Den lille Pige med Svovlstikkerne. [PV]

Sujet: Den lille Pige med Svovlstikkerne. [PV] Sam 13 Oct 2018 - 0:36

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Den lille pige med Svovlstikkerne

Avait-il une bonne mémoire, ou une bonne empreinte ? Les choses laissaient-elles sur lui des traces ou les touchait-il avec grâce et bonté, la caresse d'une main patiente sur la chose que l'on apprivoise ? Les deux idées devaient s'accoupler comme elles choisissent souvent de le faire, trop complexes et trop sauvages pour supporter la solitude des pensées traversant, météores incandescents, l'esprit.

La vie fugace d'une pensée. Voilà qui avait autant d'importance que sa propre existence ; à la fin des temps, lorsque l'on battrait le tambour ou qu'au contraire l'univers se recroquevillerait sur un rien infini, il ne se révélerait pas plus important qu'un simple trait de pensée. Il pouvait tout au plus briguer la poussière d'une comète emportant dans son sillage la brillance d'un de ses mots.

Plume Brisée se souvenait de cet endroit. N'avait-il pas fait partie du troupeau de ces terres ? Comme cette idée était étrange. Il s'était parfois demandé s'il était réellement la même personne, ou si la vie l'avait juste remodelé en cours de route, un sculpteur constamment insatisfait qui fond les traits d'un visage pour tenter de tenir entre ses mains l'esprit de ce qu'il a conçu. Isis, elle, ne l'avait jamais connu conteur ; Isis avait connu Plume Brisée l'égaré, qui tombait sur sa naissance et devenait son parrain plus par hasard que par bonheur. Mais il était encore, par bien des aspects, Plume Brisée l'égaré ; il s'égarait toujours lorsqu'il s'agissait d'elle.

Le vent ne murmurait pas son nom. Il n'exaltait pas son parfum. Plume Brisée errait dans les décombres mémorielles d'un lieu qu'il avait connu et marchait entre les souvenirs d'une pouliche qu'il avait vu grandir. Soit. Isis n'était pas là non plus.

Il avait mille et une histoires pour combler son absence.

L'herbe se retirait lentement de la terre. C'était la particularité de cette plaine qu'il affectionnait particulièrement : les saisons s'y terraient comme un artiste dans sa retraite et s'y livraient à des expérimentations bariolées qui bavaient sur le sol, teintaient ce dernier tantôt de rouge, de bleu, de jaune, de blanc lorsque l'hiver venait s'assoupir entre les trèfles. L'automne pourtant dérobait à l'hiver son droit de mettre la terre à nu et soulevait la perruque du crâne de ce vieillard, dévoilant un terreau dans lequel grouille mille insectes gênés d'être mis à nu. C'était la mort de la Nature, le labourage laborieux de Rosa Bonheur.

Par endroits pourtant l'herbe résistait, ragaillardie par un été chaud, et sur ce crâne chauve s'hérissaient quelques mèches dorées comme celles d'un chérubin.

C'était dans ces rares restes d'une chevelure blonde et épaisse qui avait dansé tout l'été sous le vent qu'il puisait l'inspiration.

Plume Brisée creusa sa gorge. Ses yeux s'étaient embués sous les assauts du vent. Il cilla. Un parfum inconnu était monté dans les airs, mais il ne pouvait abandonner son il était une fois à son profit.

Dans le froid sibérien de Copenhague, une fillette se frayait un chemin dans la neige.

" Rouge le bout de son nez et rouge déjà le bout de ses doigts... "

Sujet: Re: Den lille Pige med Svovlstikkerne. [PV] Lun 15 Oct 2018 - 11:32

Hyuna' - Musique

La noire était il n'y a pas si longtemps que cela, partie sur l'idée de se mettre à la peinture ou à l'écriture. Et quel meilleur endroit pour s’exercer que celle que l'on nomme la plaine aux trois primaires. Bon, le comble étant que l'automne est arrivé, emportant avec lui les couleurs. Le tableau ne représentant plus que le mélange douteux d'un enfant de toutes les couleurs disponibles sur sa palette. Un marron, ponctué parfois de coup de pinceau jaune. Elle pourrait toujours tenter de faire un dessin avec les cailloux que l'herbe avaient dévoilés en mourant. Mais il lui faudrait engager quelques nains de jardins pour l'aider de leurs brouettes. Une plage de galet pourrait aussi être la bienvenue et serait bien plus pratique pour ce genre d'art là. Elle enterra donc Picasso et ses rêves artistiques sous une motte de terre, elle se découvrirait un talent, un autre jour.

Elle s'élança à travers la plaine, envoyant valser quelques accumulations de terres à travers les airs. Toujours suivi par son compagnon sans nom. Au fil des jours, il lui semblait que parfois il prenait son aise à venir voler l'espace de quelques secondes juste au dessus d'elle. Bon il faut dire que ça l’agaçait un peu. Pas toujours, mais la plupart du temps et elle n'avouerait pas les fois ou elle appréciait l'avoir dans son dos.

