River Flow In You

River flow in you

C'était étrange, hier l'hiver laissait sa place au printemps la neige était fondue et l'herbe recommençait déjà à reprendre des teintes verdâtres, mais aujourd'hui le paysage avait reprise des aire de fêtes. Le sol était couvert d'une bonne épaisseur de neige blanche le ciel était gris et d'énorme flocon valsait dans le ciel tombant tous doucement comme des milliards de duvets d'oies.

 Sur cette plage blanche encore vierge de trace équine s'avançait une petite jument pie qui elle aussi était couverte par cette fine couverture sur la totalité de sa ligne dorsale indécise entre l'état solide et l'état liquide. C'était peut-être grâce à cette température que la petite jument avait osé foulé ces terres le printemps n'étant pas encore bien installé les chaleurs printanières n'étaient pas commencé le temps frais refroidissait les ardeurs des habitants de l'ile.

 Nokhömi s'arrête en plein centre ,releva le nez au ciel laissant fondre sur ses naseaux les immenses flocons qui viennent si dépose comme attirer par la chaleur de son souffle. Les lieux sont magnifiques les arbres autour sont aussi couverts la neige collant contre leurs branches et leur tronc leur donnant un air fatigué de soutenir leur nouvelle charge. Un sourire se dessinant sur ses lèvres toujours relevé au ciel elle arrive à oublier tout autour d'elle dans ce silence infini fermant les yeux pour pouvoir entendre le silence encore mieux.

Rekkles continuait son exploration de l'île d'Horse Wild. Arrivé depuis peu, il était bien décidé à parcourir chaque recoin de ce territoire nouveau qui s'offrait à lui. Après sa rencontre avec Cyrius dans les braises, cela lui faisait drôle de voir un paysage recouvert de neige. L'île était si grande, si immense ! D'un endroit à l'autre, les paysages n'étaient pas les mêmes, les températures, le climat... Tout changeait. Toutes ces nouveautés étaient excitantes et ravissait le cœur d'aventurier de l'allemand.

En bon solitaire aguerri depuis plusieurs années, il ne connaissait aucune limite. Aucune frontière. C'est donc l'esprit léger qu'il descendait à présent dans un trot cadencé une plaine blanche, totalement immaculée. Il relevait haut les antérieurs et les postérieurs pour pouvoir se mouver dans l'épaisse couche de neige qui recouvrait l'endroit. Quelques arbres aux feuilles vertes timides et naissantes apportaient du volume dans toute cette étendue sans couleur. Parfois, il devait contourner un peu de sable, qu'il sentait s'enfoncer sous ses sabots.
Rekkles ne se doutait pas du tout que l'endroit dans lequel il vagabondait comme un jeune ado découvrant le monde était un lieu plein de sensualité, réservé pour la plupart à des rencontres intimes. Il sentait bien dans l'air quelques odeurs sucrés, mais l'humidité et la poudreuse couvrait les parfums ambiants.

Le grand bai ralentit au pas, le souffle un peu court d'avoir trottiné dans la neige. Il s'arrêta dans un petit bosquet, bordé par des buissons dont la couleur vert détonnait sous la couverture blanche, puis reprit le pas et descendit une petite pente entre les arbres. C'est là qu'il tomba sur elle.
Elle se tenait immobile à plusieurs mètres de lui, au milieu d'un vide absolu et éblouissant. Une jument pie. Qui avait surement dû l'entendre à cause des craquements de la neige sous ses sabots noirs.
Elle était seule. Il aurait pu se demander ce qu'elle faisait là, mais lui aussi était seul, finalement.

Rekkles s'apprêtait à s'approcher d'elle, un sourire se dessinant sur son visage à l'idée d'une nouvelle rencontre. Mais il retint son geste et son sourire disparut aussitôt. Elle était immobile, dans cette plaine, le nez levé vers le ciel. Elle attendait sûrement quelqu'un. Il ne voulait pas déranger. Malgré des années à voyager, à aller d'individu en individu, sans attache, il n'en était pas devenu malpoli pour autant.

