brusquement mes esprits revinrent : le corbeau ! La peluche ! Mes oreilles se plaquèrent contre ma crinière tandis que je pris mon élan et fonça sur lui. Bien évidemment, le volatile s'envola avec rapidité et reparti de plus belle. Avec un soupir, je repris la poursuite et me moquais pas mal du paysage qui défilait devant mes yeux. Tout ce que je voulais c'était cette peluche. Non pas que je sois fan de doudou, mais c'était ma trouvaille, donc elle m'appartenait ! Bientôt l'oiseau de nuit se posa sur une branche, dans un vieil arbre cramoisi : il était fatigué. Moi aussi. Il l'était sans doute moins que moi.

Rapidement, je m'arrêtai sous cet arbre et commença à vociférer, me moquant pas mal de la silhouette s'approchant dans mon dos.

" Descend de là piaf de pacotille ! Ou je te jure que je t'étripe ! C'ma trouvaille, tu entends ! "

La Région des Grands Lacs est un endroit paisible et silencieux. Aussitôt cette pensée formulée, un hurlement de rage brise la tranquillité des lieux et je tourne lentement la tête dans la direction d’où il provient. Mon regard tombe d’abord sur les flancs d’un volcan, puis une ombre traverse mon champ de vision. Un oiseau noir, sûrement un corbeau, survole la plaine d’herbe desséchée par l’été. Je plisse mes yeux bleus, intriguée. On dirait qu’il tient quelque chose.

Mais ce n’est pas lui qui hurle ainsi, d’ailleurs je ne l’entends même pas croasser, ce qui vient corroborer mon hypothèse qu’il a attrapé quelque chose. J’aperçois finalement la jument qui hurle des profanités peu gracieuses en galopant derrière le volatile. Je ne sais pas qui a une cervelle de moineau entre les deux mais je me pose un instant sur la berge d’un lac pour observer le spectacle, fascinée. Finalement, je reconnais la proie du corbeau : un ours en peluche rouge.

Soudain, la jument trébuche et s’étale de tout son long. Aïe ! Ça a dû faire mal. Je fais quelques pas vers elle pour venir m’enquérir de sa santé, lorsqu’elle se relève tant bien que mal. Elle semble déjà reprendre ses esprits et s’ébroue mais ne me voit pas lorsqu’elle jette un regard derrière elle pour voir l’origine de sa chute. Cela ne lui fait pas passer l’envie de poursuivre le volatile cependant et elle reprend sa course, sans succès. Je continue d’avancer vers eux, sans me presser.

Qui sait, le corbeau pourrait bien la faire tourner en rond, autant éviter de m’épuiser en les poursuivants tous les deux. Mais je crois que l’isabelle a bien besoin d’un coup de main alors je les rejoins quand l’oiseau se pose finalement sur la branche d’un érable rouge. De nouveaux cris résonnent dans la région et la jument s’égosille inutilement sous le regard vif du volatile. J’hésite, ne voulant pas m’attirer les foudres de la jument, avant de m’éclaircir la gorge.

« Bonjour, avez-vous besoin d’aide ? »

Peut-être que si elle arrêtait de crier et courir dans tous les sens, le corbeau se lasserait et laisserait tomber cet ours en peluche écarlate. On ne le voit presque plus parmi les feuilles rouges de l’arbre. L’oiseau ressort sur la branche, tout de noir vêtu et je repense à une fable que j’ai trouvée dans la bibliothèque de la Maison Hantée, avec un corbeau et un renard. Cela me fait sourire, j’ai bien aimé ce livre là. Mama m’a lu celle du lièvre et de la tortue aussi, c’est ma préférée !

Je me demande si la peluche dégage une odeur de vieux fromage, mais il semble évident que cette jument n’a rien d’une renarde. Cela fait beaucoup d’éléments dans les tons rouges dans ce décor déjà cramoisi par nature. Si l’inconnue n’a pas besoin d’aide, j’irais voir si mon tonton Hélium ne se cache pas dans l’un des lacs, à prendre un bain bien mérité. Après tout, il est alezan crins lavés, il pourrait bien se trouver dans cette exhibition de couleurs chaudes ! Il me manque.

Mon regard ne cessait de fixer avec fureur le corbeau qui était sur sa branche. Et lui, pendant ce temps-là, j'avais presque l'impression qu'il souriait de la situation. Mais un oiseau peut-il réellement sourire ? Un oiseau a-t-il la capacité de se moquer d'autrui ? A-t-il un cerveau assez développé pour cela ? Je ne saurais le dire. Bien sûr, je suis consciente que tous les animaux ont une intelligence commune, enfin un instinct commun : ils ne vivent que pour survivre. Je suis consciente aussi qu'ils ont des sentiments. La preuve, je suis un cheval, donc un animal et j'ai des sentiments. Donc pourquoi moi en tant que jument en aurais-je et non pas les autres ? Ce serait un comble tout de même. Et puis, ce n'est pas parce qu'un oiseau ne peut pas parler le même langage que nous qu'il ne l'est pas, selon moi. Alors oui, je suis parfaitement convaincue que ce piaf a fait exprès de me prendre ma peluche. Il a voulu se jouer de moi. Et il avait parfaitement réussi. Bien sûr que je pourrais me calmer et attendre qu'il se lasse, mais comme je l'ai toujours dit : je déteste le vol. Je déteste qu'on me prenne les choses que je considère miennes.

Ce corbeau me rappelait, étrangement, Final Act. Il me renvoyait les souvenirs de ce petit con qui était venu me voler mon fruit, dans ma bouche sans même se poser une seule question. Attirais-je les voleurs ? Je me posais réellement la question maintenant. J'attirais les abrutis, les voleurs ... Mais ne dit-on pas que nos fréquentations reflètent notre personnalité ? Je commençais à me poser la question dorénavant. Etais-je voleuse ? Je n'en avais pas l'impression. Etais-je abrutie ? A être impulsive comme je l'étais ... Sans aucun doute. Je ne réfléchissais pas avant d'agir, alors ça prouvait mon manque d'intelligence. Tout du moins, j'en étais consciente maintenant. Il fallait absolument que je change. Car un royaume ne possédant que des voleurs, des jaloux ou des abrutis n'attirerait sans doute jamais personne. Je voulais un grand royaume, alors il était hors de question que je laisse un piaf, ou même un abruti de neveu, changer tout cela. Mes plans ne tomberont jamais à l'eau à cause d'eux : je me le promettais. Un secouement de tête et je gardai mes oreilles dans ma crinière.

" Si vous êtes apte à parler aux volatiles sans cervelle, je veux bien ouais. " dis-je en grommelant dans ma barbe.