Hyuna' avisa un équidé et bifurqua pour le rejoindre, dame nature avait foutue le camp et sa bonne humeur était là. Elle rejoint donc en deux temps trois mouvements, un étalon. Noir. Enfin quelqu'un de décent sur cette île. Elle approcha de lui en ayant ralenti l'allure, allongeant le pas. Guillerette presque. Elle allait commencer les hostilités et lancé un bonjour des plus amical qu'il ouvrit la bouche sans même sembler la voir. Le bon- s'était enfuit de la sienne et elle avait refermé sa mâchoire pour observer ses membres.

Elle n'avait pas fait de peinture, elle ne pouvait être rouge. Ses balzanes n'étaient pas couvertes de sang. Pas forcement très propres, certes, mais pas rouges. Elle ne voyait pas son nez, mais elle doutait avoir un rhume si seyant qu'il en deviendrait rouge. Elle l'observa lui, il était aussi rouge qu'elle. Avait-il tué quelqu'un ce matin ? Elle lança un regard sur la plaine, pas de ruisseau en vue. Mystère. Et personne d'autre qu'eux deux et le vautour.

- Excusez-moi … quelqu'un saigne ?

La noire avait depuis longtemps associé certaines couleurs à certaines choses ou acte. Le roux était vilain et envahissant. Fourbe. Le rouge, chaud, saignant. Rouillé et coulant. Agréable parfois. Le noir était un ami. Le blanc un magicien mystérieux.

Sujet: Re: Den lille Pige med Svovlstikkerne. [PV] Dim 4 Nov 2018 - 15:44

Cette jument n'était pas dorée comme les deux autres êtres avec lesquels il s'était entretenu il y a de cela quelques secondes millénaires, quelques battements de cils, quelques éternités. Le temps s'écoulait dans son esprit avec l'irrégularité d'un sablier percé d'un minuscule trou : les événements s'égrenaient sans encombre, mais, de temps à autre, un peu de temps parvenait à se frayer un chemin en dehors de la logique des minutes battantes. Ce temps se lançait dans l'espace, suspendu par la gravité, se mettait en orbite autour de son esprit. Le genre de lenteur, à la fois légère et pesante, d'un rêve éveillé qui maintient vos yeux ailleurs, fixés sur quelque chose que vous ne voyez pas, réellement plongés dans votre propre esprit.

Cette jument n'était pas dorée comme Commedia dell'Arte et Harmonie. Elle était noire, chaussée de blanc. Il la trouva agréable à regarder, bien que ce genre de considérations ait été chez lui souvent dénuée de tout désir. Il avait connu et observé bien des beautés lors de ses voyages, avait appris qu'elles étaient le plus souvent inaccessibles, et n'avait par ailleurs jamais lui-même tenté de les atteindre. Son appréciation était celle du joaillier qui aime ses diamants mais n'en orne pas son propre cou.

Mais tous les autres éléments lui rappelaient à l'or d'Isis. L'herbe jaunie comme un artefact oublié par les pilleurs de tombe. La chevelure épaisse, piquetée de neige, de sa petite fille qu'il accompagnait encore dans Copenhague, les yeux pourtant rivés sur ce qui pourrait être son autre compagne de voyage. Si elle le voulait bien.

Il ne contait pas dans les oreilles qui ne souhaitent pas entendre, mais ne s'attardait pas non plus dans le creux de ces dernières ; il vivait pour tisser ses récits et si l'interlocuteur ne souhaitait pas contempler l'ouvrage, alors il se contentait de le faire pour lui-même, brodant dans le vide d'une nature attentive les péripéties d'une aventure qu'elle a peut-être déjà pu observer, il y a quelques millénaires, quelques secondes.

Plume Brisée se retourna pour observer l'inconnue, qui l'avait interpellé. Ses yeux montèrent cependant dans le ciel, se posèrent sur un oiseau de grande envergure qui s'y tenait, ballon de baudruche insolite, accessoire incongru d'une fillette de conte qui s'embarrasse souvent d'objets et d'amis moins dangereux. Il ne poserait pas de question, mais la présence de l'animal piquait son imagination. Lorsque ses yeux retombèrent sur la noire, ils étaient intéressés, presque curieux, mais poliment lisses de toute interrogation.

Le sang. Il ne fallait en effet pas perdre son auditoire dans des ruelles où le sang aurait pu couler. Ce n'était pas là que se dirigeait l'enfant qu'ils accompagnaient ce soir. Mais il ne doutait pas que la neige ait pu recevoir, le même soir, les baisers carmins d'un meurtrier et amant empressé.

" Excusez moi. Je me lançais dans le début d'un récit. Je me prénomme Plume Brisée et suis conteur. Si vous le souhaitez, je pourrais vous en donner la suite, tout en vous assurant qu'il n'est pas aussi sanglant que laissait présager mon entrée en matière. "

Et il eut un sourire ensanglanté de politesse.

