Party in the Garden

Tu peux la trouver ancrée sur ma peau. Tous les soirs elle reprend des couleurs, elle te fera péter les plombs. La folie Arcadienne ! Tu peux tomber dessus dans le métro, elle se joue solo ou à plusieurs. Elle te fera parfois perdre la raison. Est-ce que tu ressens les pulsations ? Tape, tape sur la caisse, fais résonner le son ! Est-ce que tu sens monter la pression ?

Quatre ans. Ca fait déjà quatre ans que je suis sur cette Terre. Je ne m'en rend vraiment pas compte, ou alors peut-être un peu, et ça fait vraiment étrange. Je me souviens encore des jours heureux de l'Enfance. Ces jours où je vagabondais dans des endroits que je ne connaissais pas encore. Je me souvenais parfaitement de la sensation douce et étrange de l'herbe sur mes jambes encore frêles, de ce vent que je découvrais entrant dans mes pavillons tous neufs ainsi que de ce soleil entrant dans mes pupilles toutes enfantines. De drôles de sensations, certes, mais c'était tellement agréable. Je crois que ce dont je me souviendrais le plus est sans doute l'amour présent dans le regard de mes parents, que ce soit pour moi ou tout simplement pour eux. De cet amour qui naissait à chaque parole qu'ils avaient. Je les surprenais parfois dans des câlins assez adultes, mais je m'en moquais. Ils me permettaient de voir l'amour, le véritable, dans l'âme de deux adultes. Ouais, ça faisait réellement du bien de ressentir cela. Malheureusement, cet amour disparu bien rapidement à cause de ma mère. Elle le détruisit aussi rapidement qu'elle l'avait fait naître. Elle brisa le coeur de mon père, avec un sourire de veuve effrontée et alla voir ailleurs sans même songer au mal qu'elle faisait. Elle avait véritablement brisé mon enfance. Heureusement, ou malheureusement, grâce/à cause d'elle je suis devenue adulte bien trop rapidement.

En vérité, quand j'y pense, je n'ai pas de véritables souvenirs de mon enfance avec mes parents. Ou tout du moins, avec eux réunis. Mon père ayant disparu un certain temps sans que je comprenne pourquoi. Et ma mère allant voir ailleurs ... Ouais, j'ai eu une famille à chier, réellement. Bien sûr, je suis heureuse d'être née Princesse, puisque je pourrais tout faire pour obtenir le trône, mais ma vie de famille ne fut pas la plus belle. Ne dit-on pas que les enfants de riches ne sont sans doute pas les plus heureux ? Ne dit-on pas que le pouvoir ne résout pas tout ? Que la royauté ne fait pas en sorte que la famille est la plus belle ? Je l'ai réellement vécu. Ma famille fut sans doute la pire. Je n'ai réellement jamais connu l'amour de ma mère. Elle m'a aimé quelques temps car j'ai remplacé Saltan, mais sinon plus tard ? Non, je ne pense pas qu'elle m'ait aimé de tout son coeur. Mon père ? Je ne saurai le dire. Quand il me dit je t'aime, j'ose lui offrir le bénéfice du doute, mais à disparaître ainsi pendant toute mon enfance ... M'a-t-il seulement aimé quelques instants dans mon enfance ? Ai-je été si dure à élever pour qu'il veuille fuir sa famille et voir ailleurs ? Sans doute. Mais aujourd'hui, je ferai tout pour arranger cela. Je le protégerai, je ferai tout pour lui, pour mériter son amour, sa fierté et qu'il m'offre ce trône que je désire tant. Mais moi ? L'aimai-je réellement ? Je ne saurai le dire. Je sais seulement que je suis heureuse quand il est là.