Je me retourne rapidement vers la voix que je venais d'entendre : une pouliche pie était présente. Sa robe me fit redresser les oreilles tandis que ma tête se penchait. Superbement étrange. Je n'avais encore jamais vu une telle robe. On avait l'impression qu'elle avait été plongée dans un seau de charbon pour ensuite avoir de la farine dessus. Elle était belle. C'en était presque enviable. Mais je m'étais promise de changer, donc il était hors de question que je laisse transparaître ma jalousie.

Je contemple le corbeau avec intérêt. Il n’est pas très bavard, car il a le bec occupé mais je ne peux m’empêcher de me demander ce qu’il aurait à dire, autrement. Je pense que les oiseaux noirs sont mal compris, personne ne prend le temps de les écouter mais il y a sûrement beaucoup à apprendre d’eux. Par exemple, si cette jument cessait de s’en prendre à lui et se calmait un peu, je suis persuadée qu’elle retrouverait son ours en peluche !

Mon regard bleu dérive sur la jument qui n’a pas l’air convaincue de l’aide que je peux lui apporter. Elle se retourne et m’adresse finalement un regard, l’air de me jauger. Je la laisse faire tandis que mon attention revient à la peluche qui l’intéresse. C’est étrange, de voir une adulte se mettre dans tous ses états pour un jouet d’enfant. Peut-être que le petit ourse rouge la rassure lorsque la vie d’adulte devient difficile, je veux bien le croire.

Ça n’a pas l’air facile d’être une grande personne, certains jours. Même si, au vu de son comportement, l’inconnue n’a pas encore atteint toute sa maturité. Ce n’est pas surprenant, cela prend du temps de grandir, je crois. Je ne sais pas, j’ai grandi très vite car j’ai toujours été entourée d’adultes. Ce n’était, en effet, pas toujours aisé. J’apprécie particulièrement les rares moments où je suis simplement une pouliche, la fille de mes parents.

Je me demande si cet ours en peluche lui rappelle ses parents, compense leur absence peut-être. Elle a l’air d’y tenir. Je crois qu’il y en a un à la Maison Hantée mais je doute qu’elle puisse se contenter d’un ours brun. M’enfin, il ne faut pas croire, les vrais ours sont redoutables, même s’ils ont l’air mignon et maladroits, personnellement un coup de patte de leur part ne me ferait pas rire ! On l’oublie trop facilement quand on voit un ourson…

Non pas que j’en ai déjà vu un en vrai, mais j’ai vu des images et ça m’a l’air très gros quand ça se tient debout. Un peu comme les humains je suppose, ça n’en a pas l’air mais c’est dangereux. Je bats des cils tandis que je reviens au corbeau en me faisant la réflexion que vu comme ça, un ours en peluche ça ressemble plutôt à un jouet de garçon. Mais je ne m’encombre pas de ce genre de distinctions peu pertinentes la plupart du temps.

« Je pense qu’il suffirait de le laisser tranquille et il finira pas le lâcher. Ce n’est pas comme s’il pouvait le manger. Vous, par contre, vous avez dû bien l’amuser. »

Il ne tardera pas à s’ennuyer, pour peu qu’on arrête de lui accorder de l’attention. Les corbeaux sont du genre à chercher une bonne distraction et je pense qu’ils sont doués pour en trouver. Mais malgré leur perspicacité, ils ne sont pas très courageux et la fainéantise les empêche de chercher activement une occupation. Ils saisissent des opportunités comme celle-là et s’en amusent allégrement. On fait tout le travail pour eux après tout.

Je ne suis pas convaincue que les corbeaux sont des oiseaux de mauvais augure, plutôt qu’on leur donne cette réputation car ils se jouent facilement de nous. Ils sont tellement bavards, c’est sûrement car ils ont quelque chose à nous dire et quelque chose d’important. Mais on ne les écoute pas et à cause de cela, on ne mérite pas d’être dans la confidence. Ils savent des choses, pourtant. Ils pourraient les partager, si on était prêts à l’accepter.

Malheureusement, il ne s’agit pas toujours de bonnes nouvelles, d’où leur réputation. Quant à leur régime alimentaire, eh bien, je peux difficilement défendre un charognard. Je mange de l’herbe, la putréfaction me soulève le cœur. Je soupire et me tourne à nouveau vers l’inconnue, qui a sûrement besoin d’une distraction pour ne pas continuer à s’acharner sur le volatile. Le soleil est haut dans le ciel et l’érable rouge projette une ombre bienvenue sur mon dos.

« Je m’appelle Kokoï, enchantée. Je pourrais vous présenter mon doudou et faire un goûter avec vous, malheureusement je n’en ai pas et je pense que vous sommes un peu grandes pour ça. Si mon familier sortait de l'eau, par contre, elle se goinfrerait allégrement. »

Je lui souris et mets un postérieur au repos. La tranquillité de la Région des Grands Lacs a repris ses droits et j’apprécie l’endroit paisible, le paysage majestueux qui s’étire sous mes yeux. Avec quelques branches dans mon champ de vision, les feuilles rouges de l’érable offrent un cadre agréable pour contempler les flancs du volcan au loin. Je reprends la parole sans regarder mon interlocutrice, plongée dans ma contemplation.

« Savez-vous comment aller jusqu’au volcan ? Ça m’a l’air d’un endroit tout à fait charmant. »

Une éclaboussure dans le lac le plus proche fait pivoter l'une de mes oreilles. Quand on parle du raton-laveur... Meeko se hisse sur la berge et flaire immédiatement un arbre fruitier au pied du quel elle va se poster. Elle est assise sur son derrière et tourne la tête dans ma direction, attendant patiemment que je vienne détacher quelques fruits pour un goûter bien mérité après sa baignade. Je souris mais attends la réponse de la jument avant de faire quoi que ce soit.

Pourquoi je m'attache autant aux objets superficiels ? Même moi, je ne saurai vous le dire. En réalité, j'ai l'impression qu'ils me raccrochent à une enfance que je n'ai pu avoir. Une enfance qu'on m'a volé lorsque mon père a disparu, une enfance qui s'est envolée lorsque maman s'est barrée avec ses conquêtes. J'ai grandi bien trop vite. Je les déteste. Je les déteste depuis ma plus tendre enfance, mais en même temps je leur en veux. Comment ont-ils pu m'ignorer aussi longtemps ? Comment ont-ils pu me zapper aussi rapidement ? M'ont-ils aimé une seule fois dans leur vie ? Ont-ils été fière une seule fois ? Je ne veux même pas le savoir maintenant. Je veux vivre ma vie, vivre comme je l'entends tout en les oubliant. Ils ne sont plus mes parents. Ils ne sont que des géniteurs, ceux qui m'ont permit de naître et de grandir comme je le souhaitais. Mais j'avoue une chose : j'aurais tellement voulu les connaître davantage. Connaître cette vie de famille que la plupart des poulains ont pu avoir. Oui, je suis jalouse et je l'assume parfaitement. Un jour cette jalousie disparaîtra, je me le promet de tout mon être.

