Lost in fame

Lost in fame

Fifa s'était déjà égarée dans le domaine des primates. La Forêt des Capucins était un souvenir lointain et elle contemplait le Royaume des Singes en se demandant s'ils étaient arrivés là par un étrange hasard.

Le babouin qu'elle croisa un instant plus tard la détrompa. Il n'avait pas l'air commode, pour ne pas commenter ses attributs peu plaisants et la crème n'hésita pas un instant avant de pivoter sur ses postérieurs et prendre la poudre d'escampette. Elle n'avait pas l'intention de finir en brochette.

Pas de si tôt, pensa-t-elle en traversant en trombe la végétation luxuriante de la jungle. Les feuilles de bananiers lui fouettaient les joues et elle regrettait presque les capucins à cet instant. Eux au moins, semblaient inoffensifs. Le babouin était grand, imposant et poussait des cris terrifiants tandis qu'elle fonçait vers le soleil levant qu'elle distinguait entre les branches.

« Chaud devant ! »

PV:

Le royaume des singes. Zefyr avait suivi un petit sentier pour arriver ici, la luxuriance de l’endroit l’avait attiré. Pourtant il avait un vague souvenir que cet endroit était habité par des singes peu amicaux. Tant pis, il prendrait ses jambes à son cou si la situation devenait trop dangereuse. De toute façon il était encore à l’orée de la forêt, il réfléchissait. Était-ce vraiment sage de venir ici sachant qu’il serait menacé par des stupides babouins hippophage ?

Tant pis. Il prendrai le risque. Zefyr se remit à marcher pour visiter ce lieu. Le soleil commençait à peine à poindre. Il allait avoir toute la journée pour marcher ici et en ressortir, il espérait vivant. Quelque minute après avoir mis les sabots ici, il vit une jument crème galoper droit sur lui, les yeux écarquillés il n’eut que le temps de l’entendre crier avant de se la prendre en pleine poire.

Aie.

Le choc avait était plutôt violent et l’étalon s'était retrouvé sur son fessier en moins de temps qu’il n’en faut pour dire aïe. Un peu sonné mais pas blessé, il ne bougea pas le temps de reprendre ses esprits. Il cligna des yeux le temps d'observer la jument.

Bonjour… Tout va bien pour vous ?

Fifa ne se souvenait pas grand chose de sa virée sur l'Île des Songes. Elle n'était qu'une pouliche lorsque l'endroit avait émergé des flots et si elle avait parcouru sa plage tranchante et atteint le coeur de l'île, elle se souvenait surtout de la forêt et des primates qui l'occupaient. Avec qui les avait-elle rencontrés ? Elle n'en était pas certaine.

Ses pensées furent interrompues par un cri terrifiant et elle se souvint de la course poursuite qui faisait rage dans la jungle. Elle était malheureusement en fuite et ses jambes allaient devoir la porter en sécurité le plus vite que possible. Mais où était son assaillant d'ailleurs ? Elle ne le voyait pas...

Elle ne vit pas non plus l'étalon pie qu'elle percuta de tout son poids. Fifa resta debout mais sa victime n'eut pas cette chance, il tomba sur son séant et elle éclata de rire. Elle aurait pu prétexter que c'était nerveux, si la scène n'avait pas été très comique. L'inconnu, sonné. Elle, se sentant bête car le babouin ne l'avait jamais poursuivie.

« Bonjour. Pardonnez mon hilarité, je viens de réaliser que ce que je fuyais ne m'a en réalité jamais poursuivie. Ça va aller pour vous relever ? Vous avez besoin d'aide ? Je suis sincèrement désolée. Je m'appelle Fifa, enchantée... je suppose. »

Ce n'était pas la première fois qu'elle blessait un autre équidé juste avant de le rencontrer, pensa-t-elle confusément. La crème secoua la tête et regarda autour d'elle avec méfiance avant de décréter qu'elle ne risquait rien et de se relaxer. Le pauvre étalon allait s'en remettre, elle n'en doutait pas.