Si elle crut avoir des hallucinations auditives un instant son bonheur de solitude fit vite éclatèrent en mile morceaux comme un vase de verre fracassant le sol dur. Des bruits de neige craquant sous un certain poids arrivant pratiquement face à elle Nokhömi se retint se disant qu'il s'agissait peut-être d'un simple chevreuil qui passait par ne s'arrêtant même pas pour l'observé. Puis l'odeur vint le bruit de pas s'arrêta elle rouvrit les yeux c'était maintenant elle qui se sentait aussi petite qu'une biche… Il était là, entre mont et plaine un imposant mâle bai. Que pouvait-il bien chercher par une telle journée… Nokhömi plaqua sa queue contre ses cuisses il était trop tard pour dissimuler l'odeur de ses chaleurs, qu'elle avait librement laissé flotter pendant plusieurs minutes, se croyant à l'abri, mais il n'était pas trop tard pour rendre l'accès inaccessible à quoiqu'onc.

Son regard se dirigea à l'opposé du nouveau venu une plaine blanche immaculé, une sortie une voie facile. Prendre ses jambes à son cou s'enfuir maudire ses chaleurs. Son regard se reposa de nouveau sur l'étranger il était la poster gentiment il avait respecté sa solitude peut-être avait-il senti toute la frayeur qui s'échappait de ce petit corps bicolore. La pie gloussa ferma les yeux serrant la mâchoire, non elle ne fuirait pas, pas cette fois. Fifa en serait fière la petite peureuse trouvait un peu de courage. Elle ouvrit et s'avança un peu (pas trop) de l'étranger. Prit un grand respire tous ses membres tremblaient et intérieurement elle maudissait encore ses chaleurs… tous seraient moins pire aujourd'hui si elles n'étaient pas présentes


« Bonjour » Arriva-t-elle à articuler.

Visiblement, il avait bien fait de ne pas s'approcher tout de suite. Elle avait la même attitude qu'une jeune biche effarouchée par la présence d'un chasseur. L'image était forte, mais c'était l'impression qu'elle donnait. Même d'aussi loin, il pouvait sentir son corps tendu, la tension à travers ses pores, sa queue plaquée contre ses cuisses ne mentait pas elle non plus. Elle laissait pourtant passer les effluves fleuries d'une jument en pleines chaleurs. L'odeur lui chatouilla les naseaux. Etait-ce pour cela qu'elle avait si peur ? Ou bien, comme à sa première pensée, attendait-elle quelqu'un et de ce fait, était-il en danger ?
Si un autre étalon déboulait et pensait avoir à faire à un rival, Rekkles savait qu'il en découlerait surement un conflit. Il n'avait pas peur pourtant. Mais la survie, c'était ainsi : éviter le danger, éviter une perte trop lourde d'énergie.

Il la vit regarder à l'opposé de lui, là-bas, dans la plaine enneigée. Elle avait toutes les chances de s'enfuir loin de lui, si elle le désirait, même s'il ne la pourchasserait pas. En dix secondes à peine, elle pouvait partir, s'échapper. Disparaître.
Pourtant elle n'en fit rien. Ce fut même tout le contraire.

Après une longue hésitation, voici que la biche craintive devint curieuse de son prédateur potentiel. Il respecta son choix, le jugea courageux. Elle le salua. Sa voix n'était pas celle d'un être en pleine possession de ses moyens. Elle n'avait pas confiance, elle hésitait encore probablement. Les prochaines actions seraient décisives pour la suite de cette rencontre.

« Bonjour. » lui répondit-il calmement. Lui ne bougea pas, il la laisserait venir, comme elle le voudrait. « Vous attendez quelqu'un ? Je peux partir si je dérange. » ajouta t-il en quête de réponse.

En quête aussi d'un refus de sa part.

Le cheval bai ne bouge pas il la regard calme paisible l'odeur de ses chaleurs qui planent sur cette plaine enneigé ne semble pas lui faire frémir une vibrisse et cela semble doucement l'apaiser rassurant la froussarde qu'elle est.

-Vous attendez quelqu'un ? Je peux partir si je dérange.- dit-il. Attendre quelqu'un ici? Elle? Oh ça Oh grand jamais, certe le lieu la saison tout peut lui laisser croire que si et Nokhömi se sentit rougir à l'idée qu'il puisse croire à une telle chose, s'il la connaissait…

Elle clignote des yeux à plusieurs reprises inspire expire en se concentrant sur la contraction involontaire de tous ses muscles. Sa méditation semble fonctionner, car elle trouve le courage d'avancer davantage dans sa direction. S'arrêta à quelques mètres de lui la queue toujours bien plaquer entre ses cuisses n'allez pas croire qu'elle la laisserait balader sans retenue.