Alors non, je ne laisserai aucunement cet oiseau de pacotille me voler cet ours. Comment l'avais-je trouver ? Si vous saviez. Bon okai, je vous le dis. En fait, je me promenais tranquillement sur l'île, ne me souciant des paysages qui défilaient. Et puis soudain, j'avais buté sur quelque chose. Au départ, je n'y avais pas vraiment fait attention mais lorsque des poils avaient caressé ma couronne, j'ai très vite comprit que quelque chose était étonnant. Alors j'avais fouillé. J'avais gratté le sable ocre des trompeuses et brutalement un ours bleu était apparu à mon regard. D'où venait-il ? Mon regard avait parcouru les environs mais rien n'était présent. Je comprenais réellement pas. Mais sans hésiter une seule seconde, j'allais le prendre dans ma bouche pour le planquer, malheureusement le corbeau était venu. Et il l'avait prit devant moi : comme Final me volant mon fruit. Je détestais tellement les voleurs. Alors la poursuite avait commencé. Mais maintenant qu'elle était terminée, je sentais mes muscles se réveiller. Cette poursuite m'avait vraiment fatigué.

" Très bien, j'attendrai le temps qu'il faudra dans ce cas. " Alors, il fallait qu'il s'ennuie pour lâcher l'ours ? Très bien, j'attendrai qu'il se lasse dans ce cas.

Les présentations commencèrent. Elle s'appelait Kokoï. Elle était beaucoup plus jeune que moi, c'était évident. Elle était Orpheline, son odeur la trompait. Son familier ? Qu'est-ce qu'un familier ? Les humains existent, les familiers aussi ... Le monde tourne vraiment autrement maintenant, j'avais du mal à le réaliser. Un goûter ? Si elle savait à quel point j'aimais cela. Celui de Rosie était si bon ... Mais effectivement, je n'avais plus l'âge dorénavant. Une seconde question apparut : un volcan ? Mon regard se porta alors vers le volcan non loin. Je ne connaissais pas encore le chemin pour y aller, mais il faudrait que je le cherche un de ces quatre. Il était temps que je découvre bien d'autres choses sur cette île : je la connaissais pratiquement par coeur maintenant. J'avais découvert les Galamus récemment ... Alors le volcan. Ca me ferait vraiment du bien de voir d'autres choses.

Ma tête se secoua sans que je ne m'en rende réellement compte. Elle était vraiment étrange sa robe. Ses paroles aussi. On aurait dit qu'elle était complètement dans son monde : sans doute car elle avait eu une vie banale de famille et avait grandi tranquillement. Ma bouche s'ouvrit tandis que je m'éloignais de l'arbre : cette pouliche était bien plus intéressante que l'ours.

" Enchantée Kokoï, moi c'est Hallelujah. Le goûter m'aurait bien plu contrairement à ce que tu penses, ça fait du bien parfois de retourner en enfance. Un familier ? Qu'est-ce ? " Puis finalement, mon regard se porte sur un raton-laveur, présent sur la berge. " Et le volcan, j'avoue qu'avant que tu n'en parles, je n'en avais aucune connaissance. Donc un chemin, ce serait difficile. "

Sujet: Re: Le corbeau et la peluche | Kokoï Lun 2 Sep 2019 - 11:05

La jument semble entendre raison, alors je lui souris. Mes prunelles bleues sont miroitantes comme l’étendue tranquille du lac le plus proche. J’inspire pensivement et reconnaîs la fragrance familière des Terres Trompeuses sur l’inconnue. Elle a l’air intriguée par la mention de mon familier et n’a apparemment jamais remarqué le volcan jusqu’à présent. Toutes ses émotions se lisent sur son visage et elle secoue la tête avant de s’éloigner de l’arbre en se présentant à son tour.

« J’ose espérer que je n’en suis pas encore sortie, de l’enfance ! »

J’éclate de rire et pointe mon antérieur dans la direction de Meeko, sur lequel le regard d’Hallelujah s’est naturellement porté. Les présentations ne sont pas terminées. Je fronce les sourcils que je n’ai pas en cherchant comment expliquer le lien que je partage avec le raton-laveur. Je n’y réfléchis pas souvent, nous sommes inséparables depuis notre rencontre, sauf quand Mama est dans les parages… Un léger soupir m’échappe finalement quand l’isabelle confirme ma déduction.

« Un animal qui t’accompagne un peu partout, voici Meeko. »

Nous nous approchons de la ratonne et elle se dresse sur ses pattes arrières pour tendre le museau vers moi. Elle renifle mes naseaux et j’éclate de rire, ça chatouille ! Je lance un dernier regard au volcan, dont je ne parcourrais pas les flancs aujourd’hui, avant de me tourner vers Hallelujah. Finalement ça me tente bien, un goûter ! Je surveille l’arbre dans lequel le corbeau est perché du coin de l’oeil, il a déjà l’air de s’ennuyer. Il ne devrait pas tarder à lâcher la peluche.

« Dans ce cas, mettons nous à la recherche d’un goûter digne de ce nom ! »

Sujet: Re: Le corbeau et la peluche | Kokoï Lun 9 Sep 2019 - 22:34

C'est dingue comme cette jument, ou plutôt pouliche, transpirait l'enfance. Cette enfance dont je ne pouvais même pas frôler l'ombre. Je ne me souviens même pas exactement de l'âge que je pouvais avoir actuellement, mais cette époque de ma vie me manquait tellement. Enfin, une partie que je n'avais eu la chance de tenir entre mes sabots ... Cette partie de ma vie qui avait été particulièrement gâché par l'absence de mes parents, par la haine de ma mère, et surtout le manquement de mon père. Sincèrement, parfois, je me demandais réellement comment ma vie avait-elle pu tourner de cette manière ? Comment mes parents avaient-ils pu m'abandonner à mon sort à un si jeune âge ? Je ne comprenais pas. D'accord, j'étais une pouliche exécrable, j'étais réellement détestable mais était-ce une bonne raison pour que mon père parte si facilement ? Est-ce une bonne idée pour une mère de m'abandonner de cette manière ? Je n'oserai l'imaginer et dans le fond, dorénavant, je m'en moquais. Je me vengerai d'une certaine manière, un jour. C'est une promesse que je tiendrais, sachez-le.