Un regard autour de moi et un sourire mi-figue, mi-raisin se dessina sur mes lèvres. Il faisait étrangement beau aujourd'hui. L'hiver était toujours là, on pouvait le distinguer sur les paysages. La neige était quelques fois présente sur quelques arbustes, tandis que les bourgeons naissaient difficilement sur les branches de certains fruitiers. En réalité, le printemps tentait de faire sa place, mais l'Hiver était bien trop fort. Je déteste l'hiver. Il fait froid, le ciel est gris et les journées paraissent tellement courtes. Etant quelqu'un de joyeuse, mais surtout énergique de nature, je déteste demeurer dans la nuit. Que voulez-vous faire dans l'obscurité, sincèrement ? Enfin quelque chose d'intéressant quoi. Un pas en avant et je me mis en marche. Où j'allais ? Je ne savais pas vraiment, mais j'avais besoin de bouger. J'en avais marre de rester sur les Trompeuses, je les connais trop par coeur pour qu'elles demeurent intrigantes. Les paysages défilèrent tandis que les terrains changeaient. Finalement, au bout d'un certain temps, je me retrouvai dans le Verger Tentateur des terres Orphelines. Un fin sourire se dessina sur la commissure de mes lèvres. N'avais-je pas un goûter de prévu avec Rosie ? Une voix me le rappela et j'eus un rire à mon tour en distinguant mon amie mangeant des fruits. Je m'approchai avec joie, la queue en panache et les oreilles en avant.

" Est-ce vraiment utile de se goinfrer par pur égoïsme ou plus de m'attendre et donc de profiter davantage du temps ? " prononçai-je en m'approchant davantage. " Et des potins bien évidemment ! "

Un petit rire sortit de mes lèvres tandis que je pris une poire qui traînait sur le sol. Je la mangeai tranquillement tout en observant autour de moi. Ca faisait du bien de revoir la grisette. Elle m'avait réellement manqué. Mais est-elle encore une amie ? Ou joue-t-on à un jeu dangereux de manipulation toutes les deux ?

Si tu savais son histoire, partie de la Soufrière, emportant quelques vêtements chauds pour cette terre de convoitise. La haine et la neige comme découverte, et les visages se glacent face au spécimen d’Outre-Mer. En cette pleine période d’exode qui accompagne l’exil, commence un triste épisode lorsqu’il débarque des îles, pour finir empilée sur l’armoire du foyer, témoin du gain dur à envoyer. Souvenirs ternes d’une employée fidèle toujours à la traîne derrière cette employée modèle.

Vous savez, quand je commence à faire une rétrospective de la courte vie que j'ai pu avoir, je me rend compte que je n'ai pas eu beaucoup d'amis. Certains pourraient prendre cela comme une force, d'autres comme une faiblesse. Moi, je ne sais pas réellement comment le voir. Au départ, quand j'étais gamine, j'avais beaucoup de mal. Comment pourrais-je survivre dans ce monde sans amis ? Comment pourrais-je vivre dans un royaume sans amis ? Comment pourrais-je avoir un bras droit si je n'ai pas d'amis ? Maintenant, c'est différent. Maintenant, je me rend compte que j'ai vraiment besoin d'être entourée, j'ai besoin d'avoir quelqu'un avec moi. Je ne voudrais pas spécialement une vingtaine d'amis, mais seulement quelques uns qui m'entourent assez pour que je puisse jouir d'une vie normale. Bien sûr, je connais parfaitement l'hypocrisie des autres autour de moi. Je connais les histoires que l'on raconte sur moi, mais ils ne connaissent même pas un centième de ce que je sais. Ils ne connaissent pas un centième de ma vie personnelle, de mes envies, de ma personnalité. Ils préfèrent juger les erreurs que j'ai pu faire dans le passé. Ils préfèrent rester dans le passé et me détester ... Ils détestent la gamine que j'étais et haïssent l'adulte que je suis sans même remarquer les changements que j'ai pu opérer. De toute façon, ils ont toujours été comme ça. Le changement n'existe pas selon certains, mais ça c'est parce qu'ils ne me connaissent pas.