Copenhague, à présent. Des lampadaires à moitié étouffés par le vent venu butiner leur lumière. La neige montante, grimpant jusqu'aux rebords des fenêtres, elle aussi tentant de dévorer les chandelles posées derrière les vitres. Quelques ombres pressées mais engourdies, alourdies par les présents menaçant de déborder de leurs bras.

" Vous a-t-on déjà parlé de cette fête humaine que l'on nomme Noël ? " demanda-t-il, hors-saison.

Sujet: Re: Den lille Pige med Svovlstikkerne. [PV] Lun 12 Nov 2018 - 20:50

Hyuna'

Voilà un être des plus courtois, la noire sourit et tend l'oreille, déjà attentive, il porte avec lui une certaine aura qui l'intrigue. Plume Brisée voilà un bien drôle de nom pour un conteur. Un écrivain qui aurait cassé sa plume ? Contraint a conter ses histoires et ce, même au vent s'il le faut pour ne jamais les oublier ? Une mère devineresse qui déjà pensait que son fils aimerait les histoires qu'elle lui broderait le soir en le bordant. Elle n'avait pas eu d'histoire du soir. Elle n'avait pas eu de mère pour la border. Elle secoua la tête pour chasser ça. Sa mère était vengée, le passé était loin, il resterait loin et même si rien ne changerait dans ce sens, il n’était jamais trop tard pour se faire conter les lignes d'un livres. Voilà venu le jour où la partition rencontrait quelqu'un capable de donner vie à des notes d'une autre forme.

- Ne vous excusez pas, je m'appelle Hyuna' et je serais fort ravie de vous écouter.

Elle répondit à son charmant sourire, impatiente qu'il lui livre son récit. Qui donc portait ainsi le rouge et dans quel but ?

-Noël, est-ce que c'était cette période plus froide que les autres ou les humains étaient joyeux et excités ? Elle avait encore l’image d'un arbre abattu, dressé et plein de couleur dans la nuit. Un poulain n'avait-il pas volé une guirlande lors d'une escapade ?

- Je crois que oui.

Tel l'enfant qui n'a connu d'autres histoires que celles des plantes d'un vieux chnoque savant, elle trépigne sur place d'apprendre celle-ci.

Sujet: Re: Den lille Pige med Svovlstikkerne. [PV] Sam 24 Nov 2018 - 20:10

Peut-être avait-elle connu le monde, ou seulement une partie de ce dernier. Nul ne peut véritablement le connaître dans son entièreté, après tout, retrouver ses propres traces dans chaque torrent et chaque rigole dans laquelle se déverse pluie sale et larme cristalline.

Si elle connaissait Noël, elle avait au moins été informée, ou en contact avec l'homme. Lui-même n'avait jamais compris la réticence, l'animosité envers l'humain qui vivait enracinée chez ses congénères sauvages. Il les avait peut-être trop fréquentés, trop connus, pour pouvoir maintenant les haïr. De nombreuses histoires vivant en lui lui venaient d'eux.

Lorsqu'il repartirait de ces terres avec Isis, il emporterait sûrement avec lui des histoires d'ici. On trouvait toujours quelque chose, sur Horse-Wild : la narration s'y tendait comme un gigantesque chêne dont les innombrables branches se mêlent aux nuages, tandis que les racines de la réflexion chatouillent parfois les cuisines infernales, dans lesquelles mijotent les complots les plus sordides.

Il leva les yeux pour observer le rapace qui tournoyait dans le ciel. Lui aussi devait connaître des histoires. C'est ce qui arrivait toujours aux oiseaux. Portés par les vents qui susurrent inlassablement les nouvelles de l'ailleurs, condamnés à se percher sur les branches des arbres les plus bavards du monde, trop heureux de faire bruisser entre leurs feuilles les légendes entachées de sang qui ont irrigué leurs racines, les oiseaux étaient les oreilles et les conteurs parfaits des historiettes qu'ils pépiaient d'ailleurs dès le matin venu.

Hyuna'. Plume Brisée lui sourit, se détourna des cieux pour retomber dans la neige de Copenhague.

" Noël est génératrice d'une effervescence exceptionnelle chez les hommes ; leurs villes s'illuminent à cette occasion de mille lumières qui viennent colorer jusqu'à la neige s'accumulant dans les rues. Dans la ville de Copenhague, où se passe notre histoire, la neige monte toujours haut et vite. Elle n'est cependant qu'un détail pour les passants encore plongés dans leurs souvenirs de Noël, qui a eu lieu récemment, et pour ceux fixés sur le Réveillon, date précise de la soirée que je vous raconte. "

Pause. Le temps de laisser tomber quelques flocons.