Toujours sur son derrière, il mis un peu de temps pour se relever, il s’ébroua rapidement et sourit devant l’hilarité de la jument. La situation était en effet plutôt amusante. Il regarda autour de lui. En effet, aucune bête méchante au environ. Et tant mieux, une course poursuite n’était pas vraiment son dada. Si il entendait ça et là, des cris de singe, ici, ils étaient en sécurité pour le moment.

- Je peux me relever, merci. Il sourit. Je suis Zefyr, enchanté. Vous étiez poursuivi par un de ces maudits singes ? Alors ils sont agressifs ? Je ne suis plus sûr de vouloir m’enfoncer dans cette foret.

Il rit un poil nerveusement, il aimait l’aventure, mais il ne voulait tout de même pas risquer de finir tué par un singe hargneux. Cette perspective était loin de le réjouir. Courageux mais pas téméraire. Le pie soupira, il aura quand même bien voulu s’aventurer plus loin. A deux, ils craignaient moins de se faire attaquer non ?

- Mais peut-être pourrions nous nous balader ensemble ? Je meurs d’envie d’aller plus loin !

Fifa restait sur ses gardes bien qu'elle ne le montre pas et ses yeux bleus dérivaient parfois sur les environs pour surveiller les êtres qui rôdaient dans la jungle. Il fallait se méfier des singes et s'ils n'étaient pas encore hostiles, ils pouvaient très vite le devenir. Quant à elle, qui venait de se faire une frayeur face à un babouin en somme plutôt docile, elle craignait de se porter la poisse.

« Justement, je le croyais mais il n'est pas là, je pense que je me suis juste fait peur sans raison, on est jamais trop sûrs dans le coin... »

Elle soupira et fit quelques pas pour s'assurer qu'elle était encore en état de galoper si jamais elle se voyait obligée de fuir les primates. La crème sourit à Zefyr dont les paroles et le rire nerveux faisaient écho à ses propres pensées.

« Si vous êtes prêts à faire chacun pour soi en cas de danger, ça me va ! J'ai bien envie d'explorer tout ça aussi ! »

Fifa n'était pas froussarde et parfois même téméraire mais les souvenirs de son enfance lui pesaient plus qu'elle ne voulait l'avouer. Elle ne voulait pas finir en brochette aussi s'aventura-t-elle prudemment dans un sentier bien éclairé par les rayons du soleil qui filtraient entre les feuilles.

« Vous êtes là par hasard ou vous vouliez jouer les explorateurs aujourd'hui ? »

Zefyr regardait dans tous les sens, une pointe d’inquiétude subsistait tout de même. Même à deux, on n’était jamais vraiment vraiment à l’abri. Peut-être qu’ils étaient là, tapis à les regarder avec leurs petits yeux perçant, attendant que les deux s’engouffrent dans la forêt. Il sourit et fis de même, marchant quelque pas. Ses jambes étaient des plus prête à fuir en cas de catastrophe.

- Chacun pour soi ? ça me va ! Je suis sûr d’être plus rapide que vous.

Il rit doucement, ce n’était qu’un blague, si la petite jument avait besoin de son aide, il ne se ferait pas prier pour l’aider, il espérait que ce serait de même pour elle. Que ce ne serait pas à sens unique.

- Ce serait dommage de rester devant sans pouvoir y poser un sabot ! J’ai vécu ici, il y de ça quelques années, mais je n’ai pas le souvenir de m’être perdu ici. Mais aujourd’hui, je suis arrivé par hasard, enfin j’ai suivi un sentier qui me paraissait vraiment joli. Et me voilà.

Il s’aventura au côté de la crème sur les chemin luxuriant, le soleil n’était pas trop fort, filtré par la végétation, de plus, l’ombre qui y était omniprésente était des plus agréable. Il marchait doucement, le nez en l’air, à guetter le moindre mouvement de ces satanés babouins ridicules.