J'étais une peste à une époque, j'en suis bien consciente. Je suis bien consciente que j'étais exécrable, que je faisais vivre des moments atroces à certaines personnes. Je ne comprends même plus pourquoi j'étais comme ça à cette époque. Etait-je en manque de confiance ? Fallait-il que j'ai de la considération de certaines personnes ? Fallait-il que je fasse vivre des choses détestables aux autres par jalousie ? Mais jalouse de quoi ? Je suis tout de même une enfant de roi, une princesse, alors je ne comprend pas. Certaines personnes diront que c'est la jeunesse qui m'a fait faire cela, d'autres que je ne changerai jamais. Je ne saurais vous le dire. Je sais juste une chose c'est qu'en étant gamine, je n'avais qu'une idée en tête : régner en renversant mon père. Je le détestait d'avoir quitté maman, je détestait maman de l'avoir trompé. Mais maintenant, tout est différent. Maintenant, je me rend compte que toutes ces idées étaient complètement débile et surtout irréfléchie. Bon bien sûr, je ne perd pas mon premier objectif en vue. Mais dorénavant, j'en ai plusieurs en tête et beaucoup plus importants. Dont mon père : il devient vieux, je sens la mort à quelques pas de lui. Oh il est encore très vigoureux, mais vous avez bien vu l'âge qu'il a. Alors je le défendrai quoiqu'il advienne, je le protégerai autant que je le devrai. Si je mourrais ? Je m'en fous totalement. Je défendrai Superbia aussi, même si je la déteste un peu. Peut-être qu'en faisant cela, j'aurai une place sur le trône. Mes yeux se posèrent sur Rosie et un sourire naquit sur mes lèvres.

" Je suis une opportuniste, certes, mais je te rappelle que c'est toi qui m'a proposé un goûter dans ton verger. Donc une invitation ne se refuse pas il me semble, surtout quand elle vient de quelqu'un qu'on apprécie. " dis-je avec un sourire taquin.

On ne m'invite qu'une fois pas deux, personnellement. J'aurai pu dire que ça me faisait plaisir qu'une amie m'invite, mais je ne sais même pas encore comment considérer Rosie. Bien sûr, je l'apprécie beaucoup. Elle est douce, intelligente et gentille, mais je n'arrive pas à la cerner. Et si elle aussi, était une hypocrite ? Et si elle ne m'appréciait pas réellement ? Et si elle avait seulement pitié de moi ? Faut que j'arrête de me prendre la tête, mais j'ai tendance à le faire quand je commence à m'attacher à quelqu'un. Et ça me saoule, ça m'en fout des migraines alors ouais faut que j'arrête un jour. Finalement, mes yeux observèrent autour de moi et j'eus un petit rire à la question de la grise. Si j'avais des potins à raconter ? Sans doute. Pas des énormes bien évidemment, mais des suffisants pour faire sourire certaines personnes, pleurer d'autres et rire la plupart. Alors j'hoche la tête, finis ma poire et m'approche de l'arabe.

" Quelques uns. Pas des plus importants, mais des intéressants ouais. " Pour finalement prendre une grappe de groseilles. " Mon père s'est mis avec une jument dénommée Superbia et j'ai failli crever devant les yeux d'un superbe étalon gris/rouan. " Un petit sourire en pensant à Aurore Opéra. " Et toi ? Quoi de beau depuis le temps ? "

Ouais la vie nous sépare mais je te vois ouais. Chaque fois plus proche de moi. Des heures, des jours, des mois je ne sais pas si loin de moi t’es toujours là. Ouais la vie nous sépare mais je te vois ouais, chaque fois plus proche de moi. Des heures, des jours, des mois loin de toi t’es toujours là. Oualinanana oh oh oh oualinanana !Un an de plus et malgré moi, je reste loin de toi ah ah ! Un an de plus à user mes petits doigts : ouais rien, rien que pour toi.

Délicatement, mon regard se pose autour de moi et j'observe réellement le paysage. C'est dingue comme cet endroit est complètement différent des paysages que je vois régulièrement dans mon propre territoire. Oh bien entendu, aux terres Trompeuses nous en avons des beaux aussi : comme le Golfe d'Emeraude. Je crois que je n'ai jamais vu un endroit aussi beau. Ce golfe est magnifique ... Nous pouvons voir l'eau turquoise venir jusqu'à nos sabots, tandis que le sable d'or glisse avec le vent. C'est tellement beau quand on y pense. Je comprend mieux maintenant pourquoi maman et papa m'ont conçu là-bas. Quel est le meilleur endroit que ce golfe pour vivre un tel moment romantique ? Quel est le meilleur endroit pour vivre dans le calme ? Mais surtout, quel est le meilleur endroit pour méditer sur notre vie ? Nul part ailleurs, j'en suis certaine. Bon, je ne suis pas comme Maman et Papa, personnellement. Je l'aime bien, certes, mais y rester pendant des heures ça m'emmerde sincèrement. Voir des oiseaux voler à longueur de temps, voir des vagues déferler mais surtout des poissons nager ... Pour certains c'est reposant, pour moi c'est vraiment ennuyeux. Moi j'ai besoin que ça bouge, j'ai besoin que ça vive. Je suis quelqu'un d'explosif, alors si je ne vois aucun mouvement, beh j'explose et je suis de mauvaise humeur. Donc ouais, croyez-moi, il faut réellement que la vie soit présente. C'est sans doute pour cette raison que je ne cesse de galoper dans tous les territoires.