" Une âme errant dans ces rues n'est cependant pas obnubilée par l'idée plaisante de rentrer chez soi fêter l'arrivée de la nouvelle année : il s'agit d'une fillette dont l'épaisse chevelure blonde est le seul éclat pouvant rivaliser avec celui des vitrines devant lesquelles elle passe. Notre fillette est vêtue de haillons qui tombent sur son corps avec la même misère qu'un pendu. Elle est engourdie par le froid, mais tient entre ses mains une petite boîte à allumettes. Si elle n'utilise pas ces dernières pour se réchauffer, c'est que les allumettes ne lui appartiennent pas à elle mais à son père, qui l'a envoyée les vendre aux passants pendant la journée, et qui se mettra dans une colère monstre si elle ose revenir à la maison sans en avoir vendu au moins une de plus. Ainsi donc, notre fillette, qui n'a pas même droit à un nom, erre dans les rues enneigées de la ville et va de passant en passant, réclamant une petite pièce contre une de ces précieuses allumettes... "

Sujet: Re: Den lille Pige med Svovlstikkerne. [PV] Lun 14 Jan 2019 - 12:23

Une ville qui s'illumine, la noire n'avait aucune idée de ce à quoi cela pouvait ressembler, enfin si, elle pouvait simplement imaginer un entassement d'allées et de maisons telles que la maison hantée ou l'usine abandonnée ou tout ce qu'elle avait pu voir de construction humaine ; quoique peut être pas jusqu’au temple … Tout cela parsemait d'une ou deux guirlandes brillantes et de flocons s'entassant sur plusieurs centimètres qu'elle ne pouvait qu’imaginer, ayant fort du mal à se souvenir avoir vu déjà de la neige, si ce n'est sur le haut non atteint d'une montagne. Hyuna' tourna le regard vers le mont sacré, peut-être qu'une visite hivernale ? Elle qui est maintenant libre comme le vent, sa mère en paix et même en ayant « rejoint » le troupeau de son frère et de sa mégère, elle était LIBRE, d'elle et de faire de que bon lui semble !

Elle nota cela dans un coin avant d'en revenir au noir conteur et à son récit intriguant. Lui semble aspiré et inspiré celui-ci et elle se laisse entraîner elle aussi dans cette ville nommée Copenhague, sa lumière, son ambiance et ses humains.

Elle dessine sur la plaine les courbes d'une petite d'homme, une enfant coiffée par les rayons du soleil qui ne s’émerveille pas devant les lumières, son regard se perd au fil des mots, sa tête s’incline légèrement, elle n'a pas d'affection pour les hommes et pourtant, cette petite elle voudrait la prendre sous ses crins pour la réchauffer. Elle devine aisément qu'une allumette pourrait aussi bien lui procurer chaleur, par un ingénieux stratagème que les bipèdes fabriquent du bout de leurs doigts. Elle comprend difficilement pourquoi son père l'envoie dehors toute seule et tente de lui trouver une excuse. Une question la taraudant déjà voir plusieurs même.

Mais après tout, peut-être que les pères envoient leurs filles voyager à la rencontre des autres naturellement ? Elle avait après tout était mise sous l'aile d'un vieux schnock savant. Ce bougre sans nom, nom qu'elle aurait bien voulu trouver en enfer. Mais non, il avait fallu que ça ce soit passé autrement. La noire devait se faire à l'idée de ne jamais connaitre le nom de son tuteur, tout comme ce petit brin de soleil sans nom.

La question lui brûle les lèvres et elle ne peut s'empêcher de chercher le manque du tableau. Hyuna' profite d'une pause du noir pour l'interroger, quittant la plaine du regard pour le regarder lui.

- Où est sa mère ? Qu'est-ce qui fait que son père veuille tant de pièces qu'il n'y aille pas lui-même ?

La première est spontanée, la seconde plus tortueuse et la noire attends la suite toujours avec autant d'impatience.

Spoiler:

Sujet: Re: Den lille Pige med Svovlstikkerne. [PV] Lun 14 Jan 2019 - 15:11

Les enfants seuls entraînent dans leur sillage des questions. Il est rare qu'un gavroche puisse se frayer un chemin dans les rues sans qu'un regard pensif ne le suive d'un pas plus tranquille, tentant de déterminer comment le gamin s'est faufilé dans les failles du système, comment il a échappé aux adultes qui voudraient le couver ou, du moins, le contenir. Lui-même posait des questions ; il en avaient eu pour l'enfant dorée qu'il avait croisé lors de son retour. Commedia dell'Arte. Mais il n'intervenait pas dans le déroulement de la vie sauvage d'un enfant perdu. Lui-même avait failli vivre seul et mourir seul trop vite. Souvent, ces enfants abandonnés trouvaient un adulte, plus ou moins bon, pour les surveiller de rue en rue. Si même cela faisait défaut, c'était alors une joyeuse bande de bambins qui se constituait et apprenait à survivre.

Ce n'était pas idéal. Mais c'était réel.

La petite fille aux allumettes avait cela de particulier qu'elle n'était ni la princesse, ni la souillon qu'il rencontrait dans d'autres contes et qu'il aimait tout autant. La petite fille aux allumettes reflétait un aspect du monde des hommes qui existait aussi dans le royaume des animaux. A la lueur de sa flammèche si rapidement éteinte, elle dévoilait toute l'ampleur de ce que peut être la misère de l'enfant.