« Oh non qui serais-je pour vous empêcher de rester ici. »

La petite jument pie détourna le regard un peu tête basse encore plus rouge qu'elle ne l'était quelques instants avant.

« Je n'attends personne, mais si vous vous attendez quelqu'un…»

Il aurait haussé un sourcil s'il en avait possédé. Elle semblait si incertaine, si réservée. Comme si elle n'avait jamais au à faire avec un autre congénère. Comme si parler était pour elle une torture, une épreuve. De là où il se tenait, il pouvait voir son visage rosir, son attitude trahir un malaise. Elle prit le temps de respirer longuement. Expirer, inspirer, expirer, inspirer. Plusieurs fois, les yeux fermés.

Rekkles en profita pour s'approcher un peu. De deux pas seulement. Il ne voulait pas la faire fuir, mais se tenir aussi loin d'un autre équidé, avec qui il essayait d'avoir une conversation, le mettait mal à l'aise. Il voulait effacer la tension qu'il y avait entre eux, et qui n'aurait jamais du être, puisqu'ils ne se connaissaient pas. Ils étaient deux étrangers, deux inconnus, deux personnalités qui se rencontraient pour la première fois. En aucun cas, il ne devrait y avoir de tension ou de malaise. Il n'avait pour elle aucune agressivité, aucune mauvaise intention. Alors pourquoi ?

Elle s'approcha à son tour, et il retint son souffle. Elle trouvait le courage de venir, c'était bien. Il aurait pu trouver la situation ridicule et rire d'elle. Après tout, c'était peu commun d'avoir peur de ses congénères, et elle n'avait aucune raison apparente d'être ainsi. Elle était bizarre, pour sur. Pourtant, il respectait. Il savait que sous la surface, se cachaient parfois de lourds secrets.
Elle lui accorda quelques mots, avant de s'enfouir sous la rougeur de ses joues.

« Non. Je suis ici par hasard. Je suis arrivé sur Horse Wild... Il y a quelques jours. » Il se tut, puis rattrapa l'instant. « Je voyage. »

Le silence revint. C'était à elle de parler à présent, en toute logique.

Il était nouveau sur l'île ne connaissait donc probablement pas tous ce quon pouvait raconte sur cet endroit… les célibataires à la recherche d'un peu de tendresse encore une fois Nokhömi se sentit soulagée, mais cette fois bien malgré lui. Elle avait eu peur de passer pour ce qu'elle n'était pas et qu'il était lui venue dans le but de rencontrer une jument.

La jument pie était maintenant assez prêt pour constater leur énorme différence, robe uni sans aucune marque blanche, grand, costaud une croupe moins bombé que la sienne mais qui semblait puissante tout de même. Nokhömi était petite à côté de lui petite et trapue. Elle posa son regard particolor sur le cheval bai il avait le physique et la gentillesse (qu'il laissait paraitre pour le moment) tous pour lui plaire.


La petite jument ne pouvait rougir plus sinon elle aurait de nouveau rougit à cette pensée.

« Allez-vous repartir de l'île ? Ou plier bagage ici? Il fait si bon vivre sur Horse-Wild. »

Un léger sourire se dessina sur les lèvres de la petite jument qui doucement prenait ses aises. Il respectait ses limites, la laissait se détendre et s'approcher doucement. Depuis toutes ces années passée ici, elle aurait dû mettre ses craintes de côté depuis longtemps… Fifa, Aurore, Kuro, Ace Tous seraient fières d'elle aujourd'hui, elle s'approchait doucement vers la guérison. Et aussi vers l'étalon la distance elle ne se calculait plus en mètre, mais en cm. Si elle avançait le nez vers l'avant, elle le frôlerait. Ce qu'elle ne fit pas quand même elle se garde une petite (grosse) gêne. Ses muscles étaient relâchés ainsi que l'attache de sa queue qui pendant librement sans être coincé entre ses cuisses.

A ses réponses, la pie semblait se détendre peu à peu. Elle avait réellement peur au final. Rekkles osa se regarder discrètement, se demandant si c'était son unique personne qui l'avait tant effrayée, plutôt qu'une globalité de personnes. Il était vrai qu'il était impressionnant, aux premiers abords. Il était grand, costaud, d'une ossature solide et d'une bonne musculature. Sa robe bai, bien que peu rouge et plutôt d'un beige sale, ne portait aucune marque blanche hormis son étoile sur le chanfrein. De quoi rajouter à l'effet de statue ambulante.
Surtout que l'étrangère à la robe bicolore était plutôt petite. En réalité, pas vraiment, c'était Rekkles qui était très grand. Mais à côté de lui, elle faisait plutôt petite. Pourtant pas inharmonieuse. Elle avait de belles formes, elle était jeune. Un regard vif, et à la fois doux. Il osa poser les siens dans ses iris particulières. Il en avait rarement vu des comme ça.