Mais ce verger était différent. Une toute autre ambiance était présente que dans celle des Trompeuses. Je ne saurais comment l'expliquer, mais on avait l'impression que le temps avait cessé de s'écouler dans cet endroit. J'ai l'impression que le monde a cessé de tourner et que le climat n'est pas vraiment le même ici. En effet, on pouvait distinguer des restes de neige, des restes d'hiver froid ... Alors que dans les Trompeuses, la chaleur a été telle que la neige a complètement fondue depuis que le Soleil a émergé. Je crois que je ne l'ai pas connu bien longtemps la neige ... J'aurai bien voulu pourtant. J'aurai voulu pouvoir me rouler dans la neige, pouvoir jouer dedans comme une pouliche découvrant le monde, mais non, ma vie a été telle que je n'ai pas pu malheureusement. Mon enfance a été détruite depuis ce que maman a fait. Elle a tout détruit en quelques secondes. Comment a-t-elle pu faire cela ? Je ne la comprendrai jamais, je crois bien. Soudain, une phrase de Rosie me fit tilter. Mes oreilles se plaquèrent dans ma crinière et je secouai la tête. Elle avait rencontré Final. Elle n'aurait jamais du le rencontrer. Sa bonté, sa beauté intérieure serait bafouée par cet énergumène. Non, elle n'aurai jamais dut. Finalement, je redresse les oreilles et m'avance vers un buisson empli de baies savoureuses. Elle n'y ait pour rien. C'est lui le petit con, pas elle.

" Ce n'est que mon neveu par adoption. Et pour être drôle, il l'est. Mais c'est surtout un voleur de pacotille et un usurpateur d'identité. " dis-je en réprimant ma colère.

Je le déteste. Et pourtant, quand on y pense, il n'a pas fait grand chose : il n'a fait que me voler mon fruit il y a de cela des années. Mais je pense, que ce n'est pas seulement son vol qui fait que je le déteste, mais plutôt qu'il soit le fils de Commedia. C'est elle que je déteste. Elle se pense être la fille de Cyrius, mais elle n'est qu'une opportuniste selon moi. Elle n'a fait qu'empiéter dans la vie de mon père pour ensuite s'y immiscer délicatement et donc faire en sorte qu'il l'aime. Elle le manipule, tout simplement. Et puis ... J'ai entendu parler de sa réputation. Et je ne sais pas, quand on a une telle réputation, on ne devrait être la fille d'un dominant. Moi, au moins je ne suis pas comme elle. Après peut-être que tout ce que j'ai entendu est faux, mais j'en doute. Elle a bien la tête de l'emploi. Finalement à la seconde question, ou plutôt affirmation, de Rosie j'eus un petit rire. C'est vrai que j'ai tendance à me mettre dans de sacrés beaux draps. Je me souviens la première fois où j'ai rencontré Rosie. Je suis tombée comme une imbécile dans une grotte et me suis fait mal. Ouais c'est assez drôle quand on y pense. J'avale une grappe de baie pour ensuite secouer la tête.

" Beh en fait, je me promenais tranquillement dans la forêt des braises et j'ai vu un cadavre dans un arbre. J'ai voulu le faire tomber et BIM le voile qui le transportait m'est tombé dessus. Je voyais plus rien et je suis tombée dans un trou, comme une abruti. " dis-je en ayant un petit rire. " Sorrow ? Le Papi qui s'est tapé ma mère ? Oh mais raconte-moi tout, je veux tout savoir ! "

Dans leur cœurs est gravée une infinie tendresse. Mais parfois dans leurs yeux se glisse la tristesse. Alors, ils viennent se chauffer chez moi et toi aussi tu viendras. Tu pourras repartir au fin fond des nuages, et de nouveau sourire à bien d'autres visages. Donner autour de toi un peu de ta tendresse, lorsqu'un autre voudra te cacher sa tristesse.