Fifa ne se sentait pas observée mais elle était persuadée que cela ne saurait tarder. Elle rit doucement, ne voyant pas de mal dans la réplique de Zefyr. Ce n'était même pas forcément faux et elle l'acceptait gracieusement. Elle n'était de toute façon pas sans défense et s'il fallait l'aider, elle le ferait sans hésiter.

« J'ai l'impression que cette infestation de singes est récente, pour tout vous dire. J'ai grandi sur l'île et je ne me souviens pas avoir vu de primates dans le coin... j'en ai croisé dans mon enfance, ailleurs, peut-être ont-ils migré ? »

Elle secoua la tête. Le calme régnait sur le sentier et elle s'autorisa quelques instants pour se relaxer. Les arbres bruissaient nonchalamment, murmuraient au rythme de la vie qui animait la jungle et bientôt la végétation sembla s'écarter pour laisser deviner un point de d'eau en contrebas d'une légère déclivité. Des tâches de lumière oscillaient entre le jaune et le vert et dansaient au bord des troncs. Par moment, un éclat argenté scintillait à la surface de l'eau, un poisson qui gobait avidement une mouche assez effrontée pour passer à ras de l'étang. Les ondes qui demeuraient ensuite brièvement à la surface de l'eau et se propageaient en cercles concentriques avaient quelque chose d'apaisant qui plongea Fifa dans un silence méditatif tandis qu'elle s'arrêtait sur la berge et admirait la beauté du lieu.

Zefyr écoutait le bruissement des arbres, la tranquillité était revenue après leur vacarme des dernières minutes. Le paysage était magnifique, il gardait le nez en l’air tout en écoutant la crème.

- Beaucoup de chose poussent ces animaux à migrer, ils n’avaient peut-être plus suffisamment de quoi vivre, mais je ne vous mentirez pas en disant que je m’en fiche bien.

Les singes l'effrayaient réellement et ils étaient une réelle menace. Se savoir loin d’eux était rassurant. Mais aujourd’hui, il avait l’âme aventureuse. Il sourit doucement et se tut. Perdu dans sa contemplation. Il bougeait parfois les oreilles, attirés par les bruissement des ailes des oiseaux, ou encore un petit animal qui courait le long du chemin. Le léger voire inexistant bruit de l’eau devant lui était aussi apaisant, il s’approcha et se penche au bord, frôlant l’eau des naseau, soufflant au passage une petite araignée d’eau qui trônait là. Finalement, il mis le nez dans l’eau et souffla pour faire des petite bulles au bord de l’eau.

Il s’amusait beaucoup mais il releva la tête et sourit à Fifa, un peu penaud d’avoir sûrement troublé sa méditation. Il repris une posture un peu plus digne et leva le nez vers le ciel et les arbres. Non, rien, toujours rien, tant mieux, il aimait ce calme.

Fifa fut tirée de sa contemplation par les pitreries de son voisin et plongea nonchalamment le sabot dans l'eau pour l'arroser, un sourire sympathique aux lèvres tandis qu'elle se retraitait afin d'échapper à toutes représailles. L'endroit était calme mais cela ne saurait durer, ce que lui confirmèrent immédiatement les primates. Un cri retentit et une noix de coco tomba dans l'eau tandis que les singes les encerclaient, haut perchés. Certains brandissaient des bananes comme des pistolets et à chaque fois qu'ils faisaient mine de leur tirer dessus, l'un de leurs complices lançait une noix de coco. Fifa ne réfléchit pas en voyant l'une d'elle se diriger vers Zefyr et bondit sur lui, le poussant dans l'eau. Bientôt elle était sous la surface et priait pour que les projectiles qui tombaient tout autour d'eux ne les assomment pas.
Elle ne voulait pas mourir noyée.