Lorsqu'elle parla de l'enfance et surtout du fait qu'elle espérait ne pas en sortir, je préférais me taire. A une époque, il est certain que je l'aurais incendié, que je lui aurais brisé ses rêves, mais étrangement ... Je n'en avais pas envie. Je n'avais plus envie d'être réellement méchante actuellement, en fait. Et je ne saurai vous dire la raison. De toute façon, il y en avait-il réellement une ? Bonne question. Je suis du regard l'antérieur qu'elle pointait vers le raton-laveur et penche une oreille lorsque j'entendis un soupir. Avait-elle des soucis ? Une pouliche de son âge a-t-elle des soucis ? Devrait-elle en avoir ? Elle ne semblait pas être princesse pourtant ... Alors, les soucis n'étaient que des choses non nécessaires à sa vie, n'est-ce pas ?

Finalement, lorsque la pouliche s'approcha du raton-laveur, je la suivis rapidement, oubliant presque le corbeau. Il allait se lasser de toute façon. Un animal qui nous accompagne partout ? Mais pour quelle raison ? N'était-ce pas un fardeau plus qu'autre chose ? Je me demande réellement ce qu'elle faisait avec un tel animal. Lorsque le petit animal mit en avant ses pattes et frôla les naseaux de la pouliche, je pince des naseaux. Bizarre, vraiment bizarre et ce n'était pas vraiment mon délire. Jamais je ne m'encombrerai d'un tel fardeau. Puis à la proposition de la pie grullo, j'eus un sourire plein de joie. Un goûter ? Oh oui bien sûr ! Ca me ferait tellement du bien. J'en ai tellement marre de ma vie d'adulte en ce moment. Alors, sans hésiter une seule seconde, je pris le trot et brutalement le galop vers l'horizon.

" Alors suis-moi si tu y arrives ! " criai-je en accélérant le galop.

Sujet: Re: Le corbeau et la peluche | Kokoï Ven 13 Sep 2019 - 5:54

Meeko bondit sur mon antérieur et grimpe jusqu’à mon épaule, où elle s’accroche aux crins qui commencent à pousser. Ce n’est pas très agréable et je grimace lorsqu’elle atteint enfin mon garrot, pour aller se jucher sur ma croupe. Nous faisons bien la paire toutes les deux, des êtres bicolores mais dont les teintes grisonnantes donnent un air monochrome à l’ensemble.

Mon regard se porte sur Hallelujah, dont la jolie robe isabelle sort de l’ordinaire sans pour autant détonner dans le paysage. Elle n’a pas l’air convaincue de l’intérêt d’avoir un familier mais je souris sans rien dire. Je peux comprendre que ce n’est pas au goût de tout le monde, avoir un animal qui vous suit partout, ou qui disparaît sans prévenir.

Des soucis en plus, une raison de s’inquiéter lorsqu’on a d’autres chevaux à fouetter, un familier c’est une responsabilité. J’étais surprise, lorsque Mama m’a laissée garder Meeko mais je ne m’en plains pas. Je repense à ma rencontre avec la ratonne, c’était avec tonton Hélium… J’espère qu’il va bien, je ne l’ai pas vu depuis si longtemps… Mama le cherche, moi aussi.

Hallelujah prend soudain le trot et s’emballe vers l’horizon. Je la regarde faire sans comprendre tandis qu’elle galope au loin. Que suis-je censée faire ? La poursuivre ? Ne voit-elle pas que je suis un peu trop jeune pour la rattraper ? Rien ne sert de courir en plus, nous ne sommes pas pressées et le corbeau non plus. Elle doit aimer courir…

« Hm… je lance un regard à Meeko. Tu n’en sais pas plus que moi. »

Je détourne la tête et lance un nouveau regard à la jument, bien campée sur mes jambes. Je suppose qu’elle finira bien par revenir. Peut-être qu’elle pourra m’expliquer ce qu’elle voulait faire, parce que je ne suis pas sûre de saisir ce qu’elle avait en tête. Il faut dire qu’en général, je prends mon goûter au Verger Tentateur, avec Papa parfois et ça ne se passe pas comme ça.

Sujet: Re: Le corbeau et la peluche | Kokoï Lun 16 Sep 2019 - 21:12

Le vent se faufilait dans ma crinière tandis que je continuais à galoper joyeusement. C'est dingue comme la perspective d'un goûter avec une jeune enfant pouvait me faire plaisir ... C'est d'ailleurs une chose que je comprenais pas tellement. A une époque, voir du monde et jouir d'un bonheur anodin m'étais complètement inconnu et surtout complètement incompatible avec mon style de vie. Et aujourd'hui, c'est comme si la présence et le contact des autres m'étaient indispensables, comme si j'avais besoin de cela pour être heureuse. Que se passait-il ? Je ne me reconnaissais réellement pas. Ca me ferait presque peur, mais il est hors de question qu'ils s'en rendent compte. Je n'étais et ne serai jamais vulnérable à leurs yeux, ce serait assumer ma faiblesse. Une princesse doit être aussi forte qu'un roi selon moi, voire bien plus forte en réalité. Elle doit pouvoir assumer les réalités du monde et ses responsabilités sans l'aide de personne. C'est sans doute pour cette raison que j'étais aussi imbuvable à une époque, mais surtout pour cette dernière que je refusais d'ouvrir mon coeur à quiconque.

Soudain, mes pensées furent interrompues par le silence qui régnait autour de moi. Elle ne m'avait pas suivi. Alors je repris le trot, le pas pour finalement m'arrêter et tourner la tête derrière moi. La pouliche et son familier étaient encore sur les rives du lac. Je penche la tête sur le côté, laisse une oreille se mouvoir vers eux et plisse des yeux. Pourquoi ne m'avait-elle pas suivi ? Avait-elle comprit mon intention ? Ou étais-je partie bien trop vite pour que ça monte à son petit cerveau ? La troisième option était sans aucun doute la meilleure. J'avais deux options : soit la laisser là et repartir comme si de rien était ou la rejoindre et lui expliquer mes intentions. Le premier choix serait celui que j'aurais fait à l'époque où la présence des autres me dérangeait, mais ainsi j'aurais loupé un fameux goûter d'enfance. Alors, le deuxième choix était plus judicieux. Délicatement, je repris le trot, le galop et les rejoignit avec un sourire faussement désolé. Je n'aurais sans doute pas du partir ainsi.

" Excuse-moi, parfois je peux me laisser vite rattraper par mes élans d'hyperactivité. " dis-je avec un petit rire.

Finalement, je m'arrête en face d'elle et observe les alentours. C'était tellement calme ici, c'en était presque hallucinant. Un bruit sourd se fit entendre et pose mon regard sur la branche. Le corbeau avait disparu mais la peluche était présente au pied de l'arbre. Alors rapidement, je pris le trot et la prit dans ma bouche, un sourire de conquérant aux lèvres.

" Ch'tu avais ch'raison, il l'a lâché ! " dis-je tout en la posant devant la pouliche, pour qu'elle puisse observer ma trouvaille.