L'hiver ... Je n'ai jamais aimé l'hiver. En même temps, avec deux parents issus d'une origine perse, c'est un peu logique, non ? Comment voulez-vous qu'une famille " sudiste " aime l'hiver, mais surtout la fraîcheur. Je pense que je ne comprendrai jamais les chevaux aimant l'hiver, aimant la neige et surtout les températures fraîches ? Comment pouvait-on aimer le fait de trembler ? Le fait de suer quelques heures seulement après un léger galop car notre poil est trop épais ? Comment pouvait-on aimer devoir chercher l'herbe sous une épaisse couche de neige ? Et surtout ! Le pire dans tout ça ... Comment pouvait-on apprécier notre silhouette d'ours polaire avec nos poils trop longs, alors que nous avions auparavant une silhouette svelte ? Ouais, non, sincèrement je ne comprendrai vraiment pas. Moi, je suis plus apte à vivre dans la chaleur, dans des lieux où le Soleil ne cesse de se lever, et surtout des endroits où la vie rime avec des galops dans des pampas asséchées. Bien entendu, certaines personnes pourraient me dire que la chaleur fait mourir les chevaux, que l'herbe est d'autant plus compliquée à trouver lorsqu'elle brûle mais aussi quand l'herbe la recouvre. Mais moi, sincèrement, j'aime ce genre d'endroit, ce genre de climat. Je ne saurai réellement vous dire pourquoi, car moi-même je ne trouve une raison, mais j'ai l'impression de vivre la vie que Maman a eu à une époque. Comme si je voulais découvrir son passé ...

En fait, à une époque, je me moquais pas mal du passé de mes parents. Mais actuellement, je voulais en savoir davantage. Je voulais connaître les envies de mon père, je voulais connaître son passé, mais surtout les origines qu'il avait pu avoir. Est-il réellement né sur cette île ? Ne connaît-il réellement rien du passé de ma mère ? Ne savait-il réellement pas ce qu'elle avait eu derrière la tête ? Je suis sûre que non. Et ça, j'ai bien envie de le savoir. J'ai bien envie de le découvrir. J'ai envie de découvrir le passé de mes terres, mais surtout quels cadavres on y cachait. Y'en avait-il sous les ronces ? Ou alors sous les roches rouges ? Ou alors dans le Golfe ? Certainement. C'était même une obligation. Mon père ne peut devenir roi sans aucun squelette dans un placard n'est-ce pas ? Il ne peut être aussi saint qu'il le dit. En tout cas, une chose est sûre, quand j'obtiendrai ce trône, des cadavres joncheront le sol à mes pieds. Celui de Final Act en premier d'ailleurs : ce gnome n'a rien à faire sur cette île. Il n'est même pas l'enfant d'une jument née sur cet endroit, alors il n'a aucun droit. Finalement, je pose mon regard sur Rosie et fronce légèrement les " sourcils ". Un voyeur ? Mais de quoi parlait-il ? Après tout, ça ne m'étonnait pas réellement, mais ça piquait ma curiosité. Alors, je hoche pensivement la tête et ouvre la bouche.

" Il n'est doué en rien, à part sans doute s'attirer des ennuis. Il n'est qu'une erreur de la Nature selon moi. Mais voyeur ? Que veux-tu dire pour cela ? " dis-je avec une curiosité malsaine.