Finalement, elle semblait plutôt changer d'avis vis-à-vis de sa présence.

« Eh bien, pour le moment j'explore. » lui répondit-il calmement, les yeux plantés dans les siens.

Rekkles ne s'avançait guère quant à la durée de son séjour sur Horse Wild. Cela ne faisait que quelques jours qu'il était ici, et il avait encore tant de choses à voir et sûrement des rencontres à faire. Rester ou partir, c'était un choix qu'il n'était pas encore en mesure de prendre.

La biche aux trois couleurs s'avançait encore. Elle n'était plus si timide que cela, finalement. Il en afficha une mine quelque peu surprise. Pas de cette surprise d'affolement, ou d'effarouchement, ni de dégoût. Plutôt de celle qui s'accompagne d'une bonne nouvelle, ou d'un réveil de curiosité. Que lui voulait-elle en fait ? Rekkles décida d'arrêter d'essayer de la comprendre. Si elle s'approchait ainsi, alors elle lui donnait le signal pour qu'il agisse de la façon la plus naturelle possible.
Il avait été doux, patient, avait fait fonctionner ses méninges pour lire entre les lignes des tensions dans ses muscles, dans ses traits. Il avait donné, partagé, tendu sa main et l'avait laissé aller à son rythme en ne la jugeant pas. A présent, il devait arrêter, retrouver un peu plus de fluidité, relâcher l'esprit pour laisser le cœur parler. C'était un exercice difficile pour lui : il aimait plaire et faire plaisir, et quoi de mieux que d'observer et d'analyser pour donner réponse correcte ?
Avec elle, cela avait été comme ça dès le début. Il était temps qu'il relâche son cerveau, avant d'y rester enfermé.

Alors, puisqu'elle était si proche, il s'octroya le droit d'avancer ses naseaux près des siens, pour souffler un air chaud sur son nez. Communiquer leurs odeurs, leurs intentions. Faire plus ample connaissance, comme des gens normaux.

Les naseaux du grand cheval bai vient se déposer contre ceux de la petite jument pie. Nokhömi tressaillis, mais ne rompt pas ce contact qui la fit se sentir étrange. Qu'est qui lui arrivait elle était tremblante ce n'était pas le sentiment de peur qui la rendait ainsi les vibrisses de la petite pie frémissaient elle souffla doucement contre les naseaux de l'étalon la gorge nouée.

Pendant l'échange entre la jument et l'étalon une forte odeur de chaleur vint pénétrer dans ses poumons. Une jument à la recherche du grand amour ou d'une relation à court terme avait, probablement sentit l'odeur du puissant cheval bai. La petite pie coupa le lien entre elle et lui, tourna la tête scrutant l'horizon. Rien personne, les sourcils imaginaires de Nokhömi se froncèrent puis elle rougit morte de honte elle aurait aimé mieux disparaître. Sa queue était relevée et reposait contre sa croupe. C'était donc elle la responsable de cette odeur, celle qui libérait les saveurs de l'amour.

« Pardon je n'ai pas voulu…je …je »

Elle releva difficilement le regard vers l'inconnu avant de le baisser au sol cette vue présentement était moins difficile à supporté. Elle recula d'u pas pour créer une nouvelle distance entre elle et le cheval bai un serrement dans la poitrine, les yeux rivés sur ses sabots. Elle réagissait bizarrement un souhait naissant renouvelé le lien, un étrange besoin de contact qu'est-ce qui pouvait bien lui prendre elle n'était pas comme cela, timide craintive détestant les chaleurs et craignant les étalons qu'elle aurait le malheur de rencontrer en cet période, la voici qui cherchait à s'en rapprocher, elle y comprenait rien, était-elle amoureuse un coup de foudre? Une attirance ?Les oreilles de Nokhömi se redressèrent c'était la faute de ses lieux, il y avait probablement quelque chose dans l'air qui rendait les couples avide de consommer leur amour. La jument c'était inconsciemment rapproché de nouveau vers lui la tête contre le flanc de l'étalon. La croupe de la pie ce trouvant près des naseaux de l'étalon la timide petite jument avait pourtant la queue légèrement remonté.