Sujet: Re: Le corbeau et la peluche | Kokoï Ven 27 Sep 2019 - 3:06

Hallelujah se rend finalement compte que je ne l’ai pas suivie. Elle tourne la tête et je la vois qui nous observe, Meeko et moi. Elle a l’air aussi sceptique que moi, comme quoi il y a bien un malentendu quelque part. Elle est toute tordue de partout, la tête va dans un sens, une oreille dans l’autre et lorsqu’elle reprend le trot puis le galop pour me rejoindre, j’ai l’impression qu’elle le fait avec précaution. Peut-être qu’elle a des problèmes de dos ?

Je plisse les yeux lorsqu’elle arrive à ma hauteur. Son sourire n’a pas l’air sincère, comme si elle prenait la faute sur elle tout en étant persuadée que c’est de la mienne. Je garde le silence, cependant. Cela ne vaut pas la peine de revenir sur l’incompréhension qui est à l’origine de notre situation et je me contente de sourire tandis qu’elle rit et mentionne son hyperactivité. Ça, j’avais remarqué. Le corbeau aussi, a réalisé qu’elle l’a complètement oublié.

Il doit être vexé qu’elle soit partie dans une autre direction sans plus se préoccuper de lui car il a lâché sa peluche et a pris son envol vers d’autres horizons. Hallelujah s’empresse de récupérer son doudou, elle court vraiment dans tous les sens, un vrai poulet sans tête. C’est fascinant, comme le système nerveux fonctionne encore même après le décès de l’individu. Notre puissance cérébrale est insoupçonnée, songé-je avec un léger soupire, très discret.

Je laisse mon sourire s’agrandir face à la joie de l’autre jument et fait un signe de tête vers un bosquet. Ce n’est pas trop loin et je pense qu’on y trouvera bien de quoi grignoter.

« Super ! Il faut qu’on fête ça, viens allons voir par là s’il y a de quoi se gaver en l’honneur du doudou retrouvé ! »

Meeko s’agitte sur sa croupe tandis que je me dirige vers groupe d’arbustes. Je baisse immédiatement la tête pour fouiller sous le feuillage et trouver quelques baies. Il y a même des champis !

Je préfère rester prudente et éviter d’en consommer cependant, on ne sait jamais. Mon familier a sûrement tiré les mêmes conclusion car la ratonne se contente de collecter des baies dans ses petites pattes grises. Il ne nous faut pas longtemps pour avoir un bon amas de fruits entassés un peu plus loin et avec l’aide d’Hallelujah pour attraper quelques cerises, un peu plus hauts perchées, qui pendent des branches d’arbres, ce sera un vrai festin. A table !

« Miam, ça m'a l'air bon tout ça, déclaré-je lorsque tout est prêt. Bon appétit ! je reprends la parole après un moment de silence. Alors Hallelujah, qu'est-ce que tu fais de tes journées lorsque tu ne pourchasses pas des corbeaux ? »

Sujet: Re: Le corbeau et la peluche | Kokoï Mer 9 Oct 2019 - 20:00

Cela fait un certain moment que je change maintenant et je m'en rend compte à chaque jour qui vient. A une époque, j'avais très peur de ce changement, car j'imaginais devenir une jument que je ne voudrais pas. Hors, aujourd'hui, je me rend bien compte que ce changement fait de moi quelqu'un que j'apprécie réellement. Une jument que je veux devenir. Une jument qui n'a pas toute la méchanceté en elle, comme certains pourraient le penser, mais qui avait tout de même une certaine répartie. Vous m'attaquez, je me défend : ce qui est tout à fait logique me direz-vous. Mais ma défense n'est pas la diplomatie, oh non loin de là, c'est plutôt l'attaque en elle-même. Vous pensez que je suis le diable incarné ? Peut-être. Mais ne dit-on pas que l'Enfer est pavé de bonnes intentions ? Ne dit-on pas que le Diable était un ange déçu des cieux de base ? Alors, oui, j'étais devenue celle que je suis actuellement à cause de mes parents, à cause de la vie que j'avais pu avoir et surtout des choses que j'ai pu vivre. Ou alors peut-être mettais-je la faute sur les autres alors que j'en suis, pour une bonne partie, responsable. Je ne sais pas et je m'en moque parfaitement.

Je voyais bien que ma réaction avait un peu perturbé la jeune pouliche. Dans le fond, je pouvais la comprendre : c'est vrai que je suis plutôt compliquée à comprendre. Mon père n'y arrive pas, ma mère n'en parlons pas - elle s'est barrée avant même d'avoir essayé - et Fantôme ne comprenait pas toutes mes paroles. Alors ouais, je pouvais réellement la comprendre. Mais en vérité, je ne voulais pas la vexer ni même la rendre mal à l'aise. Cependant, j'avais été quelque peu vexée qu'elle ne me suive pas. On parlait calmement, je lui propose une petite course et elle ne me suit pas ? Ouais, c'était vexant. Ou alors peut-être étais-je trop gamine pour agir autrement ? Sans aucun doute. La gaminerie pourrait saouler certaines personnes, j'en suis consciente mais je vous avoue que je me sens réellement bien dans cet état. En effet, en étant gamine, cela me permettait de ne pas avoir trop de peine et surtout de faire en sorte que les situations me paraissent moins graves. Oui, je suis compliquée et chiante, mais j'assume parfaitement.

" Carrément ! Je commence à avoir la dalle en plus, donc ce goûter serait le bienvenu. "

Je lui réponds par un sourire amical tandis que je pose de nouveau mon regard sur elle. La petite pie se dirigeait vers un bosquet, accompagnée de la raton, et mon sourire s'agrandit lorsque je remarquai le petit amas qu'elles faisaient. Ca donnait tellement envie ! J'avais toujours aimé les fruits, en fait. Je me souviens de mon goûter au Verger avec Rosie et j'avais réellement apprécié tout cela. Le raisin, les pommes, les poires ... C'était la base. Les fruits sont bons, quelque soit la saison. Alors sans hésiter une seconde de plus, je prend le pas et me dirige vers mes deux compères. Des baies ... Elles semblaient tellement bonnes.

" Bon appétit à toi aussi et merci de cette trouvaille en tout cas ! " dis-je en prenant une première baie entre mes lèvres. " Je surveille mon futur territoire et essaie d'intégrer des gens ... Et toi, tu fais quoi avec ta petite amie à poil ? "

Sujet: Re: Le corbeau et la peluche | Kokoï Dim 13 Oct 2019 - 9:22

Hallelujah sourit beaucoup. Je me demande si elle a mal aux joues à la fin de la journée ou si ses zygomatiques sont habitués et elle ne sent même plus ses lèvres se redresser. C’est un peu mécanique comme expression. Est-ce que j’ai l’air d’un robot aussi à force de rester inexpressive ?