En réalité, je me demande comment Papa avait pu accepté d'avoir Commedia en tant que fille adoptive. Cette jument est pourtant bien trop souillée pour être dans son arbre généalogique. Et une jument blonde au corps de vache surtout ... Trop gentil. Il était bien trop gentil selon moi. Si j'avais été à sa place ? Je ne l'aurai sans doute jamais accepté. Mais vu ce que j'entend sur elle, je pense qu'elle l'a manipulé avec ses yeux de biche pleurante. Je la voyais réellement faire ça. Genre, elle se ramène sur cette île, faisant semblant de boiter et tombant comme " par hasard " sur mon père. Là, elle tombe sur le sol en pleurant, sous les traits d'une pouliche apeurée et demande où elle se trouve. Mon père lui explique, il lui demande d'où elle vient et les années passent. Elle l'a complètement hypnotisé. Une comédienne, c'est sans doute pour cette raison qu'elle avait ce prénom. Finalement, je secoue la tête et laisse un profond rire, amusé, sortir de ma bouche. Un cheval volant ? Non mais qu'est-ce qu'elle pouvait s'imaginer ? Après, j'y repense et je me rend compte que je n'avais pas réellement été explicite. Alors je secoue la tête pour reprendre mes esprits et plaquer mes oreilles à la fin de sa phrase. Un demi-frère, elle n'était donc pas au courant des rumeurs.

" C'était pas un cheval volant voyons ! C'était un espèce de bipède venant du ciel avec un espèce de voile et un casque sur la tête. Je sais pas d'où il venait mais vu la décomposition, il devait être mort depuis longtemps. " répondai-je avec beaucoup plus d'explication. " T'es donc pas au courant des rumeurs ? Apparemment j'ai un demi-frère, mais d'un dénommé Gavroche venant de tes terres. Un viol, je crois. Mais ma mère se faire violer ? Beh voyons. " finis-je en secouant la tête, avec un rire jaune. Un viol ? Mais bien sûr.

La réaction de Rosie face à ma révélation concernant le corps que j'avais trouvé dans la forêt des Braises me fit sourire étrangement. Pour une fois j'avais enfin trouvé quelque chose qu'elle ne connaissait pas et, surtout, qui l'étonnait. Pourquoi je voulais tant l'étonner ? Tout simplement car pour Rosie paraissait tellement plus intelligente et cultivée que moi. Si j'étais jalouse ? Sans doute un petit peu, mais je ne lui avouerai jamais. Ce serait avouer une certaine faiblesse. Et je déteste avouer mes faiblesses, que ce soit à mes ennemi(e)s ou mes ami(e)s ... A quoi bon leur avouer ? Ce serait leur donner une bonne raison de pouvoir me vaincre et surtout m'achever. Pour les autres chevaux de cette île, j'étais quelqu'un de fort. Tout du moins, c'est ce que j'essaie de montrer aux autres. Si j'y réussis ? J'espère sincèrement. Pour protéger mon père de ses ennemis, c'est tout de même la seule option, vous ne pensez pas ? Pour devenir reine aussi, non ? Sans aucun doute. La réponse à ma précédente question de Rosie traînait dans mon esprit, quelque part. Alors un voyeur, c'était ça ? Alors Final Act avait regarder Rosie se baigner ou autre ? Un petit con. Je le savais. Et je savais aussi que j'avais raison. Cependant, je gardai ma pensée dans ma tête. Ce n'était pas le moment d'embêter mon 'amie' avec ceci.

Final Act était un être que je débectais. Un être que je voulais voir mourir sans équivoque. S'il y avait une raison à tout cela ? J'en ai cherché pas mal durant ma vie, enfin mon début de vie, mais dorénavant c'était compliqué. Etait-ce simplement de la jalousie ? Etait-ce uniquement de la haine sans raison ? Ou était-ce simplement une colère que je n'arrive à calmer ? Je ne sais réellement pas. Même moi, j'essaie de me comprendre mais c'est difficile. Peut-être qu'un jour tout cela se calmera, peut-être que cette haine disparaîtra ? J'ai un doute. Quand je déteste quelqu'un, c'est pour un bon bout de temps, croyez-moi. Je déteste beaucoup de monde, j'en suis consciente : Superbia, Ace, Final Act, Fifa ... Mais je suis comme ça. Quand je n'aime pas, je n'aime pas tout simplement. Et cela, personne ne pourra me l'enlever. Finalement, je repose mon regard sur la petite grise et secoue la tête vigoureusement. Oui il y avait un humain sur l'île mais il n'était plus vivant. Oui, j'avais vu des objets étranges sur la plage dévastée avec Blake, oui j'avais vu ce cadavre, oui j'avais entendu parler des cadavres dans le Golfe d'Emeraude, mais ils étaient tous morts. On ne serait jamais envahis. Ou tout du moins je l'espérais au fond de moi. Alors, j'ouvre la bouche en souriant.