Rekkles avait du mal à comprendre les intentions de la bicolore. Elle semblait accepter son contact, allant même jusqu'à souffler elle aussi dans ses naseaux noirs, alors qu'il sentait ses effluves naturelles et sucrés prendre place autour d'eau. Mais pourtant, en une fraction de seconde elle s'y échappa, le laissant perplexe, le nez pincé par son parfum. Elle dut se surprendre elle-même de son comportement, puisque dès qu'elle vit sa queue relevée sur sa croupe (qui lui donnait d'ailleurs une charmante silhouette), elle prit un fard et s'excusa précipitamment. Son attitude changea du tout au tout, elle se ferma, recula, baissa la tête. Posa son regard sur ses petits sabots.

Elle se mura dans le silence. Rekkles lui, faisait travailler ses méninges pour comprendre ses réactions. Il tentait dans un même temps d'oublier les odeurs charnelles de la pie, juste un moment.
Rekkles ferma les yeux, se concentra pour refouler ses instincts primaires de mâle en rut. Pourquoi faisait-elle ainsi ? Pourquoi paraissait-elle à la fois si effarouchée, si réservée et si charmeuse ? Il ne connaissait rien d'elle, aussi. Son nom, son appartenance ou non à un troupeau. S'il la couvrait, l'enfant sera t-il à lui, ou appartiendrait-il à un autre ? S'il la couvrait, qu'y gagnait-il ? Etait-ce vraiment ce qu'elle désirait ?
Là, une évidence lui vint : c'était une première pour elle.

Le bai ouvrit les yeux sur une vision des plus agréables. Elle s'était rapprochée, encore, avait calé sa tête contre ses flancs puissants et laissé sa croupe juste sous son nez, la queue en léger panache. Juste assez pour le titiller. Il renâcla un peu, s'écarta doucement, revint en tête à tête avec elle. Il plongea avec douceur ses yeux dans les siens.

« Ce n'est pas ainsi que l'on fait sa première fois. » lui murmura t-il presque tendrement, le souffle calme et protecteur. « Mais d'abord, votre nom ? Qui êtes-vous ? »

Rekkles n'était certainement pas un violeur, ni un saillisseur sans lendemain. S'il la couvrait et qu'elle lui donnait un enfant, il voulait qu'il soit sien. Si elle ne pouvait pas le lui promettre, il ne lui donnerait rien, voilà tout. Il ne pouvait pas agir sans prendre en compte les conséquences de ses actes : il en allait de son avenir sur Horse Wild.
Pourtant, il ne niait pas l'envie de passer un moment avec cette inconnue, si fragile et pourtant, il le sentait puisqu'elle était encore jeune, aux prémices de son éclosion.

Il se décala rompant le contact, Nokhömi releva la tête et plongea ses yeux au regard étonné dans ceux de l'étalon. Son cœur se sera, il résistait à ses pulsions bien mieux qu'elle ne le fesait présentement elle qui accusait les lieux de la rendre ainsi c'était peut-être simplement son cœur qui parlait enfin voilà elle le regardait en parfait contrôle un étalon qui semblait réellement gentil.

La jument rougit de nouveau, ses joues devenues brûlante de honte. Sa première fois… jamais elle oserait lui avouer que sa première fois elle l'avait vécu de force la douleur elle s'en rappelait encore celle de son père qui s'écrase sur son dos, la morsure au garrot et … Par chance rien n'avait découlé de cet acte monstrueux. La petite jument pie n'ose même pas regarder les poils blancs qui ont repoussé à l'endroit de sa blessure pour ne pas attirer l'attention sur celle-ci.

Elle replaça sa queue contre ses cuisses, pendante, par pure politesse il ne se laissait pas charmer et le tenté davantage serait égoïste.

« Nokhömi , le vôtre? » sa voix était mielleuse elle ce surprise elle-même. Cependant, la deuxième question lui échappait un peu, qui était-elle? Elle était sans famille, simple membre d'un troupeau, une tante de cœur, une amie pour ceux qui la considéraient ainsi. Elle était une trouillarde, une pleurnicharde sans grande expérience de la vie, une jument qui avait plus souvent vécu de nuit que de jour qui se repérait grâce aux étoiles.

Elle releva le nez au ciel le scrutant avant de ramener son regard particolor sur l'étalon bai on était loin de pouvoir lire dans celui-ci aujourd'hui.

