petite balade

Le fantomatique maître des lieux arpentait son territoire d’un pas mesuré, il foule la terre où sont enfouis ses racines. C’est comme si la terre battait sous ses sabots, quoi que les gens disent, les Terres Orphelines font partis de lui. Elle l’habit d’une peau de loup, silhouette discrète et affamé. Un jour où l’autre, son sang se mêlera à cette terre et ses os feront partis de ses pierres.

Les souvenirs d’une averse court encore le long de mon pelage quand j’arpente la Rivière, ma vieille ennemie et complice. Je ne déroge pas à la règle et lui lance un cracha digne d’un roi tout en la maudissant pour les vies qu’elle prend sans remord, tout en jalousant sa réussite. Si seulement je pouvais mettre la main sur ce vieux débris pour en finir une bonne fois pour toute ou trouver une bonne bagarre au fond d’une impasse embrumé, histoire de se sentir à nouveau vivant une fraction de seconde.

Mes pas ralentissent jusqu’à se stopper juste avant un tas de buisson. J’aperçois deux silhouettes et un instant mon sang prend brusquement feu, mais le bonheur est de courte durée car le frison sombre qui se tenait non loin n’est pas celui que j’espérais. Une grimace déforme mon visage avant de m’attarder sur l’autre étalon blanc, son corps courbé tel un fourbe. Deux individus fort peu convenable pour les Terres Orphelines selon mon avis.

Je les observe un long moment avant de m’avancer, mon regard froid ne quitte pas les deux interlocuteurs, quand bien même je finis par reconnaitre Cœur Noir géniteur de l’autre bon à rien, voilà l’origine du mal.

« Bien le bonjours messieurs, dis-je d’un ton posé mais grave. Je me permets d’intervenir, je suis Kuro, Dominant des Terres Orphelines, en cela et par la volonté d’Hadès toutes personnes étrangères à mon troupeau n’a pas ça place ici. »

J’attrape leur dernière échange au vol apprenant avec plaisir que le blanc ne souhaite pas s’attarder, mais je souhaite être certain qu’ils ont bien l’intention de s’en aller et laisser en paix mes terres et mon peuple.

« L’ancien dit vrais, il vous suffit de remonter ce sentier pour vous rendre sur les terres libres où vous pouvez circuler comme bon vous semble. » Je porte mon attention sur le frison sombre comme de la suie, un frémissement désagréable glisse entre mes épaules. La ressemblance même légère est bien présente. Mon visage se ferme que plus soutenant sans mal son regard. « Je vous prierez de faire de même. »

Hors RP:

La Rivière offre le glougloutement hypnotique de sa robe aqueuse qui glisse et rebondit contre les pierres. Un bruit de fond fort agréable, elle tente les moins vigilants, murmure à l’oreille des sourds telle une sirène assoiffée avant de les entraîner vers le fond. Bien plus tard elle les recrache en décomposition et boursouflé de leur séjour aquatique. Elle pourrait très bien être le cerbère de la porte des enfers.

L’étranger s’acquitte rapidement de sa parole, il prend le chemin indiquer pour disparaître dans l’horizon. Je reste surpris du respect qu’à offert cet étranger, s’il pouvait être tous aussi compréhensible ça serait le paradis sur terre ! La fierté gonfle quelque peu mon poitrail jusqu’à que la voix de l’ancien brise le silence. Sur le coup, j’ai bien envie de lui rire au nez avant de lui retourner la question, vous vous êtes enfin découvert un esprit familiale ? Mais je n’en dis rien laissant mon regard en dire long. J’esquisse un sourire.