" Ouais, je te jure ! Mais bon il était crevé, donc je pense qu'on en reverra pas de si tôt " dis-je en essayant de me convaincre intérieurement.

Un bateau s'est échoué sur le Golfe d'Emeraude ? Alors c'est de là que sortait la rumeur dont j'avais entendu parler ? Les cadavres venaient de là dedans ? J'aurai du être là. J'aurai pu aider mon père durant le ménage, mais j'étais occupée autre chose. Je ne me souviens pas vraiment ce que je faisais, mais c'était sans doute en rapport avec mes ambitions. Comme traverser les terres de cette île discrètement, comme observer les nouveaux dominants, comme tenter d'espionner mon père et sa future reine. Ouais, sans aucun doute. Elle me parla aussi des Terres Secrètes. Je ne les ai pas encore toute à fait explorer comme il se doit, je devrais peut-être d'ailleurs, mais la rencontre avec Naëlle me suffit amplement. Finalement, à sa question je secoue la tête, même si j'ai un doute sur la suite des événements sur cette île.

" Je t'avoue que je ne connais pas bien les Terres Secrètes, faudrait que j'y songe un jour. " dis-je en souriant. " Mais ouais, s'il doit y en avoir d'autres, je suis sûre qu'ils se planquent comme des rats. Tu veux chercher avec moi ? "

Soudain, pleins d'informations apparurent dans ma tête tandis que je l'écoutais attentivement. Shiro, Hyuna', Kuro, Sorrow, son père ... Non mais doucement nom de Dieu ! J'ai du mal à tout encaisser dans ma tête là. Alors, en plus d'être intelligente, elle menait son enquête ? Intéressant. Faudrait que la côtoie d'avantage maintenant. Il faudrait que je la suive encore plus. Ca pourrait être amusant, sincèrement. Je baisse la tête vers le sol pour ensuite prendre délicatement une pomme qui avait roulé vers ses sabots. Je la dévore avec joie, tout en me délectant du goût et essayant d'assimiler les informations. Après cela, je hoche la tête.

" Shiro fils de Sorrow alors ? Kuro aussi ? Intéressant. Le père de Sorrow s'appelle comment ? Je l'ai peut-être déjà rencontré, qui sait ? " Puis un nom s’imprégna dans ma tête. " Hyuna' ? Tu sais que je la considère comme ma maman adoptive ? Elle a été là pour moi quand ma salope de mère s'est barrée comme une chienne. " dis-je avec un sourire timide.

Par où on commençait ? Où est-ce que devrais-je aller ? Où est-ce que mes naseaux m'emmèneraient-ils ? Je ne saurais le dire mais c'était tellement plaisant de se dire qu'on part à l'aventure, qu'on part pour découvrir des choses que l'on ne connaissait pas encore. Des choses que je découvrirais au fil des jours. En réalité, depuis que j'ai vu ce cadavre dans l'arbre, je me pose tellement de questions. Je me demande d'où ils viennent ? Qui ils sont ? Que voulaient-ils ? Que rêvent-ils de posséder ? Viendront-ils à nouveau ? Sont-ils méchants ou gentils ? Craignons-nous quelque chose ? Est-ce que nos ancêtres en savent bien plus qu'ils ne veuillent bien nous le dire ? Est-ce que les reliefs de notre île nous livreront-ils d'autres secrets que l'on ignore ? J'aimerai tellement en savoir davantage. Connaître d'autres choses que peu de personnes connaissent. Si je suis trop jeune pour le réaliser ? Sans aucun doute, mais je m'en moque tellement. Je m'en fous complètement. J'ai beau avoir six ans bientôt, je veux en connaître beaucoup plus. Un doux sourire naquit sur mes lèvres tandis que je m'imaginais déjà tellement de scénarios dans ma tête. Je m'imaginais tellement de scènes, tellement de paroles que je pourrais prononcer à leur découverte.