Je mâche tranquillement une baie et lance un regard intéressé aux cerises qui se balancent avec la brise. Je suis un peu petite pour m’en emparer et Meeko aura tout mangé avant de revenir à ma hauteur. La jument à mes côtés, par contre, est tout juste assez haut perchée pour les attraper.

« Ton futur territoire ? » il me semble qu’elle vient des Trompeuses… « Mais oui, Hallelujah bien sûr ! Pardonne moi, j’ai rencontré ton père j’aurais dû faire le lien. Il faut dire qu’avec la différence d’âge on risquait pas d’aller jouer ensemble dans le bac à sable. »

Je souris aimablement à l’isabelle mais un nuage passe dans mes yeux bleus. Je me souviens en effet de cette conversation avec Cyrius maintenant et ça ne me dit rien qui vaille. Il y avait comme une tension chez le dominant quand il a évoqué Hallelujah et depuis, il a rencontré Superbia, qui a donné naissance à Negan et Aelann. L’aînée n’était pas à la naissance.

J’hésite à lui raconter mes expéditions sur les terres dominées et la menace de Cyrius de la punir si elle s’était aventurée sur les Secrètes aussi, étant plus jeune. Mais je n’ai pas très envie de parler du territoire de Poséidon, alors je garde le silence. Il m’a bien dit qu’elle n’était pas toujours courtoise alors je ne vais pas tenter Aléas et évoquer un sujet sûrement épineux.

« Dis, tu veux bien attraper quelques cerises ? Elles me font envie ! » je désigne les fruits d’un signe de tête. « En général je me promène avec Meeko, on cueille des fruits justement. Je ne connais pas grand monde de mon âge et mes parents sont occupés alors je passe du temps avec le reste de ma famille. J’apprends plein de choses ! »

Sujet: Re: Le corbeau et la peluche | Kokoï Ven 18 Oct 2019 - 21:36

" Mon père n'aime pas beaucoup les bacs à sable de toute façon. En ce moment, il préfère les pouponnières j'ai l'impression ... Donc je comprend que tu n'aies pas comprit qui j'étais. " dis-je les dents légèrement serrées. J'aurai préféré qu'elle rencontre quelqu'un d'autre du troupeau, je le conçois. Mais on ne peut choisir. " Et oui, mon futur territoire. Mon père se fait vieux, donc le trône m'appartiendra quoiqu'il arrive. Malgré que j'ai de la famille. "

J'ai entendu beaucoup de choses sur le fait que Papa ait refait sa vie. Mais je m'en fiche complètement. Ce n'est pas des enfants nés d'un second mariage qui me prendront mon trône. Je suis sa première fille, donc je suis la légitime héritière du trône ... Enfin selon moi. Mais de toute façon, avec les années, je me suis entraînée pour l'avoir. J'ai beaucoup réfléchi, j'ai fait des plans dans ma tête, j'ai imaginé des scénarios et, de plus, j'ai essayé d'imaginer toutes les situations possibles. Superbia tient actuellement la place de Mère, mais elle n'aura pas la mienne. Papa pourrait me détester que je l'évincerais toujours de la même manière. Il est vieux. La vieillesse se cultive et s'élimine si facilement. Un accident est si vite arrivé, n'est-ce pas ? Un petit sourire naquit sur mes lèvres à cette pensée, mais bientôt je secoue la tête pour ne pas paraître suspecte. Cette pouliche ne me connaissait pas et il était hors de question qu'elle me cerne facilement. Bien sûr, les anciens connaissent mes plans, mais la prochaine génération devra les découvrir d'une toute autre manière.

Je suis au courant qu'il y a eu une naissance dans le troupeau, dans le couple royal, mais je m'étais interdite d'y faire partie. Bien sûr, je n'ai reçu aucune invitation, mais même si ça avait été le cas, je ne serais pas venue. Ces poulains ne faisaient pas partis de ma famille. Papa m'a renié de sa vie le jour où il m'a viré de la fête. Il m'a expulsé de sa famille le jour où il a choisi Superbia. Jalouse ? Pas complètement. Je suis juste complètement déçue. Si on m'avait dit quelques mois après ma naissance que mon père me détesterait, que ma mère tromperait mon père, que le trône serait si dur à avoir et que des naissances se feraient dans mon dos ... J'aurais sans doute rigolé. Mais aujourd'hui, je n'ai plus du tout envie de rire, j'ai surtout peur. Peur qu'on me prenne la place que je me suis faite, peur qu'on me prenne le trône qui me tend les bras et surtout peur que tout éclate autour de moi. Finalement, lorsque la pie me demanda de lui attraper quelques cerises : je hoche la tête et m'approche calmement vers le cerisier. J'adore les cerises. Elles sont rouges comme la passion mais ont le goût de la luxure. La luxure que je ne peux atteindre actuellement.

" J'adore les cerises. Ce sont l'un de mes fruits favoris, je pense. Avec les poires et les pommes. " dis-je pour finalement me cabrer un bout coup et arracher une branche fine du cerisier. Ceci fait, je la pose aux sabots de la plus jeune. " Pourquoi tu ne joues pas avec les poulains de ton âge ? Tu les trouves inintéressants ? Moi, j'avoue que je préférais les gens de mon âge plutôt que les adultes. Les adultes se prennent trop la tête, selon moi. "

En réalité, et je m'en rend compte aujourd'hui, j'ai toujours détesté les adultes. Ils se prennent la tête pour rien, ils jouent avec les sentiments des autres et ils ne pensent qu'à eux. Oh bien sûr, à une époque, je pensais beaucoup à moi mais maintenant, je suis certaine que des personnes peuvent passer avant moi. Un soupir passa mes lèvres tandis que j'avalai une cerise.

Sujet: Re: Le corbeau et la peluche | Kokoï Sam 2 Nov 2019 - 1:17

J’avais donc raison, l’absence d’Hallelujah à la naissance des jumeaux en dit long et elle le confirme à demi-mots. Elle semble ambitieuse et je lui offre un sourire candide. Je ne comprends pas trop pourquoi elle voudrait dominer, personnellement ce n’est pas mon plus grand rêve. Je rêve plutôt d’avoir mes deux parents un peu plus présents pour moi. Ils sont aimants mais ils sont souvent absents. Parfois je veux les suivre juste pour passer du temps avec eux, même si leurs rondes éternelles du territoire m’énervent. Je m’y ennuie.