Hyuna' avait des questions, elle-aussi. Il se demanda si elle avait des enfants. Elle désapprouvait sûrement de l'attitude du père de la fillette anonyme. Et elle avait raison.

" La mère de l'enfant est morte alors qu'elle était encore toute petite. Quant à son père, il souffre de deux maux qui rongent les âmes les plus abominables qui soient : la cupidité et l'indifférence. "

L'indifférence, il la connaissait. Il la ressentait parfois. Mais jamais elle ne touchait le domaine auquel il avait dédié sa vie et jamais elle ne concernait l'image brillante, mordorée, d'Isis, ce souvenir lancinant sur lequel reposait sa conscience, dont jaillissait son subconscient.

" Oui, le père de la petite fille aux allumettes n'était pas un homme bien. Elle avait cependant eu une très bonne grand-mère, qu'elle avait aimé tendrement, jusqu'à ce que la vieille femme ne meure à son tour. Ce qui occupait son esprit à l'instant, c'était le froid impitoyable qui attaquait son esprit et son corps. Comprenant qu'elle ne vendrait pas une allumette de plus cette nuit, elle se demanda ce qu'elle pourrait bien faire, parce qu'elle serait rudoyée à son retour au logis. Pour retarder ce moment terrible, elle décida d'aller se terrer dans le premier endroit qui pourrait l'accueillir. Et c'est ainsi qu'elle avisa une encoignure entre deux maisons, dans laquelle elle s'accroupit. Elle résista quelques longues minutes à la tentation, mais elle finit par y céder et, pour réchauffer ses doigts glacés, elle craqua une allumette. Quelle ne fut alors pas sa surprise de constater que la flamme rendait le mur de la maison contre laquelle elle s'était réfugiée transparent, et qu'elle pouvait à présent voir un grand poêle en fonte bien chaud ! "

Sujet: Re: Den lille Pige med Svovlstikkerne. [PV] Ven 29 Mar 2019 - 20:53

Pas de mère. Voilà un refrain qu'elle pouvait elle aussi chanter, morte lorsque cette dernière était encore toute petite, un tableau qu'elle imaginait tout à fait. Elle pouvait se vanter d'avoir bon père, pas cette petite. En voilà un à qui elle aurait bien botté le cul. Qu'était il donc arrivée à sa mère ? La noire commençait à se représenter assez bien les liens familiaux de cette humaine. Elle avait eu la chance d'avoir tout de même une grand mère. Puis de la perdre.

Son conteur racontait si bien qu'elle restée pendue à ses lèvres, comment fait il pour si bien transporter son public. Du moins elle, quoique si elle n'était pas arrivée, la machine semblait tout de même lancée.

Tellement bien qu'elle pivota ses oreilles sur l'arrière, son père frappait cette petite ? Mais pourquoi diable, qu'il y aille seul vendre ses choses. Elle était totalement dans le récit, prête à surgir dans le crâne du mâle pour en découdre avec le père tyran.

La suite l'étonna. De la magie chez les hommes.

- Est-ce qu'elle ne pourrait pas trouver refuge dans cette maison ? Et par ailleurs Quel est ton secret pour si bien narrer ?

Sujet: Re: Den lille Pige med Svovlstikkerne. [PV] Dim 31 Mar 2019 - 18:52

La magie trouvait le moyen de se faufiler partout où un esprit voulait bien la recevoir. C'était là l'apanage du sortilège que de prendre effet lorsqu'on croyait en lui. Plume Brisée aurait pu vivre dans des mondes chimériques dans lesquels il se serait réfugié et aurait nourri ses rêves, s'il n'avait pas eu conscience que le monde réel continuerait d'exister sans lui et le tirerait tôt ou tard au creux de son étreinte froide, de plus en plus lâche, au fur et à mesure que la vie se détache du corps. S'il voulait bien croire en la magie, il ne pouvait donc le faire toujours. Seules de rares occasions, durant lesquelles la vérité se mêlait à l'artifice, lui permettaient de se reposer au sein d'un monde régi par autre chose que l'implacable logique qui ordonne et défait l'univers.

Il avait du moins eu la chance de connaître le grand monde et de ne pas rester confiné dans son microcosme. Pourtant, les origines avaient toujours quelque chose d'attirant, comme si revenir au point de départ permettait d'en retrouver un nouveau. Son escale sur Horse-Wild le laissait avec quelques questions, mais elle ne lui déplaisait pas non plus. Il retrouvait dans ce coin du monde beaucoup de la magie que certains autres endroits ne connaissaient pas, et ce rappel que l'extraordinaire pouvait vivre caché était un agréable memento à emporter avec lui et Isis, lorsqu'il aurait ravi à son quotidien la nièce tant espérée.

La jument noire était plongée dans son conte. Momentanément obnubilé par l'entêtant besoin de retrouver la porteuse d'un nom venu d'Egypte, Plume Brisée se sentit frissonner au contact de sa propre histoire. Sa fillette demeurait immobile, époustouflée par la vision de ce qu'elle ne connaîtrait jamais plus. L'allumette se consumait comme elles le font toutes, avec l'acharnement des choses qui veulent finir dans un coup d'éclat.