Finalement, sans prononcer un seul mot de plus, je m'approche de la souche que la jument grise m'indiquait. Je l'observais renifler le sol, la souche et chercher des indices. Il n'y avait rien. Absolument rien, mais j'étais certaine que quelque chose apparaîtrait un jour ou l'autre. Il n'y avait rien. C'est dingue ! On avait beau cherché mais absolument rien n'apparaissait. Un prénom en deux noms composés sortir de la bouche de Rosie. Coeur Noir ? Jamais rencontré, me semble-t-il. Peut-être que je le rencontrerai un jour. Peut-être que je le verrai. Ou peut-être était-il mort ? Je ne le saurai que tardivement, je pense. Soudain, un nom sorti de nouveau et un grand sourire apparut sur mes lèvres. Blake ... Bien sûr que je le connaissais et je ne l'oublierais pas de si tôt sans doute. Il avait tout de même gardé mon diadème, il m'avait raconté des choses que j'avais beaucoup apprécié. J'hoche la tête et m'arrêtai de chercher, avec joie.

" Bien sûr que je le connais ! Je l'ai rencontré à la Plage Dévastée et il a gardé un diadème pour moi ! Tu l'as connu comment, toi ? " demandai-je avec joie.

Je repose le regard sur la souche et soudain quelque chose attira mon regard. Deux lettres étaient gravées, tout en bas. " T + B ". Je penche la tête sur le côté et approche mon nez. Je frôle les lettres puis repose mon regard sur Rosie.

" C'est quoi ça, selon toi ? " demandai-je, curieuse.

Ah le diadème ... Qu'est-ce que je ne ferai pas pour le retrouver, pour le revoir et surtout pouvoir le remettre sur mon crâne. Bien sûr, je suis parfaitement consciente que ce n'est qu'un objet, qu'il ne représentera pas grand chose pour certaines personnes. Mais pour moi ça veut dire beaucoup ce diadème représente énormément pour moi. Il signifie que je suis une princesse, pour de bon et pour de vrai. Bien sûr, ce serait sans doute mentir à tout le monde, mais aujourd'hui ... Il me semble que je ne cesse de mentir. Je ne cesse de faire en sorte d'avoir une véritable vie. Un jour ce mensonge deviendra réel, un jour cette vie sera une véritable vie pour moi. Finalement, je dépose un regard sur mon amie et lui offre un sourire légèrement déçue.

" Malheureusement, je n'ai pas encore revu Blake. Mais j'espère le revoir assez rapidement et retrouver mon diadème. Car que serait une princesse sans couronne, sincèrement ? " demandai-je avec un petit sourire conscrit.

Rosie observa les initiales que je lui indiquais et me parla d'humains. Que ça faisait longtemps et que ce n'était pas très important. Ce qui était inquiétant était cette souche, coupée récemment. Mince ! Je n'y avais pas fait attention à ça, bordel ! Comment des humains avaient-ils pu couper une souche sans qu'on ne s'en rende réellement compte ? Où étaient-ils ? Nous observaient-ils depuis un lieu qu'on ne connaissait pas ? Une pointe d'inquiétude naquit dans mon ventre tandis que je tentais de réfléchir. On les aurait vu pourtant, non ? J'avais entendu l'histoire de sa rencontre avec Blake, mais elle était passée assez rapidement dans ma tête sans que je n'y fasse attention. Cette rencontre n'était pas aussi importante que la présence des humains. Finalement, j'hochai la tête et soupirai.

" Tu penses que les humains sont là depuis longtemps ? Qu'ils sont encore vivants ? Imagine ... Ca se trouve, ils nous espionnent depuis bien longtemps. Et attendent de nous choper comme des bêtes de foire. " avais-je dit, plus pour moi que pour elle.

Le goûter était fini, malheureusement. C'était pourtant bien sympa, mais il était temps de rejoindre mon territoire dorénavant. Finalement, je m'approche moi-même du sentier de la sortie et prit le trot. Je passe à côté de la grise en lui adressant un sourire amical.

" Ca marche, j'attends de tes nouvelles, dans ce cas. Moi, je vais tenter de trouver des trucs et enquêter sur mon territoire. " dis-je en prenant le pas.

Finalement, je m'éloigne tranquillement en ayant en tête d'enquêter réellement.

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