« Très bien mais pourquoi vouloir de ce territoire ? Qu’est-ce qui te plaît dans l’idée de dominer ? »

Je bats des cils et me concentre sur la réponse qui ne tardera pas à arriver. Les cerises aussi alors j’observe Hallelujah avec intérêt et anticipation tandis qu’elle s’approche du cerisier. Elle partage mon appréciation du fruit, même si elle aime les poires et les pommes. Je crois que je préfère les poires mais les mûres sont aussi l’un de mes mets favoris. Hallelujah s’est cabrée le temps de penser cela et elle arrache une branche de cerisier qu’elle dépose aimablement devant moi. Je sautille, tout sourire. Elle a ses propres questions à me poser et je l’écoute d’une oreille distraite.

« Merci ! dis-je, la bouche pleine. »

Elle trouve que les adultes se prennent la tête. Peut-être, ils ne le font pas vraiment devant moi.

« Je ne connais personne de mon âge. Ce n’est pas par choix, je suis juste née entre deux générations. Mes parents étaient inquiets. »

Je mâche une cerise, cherche les mots et abandonne finalement. Ils ont pleins de raisons et je pense que la plupart ne regardent pas Hallelujah.

« Et maintenant je suis plus vieille que les nouveaux-nés et je suis de corvée pour les garder pendant que les adultes font leur trucs d’adultes justement ! Mais c’est plus intéressant d’aller avec mon tonton ou ma tata et mon parrain est super génial, je suppose qu’ils ne se prennent pas la tête avec moi. J’espère ! »

Sujet: Re: Le corbeau et la peluche | Kokoï Sam 2 Nov 2019 - 13:15

" Ce territoire appartient à mon père, donc je considère que je suis la légitime héritière. Tout du moins, je l'ai pensé tout le long de mon enfance, mais depuis la naissance de mes demi-frères, j'ai peur que cette place ne me revienne plus. " ma mâchoire se serre à cette énonciation, tandis que je secoue la tête et tente de trouver une bonne réponse à sa seconde question. " En fait, ce n'est pas tant le fait de dominer qui me plaît ... C'est surtout le fait d'être entourée de bonnes personnes et d'avoir des responsabilités. En réalité, je voudrais prouver au monde entier que la peste que j'ai pu être dans le temps a complètement disparu et que je pourrais être une Reine parfaite pour les Trompeurs. "

On apprend tous de nos erreurs, comme on dit. Et j'ai fait pas mal d'erreur dans ma jeunesse ... Pas mal qui ont fait en sorte que les gens me jugent beaucoup trop vite et ont du mal à enlever ce jugement de leur tête, malgré que j'ai pu grandir. A une époque, j'aurai eu du mal à les comprendre, je le conçois, mais aujourd'hui je comprenais parfaitement : c'est vrai que je n'y suis jamais allée de sabots morts. En effet, en étant plus jeune, j'aurai été capable de tuer quiconque s'approchant de mon père ou de son trône, j'aurai aussi été sans doute capable de cacher ce meurtre en un malheureux accident. Mais aujourd'hui, c'était bien différent. Aujourd'hui, je me suis rendue compte que la violence ne résolvait rien, loin de là, la simple stratégie permettait d'accéder à une telle place. La manipulation aussi. C'est pourquoi j'avais rangé mes armes dans un placard et arborer un sourire niais dés que je rencontrais quelqu'un. Oh bien sûr, la franchise ferait toujours parti de mon quotidien, puisque je suis une jument entière, mais j'avais apprit à calmer mes pulsions.

Lorsque la petite eut un sourire et se mit à sautiller en voyant la branche de cerisier à ses sabots, un petit rire sortit de mes lèvres. Elle était attendrissante cette gamine. Je n'aimais pas les poulains, ne les ai jamais aimé d'ailleurs, mais étrangement, cette gamine était différente. Elle semblait avoir un comportement adulte mêlé à celui d'une pouliche, tout en restant dans le corps d'une pouliche. Elle était mâture pour son âge, tout simplement et ça me faisait drôle. Ca me faisait drôle car je n'avais jamais été ainsi ... J'ai toujours été immature et puérile, alors ouais, voir une pouliche totalement contraire à moi m'étonnerait toujours. Lorsque la petite expliqua la raison du pourquoi elle n'était pas avec les jeunes de son âge, j'eus un hochement de tête. Je comprenais plus facilement maintenant. Dans le fond, ça ne doit pas être facile d'être entre deux générations ... On ne sait jamais comment vont réagir les autres, qu'ils soient plus jeunes ou vieux. Personnellement, je n'avais pas ce soucis puisque j'avais connu pas mal des jeunes de mon âge. Mais ce qui m'interloqua le plus, fut sans doute la fin de sa phrase. Ses parents étaient inquiets ? Mais pourquoi ?

" Inquiets ? Pourquoi ? Pourtant, l'île est assez sécuritaire pour les poulains, je trouve ... "

Cette curiosité finira par m'attirer de véritables ennuis un jour. Je l'ai toujours été, et je n'arriverai sans doute pas à me l'enlever. Bien sûr, parfois je devrais m'abstenir d'autant de questions ... Mais ma langue marche parfois seule. Finalement, je me cabrai une seconde fois pour prendre une branche de cerisier et commençai à en manger les fruits.

" Tu as bien de la chance, crois-moi. Personnellement, je n'ai pas arrêté de voir les adultes se disputer près de moi. Après, j'en étais aussi sans doute, sûrement même, la cause tu me diras. " terminai-je avec un sourire cynique.

Sujet: Re: Le corbeau et la peluche | Kokoï Dim 3 Nov 2019 - 6:45

Je penche la tête sur le côté tandis que je contemple la logique d’Hallelujah. Cyrius s’est emparé des Terres Trompeuses après une longue conquête de son troupeau afin de se montrer digne de Zeus. Qu’a-t-elle fait, pour prouver qu’elle le mérite ? Sa naissance est-elle suffisante ?

Mama a mentionné, une fois, qu’Hadès ne s’est pas opposé à mon héritage lorsqu’il a reconnu mes parents comme méritants de son territoire. Ça ne signifie pas que je dois devenir dominante après eux, simplement que je peux. Comment, pourquoi ? Aucune idée. Je m’en soucie peu.

Mais quelle est la légitimité de la progéniture d’un dominant, finalement ? En quoi le territoire nous revient-il plus qu’à un autre membre du troupeau ? Le plus important n’est-il pas le bien-être, l’intérêt de ce dernier après tout ? Je comprends l’attrait des responsabilités pour l’isabelle.

« Je ne suis pas certaine qu’une position de pouvoir attire nécessairement les bonnes personnes… soufflé-je. »

Papa et Mama sont méfiants, ils ne font pas confiance à la chair de leur chair et leurs proches sont triés sur le volet, parmi ceux qui ne savaient rien de leurs ambitions et ceux qui les ont partagées. J’observe Hallelujah et me demande si elle est une bonne personne ou non avant d’ajouter.