« Je ne suis pas grand chose »

Elle ne répondit pas à sa question sous-jacente. S'était-il trompé ? Avait-il raison ? Elle laissait planer le mystère sur elle, sur son passé, son vécu. Sur sa personne. Elle le laissait dans l'embarras. Le voilà bien avancé, si elle ne répondait pas à ses questions.
Mais voici que la biche se montre à présent sous un autre angle. Elle répond de son nom : Nokhömi, unique. D'une voix mielleuse, qui contrastait avec le rouge de ses joues. Que voulait-elle réellement ?

Son nom, pour le moment. Alors il le lui dévoila à son tour.

« Rekkles. Enchanté. »

Et puis, elle répondit à sa deuxième question. Pas grand chose dit-elle. Elle ne se considérait pas, ne s'estimait pas importante, pas plus importante que pas grand chose. Quelque part, c'était triste, et lorsqu'elle posa ses yeux particuliers sur lui, il eut soudainement envie de lui crier qu'elle se trompait, qu'elle était importante. Rien que parce qu'elle existait, parce qu'elle était en vie. Parce qu'elle était présente devant lui.
Pourtant, il ne dit rien. Que connaissait-il d'elle ? Il s'était déjà foiré une fois. Les mots, bien que pensés en toute bonne intention, pouvaient se transformer en de rudes et effilés coutelas. Dans sa réponse, malgré toutes ces incertitudes, il y avait bien une vérité : elle souffrait, quelque part. Quelque part au creux de sa poitrine, il y avait une plaie dans son cœur. Saignait-elle encore ?

Rekkles s'approcha soudainement, passa son encolure au-dessus de la sienne, l'enroula et pressa la pie contre son poitrail puissant.

« Au contraire, vous êtes déjà beaucoup. » lui dit-il presque dans un murmure. « Je ne sais rien de vous, Nokhömi, je ne sais que votre nom. Ni si vous vivez seule, si vous appartenez à une terre... Je ne sais pas votre âge, je ne sais pas votre vie. Je sais seulement que vous vous nommez Nokhömi, que vous n'attendiez personne, et que vous êtes là avec moi. » ajouta t-il, s'emballant presque dans ses doutes. « Pardonnez mes maladresses, mais je ne peux pas vous laissez dire de telles absurdités. Sortant de votre bouche, c'est un blasphème. »

Bon, d'accord. Peut-être qu'en même temps qu'il tentait de la consoler, tentait-il aussi de lui faire la cour. Mais après tout, pourquoi s'en priverait-il ?

Rekkles se répéta-t-elle intérieurement elle n'avait jamais encore entendu un nom pareil , un drôle de nom, mais pas aussi étrange que le sien. Elle trouva qu'il lui allait bien et que c'était relativement très joli.

 L'étalon amorça un mouvement vers l'avant Nokhömi redistribuât son poids sur ses postérieurs, légèrement rassise et fut saisie son corps se crispa Rekkles venait de poser sa tête au-dessus d'elle l’enlaçait la pressant contre lui elle ne pouvait pas dire que ce contact était semblable à celui d'une mère à sa pouliche ne connaissait pas celui d'un père donc ne pouvait pas non plus le comparé non ce contact était différent, étrange apportait quelque chose de très rassurant.

 La jument pie se détendit devenue presque molle ramena son poids vers l'avant en se calant bien dans son mouvement. Elle écouta attentivement ce qu'il lui dis il avait raison il ne connaissait rien d'elle , elle ne connaissait rien de lui sauf son nom et qu'il venait d'arrivé sur l'île et pourtant la voici qui se laissait bercer par un inconnu. Nokhömi enfuit sa tête dans l’épaisse crinière noire de l'étalon en huma l'odeur puis ressortit, mais resta caler contre lui.

'' Je suis une trouillarde,je ne vous crains pas vous, je crains ceux de mon espèce particulièrement en cette période de l'année et ce depuis mes premières chaleurs il y a six printemps... Mais je m'améliore''Dit-elle un mince sourire sur les lèvres, fière d'elle.

'' je sais maintenant que vous n'êtes pas tous des Monstres. Ceux que j'ai rencontré ici sont tous si gentils avec moi.'' La jument soupira c'était la première fois qu'elle se livrait ainsi à quelqu'un peut-être que le fait que se soit un voyageur qu'il risquait de repartir et d'emmené son secret avec lui lui donnait le courage de lui en parler.