Elle tomba dans la neige avant d'avoir pu lui brûler les doigts.

" Ce sont de bonnes questions. Pour rentrer dans la maison, il faudrait convaincre les gens qui y résident d'accueillir une enfant qu'ils ne connaissent pas, alors qu'ils sont probablement réunis en famille, absorbés par leur propre bonheur. Ce sont souvent lorsque les gens sont les plus heureux qu'ils sont les plus indifférents au sort des autres. Quant à mon secret, il est bien simple : celui qui écoute bien raconte bien à son tour. Et vous, avez vous un talent dont je pourrais connaître le mécanisme ? "

Plume Brisée attendit que le vent est tourné en la faveur de ses mots pour continuer son récit.

" L'allumette se consuma aussi vite qu'elle s'était allumée. Prise d'une grande effervescence et toujours glacée par le froid, la fillette alluma une autre allumette, oubliant presque de profiter de sa flamme. Face à elle se dressait cette fois une table richement garnie, croulant sous des mets aux parfums si appétissants que l'eau lui en monta à la bouche. Elle resta à humer cette bonne chair et à observer, les yeux écarquillés, l'argenterie si brillante, jusqu'à ce que l'allumette ne lui morde les doigts et qu'elle ne la jette dans la neige. Fébrile, elle en alluma une troisième : celle-là lui révéla un sapin. Chez les hommes, on coupe un sapin le soir de Noël, et on l'orne de mille artifices brillants et colorés. Ce sapin-là était décoré de bougies multicolores et, à ses pieds, se trouvaient d'innombrables jouets. Encore une fois, l'allumette s'éteignit. Il sembla à la fillette que le sapin montait au ciel pour y disparaître, ses bougies se transformant en étoiles filantes. Elle se rappela alors de ce que lui avait dit sa chère grand-mère : quand on voit filer une étoile, c'est qu'une âme est en train de monter au paradis. "

Embrumé dans le bonheur. Peut-on vraiment tellement s'entourer de bonheur au point de ne plus voir les autres ? De ne plus voir leurs émotions. Leurs besoins et la tristesses. Aspiré par la haine, elle pouvait le comprendre, aisément, puisqu'une sensation qu'elle avait côtoyée de près. Au point de tuer pour s'en défaire. En était-elle vraiment défaite ? L’assassinat était il pardonné ? Non, mais elle s'était soulagée, qu'importe si cela doit être temporaire. Sa mère étant vengée. ça ne changerait pas le passé, peut être son futur, si ce n'est pas déjà le cas. ça l'est. Il n'empêche qu'elle espérait ne jamais être aveuglé par le bonheur.

Elle écoutait, certes, attentivement, peut-être même bien, mais douté d'être capable de raconter quoi que ce soit aussi bien un jour.

La noire jeta un regard sur la plaine à la recherche d'un quelconque talent. Un truc pour lequel elle est douée ? Hum ... S'attirer des ennuis ? C'est surement pas le genre de talent qui ce partage. Une feuille pas encore arrachée par l'hiver flotta sous son nez l'espace d'un instant. Elle leva les yeux. Suivant le flottement de celle-ci au rythme de la suite du conte. Attentive et distraite à la fois. Elle n'avait pas besoin d'en voir plus pour savoir qui est l'arbre qui les supplante. Son nom est inscrit juste sous ses yeux. Ce qui était drôle, c'est qu'elle ne l'ait pas remarqué plus tôt.

Son oreille attentive percuta les mots de la grand-mère. C'est plutôt joli, assez enfantin. Mais cela voulait aussi dire que quelqu'un venait de mourir.

- Qui est mort ?

La feuille dansa à nouveau sous ses yeux. Est-ce que ce jeune arbre saint serait entrain de protester ce conte un tantinet tistre ?

- Ashvattha. C'est un arbre sacré qui nous tient compagnie. Reconnaître et emprunter leurs pouvoirs aux plantes est mon seul talent. Il va être difficile de le partager ici.

Cet endroit est bien trop pauvre.

Le vent se souleva et vint flâner entre eux, peu préoccupé par le fait que sa présence jetait un froid dans leur conversation. Il partit ennuyer d'autres convives après avoir emmêlé quelques poils du toupet du conteur, qui baissa la tête pour les remettre en place. Il avait souvent l'air présentable, malgré sa tendance à errer au gré des fantaisies de la nature. Certaines créatures devenaient parfois mystérieusement intouchables lorsqu'elles se retranchaient dans leur propre monde et il semblait parfois que seul leur corps se promenait tandis que l'esprit, lui, perdu dans les nuées, devenait imperceptible et pourtant immense, égaré dans des univers intérieurs si vastes qu'il en perdait parfois le souffle. Mais Horse-Wild ne possédait-elle pas, elle aussi, de tels endroits que l'on ne pouvait traverser sans s'arrêter ?