« Je sais parfaitement qui vous êtes, surtout en sachant que vous êtes le géniteur d’un fléau qui porte le nom de Sorrow. » Je hausse les épaules. « Pardon, nous nous encombrons pas de ce genre de détail entre nous. »

Je reste perplexe avec la suite de ses mots, pourquoi vouloir me rencontrer ? Finalement le nom d’Ecalipse fait écho dans mon esprit, une rencontre qui m’avait redonné quelque peu foi en notre famille. Peut-on vraiment parler de famille ? Cœur Noir avait seulement semé ses gênes au quatre coins HW, tout comme Sorrow le fait à présent … Ce n’est pas forcément les mieux qui se reproduisent par ici.

« Ce n’est pas la première fois qu’on me le dit et surement pas la dernière, mais la règle est ainsi faite que vous soyez d’un autre territoire ou bien solitaire elle est la même pour tous donc je vous prierez de vous en allez. »

Etrangement, il m’inspire très peu de confiance et je préfère le savoir loin de ma famille. J’aurais pu lui proposer de rejoindre les Orphelins si seulement je l’appréciais un tant soit peu mais nous avons rien en commun et si Sorrow existe c’est bien de ça faute. Il m’est difficile de ne pas projeter ma colère contre Cœur Noir.

Au loin, des cumulus s’alourdissaient de minute en minute et s’étendaient au-dessus des Orphelins. Le soleil se retrouvait reclus dans l’immensité du ciel et les pauvres âme ici-bas étouffé par un couvercle épais et sombre. Cela annonçait un mauvais présage, le vent se levait soudainement et tirait les corbeaux de leur torpeur qui croissaient d’indignation s’envolant dans les airs dans des claquements d’ailes.

Je ne perds pas un instant de ce spectacle, les nuages sont aussi sombre que l’étalon de plomb face à moi. Tel un messager de cet orage, peut-être est-il le porteur sans le vouloir, d’un message annonçant un revirement de situation. Tôt ou tard ce virage viendra, je le sais au plus profond de moi comme mes entrailles qui réchauffe mon être. Je lui lance un regard profond emplis de rancœur, ce n’était pas son genre ? Souhait-il me faire croire qu’un cœur existe sous cette vilaine carcasse ? La bonne blague ! Je retiens de justesse un rire désabusé que je coince précieusement au travers de ma gorge. J’accepte avec un silence l’idée de ne pas poursuivre au sujet de ce poltron.

Le vieil étalon me fait par de ses motivations, le pourquoi il traine ses sabots par ici et je ne cesse de l’observer. Au moins lui se remet en question pas comme certain et je ne peux le rabrouer pour ce pas en avant. J’aspire moi-même à être le meilleur père pour Kokoï, mais j’espère qu’elle ne suivra pas mon exemple pour voler de ses propres ailes. Elle ne doit pas se murer dans une guerre de famille, combattre des blessures intérieurs qui dévorent lentement de l’intérieur … J’espère qu’elle sera bien au-dessus de tout cela. Comment en vouloir à l’ancêtre d’essayer d’arranger les choses ? C’est tous ce qu’on peut espérer faire par ici.

Brusquement Cœur Noir sort de sa torpeur, je noie mes oreilles entre mes crins mécontent du rabaissement qu’il m’inflige. J’aimerais lui rétorquer d’un ton moqueur que son temps est largement dépassé, mais ma petite voix me somme de me taire, surtout en attendant la suite. Je penche doucement la tête avant de l’observer partir. Je clos un bref instant mes yeux, une profonde inspiration emplis mes poumons avant de battre des cils. Je sais qu’il n’est pas pareil mais la colère me ronge depuis si longtemps que pour l’instant elle m’aveugle bien trop, mais je m’en veux de mon attitude et étrangement une pointe de respect naît au creux des fléaux que sont mes sentiments pour cet ancêtre. Peut-être sommes-nous plus proche que mon aveuglante colère ne me laisse percevoir.

Je lève mon regard vers le ciel sombre, la lumière engloutit, je finis par trancher. Bien, je viendrais à nouveau à sa rencontre, après tout qu’ai-je à perdre ? Je reprends ma route, un chemin opposé de celui du vieil étalon, pour ainsi poursuivre ma surveillance.