« Alors dis moi, qu’est-ce que la dominante parfaite ? »

Je suppose que ce n’est pas une reine, déjà. Les territoires ne sont pas des royaumes, il ne s’agit pas de régner sur eux. En tout cas, ce n’est pas comme cela que mes parents voient les choses et je suis grandement influencée par leur état d’esprit, naturellement. Ils veillent sur un troupeau.

Je me referme un petit peu sur moi-même lorsqu’Hallelujah s’intéresse à l’inquiétude de mes parents et décide de hausser les épaules. Horse-Wild en soi n’est pas plus dangereux qu’ailleurs mais les êtres qui y rôdent… Mama a beaucoup de souvenirs et de superstitions, aussi.

« Je ne sais pas, des soucis d’adultes sûrement. »

J’avale une dernière cerise tandis que Meeko revient vers moi et se juche sur ma croupe. Elle se roule en boule, tout à fait à son aise parmi mes tâches souris. Hallelujah a encore faim apparemment et je bats des cils tandis qu’elle déclare que je suis chanceuse, décidant de ne pas répondre.

« Nous ne sommes pas là pour comparer. Le verre est-il à moitié plein, ou à moitié vide ? Cela dépend grandement de l’individu et on finira bien par le boire alors à quoi bon se poser la question ? De toute façon, on pourra le remplir ensuite. »

Sujet: Re: Le corbeau et la peluche | Kokoï Dim 24 Nov 2019 - 4:18

Sujet: Re: Le corbeau et la peluche | Kokoï Mer 27 Nov 2019 - 0:02

[désolée je n'avais pas vu ta réponse.]

En réalité, le pouvoir a toujours été la première brique à mon château ; il me permet de vivre la vie que j'ai toujours rêvé. Bien sûr, certains pourront sans doute considérer que ma vie n'a pas réellement de buts, qu'elle est simplement dictée par mon ambition. Mais ne dit-on pas que l'ambition permet de faire de certaines personnes banales, des personnes extraordinaires. Regardez J.F.Kennedy par exemple, sa famille entière guidait les états-unis et c'est sans doute pour cette raison qu'il l'a fait aussi, mais lui il voulait changer les choses, il voulait dominer un monde qui n'était pas encore le sien. Il a été assassiné, malheureusement pour lui, mais il eut une vie des plus fantastiques selon moi. Si j'imagine ma mort ? Quelques fois, en effet. Parfois, je me vois gouverner le troupeau de mon père et me faire massacrer par des étalons qui l'ont aidé. D'autres, j'imagine un cheval dans mon dos et me balancer dans un fossé sans que je ne m'en rende réellement compte. Si j'ai peur ? Aucunement. En ayant cette ambition, j'ai parfaitement accepté le sort qui en résoudrait.

L'unique phrase contradictoire à mes paroles me fit tiquer : je pensais qu'elle était différente des autres, mais pas du tout. Elle était exactement comme les autres. Elle ne comprenait pas mes ambitions, elle ne comprenait pas mon envie de gouverner. Mais en même temps, personne ne le comprenait. Mon père, lui-même, refusait catégoriquement de comprendre ce que je vis. Est-ce pour cette raison qu'il était parti durant mon enfance, presque entière ? Est-ce pour cette raison qu'il avait chialé le départ de mère et était allé dans les sabots d'une autre jument, au bout de moins d'une année ? Et surtout, est-ce pour cette raison qu'il me reniait presque ? Je ne saurais le dire mais finalement, je m'en foutais royalement. Je n'ai pas besoin de mauvaises personnes pour vivre : ne dit-on pas qu'on est mieux seuls que mal accompagnés ? J'en étais convaincue. Finalement, je secoue la tête. Elle ne deviendra jamais mon amie et je m'en moque, ce n'est qu'une gamine qui vit dans un monde utopiste, sans aucun doute.

" Pour moi, être dominante c'est pouvoir gouverner sur un peuple qui te respecte. Il n'est pas obligé de m'aimer, simplement me respecter. Et je le ferai sous la crainte, si besoin. Mais surtout pouvoir gouverner sans prétendre aux états d'âme des autres. On naît seuls et on le restera selon moi. " dis-je en lui adressant un sourire convaincu.

Je pouvais paraître sadique, sans coeur ou cruel mais je m'en moquais. J'étais comme j'étais et surtout je resterai ce que j'ai toujours été. On peut m'aimer autant que me détester, c'était exactement pareil pour moi. Ne dit-on pas que les dirigeants les plus détestés sont les meilleurs car ils sont crains ? Sans aucun doute. Finalement, mon regard se posa sur la ratone qui venait de se poser sur la croupe de la pouliche et je penchai la tête. Ouais, elle était réellement différente de moi. Et bizarrement, un malaise venait de se créer entre nous alors je décidai de mettre un fin à tout cela.

" Tu as raison. " Puis je m'écarte d'elle. " C'est étrange : on s'entendait bien et là, y a un froid. Après je m'en moque, mais j'ai bien senti que ma vision te gênait. Donc je pense que le mieux à faire est de reporter ce petit déj', tu ne penses pas ? " dis-je avec une pointe de fausse sympathie.

Sujet: Re: Le corbeau et la peluche | Kokoï Mer 27 Nov 2019 - 8:59

Hallelujah secoue la tête, l’air contrariée. Je ne comprends pas ce qui a provoqué une telle réaction et l’observe, les yeux plissés. Elle ne s’explique pas et j’écoute sa conception de la dominance en me demandant comment elle compte gagner le respect de son troupeau si elle part du principe qu’il lui revient de droit. C’est contradictoire mais elle se contrefiche de toute évidence des autres. Je pense qu’elle est avide de reconnaissance. Elle est le genre de personne qui abusera de son pouvoir.

L'isabelle est convaincue et c’est un peu triste, car elle n’a vraisemblablement aucune idée d’à quel point elle se met le sabot dans l’oeil. Je soupire et l’atmosphère change. Hallelujah s’est rendu compte de mon indifférence, a compris que malgré l’intérêt que je porte à la conversation cela s’arrête là. A-t-elle remarqué qu’elle ne sait rien de moi après tout ça ? Je ne crois pas, elle est bien trop centrée sur elle-même pour le réaliser. Je hausse les épaules, insensible à son manque de sincérité.

« Ouai. »

Je hoche la tête en guise de salutation et m’éloigne, désinvolte.
C’est toujours un goûter de pris.

» Maîtresse Corbeau - No Thirteen
» Satan est là [pv — Kokoï]
» Roule ma poule [pv — Kokoï]
» There's no hiding for me ; ft. Kokoï & Fifa
» Tribu [pv — Fifa & Kokoï]