Et Horse-Wild était peut-être, elle-aussi, une de ces terres imaginaires et fantasmées dans lesquelles se réfugie l'esprit.

Plume Brisée en revint à celle qu'il avait conjuré. Le froid y mordait avec plus de férocité encore que la bise de tout à l'heure. Hyuna' posa une question à laquelle il apporterait une réponse tantôt. Aussi se contenta-t-il de lui offrir un sourire emprunt d'un peu de mélancolie, l'enjoignant à la patience.

Mais il retint la suite le temps que la jument lui apprenne quelque chose. Le sourire devint flottant, admiratif et intéressé. Il observa l'arbre que sa compagne lui indiquait.

" C'est un bon talent, " affirma-t-il finalement.

Plume Brisée fit un pas de côté pour s'éloigner du nouveau courant d'air qui tentait de semer la pagaille dans son récit. Il inspira, puis déversa dans l'herbe dorée les aventures de la fillette lointaine, perdue déjà, elle-aussi, dans un monde intérieur.

" Le froid commençait à engourdir ses doigts, mais la fillette parvint à allumer une autre allumette. Elle eut alors une extraordinaire surprise : sa grand-mère apparut face à elle, arborant le sourire qu'elle lui avait toujours connu. C'était là une vision que la petite fille ne voulait jamais voir partir. Aussi alluma-t-elle, frénétiquement, l'une après l'autre, toutes les allumettes qui restaient dans sa petite boîte, afin que sa grand-mère ne disparusse jamais plus. Mais, bientôt, les allumettes éteintes jonchaient le sol et teintaient la neige de noir. La fillette ne sentait plus ses doigts. Elle crut que sa grand-mère disparaîtrait, mais cette dernière la prit dans ses bras. Et dans cette étreinte, elle ressentit plus de chaleur que ne lui aurait procuré mille des allumettes. L'étreinte dura longtemps, longtemps, éternellement, parce que la fillette ne sentait plus le froid, plus la terre, plus le sol, plus le mur de brique : elle montait lentement mais sûrement au paradis au creux des bras de sa grand mère et laissait le monde des vivants derrière elle. "

Le silence était tombé dans la plaine. Le vent maraudait ailleurs.

" Le lendemain, des passants se pressèrent dans une petite encoignure de rue : on y avait retrouvé une petite fille morte de froid, blottie contre le mur, entourée de cadavres d'allumettes. Beaucoup exprimèrent alors la pitié qui leur manquait lorsqu'elle était encore en vie. Tous ignoraient les merveilles qu'elle avait vu avant de mourir, et la raison pour laquelle, si l'on regardait bien, elle souriait, heureuse d'avoir rejoint la seule personne qui l'ait aimée. Et c'est ainsi que se termine l'histoire de la petite fille aux allumettes. "

Peut-être que l'arbre sacré protestait car justement il connaissait la suite de l'histoire. La noire elle accueillit le compliment avec modestie, clignant simplement des yeux dans un léger signe de tête et attendit que le conteur reprenne son récit. Elle, ne connaissait pas la suite. Elle n'imaginait pas qu'une petite fille pouvait avoir les doigts gelés par le froid. Brûlant des bâtons de feu les uns sur les autres, dans l'espoir de garder l'image, le mirage d'une défunte aïeule vivante ou le désespoir de lutter contre la neige, essayant de trouver un peu de chaleur.

Non, elle ne pouvait concevoir qu'une enfant soit ainsi laissée à elle-même, elle serra la mâchoire, peut-être un peu trop prise dans le courant de l’histoire. Une phrase du noir se superposait à une autre vision, pourtant bien différente, mais c'était la tournure de celle-ci qui trompait son esprit. L'espace d'un instant ce n'était plus ni neige, ni allumette, mais du sang et du sable. Les images s'embrassaient et il était difficile de démêler les trois scènes.

Elle cligna des yeux pour reprendre le bon fil, juste à temps pour comprendre que même si ce n'était pas par le sang, cette petite n'avait pas survécu. Que ni sa grand-mère ni personne n'était venu pour elle. Juste à temps pour sentir toute l'injustice du monde l'envahir. Elle laissa tomber la mâchoire qu'elle avait serrée si fort sans vraiment s'en rendre compte. Écoutant la suite, espérant encore un miracle. Un peu le genre de miracle désespéré qu'avait attendue la pouliche qui chassait les vautours du corps de sa mère. Le voyage en enfers n'avait pas aidé sa mémoire a enfouir ses souvenirs. Et ce conte ravivait ce sentiment d'injustice. Non, elle avait fait justice ! Elle secoua la tête.

Les passants étaient-ils prit de remords de ne pas avoir aidé cette pauvre gamine ? Combien de temps avant que ceux-ci n’apparaissent, combien de temps pour qu'ils disparaissent ? Surement trop peu dans les deux cas. Et elle, est-ce qu'un jour elle en aurait ? Combien de temps avaient durée ceux de la pie ? Surement pas longtemps, pour quelqu'un qui avait tourné le dos à une pouliche en plein désert. La noire avait beau sonder son cœur, pour ce qui en est, elle n'en avait aucun, pas même l'ombre d'une ombre. Si ce n'est celui de l'avoir laissée vivre si vieille.