Il y eut une accalmie et elle en profita pour jaillir hors de l'eau et se cabrer sur la berge, espérant effrayer les babouins. Elle n'y gagna qu'une mangue en pleine face et secoua la tête sans parvenir à se débarrasser de la pulpe qui dégoulinait sur son chanfrein tandis que l'odeur entêtante du fruit arrivait à son nez. Ecoeurée, elle retomba sur ses quatre sabots et chercha à se mettre à couvert sous les quolibets simiesques que leur lançaient leurs agresseurs.

« Je m'en fiche des raisons de leur migration mais j'aimerais vraiment trouver une solution pour avoir un laisser passer dans le territoire, j'en ai assez d'être mitraillée à chaque passage ! »

La crème répondit à ses pitrerie en l'arrosant doucement du sabot, il lui lança un regard amusé, il était près à répond à ses éclaboussures par un peu plus d’eau, mais ses oreilles s’agitèrent et se qu’il craignait depuis de longue minutes était entrain d’arriver. Les singes avaient pris possession de l’endroit, les encerclant et les menaçant à coup de bananes tendus vers eux. Pas très menaçant, pensa-t-il. C’était sans compter sur les noix de coco qui certain leurs lançait à la figure, les yeux écarquillés, il n’eut pas vraiment le temps de bouger.
Mais la Crème réagit bien avant lui, le poussant sous l’eau pour éviter les projectiles. Le pie voyait les noix de coco couler près d’eux et il était bien content de se retrouver là. Il parait que les noix de coco tuent plus que les requins. C’est ce qu’il avait entendu dire. Il gardait un oeil sur la jument, des fois qu’une leur parvienne sur la tête, il faudrait remonter en catastrophe pour ne pas mourir noyé. Et il fallait espérer qu’un seul soit assommé.

Finalement, et sûrement parce qu’il était sec en munition, tout se fit plus calme, il vit, à côté de lui Fifa bondir, et il lui fallut que peu de temps pour la rejoindre, se cambrant à ses côté, dans un ultime efforts pour les faire fuir, mais tout comme la jument il écopa d’un fruit trop mûr dans la tête et la colère grandissante des primates. Il suivit Fifa pour se mettre à l’abris.

- Je leur demanderai bien poliment pourquoi ils nous prennent pour cible, mais je ne suis pas sûr que nous soyons en position de pour-parler ! Fuir semble plus sage !

Il joignit à ses mot l’action et alla se réfugier au galop plus loin dans la forêt, sans même réfléchir puis se retourna vers la crème.

- Peut-être devrions-nous sortir de cette forêt de malheur ?

Et Fifa se demandait encore pourquoi elle ne passait pas par le Royaume des Singes... Elle aurait soupiré, si elle n'avait pas été trop occupée à esquiver les projectiles qui passaient un peu trop près de sa tête pour la rassurer. Zefyr n'avait pas tort et elle acquiesça avant d'accélérer, le laissant les guider à travers la jungle car il semblait plus rapide et agile qu'elle. Bientôt, il s'était réfugié plus loin et elle s'arrêta près de lui dans une glissade, le souffle court.

« Je n'ai pas mieux à proposer, par contre je veux préciser que je suis BIEN plus tranquille sur les Terres Orphelines. »

Elle hocha vivement la tête pour appuyer ses propos avant de prendre la poudre d'escampette.

FIN.

Arpentant la forêt au galop, suivi de la crème il espérait trouver une sortie le plus vite possible. Quelques projectiles volèrent encore au dessus d’eux encore quelque instant jusqu’à ce qu’il trouvent abris un peu plus loin. Tout comme Fifa, le souffle court, il s’arrêta. Il n’avait que vaguement entendu parler des Terres Orphelines et il s’y promis d’y faire un tour.

- Alors je vais aller y faire un tour ! ne serait-ce que pour un peu de calme !
Sur ces mots, il se retourna et pris à son tour la clé des champs, suivant la crème.

Out

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