L'instant était précieux. Du moins le ressentait-il ainsi. Quand elle enfouit son visage dans ses crins noirs, il retint son souffle. Il pouvait sentir celui de la pie contre sa peau brune, peut-être même le délicat touché de ses vibrisses sur son épiderme. Rekkles ferma les yeux. Depuis combien de temps ne s'était-il pas laissé allé à la douce chaleur d'une présence féminine ? A passer un moment agréable, avec une inconnue, imparfaite mais parfaite à ses yeux, du moins assez pour accepter un partage de chair et de sentiments.
Il ne fallait pas se fourvoyer, le bai n'était pas amoureux et il ne ressentait pour cette jolie jument rien de romantique, si ce n'était une attirance physique. Mais Rekkles n'était pas un sans cœur, quand bien même il tentait de le taire pour réfléchir uniquement avec son cerveau. Comment ne pas s'enticher d'elle, d'une quelconque manière ?

L'étalon rouvrit les paupières quand Nokhömi retira ses naseaux de son corps. Il fit glisser ses prunelles sur la raie d'ébène tracée sur le dos de sa compagne d'instant, de son garrot à la naissance de sa queue. Elle lui faisait une croupe incroyable. Elle lui fit une confidence, une blessure expliquant son comportement. Il resta silencieux : il s'était trompé, et bien trompé qui plus est. Quel idiot. Il s'en voulut, laissa un soupire s'évaporer de ses naseaux, ferma les yeux de nouveau. Ce fut à son tour de cacher son museau dans la crinière de la bicolore.

« Je suis désolé. »

Désolé pour sa bourde immense, dont il n'avait pas les mots. Désolé pour avoir fait une supposition hâtive à son sujet et s'être lamentablement trompé sur toute la ligne. Désolé pour ce que cela avait du faire remonter en elle. Désolé pour le mal qu'il lui avait fait, déjà.
Désolé pour le mal qu'on lui avait fait, aussi.

Rekkles huma son parfum. S'enivra des effluves qui émanaient de son corps féminin. Il glissa ses naseaux de sous ses crins à la base de son garrot. Il suivit la ligne noire, parfaitement dessinée tout le long du dos musclé de la pie, en apprécia la géométrie, la rectitude. S'arrêta en haut de sa croupe. Tourna son visage vers elle pour chercher son regard.

Le corps de la jeune jument était parcouru de milliers de petits chocs électriques qui la faisaient frisonner chaque nouveau contact de l'étalon contre son propre corps lui procurait de nouvelles sensations et elle souhaitait que cet instant dure encore. Son soupire glissa contre son encolure et se perdit dans la crinière en même temps que les naseaux de celui qui lui faisait découvrir de nouveaux sentiments s'enfouirent dans sa crinière noire.

 Une excuse transperça le corps de la petite pie lui empoignant le coeur a pleine mains et lui serra lui donnant l'impression qu'elle allait en mourir. Mais le pouls revint la pression relâcha lorsqu'il glissa le long de sa raie de mulet. Il ne s'était pas attardé à la marque blanche qui la faisait tant souffrir. Nokhômi se demandait s'il l'avait fait si la douleur aurait été apaisée ou si elle devenait encore pire. Son regard qu'il lui porterait lui ferait-elle honte ou serait-il la soulager? Elle préférait garder les questions de ce sujet sans réponse peur d'être démolie.

 Un autre frison et sa queue se panacha se déposant contre sa coupe. La jument pie se mordit la lèvre posant le regard dans celui du cheval bai. Il lui demandait, l'attendait patiemment. Elle pivota, laissant son corps effleurer, celui de l'étalon tout au long de son geste stoppant présentant un peu plus son flanc que sa croupe au niveau des naseaux de l'étalon et recula contre la pointe de son poitrail. Nokhö tourna la tête elle aussi en direction du grand bai donnant son accord d'un discret coup de nez vers lui. Elle ne savait pas pourquoi elle agissait ainsi elle ne savait pas dans quelle aventure elle allait s'embarquer, mais pour le moment c'était ce dont elle avait envie et assumerait ses actes.