Le noir se tue et elle soupira, encore indignée.

- C'est triste ! C'est injuste et ... mais pourquoi raconter des histoires aussi tristes ?

Est-ce qu'on pouvait passer sa frustration, son impuissance sur celui qui ne fait que transmettre ? Elle en était certaine, un monarque aurait pu le tuer pour une histoire pareille. Heureusement pour lui, elle n'est pas monarque. Et il fallait bien faire perdurer ce récit, mais quand même, la prochaine fois, elle y réfléchira à deux fois avant d'écouter une histoire. Elle savait déjà qu'elle n'allait pas resté en compagnie de l'étalon beaucoup plus longtemps, rien que par peur qu'il finisse par la tuer avec ses contes. De toute façon il allait falloir qu'elle passe ce cocktail de sentiments déplaisants quelque part. Savoir la petite fille en paix ne suffisait pas. Les plantes peut-être ? Ou bien un bon bain.

Le souvenir de la petite fille dorée filait dans l'herbe folle. Plume Brisée avait froid. Son interlocutrice venait de soupirer.

Il ne rendait pas toujours les autres heureux ; son but n'était d'ailleurs pas de le faire. Si l'on pouvait émerveiller son auditoire, l'on pouvait aussi le plonger dans les affres de l'affliction. C'était là le propre du conteur. Il devait toujours inciter l'émotion à se montrer, mais jamais plier à ses moindres désirs. Souvent, les histoires se finissaient bien. De nombreux ils vécurent heureux s'étaient échappés de ses lèvres.

Mais il était parfois nécessaire d'emprunter à la réalité un peu de sa cruauté. De s'en revêtir, de la brandir. De rappeler doctement au monde qu'il avait fait naître l'enfant, comme il l'avait fait mourir. Qu'il avait allumé la lumière, puis qu'il l'avait éteinte.

Isis était cette petite étincelle qu'il refusait de voir faiblir. Il la couvait non pas au creux de doigts imaginaires, comme sa pauvre fillette, mais au creux de son cœur, là où naissent les plus grands brasiers et où se consument les plus chaudes braises. Il ne perdrait sûrement jamais l'espoir, et ce jusqu'à la tombe. C'était bien être conteur que de ne jamais abandonner le miracle.

" Même les histoires tristes méritent d'être contées, " dit-il. " Sans elles, on oublie l'importance du bonheur. "

L'histoire était injuste. Mais qui pouvait prétendre ne pas connaître une histoire injuste, puisée dans la réalité ? Qui n'avait pas un jour souffert de la cruauté des autres, et fait souffrir à son tour ?

Plume Brisée releva la tête. La plaine était vide. Seule la jument noire s'y tenait, figée dans son outrage. Il lui sourit, énigmatique.

" C'est pourquoi je vous demande de vous souvenir de cette histoire, même si elle vous a meurtri. Si un jour vous tombez sur une petite fille aux allumettes, ou en devenez vous même une, vous saurez la sauver. "

Il regarda en direction de l'arbre qu'elle lui avait montré. Un oiseau qui y était caché s'était mis à chanter. Il avait une jolie voix.

Plume Brisée salua sa compagne et prit congé, emportant avec lui son secret.

Il avait une aile penaude, qui pendait un peu bas.

La noire acquiesça, après tout, elle même avait raconté sans prendre de détour sa propre histoire à ses fils. Heureusement rien n'était comparable et celle de Plume Brisée prenait à cœur. Le noir possédait un pouvoir indéniable entre ses sabots, il magnait les mots et ceux-ci pouvait être des sabres tranchants, mais il les utilise tel un bokken. Une simple piqûre de rappel sur la dure cruauté que pouvait être la vie. Hyuna' la connaissait pourtant bien, elle même avait été capable d'être cruelle.

Et pourtant elle ne pouvait toujours pas dire avoir eu le droit à sa part de bonheur, du moins celui-ci était toujours trop volatil. Elle savait être touché par ce dernier, mais il glissait bien souvent sur elle d'une façon bien trop éphémère.

Il souriait et elle en aurait haussé l’œil, si cela était possible.

Elle se souviendrait de l'histoire, sans aucun doute, mais serait-elle pour autant reconnaître une demoiselle aux allumettes si elle en voyait une ? Elle l'espérait. En devenir une ? Elle en doutait. Elle avait surement déjà craqué toutes ses allumettes maintenant. La noire sourit et le salua à son tour lorsqu'il prit congé, le remerciant tout de même pour le temps passé en sa présence.

Elle tourna les talons dans la direction opposée de celle qu'il venait de prendre et partie au grand galop. Envoyant valser l'herbe à nouveau. Elle y réfléchirait, mais pas trop non plus, l'injustice c'est moche.