Elle répondit à son appel. Elle croisa son regard avec celui du grand bai, qui se perdit dans ses iris particolores, uniques. Elle pivota simplement mais à ses yeux, elle dansait. Un instant furtif, un court instant, un instant qui ne dura que quelques secondes à peine. Il dégusta chacune d'elle, comme s'il n'en aurait plus jamais l'occasion. Collée contre lui, d'une façon plus noble que de lui mettre la croupe sous le nez. Il pouvait pourtant la sentir, sur la pointe de son épaule musclée. Une demande, respectueuse. Il apprécia la considération silencieuse qu'elle lui offrait par ce geste.
Il apprécia, qu'elle s'offre à lui tout simplement. Quel cadeau pouvait-elle lui faire de mieux ? Sa confiance, son corps. Son intimité, son intégrité. Elle lui offrait sans concession d'un mouvement de naseaux en sa direction, comme un signal. Un accord sans mot.

Rekkles se fit doux, après avoir caressé sa cuisse de sa tête. Il se leva sur ses postérieurs et retomba sur elle en douceur. Le reste ne fut que plus tendre encore. Il lui sembla que le temps s'était arrêté, que le lieu était devenu silencieux. Comme si le monde s'était immobilisé et avait retenu son souffle pour ne pas troubler leur union.
Il se laissa glisser le long de son corps qu'il trouvait pour le moins ravissant, et dont maintenant, il en était certain, il affectionnait bien plus à présent. Rekkles ne resta pas derrière elle, s'avança à sa hauteur pour aller lui mordiller une oreille avec une attention toute particulière. Il pressentait que, peut-être, il n'aurait plus jamais l'occasion de la toucher ainsi, d'être aussi intime, aussi proche d'elle.

Quoi qu'il advienne à présent, elle avait une place singulière dans son cœur. Il ne l'aimait pas d'Amour. Il l'aimait d'un autre amour. Pourtant, il lui semblait qu'elle restait une étrangère. Après tout, c'était leur première rencontre. Il se sentait reconnaissant et chanceux qu'elle lui ait accordé sa confiance aussi rapidement. Il prendrait soin d'elle, et peut-être si les dieux étaient généreux, du fruit de cette union. Rekkles n'était pas du genre à fuir ses responsabilités.
Le bai s'écarta de Nokhömi pour s'avancer un peu plus loin. L'heure de la séparation avait sonné. Ils se croiseraient de nouveau, c'était certain. Il ne la laisserait pas sortir de sa vie aussi facilement qu'elle y était entrée.

L'étalon pivota d'un quart vers elle, et lui offrit un sourire rempli d'une tendresse nouvelle.

Les premiers pas avaient été faits sans vraiment penser à la seconde tape, et encore moins au résultat final. L'étalon avait caressé sa cuisse avant de se déposer doucement sur elle. Nokhömi s'était crispée ses yeux s'étaient brouillés de larmes. Oui il était doux non elle ne pleurait pas car il lui faisait mal, seule les souvenirs étaient douleurs, le moment passé avec cet étalon lui était agréable.

 Elle fit mine d'essuyer ses larmes avant qu'ils ne les voient et sourit doucement au cheval bai lorsqu'il lui mordilla l'oreille. Il était plus grand plus lourd qu'elle, pourtant elle aurait juré que malgré les souvenirs lourds qui lui avaient remonté à l'esprit, elle avait flotté avec lui, pendant un instant. Tout contact fût rompu soudain la jument sentit le vide sous ses sabots elle avança de quelques foulées pour se rapprocher de lui, rechercher le contacte, l'agréable sensation de protection d'amour, de lien, de proximité tout partait en même temps que le cheval bai. Et comme s'il avait sentit la détresse de la petit jument Rekkles se retourna un instant lui offrant un sourire remplis de tendresse un petit baume contre son mal.

 Nokhömi le salua d'un léger geste de tête reconnaissante.


'' J'espère vous revoir bientôt Rekkles''

Nokhömi tourna la tête en direction de son ventre l'odeur de l'étalon se mêlait à la sienne et sans qu'elle ne s'en rend compte encore, une petite graine les unissant, germait en elle.

Ses paroles le rassurèrent, bizarrement. La peur d'être rejeté une fois la besogne effectué, peut-être même celle de ne jamais voir sa progéniture. Quelque part, l'espoir de goûter à la paternité le gonflait d'une satisfaction nouvelle et d'une certaine impatience bienveillante. Il hocha la tête, un geste qu'il ne contrôla pas mais bienvenu.

« J'en suis certain. »

Rekkles fit volte-face et prit le grand galop, revigoré par une tempête de sentiments brûlants et d'une avenir prometteur.

[OUT]